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Jujutsu Kaisen: Cursed Clash

| Edité par Bandai Namco | Développé par Byking

5/10
One : 02 février 2024 Series X/S : 02 février 2024
13.02.2024 à 10h02 par - Rédacteur

Test : Jujutsu Kaisen: Cursed Clash sur Xbox Series X|S

Juju de chaussette

Rares sont les shonen à succès qui ne passent pas à un moment ou à un autre par la case de l’adaptation vidéoludique. Encore plus rares sont ceux qui en ressortent avec les honneurs. Alors, lorsque nous est arrivé Jujutsu Kaisen Cursed Clash sur Xbox Series X|S à la rédaction, on a fermement croisé les doigts pour que cette fois-ci le mauvais sort soit scellé. Mais plutôt que de les croiser, peut-être aurions-nous dû nous aussi les avaler.

Disponible aussi bien sur Xbox Series X|S que sur Xbox One, Jujutsu Kaisen Cursed Clash est donc la première adaptation vidéoludique du manga à l’écrasant succès planétaire, créé par Gege Akutami et publié pour la première fois en 2018 dans le Weekly Shonen Jump. Jujutsu Kaisen, c’est à priori la recette du bonheur pour tout bon jeu vidéo orienté baston : des personnages attachants, des petits gentils et des gros méchants, de la magie, des affrontements intenses entre le bien et le mal. Tout ce qu’il faut. Jujutsu Kaisen Cursed Clash prend ainsi sa part de tout cela en nous proposant un jeu de combat en arène, à la manière d’un My Hero Academia. C’est d’ailleurs Byking, développeur des deux épisodes My Hero One’s Justice que l’on retrouve à la manœuvre pour Jujutsu Kaisen Cursed Clash.

L’un des éléments centraux du jeu est le mode Histoire. Il retrace au travers de 5 chapitres – pour environ autant d’heures de jeu - l’épopée de Yuji Itadori et son univers comme vous l’avez peut-être découverte en manga et/ou anime, jusqu’à la fin de la première saison. Jujutsu Kaisen Cursed Clash intègre également un sixième chapitre basé sur le film Jujutsu Kaisen 0. Si vous avez joué aux adaptations de My Hero Academia pour ne citer que celles-ci, vous imaginez certainement que le mode Histoire se contente de peu pour retracer les principaux événements de Jujutsu Kaisen. Et vous avez raison. On a droit certes à de nombreuses séquences directement extraites de l’anime, mais à la fois figées et présentées sous forme de vignettes. C’est comme regarder l’anime avec un œil fermé et l’autre plissé : on ingère l’essentiel de l’intrigue en mettant de côté le plaisir. Les cinématiques sont rarissimes. Peut-être il y en a-t-il trois ou quatre. Elles n’affichent pas un gros effort de mise en scène et utilisent le moteur du jeu. Mettons toutefois au crédit du jeu ses sous-titres en français (voix en japonais – originales – ou en anglais) et malgré tout une couverture suffisamment large de ce bout d’histoire de Jujutsu Kaisen pour qu’il ait du sens auprès des personnes étrangères au manga. La forme est légère mais le fond est respecté, ce qui n’est déjà pas trop mal. A noter par ailleurs qu’avancer dans le mode Histoire permet de débloquer des petites missions hors-scénario et des saynètes plutôt légères, ce qui vient épaissir un peu plus la proposition autour de la franchise.

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De quoi donner envie de découvrir Jujutsu Kaisen au-delà de Cursed Clash ? Si le mode Histoire peut éventuellement allumer une petite flamme, c’est beaucoup moins évident pour le jeu en tant que jeu. Les combats se déroulent donc dans des arènes où l’on évolue librement, jusqu’à deux contre deux. Chaque personnage peut exécuter un combo de quatre-cinq coups pour des dégâts légers/modérés ou bien utiliser des « techniques d’extraction », soit des attaques qui ne provoquent aucun dégât mais remplissent en revanche rapidement la jauge dédiée aux pouvoirs occultes. Chaque personnage dispose de deux attaques spéciales de ce type, auxquelles s’ajoute une « technique éveillée », véritable signature de chacun. Cette configuration en tête, il convient d’alterner les bons choix pour frapper le plus fort possible au bon moment, tout en s’appuyant aussi sur les pouvoirs de son coéquipier dans le cas de combats 2vs2. On peut alors travailler en véritable coopération pour parfois ouvrir une brèche sur une attaque à deux particulièrement efficace. Certains personnages sont plus à l’aise au corps-à-corps, d’autres à distance… Bref, il y a à priori une certaine dose de stratégie à adopter, d’autant que le roster composé de seize personnages offre une assez belle diversité en termes de pouvoirs. On retrouve ainsi Yuji Itadori, Nobara Kugisaki, Megumi Fushiguro, Panda, Satoru Gojo, Maki Zenin, Aoi Todo, Toge Inumaki, Hanami, Jogo, Kento Nanami, Mahito, Eso/Kechizu, Suguru Geto ou encore Yuta Okkotsu. Et bien évidemment, Ryomen Sukuna. Les attributs de chacun étant très diversifiés dans le manga, on retrouve cet éclectisme dans le jeu également.

On ne sait toutefois que trop bien à quel point il peut exister un fossé entre la promesse sur le papier et la réalité. Dans le cas de Jujutsu Kaisen Cursed Clash, c’est un gouffre. Le jeu est trop souvent un véritable foutoir. Il faut dire que les choses ne sont déjà pas bien folles en un contre un. Les enchainements sont mollassons, les déplacements hasardeux, la réactivité du personnage aux fraises. Réussir un blocage propre est une épreuve. Que dire sinon de la caméra qui part en vrille facilement et vient souvent se placer dans un angle bien dégueulasse où le décor entrave la moitié du champ de vision ? Ajoutez à cela un équilibrage à revoir entre les personnages (notamment entre ceux orientés distance et corps à corps) et vous avez la recette d’affrontements potentiellement très crispants. Maintenant, imaginez cela en 2 contre 2 ou pire, 1 contre deux et vous obtenez alors un élixir de bordel majeur. Ca reste jouable dans l’ensemble, mais la sauce ne prend pas. La faute principalement à un manque global de précision, de lisibilité et tout bonnement de profondeur suffisante pour créer des affrontements valables. Difficile de dire comment sont définies les priorités, pourquoi telle attaque démonte tout et l’autre rien, où sont les possibilités de cancel/contre, pourquoi diable le personnage est-il si lent à se relever ? Grand est le mystère de l’univers.

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Jujutsu Kaisen Cursed Clash est un exemple typique de la bonne idée emballée dans un torchon. On apprécie d’ailleurs le mode coopératif sur le principe. Il permet d’être accompagner de l’IA ou d’un autre joueur en ligne (pas de coopération locale malheureusement) pour affronter des vagues d’ennemis, gagner de l’expérience, améliorer son personnage et partir à l’assaut de défis toujours plus difficiles. On peut débloquer des objets d’amélioration, engager le combat avec un certain handicap contre la promesse d’une récompense plus importante ; on doit aussi gérer les points de récupération disponibles entre chaque étape, avec le risque éventuel de manquer d’énergie dans les derniers instants si l’on a été trop peu prudent au début. En posant à côté de cela une boutique offrant de nombreux power ups à débloquer pour ce mode, une sélection correcte de costume et pléthore de titres pour personnaliser sa carte de joueur avant d’aller jouer en versus en ligne, la proposition de Jujutsu Kaisen Cursed Clash apparait comme plutôt honnête en termes de quantité. Dommage encore une fois que tout cela soit grandement bousculé par une expérience manette en main loin d’être convaincante.

L’ennui pour Jujutsu Kaisen Cursed Clash, c’est qu’il n’est pas vraiment sauvé par son habillage. S’il se comporte bien du côté du framerate, il demeure un jeu graphiquement timide. Les personnages sont correctement modélisés mais à côté de cela on reste sur notre faim. Techniquement c’est un jeu qui aurait pu sortir sur Xbox One il y a une demi-douzaine d’années. Rien ne saute aux yeux à la vue des arènes, rien ne vient non plus donner aux combats le souffle épique que certains auraient bien mérité. Comme les adaptations de My Hero Academia ou One Punch Man avant lui, Jujutsu Kaisen Cursed Clash passe à côté de l’occasion de sublimer un matériau d’origine alors qu’il y avait de quoi faire. Mention spéciale au passage pour l’interface absolument ignoble qui précède les combats libres : un vague tableau qui ne propose même pas une vignette avec la tête du personnage, sympathique comme un bilan comptable. Du côté des musiques enfin on ne retrouve malheureusement pas les thèmes de l’animé, mais on peut au moins faire avec des compositions qui – pour la plupart – assurent leur fonction.

5/10
Comme bien d’autres avant lui Jujutsu Kaisen Cursed Clash ne parvient pas à rendre l’hommage qui est dû au manga dont il est l’adaptation. Intéressant pour ces modes de jeu et son roster, capable aussi de ne pas massacrer le scénario à défaut de le présenter brillamment, Jujutsu Kaisen Cursed Clash s’effondre dès lors que l’on entre dans la bataille. Les combats sont brouillons, imprécis. Le système de jeu, nonobstant un concept certainement pertinent sur le papier, ne parvient jamais à atteindre son objectif. On y passe quelques heures et puis l’ennui prend le dessus, définitivement. En ajoutant à cela une prestation visuelle sans éclat, on se contente de constater une véritable occasion manquée de lancer convenablement Jujutsu Kaisen dans le monde du jeu vidéo.

+

  • Mode coopératif au concept intéressant
  • Scénario compréhensible
  • Durée de vie convenable, toutes choses considérées

-

    • Système de combat à la dérive
    • Brouillon, mollasson, moins profond que prévu
    • Très timide graphiquement parlant
    • Mode histoire à la présentation très sommaire
    • Choix d’interface parfois franchement douteux