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Du sable à perte de vue, de nombreuses épaves de bateaux qui jonchent le sol et une immense colonne rocheuse qui se dresse au bout de la route de notre protagoniste. Voilà le point de départ de Jusant, un titre qui fait référence au retrait de la mer jusqu’à marée basse, et qui trouve tout son sens ici. Et pour cause, après s’être retirée, la mer n’est jamais revenue, laissant derrière elle une étendue désertique frappée par un soleil de plomb. Le seul refuge est donc cette tour de pierre mystérieuse que notre héros doit escalader, pour des raisons laissées à l’appréciation du joueur durant environ six heures de jeu et six chapitres. Il faut alors attendre la conclusion du jeu imaginé par le studio français Don’t Nod pour découvrir les raisons qui ont amené le joueur à escalader cette montagne vertigineuse, grâce à un dénouement pas franchement attendu, mais totalement cohérent avec la poésie insufflée tout au long de l’aventure.

Et il faut bien dire que l’escalade se fait avec beaucoup de plaisir, grâce à une jouabilité qui a gagné en précision depuis notre preview réalisée l’été dernier. La base du gameplay, elle, n’a pas changé avec l’obligation d’escalader des parois en se servant des prises naturelles, grâce à l’utilisation des gâchettes de la manette, chacune d’elle correspondant à une main de notre héros. On tapote alors en alternance sur les gâchettes pour avancer, ce qui place le joueur en véritable acteur de sa progression et renforce l’immersion. Après quelques instants d’adaptation au rythme à adopter pour monter sans accroc, l’escalade devient aussi fluide que satisfaisante, sans jamais donner l’impression de faire dans le superflu pour augmenter artificiellement la durée de vie.

Au contraire, Jusant prend toujours le parti d’aller à l’essentiel, tout en apportant un peu de profondeur au fur et à mesure de la progression. On apprend ainsi très vite à utiliser la corde et les pitons, deux éléments qui permettent notamment de courir à la verticale sur les parois, pour atteindre des prises trop éloignées par exemple. Même chose lorsqu’il s’agit de se balancer dans le vide pour rejoindre une plateforme ou descendre en rappel. Là encore, tout se fait très naturellement et les boutons de la manette sont parfaitement choisis pour effectuer chaque action, au point d’en devenir presque instinctif après une ou deux heures de jeu. On y ajoute la présence d’éléments présents dans l’environnement pour élargir les mécaniques de gameplay un peu plus encore, tout en apportant une petite pointe de fantastique. Ainsi, le héros peut faire appel à un «écho» capable de faire pousser des plantes pour s’y accrocher, tandis que le soleil vient détériorer des prises végétales, ce qui oblige à agir vite et bien. De petites créatures qui se déplacent le long des parois peuvent également servir de prises, ce qui présente l’avantage de faire avancer notre personnage avant que les bestioles ne fatiguent sous l’effet de notre poids. Une barre d’endurance oblige aussi à gérer ses efforts, se reposer sur une prise et à trouver des sortes de points de passage pour établir une étape sur les longues ascension.

C’est globalement un vrai plaisir d’avancer, et de poursuivre la progression pour se retrouver toujours un peu plus haut. Pour éviter toute lassitude, chaque chapitre propose un biome différent, ce qui permet d’attiser la curiosité et l’envie d’en découvrir toujours plus. Même si le titre opte pour une progression linéaire, avec un chemin souvent unique à suivre, il demande tout de même régulièrement au joueur d’explorer un minimum son environnement pour repérer la route à prendre. Certains passages se veulent même labyrinthiques et donc déroutants, tout en amenant une pause bienvenue entre les phases d’escalade. On y ajoute la possibilité de ramasser des collectibles, entre les cairns à reconstituer et de nombreux documents qui racontent la vie sur le rocher avant l’exode. De quoi constituer un lore intéressant, tout en venant combler les moments de solitude vécus par le joueur.

La partie musicale se fait très discrète tout au long de l’aventure, apportant quelques notes durant des moments clés pour mieux faire ressortir les émotions du joueur devant cet univers tristement splendide. Le sound-design est particulièrement travaillé avec notamment le souffle du vent particulièrement bien retranscrit, pour un résultat impressionnant, dans tous les sens du terme. La patte graphique est aussi légère qu’appréciable, avec des décors suffisamment bien fournis pour donner envie de s’y plonger pleinement. Pas de bug à signaler de notre côté, si ce n’est le fait de se retrouver bloqué temporairement dans certains endroits exigus, mais rien qui ne force à redémarrer la partie. L’ensemble est très fluide et la physique plutôt bien gérée dans l’ensemble. On termine en précisant l’excellent travail réalisé sur les animations, pour un rendu plutôt fidèle aux vrais mouvements pratiqués en escalade.