Test : Kakuto Chojin sur Xbox
Le ridicule ne tue pas, dit-on…
Et c’est assez heureux pour les créateurs de ce jeu, qui auraient été foudroyés sur place par la main divine pour avoir laisser s’échapper une telle engeance de leur cerveaux malades. Pourtant ce n’est pas faute d’exemples : on trouve sur Xbox des jeux aussi variés que Dead or Alive, Mortal Kombat ou encore Capcom vs Snk 2, en somme des jeux reconnus pour leurs qualités, soit de gameplay, de character design ou encore de beauté visuelle. Prendre un peu de chacun aurait peut-être été une bonne idée, mais il faut croire le jeu a été pensé par des autistes ou même par Cryo (Ndshann : attends t’es méchant là, c’est tout ce qu’ils savaient faire l’esthétique chez Cryo)…
1er chef d’accusation, le design (attention pas
la réalisation, seulement le design). Messieurs les designers, Daniel Prevost
serait présent qu’il vous assènerait un « ringards ! » du meilleur cru, et ce
serait encore bien trop doux pour qualifier votre travail. Jamais je n’ai vu un
character design aussi craignos et pathétique (quoique la bataille avec Tao Feng
sera rude) : on retrouve pêle-mêle un clone de Bruce Lee, le Brad Pitt de Fight
Club, un gros monsieur tout pas beau habillé en cuir, style boucher SM, ainsi
qu’un ninja noir portant un masque de X-Or… Je vous passe les autres, tous de la
même veine. Le pire c’est que le reste du jeu est tout aussi ridicule, des voix
aux arènes en passant par le scénario. Le jeu est sous-titré « Back Alley Brutal
», prétextant un scénario à propos de vagues combats de rue clandestins (encore
heureux qu’ils soient clandestins, sinon les combattants seraient arrêtés pour
atteinte à la pudeur tant ils sont laids). Le hic, c’est que les surfaces de
combats ne suivent pas du tout cette idée : elles sont d’une petitesse faisant
passer une mite pour un diplodocus et surtout elles sont désespérément vides.
Durant un combat de rue, on pourrait prétendre à quelques obstacles, ou autres
interactions avec le décor, mais ici rien de tout cela, et l’on a affaire avec
des arènes d’un classicisme exaspérant, là où les derniers jeux du genre
proposent des innovations extras. Les voix du jeu sont tirées du même tonneau.
Passons la voix off et son « Kakto Tchodjin » hilarant (essayez de parler comme
ça dans la vie courante ou avec vos potes, c’est mortel), et arrêtons nous sur
le personnage français de la bande. Et oui, non seulement plusieurs nationalités
sont présentes, mais les développeurs ont eu la riche idée de les faire parler
dans leur langue maternelle. Je ne peux juger des vois japs ou autres, n’ayant
pas de références de l’accent original, mais la française est un pur moment de
délire. A chaque fin de combat ce monsieur nous gratifiera d’un « c’est moi
l’meilleur, hin hin hinnnnn » ou « je suis l’plus fort, hin hin hinnnnn », qui
feraient pleurer de honte les doubleurs des vilains de Nicky Larson pourtant
détenteurs des intonations les plus marrantes qui puissent être. C’est assez
indescriptible comme émotion, mais l’effet de raté est réussi (paradoxal non ?).
Bon, j’arrête là, pas besoin de s’acharner, et puis un jeu de baston au design
pourri peut quand même se révéler un excellent jeu quand le gameplay suit.
Une maniabilité de tortue décédée
Oui je sais, ça ne veut rien dire parce qu’une tortue, même vivante, n’a pas de maniabilité. Mais ce n’est pas grave, on est sur Kakuto Chojin là non ? Donc j’ai le droit de dire ce que je veux, même les pires énormités. En parlant d’énormité, le gameplay remporte la palme du néant. Les coups ne sont pas distribués comme d’habitude en poing, pied, projection ou garde, mais en coup haut, coup moyen et coup bas. Franchement c’est pas génial du tout comme système, et ça accentue la pauvreté extrême du gameplay, qui n’en avait pas tellement besoin. En effet, il y a très peu de coups et encore moins d’enchaînements, ce qui fait qu’on tourne toujours sur les 2 mêmes combinaisons, et l’ennui s’abat sur le joueur comme la vérole sur le bas clergé. Ne parlons pas des coups spéciaux, simplement inexistants, et qui sont remplacés par une sorte de super coup qui se déclenche en pressant la touche noire. Passionnant. Comme je vous le disais, il n’y a aucune interaction avec le décor, si ce n’est un ring out de temps en temps. Captivant. De plus, le jeu est ultra facile et dès ma première partie je l’ai terminé en niveau moyen sans perdre un seul round et avec un pourcentage de perfects assez alarmant (l’IA a autant de réaction qu’un mec qui aurait bu une bouteille d’eau de javel avant de se finir au Jean-Paul Gauthier). Chiant. C’est le maître mot de jeu, et un Kakuto Chojin : Boring Back Alley aurait peut-être été
plus évocateur pour l’éventuel acheteur. Et ce ne sont pas les modes de jeu qui
vont captiver les foules, la seule originalité du titre étant un mode 4 players
(en simultané) n’ayant aucun intérêt au bout de 2 minutes, l’absence de coups
mettant à mort la motivation et l’enthousiasme des joueurs.
Propre comme un sou neuf
Au départ, le jeu était une démo technique
de ce que la Xbox pouvait faire (et il aurait mieux valu qu’il le reste, vu le
résultat), et force est de constater que le jeu est plutôt beau. Pourquoi je dis
plutôt ? Parce que le design laxatif amochit (amochir : v. rendre moche. Petit
Ed Illustré 2003) les graphismes et l’on ne peut se rendre bien compte de
ceux-ci car les choix dans les effets sont assez mal faits. Les persos brillent
comme s’ils avaient été passés au polish pendant 2 heures et les arènes, hormis
des ombres portées sur les persos assez jolies (mais assombrissant tellement
l’image qu’on se croirait dans le fondement de Demis Roussos tellement il fait
noir), sont assez quelconques. En résumé, je dirais que les graphismes « bruts »
sont beaux (belles textures, ombres, etc.) mais enlaidis par les choix de
design. Les musiques sont bassinantes à souhait, et les voix, comme je vous l’ai
dit plus haut, sont marrantes mais ridicules. Pas terrible
donc…
+
-
- Jolis et moches à la fois, paradoxal non ?
- A mi-chemin entre médiocre et nulle.
- 7 minutes chrono.
- 12, parce que ça m'a bien fait rire quand même.
- Un ovni sur Xbox. Si vous le trouvez en import à petit prix, ne vous privez pas, vous aurez une bonne grosse daube mais un collector d'enfer.
- Les combattants sont raides comme des coups de trique et leur palette de coups est stupéfiante par sa non-variété.