Test : Legacy of Kain: Soul Reaver I - II Remastered sur Xbox Series X|S
Raziel et la cure de jouvence
Comme à son habitude, cette nouvelle compilation développée chez Aspyr ne s’embarrasse pas avec son menu d’accueil. Bien loin de ce que peut proposer un studio comme Digital Eclipse, cette collection regroupant Legacy of Kain: Soul Reaver et Legacy of Kain: Soul Reaver 2 fait dans le minimalisme, avec la possibilité de choisir son jeu, ou d’aller faire un tour dans les bonus. Ces derniers regroupent tout de même des galeries (concept art, rendu 3D, fanart et même cosplay), les musiques des jeux, ou encore diverses vidéos avec cinématiques, des scènes coupées, des scènes «démos» que l’on voyait tourner dans les magasins, et les crédits. Rien de fou, même si cela permet d’apporter un petit plus à l’ensemble et de fêter dignement les 25 ans du tout premier Soul Reaver.
Sorti sur la première console PlayStation, on rappelle que Soul Reaver est le tout premier jeu de la franchise Legacy of Kain a être développé par Crystal Dynamics, avec Amy Hennig (Jak & Dexter, Uncharted: Drake’s Fortune, …) et sa double casquette de scénariste / réalisatrice. Contrairement à Blood Omen sorti 3 ans plus tôt, ce Soul Reaver est entièrement en 3D et propose une aventure à la troisième personne qui penche vers le Metroidvania, avec la possibilité d’obtenir divers pouvoirs pour débloquer de nouveaux endroits dans Nosgoth. La particularité principale du titre tient dans le statut de Raziel, son héros. Exécuté par Kain, celui-ci est ramené à la vie avec la possibilité de passer du monde spectral au monde des hommes pour profiter du meilleur de chaque version. Mourir dans le monde des hommes n’est donc plus une fatalité puisqu’il est toujours possible de trouver un portail pour revenir parmi les vivants. Un concept intéressant, qui s’inscrit parfaitement dans un scénario sur fond de vengeance. Attention toutefois, si le titre n’est pas franchement difficile, l’absence de carte pour se repérer pourrait en déboussoler plus d’un, c’est le cas de le dire. On note la possibilité de sauvegarder où on le souhaite, mais avec un retour à la case départ systématique en cas de mort ou lorsque l’on quitte le jeu. Il existe malgré tout un système de téléportation, mais celui-ci pourrait là aussi perturber les joueurs qui n’ont pas vraiment le sens de l’orientation.
Côté mécaniques de gameplay, ce premier Soul Reaver propose à la fois des énigmes et des phases de beat’em up. La jouabilité n’a pas pris une ride, et malgré quelques gros soucis de caméra par moment, le jeu de Crystal Dynamics reste encore très jouable aujourd’hui. Là où les développeurs d’Aspyr avaient été contraints d’ajouter une maniabilité moderne pour ne pas s’arracher les cheveux sur les contrôles tank des remasters des premiers Tomb Raider, Legacy of Kain: Soul Reaver répond plutôt bien à la manette, sans jamais créer le moindre sentiment de frustration chez le joueur. C’est bien évidemment perfectible, mais la possibilité de locker un ennemi avec la gâchette haute droite permet d’enchainer sans trop de problèmes les attaques, tandis qu’il est possible de se protéger des coups adverses grâce à la gâchette haute gauche. Le tout manque bien évidemment d’impact, et les animations sont assez sommaires, mais on prend tout de même plaisir à se débarrasser d’un monstre, puis à l’empaler sur une lance par exemple. C’est un peu plus rigide quand il faut jeter un corps au feu ou dans l’eau, mais globalement ce Soul Reaver a bien résisté au poids des années.
Etrangement, c’est aussi le cas concernant les graphismes du jeu, pas trop pixellisés de base. La preuve, en passant d’une version du jeu à l’autre par une simple pression du stick droit, on ne remarque finalement pas tant de différences que cela. Les textures sont un peu plus détaillées, mais le travail semble s’être concentré sur les modèles 3D principalement. Là où certains ennemis ressemblaient à une bouillie de pixels, on fait désormais face à des monstres qui ressemblent à autre chose qu’à un plat de fruits de mer mal digéré. De même, Raziel est plus cool que jamais, et s’approche enfin du design qu’on lui connaissait à travers les jaquettes des jeux dont il est le héros. Concernant Legacy of Kain: Soul Reaver 2, on sent bien que les développeurs se sont contentés de rester sur les graphismes offerts par la PlayStation 2. La différence entre la version originale et le remaster est encore moins flagrante, ce qui est relativement bien dommage car il y avait quand même matière à pousser les graphismes un peu plus loin.
Le changement de génération n’est pas la seule différence entre le premier et le second Soul Reaver. On sent rapidement que les développeurs de Crystal Dynamics et Amy Hennig ont cherché à approfondir le lore, et Soul Reaver 2 se montre bien plus bavard que son aîné. Cette fois-ci la partie beat’em up prend largement le dessus, au détriment des énigmes, et le level-design se veut bien plus linéaire ce qui a le mérite d’éviter de se perdre comme dans le premier épisode. On sent bien que l’équipe de développement de l’époque a cherché à corriger les défauts du premier épisode, quitte à faire perdre un peu de son charme à la franchise. Pas de gros bouleversements du côté du gameplay, toujours suffisamment souple pour pouvoir être apprécié encore aujourd’hui, avec de débuter avec toutes les capacités récupérées par Raziel dans le précédent épisode.
Même si on pourra toujours regretter un aspect un peu terne des décors, et encore plus lorsque s’applique le filtre verdâtre du monde spectral, l’ambiance dégagée par ces deux titres fait toujours son petit effet. Il faut dire que la bande-son et le doublage des dialogues (en anglais) offrent une dimension épique, à l’image de ce qu’ont su reproduire les franchises Hadès et Darksiders quelques années plus tard. Sans doute désireux de ne pas trop dénaturer le matériau d’origine, on aurait tout de même apprécié que les développeurs texans s’appliquent un peu plus à polir ces petits bijoux, notamment sur les bruitages qui ont pris un sacré coup de vieux. Pas de système de rembobinage non plus, qui aurait permis de se remettre rapidement d’un saut raté ou d’une bataille perdue. Cela n’empêchera pas les nostalgiques, mais aussi les curieux, de se lancer dans cette compilation qui promet environ 25 heures de jeu, réparties à peu près équitablement sur les deux titres.
+
- Deux jeux cultes...
- ...et finalement assez différents
- Ambiance au top
- Thèmes musicaux intéressants
- Raziel a toujours autant la classe
-
- Aspect visuel qui aurait mérité mieux
- Menu d'accueil minimaliste
- Caméra qui s'affole dans les endroits exigus