Test : Loop8: Summer of Gods sur Xbox Series X|S
Un JRPG plutôt loopé
C’est le 1er août et par la même occasion votre premier jour sur Terre. Après avoir grandi dans l’Espace, Nini est envoyé sur la planète bleue pour participer à la lutte contre les Kegaï, des créatures mystiques qui prennent peu à peu le dessus sur l’espèce humaine. L’action de Loop8: Summer of Gods se déroule ainsi à Ashihara, une petite ville du Japon protégée par un orbe magique et de multiples talismans capables de repousser, en partie, la menace. Mais c’est bien parce que cette protection devient de plus en plus perméable qu’il devient nécessaire de prendre les armes et lutter pour sauvegarder cet endroit paisible teinté de culture nippone.
Les aventures de Nini prennent la forme d’un visual-novel, c’est à dire un jeu narratif où le but principal est de créer des liens avec d’autres personnages en engageant des discussions. A la manière d’un Persona 5, le titre de Marvelous propose également quelques séquences de combats, sans toutefois en faire un élément véritablement central comme c’était le cas avec la production d’Atlus.
Ici, l’accent est surtout mis sur les rapports entretenus entre Nini et les autres habitants d’Ashihara, mais aussi entre les habitants entre eux. La procédure est assez classique puisqu’il est possible de se déplacer à travers une petite dizaine de décors, seulement, et de lancer une discussion avec n’importe qui. Au total ce sont douze personnages qui peuvent être interrogés, et même s’il faut un petit temps d’adaptation pour mettre un nom sur chaque visage, il devient assez simple d’identifier chacun d’entre eux. Grâce notamment à leur caractère, ou à la possibilité de les placer dans la catégorie des profs, des lycéens, ou même des androïdes pour l’une d’entre elles. Pas de grosses surprises du côté du chara-design qui s’inspire très clairement de ce qui se fait habituellement dans le genre du visual-novel, avec un esprit très manga/anime qui fonctionne plutôt bien. Chaque dialogue permet de profiter de petites saynètes avec différentes attitudes adoptées par l’interlocuteur pour accentuer la tournure que prend la discussion, entre joie, tristesse et colère. On aurait toutefois aimé un peu plus de diversité dans ces comportements, ce qui aurait sans doute permis d’atténuer l’impression de faire les mêmes choses, pour les mêmes résultats.
Car le gros point noir de ce Loop8: Summer of Gods c’est assurément sa capacité à devenir très rapidement répétitif. Si la découverte de chaque personnage est intéressante dans un premier temps, avec l’immense avantage de pouvoir bénéficier de textes intégralement traduits en français (le studio laisse le choix entre anglais et japonais pour l’audio), devoir entretenir de bonnes relations devient tout de suite beaucoup plus barbant. En lançant un dialogue, le joueur peut choisir entre plusieurs actions, en faible nombre au départ mais bien plus nombreuses à mesure que les liens se tissent. Dans un premier temps, il faut se contenter de discuter, flatter, se promener ou charrier la personne en face, pour ensuite pouvoir la complimenter, manger avec et même l’inviter à la maison. Le système est très basique et pas très enthousiasmant, tout cela pour faire bouger trois petites jauges, à savoir l’amitié, la tendresse et la haine. Pour éviter de se planter à chaque demande, le pourcentage de réussite est retranscrit sous forme de phrases plutôt claires, pour une dizaine de variantes au total allant du «impossible» au «je sais que ça ira» en passant par «les chances sont minces» ou «une chance sur deux». L’idée étant de construire des relations solides pour ensuite pouvoir embarquer d’autres habitants de l’île dans les phases de combat.
Une tâche loin d’être de tout repos, combinée à cette volonté de mettre les combats clairement en retrait. C’est simple, le joueur ne rencontre en tout et pour tout qu’un seul mob dont la couleur change selon l’élément auquel il est rattaché. Le bestiaire se résume finalement à la présence des boss à défaire à l’aide d’une équipe de trois personnages, Nini inclus. Le système est d’une pauvreté presque infinie avec la possibilité de combattre l’ennemi à coup d’attaques spéciales, à débloquer en améliorant ses relations sociales là encore. Il est également possible de remplir sa jauge d’endurance et de vie, ou de protéger un.e allié.e. Aucun moyen de guider nos amis en combat en revanche, ce qui est particulièrement frustrant lorsque l’on souhaite faire descendre rapidement la barre de vie d’un boss tandis que votre partenaire a choisi de tout miser sur les buffs totalement dispensables. Plus on avance dans le jeu, et plus les boss deviennent ardus, allant jusqu’à introduire une part de chance dans les affrontements lorsque l’on croise les doigts pour que l’ennemi utilise une attaque peu agressive plutôt qu’un coup spécial capable d’anéantir votre équipe en trois tours. Détail important, vos équipiers tombés au combat sont morts pour de bon, et la seule possibilité de les ramener à la vie est d’engager une boucle temporelle pour revenir au 1er août. C’est d’ailleurs ce qui se passe automatiquement si c’est Nini lui-même qui trépasse.
Car la particularité de Loop8: Summer of Gods est de pouvoir repartir à zéro ou presque pour éviter de rééditer les mêmes erreurs. Bien loin d’un Time Shadows, un manga qui utilisait la même mécanique dans des décors finalement très similaires au jeu de Marvelous, cette remontée dans le temps n’a que très peu d’effets. Elle permet tout de même de gagner un peu de temps quand il s’agit de retrouver la sympathie des habitants du village, avec des statistiques qui remontent plus rapidement si vous aviez pris le temps de soigner vos relations sur la boucle précédente. L’ordre des boss peut également différer, tandis que vos bénédictions restent intactes, ce qui représente un soulagement appréciable. Car Loop8 ne dispose pas d’un système de niveaux comme dans la plupart des JRPG. Ici, il faut toquer à différents lieux de culte pour faire apparaitre Musasa, un écureuil magique insupportable, capable d’intervenir plus d’une dizaine de fois par journée. Les statistiques qu’il offre concernent, au hasard, la force que l’intelligence, mais aussi le charme et l’aspect social, pour renforcer les aptitudes offensives des personnages ou leur capacité à être appréciés des autres. Le principe est globalement lourd, d’autant qu’il faut jouer les entremetteurs pour espérer voir deux personnages que tout oppose, s’apprécier.
A l’image de Persona 5, le temps s’écoule rapidement dans Loop8: Summer of Gods. Chaque journée est affublée d’une horloge qui tourne à grande vitesse (comptez 15 minutes pour traverser la cour du lycée). Il devient alors nécessaire de bien gérer son temps, en faisant le choix de certaines activités au détriment d’autres. Chaque jour de la semaine il est possible de participer à du soutien scolaire, avec l’ultime regret de n’avoir aucune interaction avec le cours. Voir le temps défilé permet toutefois de profiter de voir Ashihara d’un oeil différent quand vient le soir et la nuit. Même chose lorsqu’il s’agit de descendre dans le monde d’en bas pour se battre contre les Kegai dans une version négative du village.
Une façon de compenser un nombre de décors bien faible. Peu nombreux, mais assez réussi graphiquement avec des environnements dessinés à la main qui font la part belle à la culture nippone, avec ses portails torii et une rue principale bétonnée qui nous envoient au milieu d’un anime. C’est d’ailleurs pour cela que les développeurs ont choisi de hacher grossièrement les animations des personnages lors de leurs déplacements et en combat, pour un résultat plutôt raté même si on finit par s’y habituer. Sur le plan de la direction artistique on regrette aussi des thèmes musicaux peu inspirés, quand ils ne sont pas tout simplement insupportables. Le logo de chargement est également bien trop présent, concrètement à chaque ouverture de dialogue, ce qui laisse penser à quelques soucis d’optimisation de ce côté là.
+
- Ambiance pas trop mal
- Chara-design très correct
- Scénario léger mais suffisant
- Menus et textes en français
-
- Combats peu nombreux et trop basiques
- Partie visual-novel répétitive
- Animations saccadées à l'excès
- Thèmes musicaux ratés