Test : Lunar Remastered Collection sur Xbox Series X|S
Un peu plus près des étoiles

Si la franchise Grandia est certainement le plus gros succès de Game Arts, le premier JRPG édité par l’ancienne société basée à Tokyo se nomme en réalité Lunar Silver Star. Sorti en 1994 sur le Mega-CD de Sega, le célèbre module à combiner avec la Megadrive, ce premier jeu de rôle a rapidement vu débarquer une suite intitulée Lunar: Eternal Blue sur le même support, deux ans plus tard. Pour confectionner sa nouvelle compilation, GungHo Online Entertainment s’est concentré sur ces deux jeux, en laissant volontairement de côté le portage Game Boy Advance du premier épisode, et les spin-off sortis sur Game Gear et Nintendo DS.
Avec deux titres au programme, le menu de sélection des jeux est forcément assez basiques, avec tout le nécessaire affiché sur une seule page. Il comporte toutefois une petite particularité puisque ce sont quatre choix qui sont proposés au joueur, avec des versions originales qui sont séparées des versions remasterisées. Un choix étonnant puisque ce type de collections nous a plutôt habitué à inclure la version d’origine et son remaster en une seule, avec la possibilité de passer de l’une à l’autre grâce à la pression d’un bouton lorsque l’on est en jeu, ce qui n’est donc pas le cas ici. Bien heureusement, les sauvegardes sont communes aux deux versions de chaque jeu, et seule l’obligation de revenir au menu principal diffère finalement de ce que l’on a l’habitude de voir ailleurs. Une étrangeté que l’on pourrait toutefois expliqué par le travail conséquent réalisé sur les jeux d’origine, et cela sur plusieurs aspects.
Si les décors et les personnages conservent leur aspect 16-bit façon pixel-art, en revanche les développeurs ont eu la bonne idée d’améliorer nettement la résolution des vignettes qui viennent agrémenter les dialogues des personnages, mais aussi les diverses cinématiques qui ponctuent l’histoire principale. De ce côté là, le travail est d’ailleurs bluffant, et nous permet d’apprécier pleinement des séquences qui rappellent les animes des années 80/90. Rien d’étonnant quand on sait que le chara-designer Toshiyuki Kubooka a travaillé sur des projets tels que Nadia et le Secret de l’Eau Bleu par exemple. Autre nouveauté très appréciable, et désormais courante avec ce type de collection, la présence d’un mode automatique et de la possibilité d’accélérer les combats (jusqu’à x3) contribuent à moderniser l’expérience de jeu. On peut alors se concentrer pleinement sur l’histoire et sur l’affrontement des boss, tandis que le farm d’expérience (ou leveling) est forcément moins laborieux que dans les jeux d’origine.
Pas d’autres modifications à noter du côté des combats, qui restent assez classiques. Au maximum, ce sont cinq héros qui composent le groupe durant les batailles, avec des personnages parfois spécialisés dans les attaques physiques, d’autres plutôt adeptes de la magie, et la possibilité de se défendre ou d’utiliser des objets pour tous. La seule petite originalité vient du fait que, selon l’action réalisée, les ennemis et les membres du groupe se déplacent sur le champ de bataille, ce qui peut influencer le déroulé du combat, avec des ennemis qui préféreront attaquer des membres du groupe proches d’eux, tandis que les héros ne se priveront pas pour utiliser leurs attaques de zone. Les boss, de par leur difficulté parfois abhérentes, forcent généralement à utiliser toutes les options disponibles, et à user d’un peu de stratégie. C’est d’autant plus vrai avec Lunar 2: Eternal Blue, qui se montre particulièrement exigeant de ce côté-là, et l’absence de modes de difficulté sur les deux titres constituera forcément un frein pour les novices. On peut également évoquer les déplacements sur la carte du monde, qui se font sans le stress de rencontrer un monstre puisque les ennemis n’y sont pas présents. En dehors de la map, les développeurs ont eu la bonne idée de les afficher à l’écran plutôt que de mettre en place un système de rencontres aléatoires, ce qui permet de les éviter si on le souhaite. On note en revanche une certaine pauvreté dans le bestiaire des deux jeux, avec des monstres qui reviennent bien trop vite sous un autre skin.
Si le concept est old-school sur la partie combat, on peut en dire de même sur l’exploration et la découverte des différents villages et lieux traversés, ce qui est plutôt une bonne chose. L’atmosphère générale rappelle celle de Dragon Quest, tandis qu’il y a un petit parfum d’aventure qui a forcément servi d’inspiration pour concocter Grandia par la suite. On prend plaisir à découvrir de nouvelles villes, et à discuter avec les différents habitants, d’autant que GungHo Online Entertainment a choisi d’investir dans une traduction intégrale des textes en français (et même en allemand) pour cette nouvelle version. De quoi profiter de manière optimale de dialogues très bien écrits et de quelques pointes d’humour bienvenues, avec des personnages jouables qui sont très attachants pour la plupart. Petit bémol sur l’exploration tout de même puisque là où le premier Lunar permet de se déplacer en courant continuellement, Lunar 2 opte plutôt pour un temps de course limité, avec un «cool down» qui oblige à faire des pauses et à ralentir la cadence. On aurait bien aimé que GungHo profite de ce remaster pour corriger ce léger problème.
Mais autrement c’est avec un réel plaisir que l’on suit les aventures d’Alex et Luna d’un côté, et d’Hiro et Lucia de l’autre. Grâce notamment aux options de confort des combats, le rythme est bien mené et on prend plaisir à se demander où le jeu va nous mener, avec notamment quelques rebondissements à la clé. De notre côté, on a quand même préféré l’histoire et les thèmes de Lunar 2, qui nous demandent de protéger celle que l’on nomme la Destructrice, plutôt que ceux du premier Lunar, sans doute un peu trop classique avec son personnage principal qui rêve de devenir un héros. La diversité des environnements et les épreuves rencontrées nous permettent en revanche de vivre un vrai voyage initiatique dans les deux cas, le tout sur fond de compositions musicales bien choisies, et parfaitement ancrées dans ce que nous avions l’habitude d’entendre à l’époque dans un JRPG. Dernier point, les versions remasterisées s’affichent désormais en 16/9, en dehors des cutscenes légèrement étirées par rapport à leur format en 4/3 d’origine.

+
- Deux très bons JRPG
- Textes intégralement traduits en français
- Présence de modes auto et accéléré des combats
- Cinématiques retravaillées et qui ont bien vieilli
- En 16/9, et donc sans bandes noires hors cutscenes
-
- Des combats un peu trop classiques
- Un seul mode de difficulté
- Interruption du pas de course dans Lunar 2
- Bestiaire un peu limité