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Metal Gear Solid Δ: Snake Eater

Infiltration | Edité par Konami

8/10
One : 28 August 2025 Series X/S : 28 August 2025
01.09.2025 à 11h06 par - Rédacteur en Chef

Test : Metal Gear Solid Δ: Snake Eater sur Xbox Series X|S

Un Snake sans idéaux

Les joueurs qui cherchaient à se faire ou refaire les premiers épisodes de la saga Metal Gear Solid ont eu l'occasion d'assouvir leur envie grâce à une compilation sortie il y a deux ans. En parallèle, Konami a eu dans l'idée de s'attaquer au remake de Metal Gear Solid 3: Snake Eater avec l'aide de la branche française du studio Virtuos. Une idée qui permet de retrouver le premier épisode de la saga, chronologiquement parlant, dans une version modernisée et donc plus propice à s'attirer un nouveau public. Que donne cette nouvelle virée en plein cœur de l'Union Soviétique, deux décennies après l'expérience de jeu originale, et sans Hideo Kojima ?

En nous lançant dans Metal Gear Solid 3: Snake Eater il y a deux ans, par le biais de la compilation Metal Gear Solid: Master Collection Volume 1, nous avions alors rapidement compris pourquoi le jeu est considéré comme l’un des meilleurs épisodes de la saga. Avec une équipe de développement menée par Hideo Kojima, on y trouvait tous les ingrédients du grand jeu, que ce soit au niveau de sa direction artistique ou sur le plan ludique, sans oublier bien évidemment sa mise en scène majestueuse empruntée au cinéma. Le titre avait bien quelques défauts, que l’on pouvait comprendre compte tenu de son grand âge, mais on lui trouvait encore un certain charme, même 20 ans plus tard. Deux ans après cette collection, il faut malheureusement se rendre à l’évidence : Metal Gear Solid Δ: Snake Eater tient plus du remaster que du remake, et finalement l’expérience de jeu est sensiblement la même que dans le jeu d’origine, à quelques exceptions près.

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Mais il y a tout de même quelques nouveautés bienvenues. Dans les déplacements de Snake pour commencer, qui deviennent bien plus souples qu’auparavant. Avec la moitié de son temps passé accroupi, ou carrément allongé dans les herbes hautes, notre espion américain dispose désormais d’une maniabilité plus accessible, qui évite notamment de se retrouver nez à nez, et par inadvertance, avec un ennemi qui aurait tendance à dresser un peu trop rapidement le mythique point d’exclamation au-dessus de sa tête. La principale amélioration est tout de même à mettre au crédit d’une caméra plus rapprochée, pas tout à fait à l’épaule mais pas non plus avec une vue de trois-quarts comme dans la première version. C’est un peu plus pratique pour repérer un soldat au loin, et éviter une fois de plus de se jeter dans la gueule du loup bêtement.

Heureusement, le système de sauvegarde a également été revu et on profite désormais d’un système de sauvegarde automatique même s’il est toujours possible de se connecter à la fréquence radio de Para-Medic pour faire une sauvegarde manuelle. Plus généralement, le système de fréquences a été simplifié, avec la possibilité de les faire apparaitre directement via un raccourci disponible sur le BMD (Bouton Multi-Directionnel). Même chose pour passer rapidement d’un gadget à l’autre, et d’une arme à l’autre, où le BMD est également sollicité. C’est tout de même nettement plus pratique, mais pas non plus impossible de s’y perdre, surtout pour un joueur qui n’aurait jamais expérimenté la franchise avant cet épisode. Quelques options de confort donc, mais qui contrastent également avec la perte de son cachet d’origine. Oui, Metal Gear Solid Δ: Snake Eater est nettement plus agréable à jouer que le jeu de 2004, mais on a vraiment l’impression d’y perdre en cohérence, et un peu de la patte si caractéristique qu’avait su lui donner Hideo Kojima à l’époque.

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MGS3 ne souffre d’aucun compromis, et propose un équilibre parfait entre gameplay et séquences narratives. Cela permet, entre autres, d’installer un excellent rythme et de donner l’envie de poursuivre la mission de Snake sans jamais lâcher la manette. Le titre est d’ailleurs accessible à tous, avec cinq modes de difficulté allant du très facile à la difficulté «extrême». Pour ceux qui le souhaitent, il est également possible d’opter pour le style légendaire et ainsi partir à l’aventure avec la caméra d’origine, et sans bénéficier d’une visée à l’épaule pour les armes à feu. Le fameux filtre jaune / verdâtre présent dans la version originale peut être ajouté de manière optionnelle, tout comme d’autres filtres plus ou moins pertinents. L’utilisation de l’Unreal Engine 5 permet, de son côté, d’avoir des textures plus détaillées et des visages nettement plus fins, tandis que la végétation de la jungle russe se veut beaucoup plus dense et par conséquent plus réaliste.

Si le travail de Konami et Virtuos est incontestable, on regrette que certains points n’aient pas fait partie des priorités dans le processus de développement. On pense surtout aux animations, qui n’ont pas du tout été améliorées et qui dénotent désormais avec le reste de la direction artistique. Si la mise en scène, parfois exagérée, permet de lâcher quelques sourires, c’est déjà plus embêtant de voir des ennemis faire des pirouettes après leur avoir tiré dessus (et même chose pour Snake d’ailleurs). Un vrai paradoxe, qui a le malheur de sortir, par moment, le joueur de son expérience de jeu. C’est à peu près la même chose avec les combats de boss, dont le seul impact consiste à voir la barre de vie ennemie diminuer après chaque coup reçu. On aurait bien aimé avoir un vrai sentiment de puissance sur ces batailles qui auraient dû se montrer épiques. C’est clairement décevant de ce côté là, et on aurait évidemment préféré que le matériau d’origine conserve tout de sa superbe.

MGS-2

On retient tout de même des éléments de game-design dont l’intérêt n’a pas bougé d’un iota. Contrairement aux deux premiers épisodes de la série, Metal Gear Solid 3; Snake Eater invite d’autant plus à la patience, en éliminant les ennemis au moment opportun et avec méthode. Il fourmille également de petites idées intéressantes qui visent à renforcer l’immersion, comme avec la gestion du camouflage, à changer selon l’environnement dans lequel vous évoluez pour éviter de vous faire repérer, ou avec les soins, à se prodiguer soi-même en utilisant du fil à suturer, des pansements ou des onguents selon votre type de blessures. Une barre d’endurance rappelle également que Snake n’est pas à surhomme et qu’il ne peut pas se cacher sous l’eau ou rester accroché à des rebords durant trop longtemps. Debout, accroupi ou allongé, votre stature a également une importance selon la situation, surtout pour assurer votre discrétion, mais aussi lorsqu’il s’agit de récupérer des plantes ou de chasser des animaux pour bien gérer votre état de santé. De petits éléments qui viennent renforcer l’expérience de jeu du joueur.

On aurait bien aimé pouvoir profiter de tout cela sans avoir besoin de faire un compromis entre un mode Performance à 1080p à 60 images par seconde (ips) et un mode Qualité en 4K à 30ips, avec quelques chutes de framerate par moment. Zéro déception en revanche sur la partie sonore, avec des musiques qui n’ont absolument pas vieilli, et un sound-design capable de nous plonger bien comme il faut dans l’ambiance de la jungle.

8/10
Snake est de retour, et cette nouvelle version d'un jeu mythique est bien entendu la meilleure porte d'entrée pour se lancer dans la franchise imaginée par Hideo Kojima. Pour ceux qui connaissent déjà MGS3, on pourrait tout de même reprocher à Konami et à Virtuos de ne pas être allés au bout de leurs idées pour rendre une copie propre et sans bavure. En dépit du fait que Metal Gear Solid Δ: Snake Eater est un très bon jeu, il aurait sans doute pu être un excellent jeu s'il n'avait pas souffert de quelques petits compromis qui lui ont fait perdre, un peu, de son cachet de l'époque. Une toute petite alerte pour Snake, dont les ambitions devraient être relevées encore un peu quand viendra le temps de s'attaquer au remake de Metal Gear Solid 1.

+

  • Snake a gagné en souplesse
  • Vue à la 3ème personne plus adaptée
  • Mise en scène et narration dignes d'un film
  • Partie sonore toujours au top, 20 ans après
  • Système de sauvegarde auto

-

    • Un remake qui n'en a que le nom...
    • ...tout en perdant de son charme d'origine
    • Animations pas du tout retravaillées
    • Compromis Qualité / Performance