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Necromunda: Hired Gun

FPS | Edité par Focus Entertainment | Développé par Streum On Studio

6/10
One : 01 juin 2021
08.06.2021 à 10h38 par - Rédacteur

Test : Necromunda: Hired Gun sur Xbox One

Ou l’inverse, ça marche aussi

Déclinée à l’envie sur tous les supports et au travers de bien des genres, la franchise Warhammer 40,000 se paye avec Necromunda : Hired Gun quelque chose qui lui faisait défaut sur la génération Xbox One, à savoir un bon vieux FPS. Développé par Streum On (E.Y.E, Space Hulk Deathwing), Necromunda : Hired Gun nous ramène à un temps pas si lointain -mais déjà quelque peu oublié- où le FPS AA bas du casque offrait aux amateurs de nanars un plaisir coupable aux vertus incomparables.

Branche de l’univers semblant infini de Warhammer 40K, Necromunda se veut en être l’approche cyberpunk, à la fois belle et poisseuse, futuriste sur la forme et arriérée dans les esprits. Un monde où la chair et le métal ne font qu’un, pour donner la vie comme pour la prendre. On a déjà eu il y a quelques mois l’occasion de vivre une expérience sur Necromunda avec Underhive Wars, mais c’était sous une approche stratégique et posée ; avec Hired Gun, c’est quelque chose de tout à fait à l’opposée que l’on s’apprête à découvrir. Un FPS, pur et dur. Dans un contexte bordélique où gangs et factions diverses se battent pour le contrôle de commerces et d’activités plus ou moins légales, vous êtes un chasseur de prime cherchant à mettre la main sur un fantôme valant son pesant de cacahuètes, j’ai nommé Silver Tallon. Dans sa quête, notre chasseur de prime (homme ou femme à choisir parmi une dizaine de modèles) va rapidement se retrouver plongé dans une marre de problèmes menant à une situation inextricable. On vous passe les détails qui intéresseront à n’en pas douter les connaisseurs de l’univers Necromunda mais qui, par leur légèreté, ne gêneront pas non plus les joueurs vierges venus ici pour shooter. On peut néanmoins vous dire que le scénario n’est clairement pas l’élément central de Necromunda : Hired Gun. Il n’est de toute façon pas franchement aidé par des cut-scenes un peu bancales dans leur mise en scène et doublées dans un français digne des plus grands nanars. Mention spéciale à notre personnage, dans sa version féminine surtout, doté d’une intonation tellement exagérée qu’elle en devient amusante.

Necromunda Hired Gun 2

Durant les dix heures environ que dure la campagne principale, l’intérêt se situe donc ailleurs que dans les discussions. Découpée en treize missions, auxquelles viennent éventuellement se greffer des chapitres secondaires (vous n’êtes pas obligé d’y toucher), la campagne repose donc grandement sur un nombre incalculable de bastos envoyées dans la figure des Orlocks, Eschers et toutes les autres factions qui se dressent sur votre chemin. Si l’on devait tenter la comparaison, on dirait que le FPS qui se rapproche le plus de Necromunda : Hired Gun est DOOM Eternal. Entendez par là que cette nouvelle adaptation de Warhammer 40,000 est un fast-FPS, un jeu de shooting porté sur l’offensive, brutal, dynamique. Equipé avec tout ce qu’un arsenal de FPS peut proposer (fusil d’assaut, gatling, revolver, fusil de chasse… Bref, la base), notre héros est une machine à tuer. On se rend compte toutefois rapidement que les ennemis ne sont pas des tendres et que la barre de vie a tendance à fondre rapidement. Aussi est-il indispensable de toujours être à l’attaque pour profiter d’un système de récupération basé sur les mises à mort : en gros plus vous êtes rapide, plus vite vous récupérez des points de vie. Si l’on trouve quelques armes équipées pour le shooting à distance (par ailleurs totalement injouables compte tenu de la sensibilité des commandes), Necromunda : Hired Gun incite beaucoup plus à aller au contact de l’adversaire, à dégommer du vilain à la chaine dans une bouillie de gueules qui se pressent sur le bout de votre canon.

Necromunda Hired Gun 4

Inutile de le nier, s’ils n’étaient pas équipés pour vous faire mal avec peu de balles, les ennemis ne représenteraient guère plus qu’une bande de pantins à secouer. L’IA n’est pas la plus futée que l’on ait rencontré dans un FPS et sa propension à venir se coller à nous, quel que soit son type d’attaque, facilite l’usage d’une fonction « exécution » très permissive. Appuyer sur le bouton X comme un dingue lorsque l’on est coincé par une vague d’ennemis est une solution viable pour s’en sortir. A l’inverse, les quelques combats de boss que propose Necromunda : Hired Gun promettent quelques moments de frustration. D’abord parce qu’il s’agit de combats qui n’ont rien de spécial, on vous pose juste contre un ennemi lambda dopé aux points de vie. Aussi parce que le placement des checkpoints n’est pas le mieux pensé et qu’il n’est pas rare en cas d’échec de devoir refaire une portion de jeu assez importante. Alors évidemment, on cherche plus qu’ailleurs à éviter la mort en achetant des « Stims », ces doses réanimant votre personnage instantanément mais qu’il n’est possible que de transporter par trois. On transporte également autant de kit de soins, le tout pouvant être acheté au QG entre deux missions (également aux checkpoints en pleine mission pour les Stims).

Necromunda Hired Gun 1

Être bien équipé est une condition de la réussite de la campagne de Necromunda : Hired Gun et en ce sens, le FPS de Streum On se montre généreux. On a d’un côté un nombre d’armes honnête que l’on peut grandement personnaliser, du classique viseur/chargeur/crosse à l’ajout d’un grigri pour augmenter le loot, voire d’un module ajoutant des dégâts élémentaires. On trouve beaucoup de ces éléments sur les cadavres que l’on empile dans les niveaux, mais on peut aussi acheter précisément ce que l’on veut au QG, moyennant une belle somme. A côté de cela, c’est le personnage que l’on peut améliorer pour gagner plus de points de vie, un bouclier plus performant et déverrouiller diverses capacités actives ou passives. D’un butin meilleur à l’activation d’un mode rage au corps à corps, en passant par une meilleure auto-régénération après chaque mort ennemie ou des pouvoirs de type explosion, visée automatique (à durée limitée évidemment) ou ralentissement de l’action, il y a de quoi faire. Ca ne s’arrête d’ailleurs pas là puisque comme le suggère l’illustration principale de Necromunda : Hired Gun, vous êtes accompagné de votre « Mastiff », un bon gros chien qui a vite fait lui aussi de passer sur le billard. A la base, le chien peut être appelé pour vous épauler en combat (ce qui est moyennement utile), marquer les ennemis et -un peu malgré lui- servir d’appât pour vous offrir du répit. Disponible un bref instant, le Mastiff a ensuite besoin de se régénérer un certain temps pour être à nouveau utilisable ; grâce aux améliorations on peut réduire ce temps d’attente, améliorer sa force au combat et en faire un allié valable dans les moments les plus tendus sans que cela ne change fondamentalement l’expérience de jeu.

Necromunda Hired Gun 5

C’est sur vous, votre capacité au combat et votre bonne utilisation du terrain que repose l’essentiel. Très dynamique, brutal, agréable à jouer dès lors qu’il faut appuyer sur la gâchette, Necromunda : Hired Gun s’illustre aussi dans son level design. Le jeu offre énormément de possibilités, des arènes larges jouant sur la verticalité, les recoins… Il est très plaisant de se sentir à ce point libre de bouger et de tenter des choses. Si l’on regrette la lourdeur d’implique la roue de sélection des capacités autant que le système de choix des armes (on passe en revue l’arsenal avec les flèches), on est en revanche conquis par l’utilisation astucieuse du grapin. Le jeu vous autorise son utilisation sur la plupart des surfaces, à de grandes distances, ce qui ajoute encore une bonne dose de dynamisme à un jeu qui n’en manque pas. On peut ajouter à cela aussi les courses murales, pas indispensables en termes de progression, mais qui sont une autre possibilité de donner du punch aux affrontements. Dans l’ensemble, en dépit des capacités « magiques » très secondaires et d’une visée qu’il convient de régler (ça peut prendre du temps), Necromunda : Hired Gun offre un plaisir de jeu certain. Vous avez tout loisir de le prolonger au-delà de la campagne principale grâce aux missions secondaires si le cœur vous en dit, mais sachez que ce qui est proposé reste archi-banal. Missions de destruction d’objectif, de défense ou de capture de zones dans des lieux préalablement visités lors de la campagne… Rien de folichon, mais tout cela a le mérite d’exister.

Necromunda Hired Gun 3

Nonobstant des défauts d’IA et de choix de gameplay évidents, Necromunda : Hired Gun offre une expérience plaisante manette en mains. Mais qu’en est-il d’un point de vue visuel et technique ? Testé ici sur Xbox Series X (le jeu est annoncé comme optimisé), Necromunda : Hired Gun a soufflé le chaud et le froid. C’est l’archétype du jeu plein de bonnes intentions mais peut-être pas doté comme il le faudrait, sorti un poil trop tôt, capable du meilleur comme du pire. Du côté des bonnes choses, on ne saurait passer à côté de la direction artistique très réussie. C’est brillant, glauque, métallique, organique, sale, enivrant, bref c’est tout et son contraire. Si quelques niveaux passent un peu plus inaperçu que d’autres, l’ensemble est artistiquement très soigné. Dans la même veine, la bande-son fait des ravages avec tout qu’il faut pour donner un coup de fouet aux affrontements. Tout cela est cependant contrarié par des graphismes très inégaux, capables d’offrir par moments de jolis détails et d’autres fois être plongés dans des textures baveuses. Necromunda : Hired Gun est un FPS Xbox One moyen d’un point de vue graphique, ni plus ni moins. On lui pardonne plus difficilement ses chutes de framerate régulières et ses plantages : on a eu droit à tout, du jeu qui se lance sans son à l’image qui se fige, jusqu’au bon vieux renvoi en direction de l’accueil de la console. Necromunda : Hired Gun manque de finition, c’est évident. On espère sincèrement que les développeurs auront rapidement la capacité d’apporter quelques ajustements via une mise à jour.

Comparatif Xbox One vs Xbox Series X

6/10
Necromunda : Hired Gun est certainement sorti un peu trop tôt. Pas tout à fait au point techniquement, très passablement optimisé sur Xbox Series, le FPS de Streum On aurait assurément mérité un petit temps de développement supplémentaire. Parce qu’il faut dire qu’au-delà de ses défauts de fond et de forme, Necromunda : Hired Gun est aussi un jeu auquel on prend plaisir à jouer. Fort d’un level design bien pensé et adapté à ce style de FPS très nerveux, porté par une direction artistique et des musiques parfaites pour s’immerger dans ce combat de tous les instants, Necromunda : Hired Gun a des atouts à faire valoir. C’est un FPS que l’on ne peut véritablement conseiller, pour le moment du moins (on espère quelques mises à jour de stabilité), mais on invite les joueurs ouverts aux AA imparfaits à y jeter un œil. Ils pourraient en tirer quelques satisfactions.

+

  • Direction artistique très soignée
  • Une bande-son qui tabasse…
  • … Comme les combats, très dynamiques et brutaux
  • Level design intelligent
  • Utilisation du grapin quasi-parfaite
  • Un FPS AA comme on n’en voit plus

-

    • Des soucis techniques (plantages, chutes de framerate)
    • Graphiquement moyen
    • Quelques lourdeurs dans les commandes
    • IA pas très fûtée
    • Mise en scène très cheap
    • 10 heures tout au plus, hors missions secondaires