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Oddworld : La fureur de l’étranger

Action/Aventure | Edité par Electronic Arts | Développé par Oddworld Inhabitants

10/10
360 : 03 March 2005
02.03.2005 à 23h11 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Oddworld : La fureur de l'étranger sur Xbox

Alors que la précédente Odyssée de l’univers Oddworld avait permis à Munch d’accompagner le lancement de la Xbox, l’épisode de l’Etranger représente une sorte de césure dans la grande série planifiée par Lorne et Sheena. D’une part parce qu’il n’est pas édité par Microsoft mais par Electronic Arts, ce qui est en soi une sacrée surprise étant donné la relative propension de l’éditeur américain à soutenir des projets originaux, et d’autre part parce que cette fois, on rompt avec l’univers d’Abe, initiateur de la longue série Oddworld. Bref, on était quelque peu partagés entre excitation de voir quelque chose de nouveau et crainte d’un changement si profond qu’il remettrait en cause l’univers magique des épisodes précédents. Et finalement, on se dit que c’est bien un studio de génie que dirige ce monsieur Lanning. Explications…

Faire table presque rase du passé

Comme vous le savez certainement, l’Etranger ne s’insère pas dans la grande suite originelle de la série Oddworld. Abe était le premier et a même eu sa version 1.5 (l’Exode d’Abe), Munch le second (lui n’aura pas eu droit à sa version 2.5), et l’Etranger… eh bien il ne fait pas vraiment partie du grand projet en 5 personnages, il est plutôt ce qu’on appelle un spin off, un épisode hors de la série mais pas totalement étranger non plus (sans mauvais jeu de mot). Bref, on ne sait pas ce que nous réservera l’équipe d’Oddworld Inhabitants à l’avenir, mais ce qui est certain, c’est qu’hormis un design global dans le ton de la série, cet épisode change intégralement la formule. Et puis compte tenu de la capacité de Lorne à se la jouer girouette sur son grand projet, il n’est pas impossible que l’Etranger devienne personnage à part entière de la série et qu’on le retrouve un peu plus tard.

Cette fois, nous sommes donc en présence d’un jeu mi aventure mi FPS (à la Halo). Vous incarnez une sorte de… euh… « lyon croisé avec un humain » nommé l’Etranger, dans un monde aux relents de Far West peuplé de poules déplumées et autres indigènes étranges. Chasseur de primes de votre état, votre histoire commence lorsque votre chirurgien vous informe que l’opération indispensable à votre survie vous coûtera 20 000 $. Vous partez donc en campagne pour chopper du vilain et vous remplir les bourses (enfin la bourse plutôt, restons zens…). Et pour cela, le concept est simple : si vous ramenez les sauvageons vivants, votre prime sera deux à trois fois plus importante que si vous les ramenez morts. Ainsi, avant d’aspirer vos victimes à l’aide de votre aspirateur made in Ghostbusters, il faudra prendre garde à éviter de trop les savater à coups d’armes létales.

Un gameplay vraiment innovant

La Fureur de l’Etranger dispose d’idées assez novatrices pour un jeu vidéo : un simple clic sur le stick droit vous permet de passer de la troisième à la première personne, et inversement. Vu de haut vous avez la possibilité de courir très vite et de vous déplacer facilement, alors qu’en mode FPS une arbalète pour le moins singulière vous permet de dézinguer tout ce qui bouge. Et quand je dis singulière, je pèse mes mots, on est simplement face à du jamais vu dans un jeu, qui plus est diablement efficace.

La grande force de votre arme, c’est d’utiliser des munitions vivantes (et bruyantes), à savoir de petits animaux que vous aurez pris soin d’assommer pour les récupérer. On trouve un putois toxique, une boule de poils et dents qui, une fois déposée sur le sol se jette sur votre ennemi le plus proche pour lui mordiller le cartilage, des guêpes à tête chercheuse façon mitrailleuse, un leurre tout mignon qui attire les ennemis des bêtes, une araignée qui enrobe l’ennemi dans une toile en moins d’un dixième etc… Au total, huit bébêtes aux propriétés complémentaires, sélectionnables à tout moment par une pression sur la touche directionnelle (le jeu entrant alors en pause, vous garantissant de pouvoir réfléchir à votre stratégie). C’est non seulement très drôle, mais en plus très jouable. Et surtout, l’action se révèle au final beaucoup plus stratégique que d’accoutumée étant donné que vous ne pouvez sélectionner que deux types de munitions simultanément et qu’elles doivent être complémentaires. Par exemple, un combo dévoreur/araignée vous permet de « divertir » les ennemis avec la première munition, et de les entoiler l’un après l’autre avec la seconde pour les récupérer vivants (et donc gagner plus d’argent). Toute votre problématique étant de parvenir à tuer un minimum de monstres (surtout les boss, qui rapportent beaucoup) et donc de jouer le plus stratégiquement et habilement possible. Là où ça devient intéressant, c’est qu’avec les méchants classiques on finit par chercher des stratégies pour le plaisir de faire des trucs délirants plus que parce que le jeu l’impose. L’environnement ayant lui aussi son mot à dire dans la variété des possibilités, on éprouve donc rapidement un agréable sentiment de liberté vicieuse alors qu’au bout de quelques heures de jeu on commençait à craindre d’avoir fait le tour des possibilités. Bref, il faudrait vraiment manquer d’imagination pour trouver les techniques redondantes. Vraiment trippant.

Une profondeur inédite

Ce gameplay novateur se révèle donc extrêmement bien pensé, d’autant plus qu’il s’insère dans un univers digne des précédents Oddworld : profond, intelligent, et militant. Alors que de prime abord cet épisode semble n’être qu’une bonne idée-concept, plus l’aventure avance plus les valeurs propres à la série émergent : critique de l’establishment, discours écolo, et violent ressentiment contre le pouvoir. Vos objectifs évolueront ainsi que vos munitions, votre personnage subira des modifications que je me garderai bien de vous révéler, et même l’univers sera différent d’un endroit à l’autre (on compte trois grandes étapes dans le jeu). Ainsi, alors que le second tiers s’ouvre sur une bonne claque graphique, il se clôt sur une révélation permettant au dernier tiers de verser allègrement dans les valeurs chères au studio de Lorne Lanning. La référence à la conquête de l’homme blanc sur les indiens y est d’ailleurs très évidente, jusqu’à la conclusion même du jeu, une citation directement empruntée à la philosophie Sioux. Bref, nous sommes face à un jeu qui réconcilie gameplay très fun à jouer et militantisme des idées, évitant habilement les pièges du gnan gnan et de la facilité. Fait suffisamment rare pour être apprécié. D’un point de vue jeu pur et dur, il faut cependant reconnaître que L’Etranger risque de paraître court aux gamers habitués à abattre du jeu. En effet, en prenant bien son temps, comptez une quinzaine d’heures de jeu. Non pas qu’il soit trop facile, puisque certains passages sont assez tendus et que les boss vous poseront pas mal de fil à retordre avec à chaque fois une stratégie particulière à comprendre. Mais il n’est pas très long, et les quick saves permettant de sauvegarder à tout moment rendent les épreuves plus faciles. Ainsi, ceux qui veulent davantage de challenge sont invités à se passer des quick saves. Mais il est clair que si vous êtes du genre à passer 10 heures d’affilée sur un jeu, l’aventure risque de vous paraître expéditive, d’autant qu’il n’y a aucun mode multijoueurs. En revanche, si vous êtes plutôt adepte du reviens-y vidéoludique et de la progression jour après jour, Oddworld n’aura aucun mal à vous satisfaire. Et dans tous les cas, vous êtes avertis : pas la peine de rusher, prenez le temps de savourer le plat du jour et appréciez les détails qui font larichesse de l’univers.

Une réalisation magique

Evidemment, tout cela ne serait rien sans une réalisation solide. On s’en doutait suite à l’abandon de la version PlayStation 2 pour raisons techniques, cet Etranger allait en jeter. Or, il faut bien le reconnaître, si le début du jeu est très bien réalisé (textures fines, modélisations nickels, gestion des lumières exemplaires), on redoute vite la monotonie dans ces espaces désertiques du far west oddworldien. Fort heureusement, après cinq à six heures de jeu, les décors arides laissent place à des environnements juste magnifiques, dans le genre grosse claque de 3 tonnes dans la face. Entre un design global superbe, une profondeur de champ exceptionnelle et des effets enchanteurs, on a tôt fait de prendre le temps de se balader pour découvrirla magie de l’endroit. Là, on est clairement face à l’un des plus beaux jeux de cette génération, réussi esthétiquement et techniquement parlant. Tout cela sans compter des animations fantastiques (je ne compte plus les fois où je tournais en rond pour admirer l’animation d’un Etranger en pleine course). Une vraie leçon de ce que peut offrir la Xbox.

D’un point de vue sonore, on est là encore dans le haut du panier. L’intégralité des conversations est doublée avec brio, les accents texans des poulets et les voix graves des méchants se révélant pleines de vie et parfaitement dans le ton de l’univers. Pour l’anecdote en version anglaise c’est l’équipe de développement qui a doublé le jeu, Lorne Lanning himself étant la voix del’Etranger (de 60% des personnages en fait). Et Oddworld oblige, les dialogues sont très souvent pleins d’humour, rendant les conversations souvent poilantes. Mention spéciale aux petits êtres que l’on croise vers la moitié du jeu, à mourir de rire !

Enfin, il est presque inutile de parler de la légendaire qualité des cinématiques made in Oddworld. Elles figurent toujours au rang des plus artistiques et maîtrisées sur consoles, à tel point qu’on se demande ce qu’ils attendent pour nous pondre un vrai film d’animation.

Bref, en un mot comme en cent, La Fureur de l’Etranger est un plaisir pour les mirettes et les cages à miel, bien au dessus de ce que Munch nous avait montré.

Test réalisé sur une version commerciale américaine.

La Fureur de l’Etranger est un petit bijou, comme on aimerait en voir plus souvent. Certes on aurait souhaité une aventure plus longue, et un peu plus de liberté peut être dans la seconde moitié. Voire pourquoi pas des modes multi. Mais il n’en reste pas moins un jeu merveilleusement réalisé, intelligemment pensé, et surtout diablement novateur sur certains points. Généralement on trouve l’une de ces qualités dans un jeu, parfois deux, mais rarement les trois. Cet épisode est de fait le premier de la série Oddworld qui saura satisfaire complètement les joueurs à la recherche d’un jeu fun ET les adeptes de jeux aux valeurs plus réflexives. Ce grâce à un gameplay génial et accessible, bien plus trippant que les précédents épisodes, et honorant les racines qui ont fait la profondeur de cet univers si unique dans le jeu vidéo. Un titre vraiment marquant donc, osant même repenser les bases du First Person Shooter. Le studio Oddworld Inhabitants est définitivement un studio majeur, alors Monsieur Lanning, par pitié, vite le prochain jeu !!!

+

  • Un gameplay original et tripant
  • Réalisation superbe
  • Des valeurs un peu moins bourrines que d'habitude

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    • Esthétiquement sublime, techniquement admirable. Bref, Oddworld est une grosse claque, et se hisse parmi les jeux les plus beaux de cette génération.
    • Un gameplay original et accessible, parfaitement jouable. On sent l'inspiration de Halo à la première personne, donc au pad c'est un régal. Vraiment trippant.
    • Comptez une quinzaine d'heures en prenant votre temps. Les habitués iront vite, donc n'hésitez pas à prendre votre temps et à savourer l'action au lieu de tracer. Jouez sans quick saves si vous voulez quelque chose de moins trivial.
    • Des musiques discrètes et toujours au diapason. Les dialogues sont eux vraiment excellents. On regrette juste que leur qualité de compression ne soit pas optimale.
    • Si le scénario ne casse dans le fond pas 3 pattes à un canard, il reste captivant et on veut en voir le bout. Mais c'est surtout l'humanisme et l'intelligence du propos qui émerveillent. On voudrait voir ça plus souvent que les trucs bourrins habituels.
    • Cet Oddworld est peut être imparfait, mais c'est un très grand jeu. Innovant, superbement réalisé et totalement trippant, il fait partie de ces rares titres à pouvoir prétendre marquer un joueur. L'un des meilleurs jeux Xbox, rien de moins.
    • Du 30 images / sec vraiment très propre. Ca tourne très bien malgré la débauche d'effets, et surtout les animations des personnages sont très détaillées.
    • Durée de vie un peu courte
    • Un peu répétitif au début