Test : Panzer Dragoon Orta sur Xbox
De la suite dans les idées
Pour ceux qui auraient passé les 8
dernières années dans un goulag en Sibérie, Panzer Dragoon Orta est le quatrième
épisode de la saga, et le troisième à se présenter sous forme de shoot, Panzer
Dragoon Azel étant un RPG. Les 3 premiers sont sortis sur Saturn, et la pauvre
Dreamcast n’a pas eu le droit à son épisode, Sega préférant sauter une
génération, peut-être à cause du faible succès commercial de la machine. C’est
donc sur Xbox que Panzer Dragoon fait son retour et vient redonner ses lettres
de noblesse au genre shoot’em up, un peu oublié depuis quelques temps et de
retour sous diverses formes depuis peu, que ce soit avec Contra sur Ps2, Ikaruga
sur GC ou ce PDO sur Xbox. Mais revenons à nos dragons, puisque c’est de cela
qu’il s’agit.
Un scénario abyssal
C’est un des nombreux points forts du jeu,
et sa complexité en fait un des scénar’ les plus balèzes que j’ai vu, avec des
ramifications et des subtilités qui ne seront accessibles qu’une fois le jeu
fini plusieurs fois. C’est quand même fort appréciable, surtout qu’en général
dans les shoots on zappe l’inutile introduction pour se consacrer au jeu. Je
vous explique le topo en quelques mots : Il était une fois un monde délabré, au
bord de la disparition, sur lequel un Empire (avec forteresses volantes et tout
le toutim) règne et contre lequel une rébellion se met en place. Vous, vous êtes
Orta, une jolie jeune fille aux cheveux blancs que beaucoup de monde semble
craindre pire que la peste, puisqu’elle est enfermée et enchaînée dans une
prison depuis sa plus tendre enfance. Vous la découvrez au moment où les
dragonmares de l’Empire (des sortes de dragons avec un « laser » sur la tête,
comme les auraient apprécié le Dr d’Enfer) s’abattent sur sa prison pour
l’occire une bonne fois pour toutes. Elle croit sa dernière heure arrivée, quand
apparaît le dragon emblématique de la série (celui avec une tête de scarabée)
qui la sauve inexplicablement. Le reste, je vous laisse le découvrir au fil de
vos parties, mais sachez que tout n’apparaîtra pas comme l’ange Gabriel, et
qu’il faudra réfléchir un bon coup pour comprendre et démêler tous les fils de
l’intrigue.
Une réalisation dantesque
Je m’étais dit : « Ok Ed, maintenant tu
leur parleras du gameplay. Les lecteurs ils aiment ça qu’on leur parle de
gameplay après tout donc autant le faire tout de suite, tu seras débarrassé… ».
Ca, c’était pendant le chargement du premier niveau. C’est alors que j’élaborais
ce plan machiavélique, un sourire dément aux lèvres, que je me pris un coup de
pied au cul d’une telle intensité que je fus au bord de la descente d’organe. «
Seigneur ! » me dis-je, « tu me rappelles donc à toi, si tôt, si jeune, dans la
force de l’âge ? ». Et bien, il me faut vous dire que nulle intervention divine
n’était responsable de mon état, mais que c’était bel et bien ce jeu, cette
galette de pétroleum amydoplastifié enfournée dans cette boîte de plasticus
noirodis, qui me faisait cet effet. C’est bien simple, dès le premier niveau on
sent qu’on a affaire à l’un des plus beaux jeux de la création, et à la fin du
jeu on en est persuadé. Smilebit à fait (comme pour Gun Valkyrie et Jet Set
Radio) un monstrueux travail de design et de réalisation, d’ailleurs les deux
sont indissociables dans PDO tant le design est au service de la réalisation et
vice-versa. Les niveaux sont tous plus magnifiques les uns que les autres, et si
certains sont un peu moins fournis que d’autres, ça ne signifie pas pour autant
qu’ils sont bâclés, ce léger dépouillement étant tout à fait cohérent avec le
scénario (par exemple le niveau du désert est désertique, c’est ce qu’on lui
demande, et encore l’effet de tempête de sable est assez bluffant). Je pourrais
aussi vous dire que les effets d’eau sont splendides, que les tirs et autres
effets de lumières dépotent un max et que les textures sont bien comme il faut
mais je ne le ferai pas. Ah, au fait, malgré le véritable déluge de polygones et
de textures engloutissant parfois l’écran, je tenais juste à signaler qu’il n’y
a jamais, au grand jamais, le moindre ralentissement. Mais même par un bébé
ralentissement vous voyez, genre qui se serait échappé de son berceau pour faire
l’intéressant, non même pas. Le tout est d’une telle fluidité qu’on en arrive à
penser qu’ils auraient pu en mettre 3 fois plus, c’est dire. Le seul petit bémol
concernant l’aspect technique du soft est l’effet d’explosion, un poil cheap
mais en même temps assez old-school pour rappeler les bons souvenirs qu’on a de
la Saturn (c’est un peu opaque ce que je dis mais ceux qui ont joué à la Saturn
me comprendront, les effets spéciaux étant un peu similaires à l’époque). En
conclusion on peut aisément dire que Panzer Dragoon Orta se hisse sans problème
dans le trio de tête des plus beaux jeux Xbox (techniquement parlant), et qu’il
est aussi un des plus beaux jeux (esthétiquement parlant cette fois) jamais
conçus.
Côté son, c’est globalement très bon, même
si je trouve certains thèmes moins magnifiques que d’autres, plus « synthétiques
» je dirais. Les musiques manquent un poil de puissance et auraient mérité
d’être un peu plus « grandioses » pour coller encore plus à la superbe du jeu.
Les voix sont absolument splendides et, dans cette langue créée spécialement
pour la saga (à la manière de Tolkien et la langue elfique), participent
pleinement à une ambiance déjà fort prenante. A noter aussi pour les amateurs
que le jeu est encodé en 5.1 et que par conséquent ils pourront profiter encore
mieux de la bande son en entendant les ennemis arriver, où qu’ils soient.
Un gameplay titanesque
La maniabilité de PDO est identique à celle de ses prédécesseurs, à quelques subtilités et innovations près. On chevauche toujours le dragon dans des décors précalculés et l’on ne peut choisir son chemin que lorsqu’on nous le demande (première nouveauté d’ailleurs, plusieurs embranchements sont disponibles au cours du jeu et ils influeront plus ou moins sur vos résultats de fin de mission) mais on peut tout de même diriger la bête sur l’écran afin d’éviter de s’écraser sur un mur ou un missile. Les ennemis arrivent de tous les côtés et l’on peut à loisir (avec les gâchettes) changer d’angle de vue à (par paliers de 45°) pour les annihiler en les lockant (passer le curseur sur eux en le maintenant les « accroche », et une fois le nombre d’ennemis voulus accrochés, y’a plus qu’à lâcher la sauce) avec les lasers du dragon.
Jusqu’ici rien de nouveau mais comme je vous l’ai dit, quelques subtilités de pilotage ont été ajoutées afin de donner plus de profondeur au gameplay.
Tout d’abord on peut noter l’apparition de touches d’accélération et de décélération (X et B). Si dans la majeure partie du jeu elles ne serviront qu’à éviter les missiles ou encore à laisser passer des obstacles volants, dans certains cas, pour les boss en fait, elles permettront de tourner autour dudit boss afin de se retrouver face à son point faible, matérialisé à l’écran par un petit curseur. On ne peut pas utiliser cette fonction à volonté puisqu’elle est dépendante d’une jauge qui se vide d’une unité (elle en comporte 2 ou 3 selon le dragon, voir plus loin) à chaque pression sur le bouton, il faut donc s’en servir avec parcimonie pour ne pas se retrouver au dépourvu.
Seconde grosse innovation, la
gestion des formes de dragon. Les développeurs ont en effet eu la riche idée de
rendre le dragon transformable à volonté (touche Y) en 3 versions très
différentes. Les 3 versions ont un tir d’appoint (avec le pistolet d’Orta), plus
ou moins rapide et précis. La première forme, celle que vous dirigerez au
départ, est assez homogène et propose une bonne puissance de tir ainsi qu’une
vitesse normale, le tout avec un bon nombre d’ennemis à verrouiller. La seconde,
très imposante, ne peut locker que 3 ennemis au maximum mais possède une
puissance de feu énorme. En contrepartie, sa taille l’empêche de pouvoir
accélérer et ralentir comme les autres, attention donc à ne pas faire de folies
avec. Le troisième modèle est tout petit (on dirait un mélange de mouche et de
colibri), très rapide (il a une unité de jauge en plus pour la vitesse) mais
relativement peu puissant et ne dispose pas du lock d’ennemis. A la place il ne
dispose que de son tir d’appoint, mais celui-ci est à tête chercheuse et
détruira tout ce qui passera dans le viseur sans que vous vous fatiguiez. En
plus de ses armes de base, chaque dragon dispose d’une sorte de furie, que vous
pourrez déclencher quand la jauge appropriée sera remplie et qui fera pas mal de
dégâts dans les rangs adverses. Un système de niveau et d’expérience a aussi été
mis en place, et par moments des pastilles vous seront distribuées, augmentant
par la même occasion votre jauge de vie, etc. Chaque dragon ayant ses forces et
ses faiblesses, il vous faudra apprendre à jongler avec les formes aussi vite
que le vent pour vous sortir le plus rapidement et facilement possible de chaque
situation. Très intéressant et diablement efficace pour atteindre les meilleurs
scores. Vous l’aurez compris, le gameplay de Panzer Dragoon Orta est à la
hauteur du reste, au sommet, tout simplement.
Une durée de vie en acier trempé
Premièrement, je tiens à rappeler à ceux
qui l’auraient oublié que le shoot’em up n’a jamais été un genre de jeu qui se
caractérise par une durée de vie monumentale, parce que quand je lis ça et là
que le jeu est trop court car il se finit en 4-5 heures ça me fait bondir
quelque chose de bien. Ok j’ai fini le jeu en à peu près une après midi la
première fois, mais c’était en mode facile et le mode normal est un challenge
tout autre croyez moi (je ne parle même pas du mode difficile). Une après midi
pour finir un shoot’em up en facile, croyez moi c’est vraiment pas mal du tout,
surtout vu la constellation de bonus qu’offre le jeu aux plus persévérants.
Cette pléthore de bonus est à consulter dans la Boîte de Pandore, objet de tous
les délits dans la mythologie grecque. Ici ce ne sont pas les maux qui y sont
renfermés mais plutôt les monts et merveilles que vous aurez débloqués durant
vos parties, suivant vos scores (établis selon le temps mis a finir le niveau,
le temps passé contre le boss ainsi que le score, une note de D à S vous étant
attribuée au final). Vous aurez le droit pêle-mêle à des artworks magnifiques
sur la saga Panzer Dragoon, aux cinématiques du jeu ainsi qu’à des épisodes et
épreuves supplémentaires. On pourra par exemple entrer dans la peau d’un jeu
garçon, fils d’un soldat de l’Empire tué par Orta et son dragon. Le jeune homme
entrera donc dans l’armée et passera ses classes, partira en mission contre la
rébellion et le dragon pour finalement être abattu par celui-ci et rejoindre la
rébellion. C’est passionnant à jouer et avoir un autre point de vue sur l’action
permet de mieux s’immerger dans le scénario, d’autant plus que la mise en scène
de ces épisodes est à la hauteur de celle du mode principal, c’est-à-dire
excellente. Comme vous le savez depuis un moment le premier Panzer Dragoon
(sorti en 95) est aussi présent en bonus, en version intégrale (avec sa longue
cinématique d’introduction) s’il vous plaît. Il y a donc énormément de choses à
débloquer et chaque partie bouclée rajoutera moult artworks et descriptions
diverses (chaque créature et objet est décrit avec précision, un pur bonheur
pour celui qui veut approfondir sa connaissance du scénario et du monde de PDO)
dans la Boîte de Pandore. C’est encore une fois, au risque de me répéter, un
grand plus pour le jeu et ça rajoute énormément à la durée de vie, déjà vraiment
bonne. Il faudra par contre persévérer pour remplir la boite, et il est clair
que ceux qui auront survolé le jeu, juste pour le finir par exemple, pourront
être déçus de la durée de vie. Mais Panzer Dragoon Orta n’est pas un jeu que
l’on survole, que ce soit dit.
+
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- De l'esthétique à la technique pure, tout est sublime. On ne l'oubliera pas de sitôt...
- Parfaite, complète et facile d'accès, tout en restant évolutive.
- Honnête pour un shoot'em up (la difficulté est relevée en plus). Si vous voulez débloquer les bonus, il vous faudra trimer pendant des heures et des heures.
- Le "point faible". Les musiques sont très belles, mais pas inoubliables de la mort qui tue la vie.
- L'histoire est magnifique, et absolument pas négligée pour un shoot. Emouvant presque...
- Un des jeux les plus marquants de la Xbox, tout simplement.
- Vu la profusion d'effets projetés sur l'écran, on se demande comment la Xbox fait pour afficher tout ça sans broncher une seule fois.