Test : Persona 3 Reload sur Xbox Series X|S
Merci Atlus !
Annoncé lors du showcase Xbox de 2023, Persona 3 Reload arrive enfin sur nos consoles. L’attente fut terrible face à ce qui constitue le remake de l’un des JRPG les plus marquants de sa génération. Il faut bien reconnaitre, en dépit de l’amour inconditionnel que votre fidèle serviteur porte à Persona 4, que c’est assurément le troisième épisode qui a forgé l’histoire de la franchise. Une signature qui s’est donc étalée sur trois versions jusqu’ici, avec deux sur PS2, une sur PSP et de multiples portages par la suite. Si vous avez joué à une, l’autre ou plusieurs, clarifions tout de suite un point essentiel. Persona 3 Reload est le remake de la première version de Persona 3. On ne retrouve donc pas ici le final spécial introduit par Persona 3 FES, pas plus que le choix entre le personnage masculin ou féminin qu’offrait Persona 3 Portable. Cela étant dit, on doit donc se contenter de prendre les commandes d’un jeune lycéen de sexe masculin (que l’on prend soin de nommer) et de monter dans le train, direction le lycée Gekkoukan. Celui-ci se situe sur une petite ile artificielle, à quelques brasses de la ville où notre héros s’apprête à loger pour l’année scolaire. Une chambre l’attend dans au pensionnat d’Iwatodai. Mais alors que notre brave étudiant arrive en gare au beau milieu de la nuit, il constate rapidement quelque chose d’étrange à Gekkoukan. Aucun appareil électrique ne fonctionne, l’atmosphère est lourde, de drôles de taches jonchent le sol des rues désespérément vides. Enfin, pas tout à fait vides. Ici et là, notre héros peut observer ce qui semble être des cercueils, plantés à la verticale. Vous avez dit bizarre ?
C’est dans ce climat morbide que le lycéen rejoint son dortoir et lève le voile sur une partie du mystère. Il existerait une « vingt-cinquième heure », entre minuit et une heure du matin : c’est l’heure sombre. Durant ce laps de temps, les ombres sont de sortie et leurs actions mettent en péril la population qui, pour la plupart, ne se doute de rien. Rares sont ceux qui perçoivent l’heure sombre et encore plus rares ceux qui en ont compris l’essence diabolique. Notre héros est de ceux-là, tout comme la poignée de résidents du dortoir qu’il intègre. Ensemble, ils forment le « SEES » (Section d’Exécution Extrascolaire Spécialisée) pour traquer les ombres et prévenir des dommages qu’elles pourraient causer. Leur moyen de combattre ? Eh bien il s’agit vous vous en doutez de leur capacité à invoquer un « Persona », soit une entité dont les pouvoirs, les forces et les faiblesses sont à l’image de leur détenteur. Notre héros, lui, est encore un peu différent des autres, car il se révèle non seulement capable d’invoquer un Persona, mais aussi et surtout d’en contrôler plusieurs à la fois. Tout ce qu’il faut pour faire un bon chef d’escouade en somme et de dérouler l’intrigue le long de dizaines d’heures de quêtes, de combats, de dialogues et de plein d’autres choses.
Cette mise en situation n’est qu’un petit aperçu de l’histoire de Persona 3 Reload. Le reste, c’est au joueur qu’il appartient de le découvrir le long d’une aventure qui atteint au bas mot la soixantaine d’heures pour les plus pressés, plus vraisemblablement le 80-90 pour ceux qui ont choisi de se laisser porter au maximum par le monde créé par les équipes d’Atlus. Les développeurs ont mis pour cela du cœur à l’ouvrage. A commencer par la partie graphique du titre qui offre une belle cure de jouvence à un jeu sur lequel pesait lourdement le poids des années. Dans la vie de tous les jours de notre lycéen, le centre commercial, la rue commerçante, le sanctuaire ou bien évidemment le lycée profitent d’environnements totalement redessinés, dans les canons d’un jeu d’aujourd’hui. C’est joli, c’est vivant, on prend plaisir à y naviguer. Hors donjons, on dira qu’il n’y a que l’intérieur du dortoir qui trahit l’ensemble, on aurait apprécié y retrouver autant de détails et de soin qu’à l’extérieur. Ces environnements sont certes de taille très modeste et traduisent inévitablement l’antériorité de cet univers au regard de Persona 5 ; on en apprécie toutefois le souci du détail et la qualité visuelle dans son ensemble qui placent indiscutablement Persona 3 Reload comme un véritable remake, pas un vague portage arrangé. Mention spéciale pour les modèles de personnages ainsi que leurs représentations lors des dialogues, tout est très soigné.
Avant d’évoquer les combats, rappelons que Persona 3 Reload est comme tout bon Persona un jeu où mener à bien les objectifs du héros dans sa vie de tous les jours est une activité primordiale. En moyenne deux créneaux journaliers permettent soit de se rendre dans la zone d’exploration et donc de participer à des combats, soit de prendre part des actions sociales. Travailler, étudier, réussir ses examens, rendre services aux autres et plus largement cultiver des liens forts avec les êtres qui nous entourent sont une part importante de l’expérience. En plus des activités disponibles à l’origine, Persona 3 Reload en intègre d’autres à accomplir au dortoir, parfois avec les autres membres de l’équipe. Cuisiner, s’occuper de plantations sur le toit du bâtiment, regarder la télévision, étudier en groupe (pour maximiser les points d’apprentissage au regard d’une séance solo) sont des activités qui viennent compléter une offre de base déjà sympathique. Mais on note surtout que les quêtes secondaires menant à l’augmentation des liens sociaux bénéficient désormais de dialogues entièrement doublés ! Une bonne note pour l’immersion. Les doublages sont par ailleurs disponibles en japonais et en anglais (tous les textes sont en français), langue pour laquelle la quasi-intégralité du casting a été renouvelé. Etant plutôt des adeptes du doublage japonais, on ne saurait ici vous dire si les nouvelles voix sont plus ou moins plaisantes que les anciennes. Mais on imagine dans tous les cas que vous apprécierez de les retrouver dans les discussions qui entourent ces quêtes secondaires. L’accroissement des liens est d’ailleurs d’autant plus important dans Persona 3 Reload, car il propose justement de nouvelles quêtes secondaires impliquant directement les autres membres de l’équipe. C’est une nouvelle façon d’approfondir la connaissance des personnages et surtout de leur permettre d’augmenter les compétences de leur Persona. Voilà encore un ajout bienvenu. Le plaisir de la déambulation est par ailleurs renforcé par la bande-son impeccable, pour laquelle on retrouve les thèmes originaux retravaillés et des sons nouveaux signés Atsushi Kitajoh, déjà à l’œuvre entre-autre sur Persona 5.
Les qualités originelles de Persona 3 constituaient déjà un soi un atout de masse pour ce Reload. Superbement écrit, passionnant à lire et à entendre, fort de son expérience « double-face » entre péril du donjon d’un côté et douceur de la vie de l’autre, Persona 3 Reload portait déjà depuis Persona 3 le germe d’une réédition réussie. Mais nous étions tout de même en droit de nous questionner sur la qualité de l’autre gros morceau du gâteau : les combats. Car s’il y a bien quelque chose qui n’a pas laissé que des bons souvenirs aux joueurs, c’est l’exploration de Tartare. C’est le nom de l’immense tour qui prend la place du lycée Gekkoukan durant l’heure sombre, le dédale le long duquel nos héros se heurtent à des combats à la pelle. Il y avait dans le Persona 3 d’origine une certaine sensation de nausée au bout d’un moment, faute imputable à la grande répétitivité et à la relative lenteur de l’exploration. S’il faut encore prévoir bien des heures de pérégrinations avec ce Persona 3 Reload, les choses se passent tout de même nettement mieux. Les déplacements sont plus rapides, les environnements (sans être mémorables) sont plus variés, des ombres rares apparaissent parfois, et on peut dénicher des récompenses notables. Notamment en tombant (de façon aléatoire) sur une porte Monade derrière laquelle la puissance des ennemis n’a d’égal que la qualité de la récompense potentiellement obtenable. Enfin, l’exploration est dynamisée lors du tirage de cartes qui suit certaines victoires. Alors que l’on retrouve toujours des bonus d’expérience ou d’argent, des cartes de pouvoirs et bien sûr des Persona, il apparait parfois des « Arcanes Majeures ». Une fois que l’on en a récupéré un certain nombre (définit lors de l’arrivée à Tartare), il se produit une « explosion arcanique ». A partir de là, l’expérience acquise est augmentée durant toute la durée de l’exploration de Tartare. En somme on tire moins le museau à l’idée de tourner et retourner Tartare, d’autant que Persona 3 Reload propose six niveaux de difficulté bien dosés. Le mode normal est un excellent compromis, et on peut donc compter sur les niveaux inférieurs ou supérieurs pour profiter de l’expérience au plus près de nos attentes.
Il faut dire que les nombreuses heures passées dans Tartare sont aussi plus agréables parce que le système de combat, au tour par tour, l’est aussi. L’interface reprend les codes de Persona 4-5, avec comme nouveauté pour Persona 3 la possibilité de contrôler chaque personnage de l’équipe. On peut bien sûr fonctionner avec un système d’ordres la plupart du temps (libre, tout pour l’attaque, la défense, la conservation de PC ou le soutien), et laisser donc l’IA gérer les acolytes. Mais on est toutefois heureux de profiter pleinement du contrôle total lors des combats les plus tendus. Un choix d’autant plus logique ici sachant que Persona 3 Reload intègre un système semblable au passage de bâton de Persona 5 : quand un membre de l’équipe touche le point faible d’un adversaire il peut laisser son second tour à un autre personnage, potentiellement en mesure de créer une chaine vertueuse. Avec un peu de maitrise et de connaissance du bestiaire on arrive parfois à enchainer des groupes entiers d’ennemis, jusqu’à les mettre tous à terre et lancer un assaut général. Par ailleurs, Persona 3 Reload intègre un système hérité du coup spécial de Persona 5, nommé « Théurgie ». Chaque personnage dispose d’une jauge qui se remplit durant le combat et qui permet, une fois pleine, de lancer une attaque dévastatrice.
A tous ces changements intéressants s’ajoute la richesse du système d’acquisition et de fusion de Persona, qui reprend ici les principes déjà aperçus dans Persona 5. On ne compte pas les passages dans la chambre de velours (et sa musique ô combien merveilleuse) pour créer des mélanges et remplir le grand catalogue de Persona. Tout est clair, pratique. Tout fonctionne pour ainsi dire dans Persona 3 Reload et c’est avec un plaisir sincère que l’on découvre ou redécouvre ce superbe JRPG. On peut bien sûr regretter l’absence ici du personnage féminin ou de certains éléments des précédentes versions du jeu ; nul doute également que la comparaison avec Persona 5 ne le met pas toujours à son avantage. Et en même temps, tout semble avoir ici trouvé parfaitement sa place, tout s’imbrique de façon harmonieuse pour donner ce que le JRPG a produit de meilleur.
+
- Refonte graphique réussie
- Histoire, ambiance, personnages : du grand Persona
- Bande-son fabuleuse
- Des doublages en plus
- Système de combat revu et dynamisé
- Exploration de Tartare désormais plus agréable
- Difficulté bien dosée
- Durée de vie très solide
- Tout simplement un excellent JRPG
-
- Disparition du personnage féminin de P3P
- Absence du chapitre révélation de Persona 3 FES
- Quelques décors en dessous du reste
- L’exploration de Tartare reste néanmoins répétitive