Test : Persona 5 Tactica sur Xbox Series X|S
Stratégie royale
Après de nombreuses années d’abstinence forcée (en laissant volontairement de côté le jeu de combat Arena Ultimax sorti sur Xbox 360 il y a 10 ans), les joueurs Xbox peuvent désormais composer sereinement avec l’idée que Atlus n’oubliera plus d’alimenter les Xbox avec des jeux tirés de la franchise Persona. On l’a vu dernièrement avec les arrivées successives et Persona 5 Royal, rapidement suivi de Persona 3: Portable et Persona 4: Golden quelques mois plus tard. En attendant Persona 3: Reload, le remake du troisième épisode sorti à l’origine sur PlayStation 2 en 2006, c’est au tour de Persona 5 Tactica de débarquer. Une pluie de titres différents, capable de créer un méli-mélo incroyable pour les joueurs qui ne connaissaient pas bien la franchise, mais que l’on peut toutefois résumer plus simplement. Alors que les épisodes canoniques proposent un mélange de JRPG au tour par tour, de visual-novel et de gestion du quotidien, ce nouveau spin-off montre clairement sa volonté de ne pas s’éparpiller et de se recentrer sur un seul genre, pour un résultat plus conventionnel, tout en profitant de l’univers du cinquième épisode, un des meilleurs de la franchise, et surtout le plus connu.
Adieu le planning qui oblige le joueur à optimiser ses journées, Persona 5 Tactica fait dans la simplicité et propose une aventure linéaire à dérouler au rythme des missions principales. Le sentiment de liberté n’est donc plus vraiment présent, et on se laisse porter sans jamais pouvoir développer les relations avec nos amis, ou nos propres traits de caractère. Fini aussi les Palais, puisque ce spin-off nous envoie dans un monde parallèle nommé Le Royaume. On y rencontre rapidement Dame Marie, un personnage franchement irrité par la présence inattendue de l’équipe. Pour déconstruire la toute-puissance de cet antagoniste haut en couleurs, Joker est accompagné des personnages principaux du jeu d’origine, c’est à dire sans Sumire et Goro (qui font à priori l’objet de DLC), mais avec Morgana, Makoto, Ann, Yusuke, Ryuji, Haru et Futaba qui fait toujours office de soutien. On y ajoute Erina, un personnage croisé dans le Royaume, et qui s’intègre parfaitement dans l’univers imaginé par Atlus, de part son chara-design réussi, et son caractère bien trempé. A noter que les développeurs ont choisi d’opter pour un design chibi des différents personnages, pour un côté mignon et léger qui fonctionne plutôt bien.
Bien moins dense que Persona 5 Royal, ce spin-off propose une structure de jeu qui alterne entre les petites saynètes scénaristiques et les phases de combat. On retrouve un lieu iconique du jeu original puisque le Café Leblanc fait une fois de plus office de quartier général, et de lieu de rencontre pour accéder à tout un tas d’options différentes, dont la gestion des Personae. Un endroit parfait pour y suivre les discussions constructives de nos héros, qui tentent de comprendre ce qui les a amenés dans ce monde qui semble faire partie du Métavers. Un contexte qui prend beaucoup de temps à s’installer, sans doute trop d’ailleurs, pour un début d’aventure particulièrement poussif, à la limite du soporifique par moment. Seule la nécessité de choisir certains éléments de réponses permet de garder l’attention du joueur, sans que cela ne change quoique ce soit au déroulé du scénario, à quelques exceptions près. Heureusement, les choses finissent par s’emballer après 6 ou 7 heures de jeu, avec une véritable montée en puissance qui laisse place à une histoire bien plus intéressante qu’elle ne le laissait paraitre au départ.
C’est un peu le même constat concernant les combats. Après une première partie qui laisse place à des mécaniques ultra classiques pour le genre, le titre gagne en épaisseur à mesure que l’on progresse dans l’aventure. Comme son nom l’indique, Persona 5 Tactica est un T-RPG. Le joueur prend le contrôle d’un petit groupe de trois personnages (parmi ceux cités plus haut), et doit généralement éliminer un groupe d’ennemis ou atteindre une zone précise pour remporter la partie. Pour cela, on déplace chaque héros de case en case, on utilise certaines caractéristiques offertes par l’environnement (notamment pour se mettre à couvert) et on frappe l’ennemi jusqu’à lui retirer l’ensemble de ses points de vie. Il faut alors prendre soin de bien utiliser tout l’arsenal de notre petit groupe, que ce soit l’attaque au corps à corps, l’attaque à distance via les armes à feu et bien entendu la magie avec les fameux Personae. Chaque personnage dispose d’ailleurs de son Persona d’origine, avec Arsène, Captain Kid, Carmen ou Zorro, avec la possibilité d’ajouter un Persona secondaire pour ajouter des capacités passives et apporter un peu de diversité dans les sorts à utiliser.
Pour le reste, les développeurs ont surtout repris ce qui fonctionne bien chez la concurrence. Les habitués des T-RPG retrouveront très rapidement leurs marques, en adoptant des stratégies capables de combiner l’attaque et la défense. Selon la difficulté choisie, il est d’ailleurs possible de faire un certain nombre de transferts de personnages afin de continuer la bataille malgré la neutralisation d’un partenaire. De même, chaque héros dispose de quelques atouts spécifiques, comme Haru et son lance-grenades capable de faire de lourds dégâts sur une zone assez large (mais au risque de toucher ses amis), tandis que la magie de vent de Morgana permet de déplacer un ennemi et donc de l’exposer au reste du groupe. Pour compléter le côté stratégique du titre, on retrouve également le «1 More» de Persona 5, ce qui offre un tour supplémentaire à un personnage qui parviendrait à réaliser un coup critique. Très basique sur les premières missions, le gameplay s’étoffe agréablement à mesure que l’on progresse, avec la possibilité de prendre de la hauteur ou de plomber un ennemi poussé dans le vide. A un plus avancé dans l’histoire, on retrouve également des «règles» à suivre, comme un clin d’œil évident aux juges de Final Fantasy Tactics Advance. Mécanique importante à maitriser, la Triple Menace permet de lancer une attaque à trois dévastatrice qui touche tous les ennemis situés à l’intérieur du triangle formé par nos héros. De quoi apporter une vraie profondeur à l’aspect tactique du jeu, et qui permet de se sortir de situations qui paraissent parfois désespérées.
Et ce spin-off ne serait pas un jeu Persona sans un système de fusion de Personae. Comme on le disait plus haut, et à l’inverse du jeu original, ici chaque personnage conserve son Persona tout au long de l’aventure. En revanche, on peut récupérer l’ensemble de ces monstres apparus pour la première fois dans Shin Megami Tensei, avec la possibilité de les équiper en tant que second Persona. Chaque mission permet d’en récupérer entre trois ou quatre, avec la possibilité d’en fusionner deux entre eux pour en obtenir un nouveau, généralement plus puissant. Pour cela, on retrouve la fameuse chambre de velours, et des options pour réaliser des fusions au doigt mouillé, ou en sélectionnant directement le résultat attendu. Un principe qui n’est pas infaillible puisqu’il arrive parfois qu’un autre Persona apparaisse à la place de celui qui avait été commandé. Au total, ce sont plus de 200 monstres qui peuvent être récupérés ou fabriqués, et ainsi augmenter la puissance de nos héros. A noter que les développeurs ont également ajouté des arbres de compétences assez simples à utiliser, avec l’obligation pour cela de récupérer des Points d’Etat. Pour cela, il est possible de lancer des saynètes facultatives, ou de participer à des quêtes annexes bien pensées, avec généralement une partie du groupe qui est imposée, et un objectif final qui force à utiliser toutes les mécaniques du jeu, et notamment les «1 More» et la Triple Menace pour éliminer l’ensemble des ennemis en un seul tour. On peut alors résumer ces missions à des casse-têtes qui obligent le joueur à se creuser à la tête, ce qui a le mérite d’être particulièrement gratifiant lorsqu’on parvient à trouver la bonne solution au problème.
Au rayon des déceptions, on peut évoquer des environnements peu ambitieux, avec des décors cantonnés au strict minimum. La partie sonore, en partie empruntée à Persona 5, est en revanche toujours aussi qualitative, tout comme le chara-design chibi qui se marie parfaitement avec l’ambiance générale du titre et ses pointes d’humour capables de décrocher quelques sourires. Les textes sont en français intégral, tandis que le joueur a le choix d’opter pour les voix originales en japonais, ou les voix en anglais. La partie technique est soignée, sans aucun bug à déplorer ni grosses chutes de framerate constatées.
+
- Montée en puissance du gameplay et du scénario
- Aspect tactique bien poussé
- Gestion des Personae simple et efficace
- Quêtes annexes bien pensées
- Chara-design très réussi
- Boss toujours aussi tarés
- Ambiance musicale au top
-
- Premières heures poussives
- Beaucoup plus linéaire que Persona 5
- Manque d'ambitions sur la partie graphique