Test : Portal 2 sur Xbox 360
« Pour l’amour de la science. »
Après une confrontation haletante contre la désormais célèbre GLaDOS, IA tueuse qui n’a rien à envier à ce bon vieil HAL 9000, nous avions laissé notre héroïne inconsciente suite à l’explosion qui résulta de la destruction du centre Aperture Science où se déroulait l’aventure du premier épisode. Les années, les siècles serait-il plus juste de dire, ont passé lorsque vous êtes tirée de votre sommeil par une étrange boule bleu robotique prénommée Weatley et à l’humour (doublé par le formidable Stephen Merchant en version originale, mais que les anglophobes se rassurent, la version française est également très soignée). Après quelques explications, celui-ci ne vous propose rien de moins que de vous aider à vous évader du complexe scientifique désormais en ruine. Ce sera l’occasion pour vous de visiter d’anciennes salles de test, découvertes dans le premier épisode, cette fois-ci abandonnées et dans lesquelles la nature a repris ses droits. Passé cette petite phase de tutoriel matinée de nostalgie, un troisième protagoniste s’invite dans la partie : GLaDOS, votre ancienne ennemie qui digère mal le fait que vous ayez tenté de « l’assassiner ».
Premier constat : le scénario est largement mis en avant. A vrai dire, celui-ci fait figure de colonne vertébrale du jeu. Toutes vos actions, le moindre de vos faits et gestes, répondront à un impératif dictée par celui-ci. Soit l’exacte opposée du premier épisode où il ne se dévoilait finalement que dans le dernier tiers du jeu. Et encore, c’est au joueur qu’il incombait de recoller les morceaux de puzzle trouvés à droite et à gauche au cours de l’aventure et de répondre aux nombreuses questions qu’il a pu se poser. Le scénario était donc ouvert à l’interprétation des joueurs. Dans sa suite, ce qui faisait le charme de Portal premier du nom, est passé à la trappe. Les mystères et tout le tutti, oubliez. Vous ne risquez pas de passer à côté d’une révélation importante, ou non, sur le passif des personnages, ou de quoi que ce soit d’autres. C’est comme si Valve avez pris le soin de faire apparaitre les encarts suivant : « Attention : révélation importante dans les secondes qui suivent ! », « Vous êtes passé à côté ? Ne vous en faites pas, nous allons les résumer pour vous. »
La narration est donc largement moins subtile (même s’il reste quelques éléments et autres détails laissés à interprétation), mais ce n’est finalement pas si pénalisant que cela. Le jeu est beaucoup (beaaaaucoup) plus bavard que son grand frère, et nous n’avons de fait plus ce sentiment de vivre une aventure vide de sens au premier abord. En outre, cela offre à Valve une plus grande maîtrise de son jeu dans la mesure où le studio peut multiplier à sa guise les rebondissements, prendre sans cesse le joueur par surprise et, plus important encore, le studio peut se lâcher totalement sur les dialogues (disons monologues, votre personnage étant toujours muet comme une carpe). Et sur ce point, Valve fait une nouvelle fois très fort. C’est toujours un grand bonheur que d’écouter GLaDOS vous menacer, vous insulter subtilement. Et le nouveau venu, Weatley n’a absolument rien à envier à l’IA tueuse.
« Je vais lui péter les rotules ! »
Valve a donc choisi une approche différente pour raconter son histoire. Difficile de dire si l’une est meilleure que l’autre. Chacune des deux se vaut et nous savons que le studio aime varier les plaisirs et expérimenter de nouvelles méthodes. Il y a en revanche une chose à laquelle celui-ci n’a pas touché : le gameplay. Il faut dire que celui de Portal était d’une grande richesse malgré sa simplicité apparente. Le principe est donc toujours le même. Vous entrez dans une pièce, à vous d’en sortir à l’aide de votre générateur de portails. Mais si le principe reste inchangé, Valve en a profité pour l’enrichir de nouvelles possibilités.
La principale nouveauté est l’ajout de gels dont chaque couleur possède une propriété différente. La couleur bleu vous permet de rebondir, la rouge augmente votre vitesse et la blanche vous permet de créer des portails où c’était jusque là impossible. Je vous laisse imaginer les casse-têtes, déjà suffisamment retors comme cela, que cette innovation offre. Une autre innovation, plus discrète et permise cette fois-ci par l’ambition de proposer un « véritable jeu », réside dans la taille des niveaux. Ils sont grands. Très (trop pourront penser certain) grands. Par conséquent, avant même de tenter quoi que ce soit pour résoudre l’énigme, vous devrez faire le tour de la pièce pour tenter de deviner de quoi il en retourne. Et il faut avouer que cela peut rebuter de prime abord. Une première étape nécessaire qui s’ajoute à la difficulté des puzzles, finalement pas si compliqué que cela. Car c’est bien cette étape d’observation, d’inspection minutieuse des éléments du décor, qui vous retiendra le plus longtemps.
Boulet offert !
Dernière nouveauté, et non des moindres, l’ajout d’un mode multi-joueurs. Celui-ci prend la forme d’une histoire parallèle à celle du solo. Votre partenaire et vous incarnez deux robots et devrez traverser de nombreuses salles de tests. Inutile de dire que la coopération est de mise pour espérer en venir à bout. Et si vous n’avez pas l’esprit d’équipe, peu importe, vous n’avez pas le choix. Impossible ne serait-ce que penser venir à bout d’un puzzle sans compter l’un sur l’autre. C’est la raison pour laquelle Valve a intégré quelques éléments de gameplay en plus. Notons ainsi la possibilité d’indiquer un emplacement précis à son partenaire, ou encore celle de déclencher un compte à rebours. Autant de possibilités bienvenues, que vous jouiez en local ou en ligne, à plus forte raison si vous êtes tous deux dans l’impossibilité de communiquer. Finalement, c’est dans ce mode de jeu que les joueurs retrouveront le plus l’esprit du premier épisode. Traverser des salles de test (bien plus difficiles que celles du solo), les unes après les autres, accompagnés par les sarcasmes de GLaDOS.
Comptez en moyenne 8 heures pour venir à bout de ce mode, et autant pour le solo. Bien entendu, cela varie en fonction de votre aptitude à résoudre les puzzles et également à la qualité de votre partenaire qui peut aussi bien se révéler comme le meilleur camarade de jeu, que comme le pire des boulets de l’histoire des jeux vidéo, vous obligeant à réfléchir pour deux. Cela peut paraitre court, mais finalement la durée se révèle au poil. Le jeu arrivant à terme juste au moment où une pointe de lassitude commence à naître chez le joueur. En revanche, le jeu n’est clairement pas un hymne à la rejouabilité. Une fois arrivé au terme de l’aventure, c’est définitivement fini. Pas de niveau de difficulté supérieur, de chemins parallèles ou autres artifices du genre.
Un mot enfin concernant l’aspect technique du titre. Aspect qui n’est certes pas le plus important pour un titre comme Portal 2, mais qui est pourtant loin d’être à la traine. Le légendaire moteur Source de Valve en a encore dans les tripes et le jeu est loin d’être déplaisant à regarder. Si les graphismes ont finalement peu évolué depuis le premier épisode, ils sont en revanche plus fins, plus travaillés. N’oublions pas non plus de saluer l’initiative de Valve qui a pensé à ajouter des commentaires audios (très intéressant par-dessus le marché) consultables librement durant tout le jeu.
+
- Les commentaires audio
- Le mode coop
- Weatley
- L’humour
- Les nouvelles mécaniques de gameplay
- Le scénario
-
- Des salles peut-être un peu trop grandes
- Une rejouabilité sacrifié sur l’autel de la narration
- Votre partenaire en coop (boulet)