Jeux

Prince of Persia : Les Sables du Temps

Action/Aventure | Edité par Ubisoft

10/10
360 : 19 February 2004
19.02.2004 à 23h00 par - Rédacteur |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Prince of Persia : Les Sables du Temps sur Xbox

Ces derniers temps, pour être à la mode, il faut savoir manier 64 armes, être engagé dans une guerre quelconque (contre un adversaire oriental quelconque) ou encore s’appeler Harry Potter. Bien entendu, avoir des gros seins et/ou jouer au foot (dans ce cas, choisir un bon soutien-gorge) peut aussi être un atout pour faire vendre des jeux, mais malheureusement pour le Prince, il n’est ni Ronaldo, ni Sam Fisher et n’a pas encore entamé de vaginoplastie… Ces manquements graves empêcheront peut-être Prince of Persia de truster les charts comme ses petits camarades, mais rien de ce qu’on pourra faire ou dire ne pourra lui ôter son statut de jeu culte. Par les temps qui courent, c’est toujours ça de pris.

Oh nuits d’Arabie, au parfum de velours…

L’histoire commence au moment où le Prince et son Père «nettoient» un château adverse de toutes ses richesses, dont un énorme sablier qui doit servir de cadeau au Maharadjah Mouchkipèth, ou quelque chose comme ça. Pour faire plaisir à son papounet, notre altesse sérénissime décide de lui rapporter la dague du temps et ainsi lui prouver sa valeur autrement qu’en combattant. L’ennui, c’est que le Vizir, qui nettoie plus blanc que blanc grâce à sa nouvelle vizirette, convoite aussi ladite dague et voit d’un très mauvais œil le fait que le Prince ne veuille pas la lui donner. Le vil personnage se débrouille alors à faire en sorte que le jeune homme libère les sables du temps, ce qui a pour effet de jeter une malédiction sur le palais et ses habitants. Pour réparer son erreur, le Prince devra retrouver le Vizir qui a emporté le sablier dans la plus haute tour du palais. Il sera accompagné de Farah, fille du Maharadjah de son état, et joli brin de fille soit dit en passant.

Notre ami a beau avoir un physique de minet à la Billy C., il n’a pas son pareil en terme d’agilité, et on lui imagine fort bien une reconversion en contorsionniste funambule chez Patrick Sébastien après sa carrière de Prince… Aucun obstacle ne lui résiste, et aucune acrobatie ne lui fait peur: il grimpe au mur avec l’aisance d’un chat, s’agrippe à un pilier comme un chien à votre jambe (la comparaison n’est certes pas flatteuse, mais l’effet reste le même, la tâche en moins) et court le long des parois en violant les lois de l’attraction terrestre. Le pire, avec cette palette de mouvement impressionnante, c’est que tout se fait avec un ou deux boutons, selon le contexte et le placement du Prince, et qu’on a tout compris en moins de deux. C’est magique, et pourtant, c’est pas fini Thierry, c’est pas fini (©J.M. Larqué).

Erase and Rewind

Récupérer la dague du temps n’a pas seulement été un exploit pour le Prince, ça a aussi été une nouvelle façon d’appréhender le temps. L’objet, moyennant une manipulation simple au possible, vous permet de revenir quelques secondes en arrière quand le besoin s’en fait ressentir (on pourra aussi ralentir le temps façon bullet time, mais ça sert moins souvent). Cette petite fonction rewind (déjà vue dans Blinx, mais en mal utilisée… Et dire qu’on nous disait à l’époque que la chose était possible grâce au disque dur de la Xbox, mouhahaha) vous servira un nombre incalculable de fois, les pièges et ennemis étant nombreux dans le palais d’Azad. Attention cependant, l’utilisation de la dague est limitée dans le sens où celle-ci consomme du sable pour vous faire agir sur le temps, et il vous faudra faire un peu attention à vos réserves avant de jouer les kamikazes. Heureusement, le jeu ne se déroule pas au pôle nord et trouver du sable ne sera pas difficile; des fontaines (de sable) rempliront la dague et augmenteront petit à petit sa limite maximum tandis que chaque créature de sable (autrefois les gens du palais) occise libèrera un peu de ce matériau si vital pour vous.

Parlons un peu des combats, qui semblent partager l’opinion quant à leur utilité, et surtout à leur fréquence. Il est vrai qu’ils ne sont pas très bien imbriqués dans le déroulement de l’histoire et qu’ils paraissent plus être là pour casser le rythme qu’autre chose. Toutefois, une fois qu’on a compris comment éliminer chaque ennemi, ils ne sont plus qu’une formalité et un moyen de se délier les doigts après quelques âpres minutes d’escalade. Tout ou presque est possible lors d’une rixe: attaque, parade (même à terre), rebond sur les murs, au dessus des ennemis, etc. Quand on maîtrise le truc, ça donne des combats très nerveux avec un Prince virevoltant et lardant ses ennemis à tout va avec son cimeterre. Jouissif, bien qu’un peu longuet par moments. Il est à noter que la princesse Farah vous aidera de son mieux lors de votre aventure. Elle est une archère accomplie et vous facilitera la tâche lors des combats, mais il vous faudra quand même veiller sur elle, car au corps à corps (sans mauvais jeu de mots) elle se montre un peu cruche. La progression à deux est un vrai plaisir, et la relation parfois ombrageuse que vous entretiendrez avec elle est un vrai petit bijou à suivre.

Beau, c’est un mot qu’on dirait inventé pour… lui.

Adieu la rime, mais bonjour la frime! Prince of Persia, sans être une vitrine technologique bardée de mots en –ing, est un jeu magnifique, dans lequel esthétisme et level design sont des maîtres mots. Les endroits traversés par le Prince sont souvent majestueux et toujours agencés de façon à ce que l’on puisse en profiter du mieux possible. Le style oriental est franchement dépaysant et le léger flou qui recouvre l’image donne un côté «rêve» au jeu, impression qui colle parfaitement au style et au cadre de PoP. Les animations sont coulées et légères au possible, et voir un passage acrobatique exécuté à toute allure est un plaisir rare de nos jours. La pureté qui se dégage des divers mouvements du Prince est un délice visuel, d’autant plus fort qu’on fait tout soi-même et qu’on a donc un sentiment de maîtrise totale ma foi très flatteur pour l’ego. Prince of Persia est un de ces jeux dans lesquels la technique suit l’esthétique et non l’inverse, si tous pouvaient être aussi travaillés visuellement…

Bien entendu, l’ambiance sonore est indissociable de l’aspect graphique du jeu, et fort heureusement celle-ci est en totale osmose (mot compte double) avec le reste de la réalisation. Les musiques, assez discrètes, savent se faire entendre lorsqu’il le faut (la scène du rêve, magnifique) mais savent aussi s’effacer pour laisse la place aux superbes bruitages. Coups d’épées, bruits de chaînes, d’eau qui s’écoule, les sons sont réalistes mais ne donnent pas dans la surenchère et entretiennent cette ambiance un peu mystique dont je parlais plus haut. Côté voix, rien à dire non plus (décidément). Le jeu est très bon, que ce soit pour Farah ou pour le Prince, et le travail a été très soigné là aussi. Entendre le Prince soliloquer (ou s’adresser au joueur) de sa voix douce et calme est un vrai bonheur après une séance de boulot harassante (ou après une après midi à rien faire harassante). Le boulot a été pris au sérieux par les développeurs; il est rare qu’un jeu soit aussi soigné visuellement qu’auditivement, et ce jeu démontre bien que quand les deux sont au même niveau, le chemin est à demi parcouru.

Les bonnes choses ont une fin, les très bonnes aussi

Prince of Persia se termine en une huitaine d’heures la première fois. C’est court oui, et on pourrait le montrer du doigt pour ça, d’autant plus que la deuxième fois c’est encore plus court, mais paradoxalement encore plus bon. En effet, quand on connaît parfaitement la maniabilité et les divers pièges qui peuvent nous attendre au coin d’un mur, faire le jeu à la vitesse de l’éclair est jouissif comme peu de jeux savent l’être. D’ailleurs, PoP étant assez facile voire un peu trop, je ne saurais que trop vous conseiller de zapper les indices qui vous sont montrés à chaque point de sauvegarde. Le cheminement est en général assez clair pour que vous n’ayez pas à être pris par la main, évitez donc de vous gâcher certains passages mémorables avec ces visions superflues. En voulant trop aider le joueur, Ubi a peut-être sabordé son gameplay, même si le mot est un peu fort. Enfin qu’importe, jouer à Prince of Persia est tellement plaisant qu’on lui pardonnera sa facilité, sa légère linéarité et sa relativement courte durée de vie. C’est pas tous les jours qu’on est à pareille fête, alors ne boudons pas notre plaisir voulez-vous?

Au final, je vais me permettre de vous demander quelque chose, à vous lecteurs : achetez Prince of Persia, s’il vous plaît. Achetez-en même deux exemplaires, au cas où le premier soit abîmé, et achetez-en un à votre mère, et un autre pour vos cousins. Tout le monde doit savoir combien ce jeu est bon, et il n’y a qu’en montrant à Ubi qu’on sait apprécier ce qu’ils font qu’ils prendront le risque de faire une suite. Jeu de l’année 2003 sur PS2 selon moi (sur Xbox aussi, mais seulement aux USA), Prince of Persia est le jeu de ce début d’année 2004 sur Xbox. Vivement le deux tiens !

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      • L'esthétique globale est une pure merveille et démontre qu'avec un peu de travail, les chichis technologiques d'aujourd'hui ne sont pas toujours indispensables. Les cinématiques sont magnifiques, elles aussi.
      • Alors là, chapeau. Tant de choses à faire avec si peu de boutons et sans s'emmêler les pinceaux, c'est du grand art.
      • Courte il est vrai, mais c'est tellement bon, comment peut-ones s'arrêter là dessus... Refaire le jeu "à la Nigel Mansell" est un régal. Le Prince of Persia d'origine est déblocable mais assez mal émulé, dommage...
      • L'ambiance sonore est superbement travaillée, alliant musiques, bruitages et voix à la perfection.
      • L'histoire est peu ou prou équivalente à celle du jeu original, mais en ces temps de guerres bactério-politiques, un peu de dépaysement oriental ne fait pas de mal. Féerique.
      • Un bijou. Prince of Persia est un jeu à acheter et à garder précieusement dans sa collection, on en reparlera dans 10 ans j'espère.
      • Mourir est un crime tellement le Prince est maniable. Sa démarche chaloupée et sa gestuelle travaillée en font l'un des personnages les plus agréables à manier de tous les temps (j'exagère à peine).