Test : Pro Evolution Soccer 2012 sur Xbox 360
Pour de nombreux joueurs, confirmés ou pas, PES 2012 s’ouvrira sur un tutoriel doublé d’un mode entrainement plutôt bien conçus. Parfois trop chiches en informations réellement utiles, ces épreuves permettent d’identifier efficacement les changements et de tenter une mise à niveau moins frustrante que si l’on s’était jeté dans un match contre une IA qui maîtrise beaucoup trop bien son sujet pour être honnête. Bouleversée par rapport à l’an dernier, la défense s’installe d’emblée dans l’œil du cyclone : si les latéraux se montrent moins neuneus que chez la concurrence, la rigueur défensive, la gestion des intervalles et le duel pur et dur promettent de faire pleurer de rage le plus calme des ascètes. Là où l’ordinateur vous oppose une maille resserrée tricotée par un ingénieur est-allemand, on se retrouve le plus souvent avec quatre, cinq ou six cerveaux lents se déplaçant sans cohésion, taclant sans hargne et laissant filer le plus engourdi des attaquants. L’intervention directe rigoureusement déconseillée, on préfèrera jouer du recul frein en serrant les fesses tout en envoyant un équipier (tenter de) faire le sale boulot. Une fois en possession de la gonfle, le dilemme est tout autre.
Agréablement surpris par un système de passes aussi réactif qu’absolument ridicule en termes de réalisme physique, on tente et réussit le plus souvent à élaborer de jolies circulations de balle à coups de transmissions supersoniques. L’IA alliée, prompte à se démarquer et/ou à quitter sa zone de confort, encourage et facilite un jeu de possession franchement réjouissant. Le hic, c’est que tout ceci s’arrête avec la dernière passe, celle pour un attaquant qui ne bénéficie apparemment pas de la même liberté de penser. Du coup, deux solutions s’offrent à vous. La première, s’offrir un deuxième cerveau et utiliser le stick droit pour choisir un joueur, lui faire faire un appel et lui faire la passe dans le trou en espérant que personne n’ait décidé de défendre entre temps.
Scène de crime
Côté contenu, le PES nouveau souffle le chaud et le froid dans chaque compartiment du jeu. Pour une licence Champion’s League qui donne des frissons avec sa musique et ses menus officiels, on retombe vite face à l’absence toujours aussi préjudiciable d’équipes et maillots pourtant qualifiés. Pour une Ligue des Masters qui marche toujours aussi bien sur la longueur et tente de jolies percées gestionnaires, il faut se fader d’innombrables temps morts pas forcément intéressants. Gérer les états d’âme, supporter les causeries d’un adjoint bavard, les suppliques absurdes du président du club, voilà qui fatigue dès la première saison tant l’impact sur le long terme paraît peu évident. On comprend, en subissant les assauts cinématiques incessants de nos joueurs et collaborateurs, l’intérêt d’un Football Manager en mode lignes de texte…
On reprochera le même rythme aléatoire aux matchs, les parties étant constamment interrompues par des cutscenes – avec un arbitre qui siffle pour un oui ou pour un non, rien d’étonnant – et autres replays complètement dispensables que l’on rêve de pouvoir désactiver, en vain. Mélange de réussites et de revers plus ou moins remarquables, la réalisation globale tient le choc dans le détail, mais ne parvient pas à donner une ambiance réellement convaincante aux retransmissions. Des animations détaillées mais qui s’enchainent trop sèchement, des commentaires agréables qui masquent mal un stade qui sonne creux, une physique de balle qui change du tout au tout selon les situations… Voilà qui ne participe pas à la cohérence du titre !
Incroyablement plus agréable à pratiquer que son prédécesseur, PES 2012 donne enfin de quoi s’amuser – vraiment – aux indécrottables fans de la série, à ceux qui ont toléré les ignominies récentes. Remerciés de leurs efforts, ces joueurs-là ont enfin de quoi supporter les commentaires désobligeants des joueurs d’en face. Ceci étant dit, Konami reste loin du compte en termes de simulation, d’ambiance et de contenu, il faut être réaliste. Malgré un nombre de modes tout à fait satisfaisant et un code réseau qui tient enfin la route (sans faire d’étincelles), PES reste empêtré dans les stéréotypes, tant sur le terrain qu’en dehors. Et s’il est toujours possible d’espérer de nouvelles améliorations dans le futur, on voit mal cette version du moteur maison faire des miracles avec ses collisions boiteuses et ses gardiens aux fraises. Du coup, on voit mal un joueur de FIFA craquer pour le titre de Seabass, même si l’écart entre les deux productions ne grandit pas. Pour qu’il commence à rétrécir, il faudra sans doute attendre un vrai ravalement de façade, et donc (on l’imagine) une nouvelle technologie que les développeurs nippons auront vu venir, on l’espère.
+
- Jeu plus fluide et rapide
- Des idées à creuser, à alléger
- Contenu solo et multi
-
- Ambiance et mise en scène
- Complètement déséquilibré
- Statistiques et licences…
- Un football stéréotypé
- Prise en main délicate