Test : Project Zero sur Xbox
Idiots !
Je ne parle pas de vous bien sûr, mais des
personnages de survival horror, qui à la manière des gens dans les films « à la
scream », vont s’enfermer, seuls, dans des manoirs sordides ou des villes
fantômes et se séparent lorsqu’ils ont la chance d’être plusieurs… Ce n’est
franchement pas malin de leur part et l’on se demande à chaque nouveau jeu du
genre la raison qui va pousser le héros (ou l’héroïne) à se mettre dans des
situations pas possibles. Dans le cas de Project Zero, c’est à un « perdu de
recherche » interactif qu’on assiste. La jeune Miku, étudiante de son état, a
perdu son frère (ouais, il était là pis pouf…) et les dernières nouvelles de lui
qu’elle a l’amènent à un manoir au passé bien lourd, le manoir Himuro.
Il va donc lui falloir s’armer de tout son courage, car en plus d’être super louche d’aspect, le manoir est infesté de fantômes, et pas du genre Casper, des bons vieux revenants bien aigris qu’il faudrait éradiquer au gun à plasma. L’ennui dans tout cela, c’est que Miku n’a aucune arme sur elle, si ce n’est un vieil appareil photo qui semble avoir un effet sur les spectres du manoir… Comment ? Pourquoi ? Il vous faudra découvrir une intrigue fort touffue, mêlant mythes japonais et tragédie familiale, pour le savoir.
Ambiance, action, y êtes-vous ?
Tout le monde vous le dira, un survival horror n’est rien sans un cadre exceptionnel, une ambiance effrayante ou inquiétante, on imagine mal un Resident Evil 5 se dérouler à Disneyland dans le château de la belle au bois dormant. Project Zero ne déroge pas à la règle et fait dans le très efficace.
Le manoir japonais, avec sa décoration particulière et son relatif dépouillement, fait forte impression, d’autant plus lorsqu’il est vu à travers les yeux d’une frêle jeune fille. C’est un point très important du jeu, car je peux vous jurer qu’incarner Miku, désarmée, seule au milieu de ce manoir glauque et entourée de fantômes, c’est très différent d’une Jill Valentine avec ses fusils à pompe, son uniforme et ses grenades accrochées au calcif. L’impression de contrôler un personnage faible et inoffensif apporte un certain renouveau par rapport aux autres jeux du genre, et c’est tant mieux parce qu’y en a marre, des malabars…
L’aspect sonore n’est pas en reste dans Project Zero, et les « musiques » sont littéralement pétrifiantes, la bande son étant la plus effrayante que j’ai entendu depuis des lustres. Rires d’enfants (infâme), cris plaintifs, musiques lourdes au possible, tout y est pour assurer l’ambiance et vous faire lâcher le pad et sauter par la fenêtre à la première occasion. Du grand art.
Ajoutons à cela une bonne mise en scène, des
cinématiques plutôt jolies et des vibrations au pad incroyablement bien gérées,
et nous avons au final une ambiance à couper le souffle, rarement atteinte dans
un survival horror.
Le gameplay, quant à lui, est assez original pour que les quelques défauts qu’il comporte puissent être aisément pardonnés. Comme vous le savez la seule arme de Miku est un vieil appareil photo, style polaroïd, et la seule façon de se débarrasser des importuns volants sera de leur tirer le portrait, une ou plusieurs fois selon la puissance de votre coup. Plus vous gardez le spectre dans le viseur et plus les dégâts seront importants, mais ceci comporte plusieurs risques. Le fantôme peut disparaître à tout moment pour réapparaître dans votre dos, ou bien fondre sur vous à la vitesse de l’éclair pour vous soutirer un peu de vie. Il faudra donc jongler habilement entre les modes de vue, shooter à bon escient et si possible lorsque le viseur devient rouge (les dommages sont multipliés), tout en évitant une saloperie qui lévite et qu’on ne distingue presque plus par moments. Pas évident. Plus vous attendrez pour porter le coup de grâce (avec l’ennemi dans le collimateur), plus le nombre de points qui vous sera alloué sera grand, points qui vous serviront à upgrader votre appareil photo afin de recharger plus vite, de faire plus de dégâts ou d’utiliser certains pouvoirs sur les spectres (les voir plus nettement, les geler un bref instant…).
Tout ceci est fort bien pensé,
et assez technique à jouer, plus difficile en tout cas que mettre une bastos
dans la « teuté » d’un zombie. Les combats en deviennent parfois très (trop)
durs, certains ennemis volants à la vitesse de la lumière et vous fonçant dessus
en moins de temps qu’il n’en faut à Rocco pour déflorer un couvent. C’est assez
rageant, et beaucoup pourront pester contre la difficulté trop élevée de
certains passages, surtout que refaire le chemin depuis la dernière sauvegarde
s’avère fastidieux, les énigmes étant au moins aussi basiques que dans les
autres jeux du genre : et que je met ma pierre en forme de lune dans le trou, et
que je récupère la clé en tête de caribou pour ouvrir la salle à manger… Sur ce
point Project Zero ne fait pas mieux que ses concurrents, et les « petits
joueurs » se lasseront vite de devoir refaire le même passage plusieurs fois (du
moins s’ils ont évité la crise cardiaque jusque là).
Graphiquement, pas de quoi fouetter un revenant
Autant le dire de suite, le jeu est un portage d’un « vieux »
jeu PlayStation 2 et ça se sent. Les cinématiques sont belles, Miku est bien
modélisée (mais vu qu’elle n’arbore ni arme, ni équipement, c’est le moins que
Tecmo pouvait faire) mais les décors sont un peu faiblards. Aucun effet
particulier n’est à signaler, si ce n’est celui de la torche que Miku a en sa
possession, basique et visiblement pas là pour ébahir qui que ce soit. Restent
les fantômes, vraiment bien faits et effrayants au possible pour faire une bonne
impression. Project Zero n’est pas laid, mais il ne fait pas mieux que Silent
Hill 2, les deux jeux se valant à peu près techniquement. En plus, PZ est sorti
il y a plus de 6 mois aux Etats-Unis, que nous vaut l’honneur de cet immense
retard ? Rien, le jeu n’est pas plus beau et ne possède pas plus de bonus que la
version US. Il n’est pas traduit non plus (mais les doublages sont de bonne
qualité). Le jeu fait dans le minimum syndical à notre époque, mais le niveau
technique est bien suffisant pour avoir peur, je vous le
garantis…
+
-
- Un peu datés, ils restent cependant efficaces et participent pleinement à l'expérience du joueur.
- Rigide, parfois peu évidente. Certains fantômes seront une plaie à viser, mais bon ce n'est pas Tecmo qui a posé les jalons du genre...
- Honnête pour le genre (8/10h). Quelques bonus à débloquer ça et là, mais la rejouabilité du titre n'est pas fantastique.
- Alors là, chapeau... de l'inquiétant à l'infâme (les rires d'enfants), la bande son est probablement la plus flippante de tous les survivals.
- Excellent. On n'atteint pas la complexité dramatique d'un Silent Hill 2, mais dans un tout autre trip c'est ultra convaincant. Se retrouver avec un personnage aussi frêle dans un lieu si inquiétant est une expérience à vivre au moins une fois.
- A petit prix, P0 est un incontournable. Survival horror un peu à part, il fait partie de ces jeux pour "couillus", si vous me passez l'expression. Vivement le 2 tiens...
- Assez raide dans l'ensemble (comme dans tout survival horror), l'animation ne faillit jamais, c'est le principal.