Jeux

A Quiet Place: The Road Ahead

Survival Horror | Edité par Saber Interactive | Développé par Stormind Games

8/10
One : 17 October 2024 Series X/S : 17 October 2024
20.10.2024 à 10h52 par - Rédacteur en Chef

Test : A Quiet Place: The Road Ahead sur Xbox Series X|S

Silence, ça tousse

La période d'Halloween est toujours propice à l'arrivée de nombreux jeux d'horreur sur le marché, obligeant les amateurs du genre à faire le tri dans l'étendue de l'offre. Des titres dont la qualité est souvent très aléatoire, même si quelques uns parviennent à sortir du lot et réussissent à piquer l'intérêt des joueurs en mal de frissons. C'est le cas de A Quiet Place: The Road Ahead, une production imaginée par les développeurs italiens de Stormind Games, et tirée de la franchise Sans Un Bruit.

Avec trois films à son actif, la franchise Sans un Bruit a réussi à se faire un nom depuis la sortie du premier volet réalisé par John Krasinski en 2018. Pour preuve, l’éditeur Saber Interactive et les développeurs italiens de Stormind Games, à qui l’on doit la série de jeux d’horreur Remothered, n’ont pas trainé pour nous en proposer une adaptation qui dispose de son propre scénario. Pas de famille Abbott comme dans les deux premiers films, ni de carnage à grande échelle comme dans le spin-off Jour 1, The Quiet Place: The Road Ahead prend le parti de nous livrer une histoire totalement inédite, en compagnie d’Alex et Martin, deux amis proches qui tentent de survivre à l’invasion des grosses bébêtes à l’ouïe fine. Car si vous n’êtes pas connaisseur de l’univers, sachez que Sans Un Bruit raconte l’histoire de l’éradication de l’humanité par des créatures venues de l’espace, totalement aveugles, mais prêtes à se jeter sur vous au moindre son perçu.

Dans cette adaptation libre, on se retrouve un peu plus de cent jours après le début des hostilités, à un moment où l’humanité a déjà adopté quelques comportement indispensables à sa survie. Alex et son ami ont ainsi compris qu’il fallait mieux sortir les jours de pluie, et surtout marcher à pas feutrés pour éviter de se faire repérer. Un concept qui se marie parfaitement au genre du walking-simulator horrifique, et plus encore puisque le terme «marcher» prend absolument tout son sens ici. Car vous l’aurez compris, le moindre pas de course peut attirer l’attention, et le jeu ne vous permet d’ailleurs pas de vous livrer à cette petite fantaisie suicidaire. Dans A Quiet Place: The Road Ahead, tout se fait en marchant, doucement qui plus est, ce qui peut demander un certain temps d’adaptation aux joueurs qui n’aiment pas trainer des pieds. Le rythme est, de fait, particulièrement lent, compensé par une tension omniprésente, et cela dès le prologue. Les développeurs en profitent d’ailleurs pour titiller le joueur, et mettre ses nerfs à rude épreuve, pour mieux le cueillir avec quelques jump-scares placés là où on s’y attend peut-être le moins.

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Les moments de calme sont rares, et généralement courts, et c’est peu de dire que le titre de Stormind Games parvient à prendre aux tripes durant la quasi totalité de l’aventure. L’expérience est intense, et donc pas destinée à n’importe qui, avec des composantes de survival-horror qui apportent une autre dimension à l’ensemble. Car comme si cela ne suffisait pas, Alex est sujette aux crises d’asthme, et autant vous dire que les situations d’angoisses sont suffisamment nombreuses pour lui donner envie de prendre une bonne bouffée de Ventoline. Conçu en ligne droite, avec un découpage en chapitres, A Quiet Place: The Road Ahead met ainsi plusieurs recharges du bronchodilatateur sur la route du joueur. Même chose avec les piles de sa lampe torche, qui a tendance à se décharger en un temps record. L’omniprésence de ces objets casse un petit peu l’immersion, mais a le mérite de renforcer des mécaniques de gameplay utiles au genre. A noter que le jeu propose trois modes de difficulté, avec des différences sur le nombre d’éléments disponibles en chemin et la sensibilité auditive des ennemis, bien plus punitive en mode difficile.

Comme on le disait, A Quiet Place: The Road Ahead adopte une structure linéaire, ce qui lui permet néanmoins de maitriser totalement le déroulé de son scénario, et donc de conserver un certain rythme. Globalement, on alterne entre un trio de séquences, avec d’un côté les flashbacks, qui permettent d’en apprendre plus sur Alex, Martin et les membres de leur famille, tout en vivant avec eux l’arrivée des envahisseurs. De retour dans le présent, il faut avancer en prenant soin de ne pas marcher sur des branches, des bris de verre ou dans des flaques d’eau. Comme dans les films, des chemins de sable servent à indiquer la route, tout en atténuant le bruit des pas. Après un chapitre introductif, Alex dispose par la suite d’un sonomètre pour mesurer le bruit qu’elle émet, notamment lorsqu’elle doit ouvrir une porte qui a tendance à grincer, ou qu’elle doit poser une planche pour traverser un précipice. L’autre outil de la jeune femme, c’est évidemment sa lampe torche. Même si la majorité des chapitres se font de nuit ou dans des lieux sombres, on apprécie tout de même que les développeurs aient pensé à inclure des séquences de jour, ce qui permet par ailleurs de mieux profiter de graphismes plutôt jolis, et d’environnements qui rappellent les univers de The Walking Dead ou La Guerre des Mondes. On a d’ailleurs repéré un petit clin d’œil avec la casquette de Clémentine (l’héroïne des jeux Telltale) qui trainait dans un abri.

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Pour en revenir au gameplay, on fait régulièrement face à des phases qui rappellent Alien: Isolation, où il est nécessaire de traverser une zone discrètement, en présence d’un ou plusieurs ennemis. Là encore, vous imaginez bien que la tension est à son comble, d’autant que le sound-design nous rappelle constamment que la menace est omniprésente, et qu’une seule erreur peut s’avérer fatale. Il est évidemment impossible de lutter face à la vitesse de l’ennemi, tandis que leurs claquements ajoute du stress à l’action. Les plus courageux, pourront choisir de désactiver certaines aides, avec la possibilité de retirer la désormais célèbre peinture jaune qui indique un passage à emprunter, ou le marqueur de quête (déjà facultatif de base). Pour ajouter un peu d’immersion, les développeurs ont inclus un mode micro, et ajoute ainsi un moyen d’alerter vos bourreaux si vous êtes trop bruyants. Avec ou sans ce mode, il parait évident que jouer au casque améliore grandement l’expérience de jeu, et vous plonge d’autant plus dans l’ambiance. Seule petite contrariété, la présence d’un bug bloquant, qui devrait néanmoins être corrigé à l’occasion d’un patch.

Pour forcer l’exploration, les développeurs ont pensé à inclure des collectibles et des documents à ramasser. C’est peu de chose mais cela permet tout de même de casser un peu l’impression de linéarité. Certains passages tentent d’apporter un peu de variété dans le gameplay, avec la nécessité d’éviter des pièges à loup, de lancer des bouteilles en verre pour attirer l’attention ailleurs, ou de vider soi-même des sacs de sable pour avancer sans faire de bruit. On sent que le studio italien a eu à cœur d’offrir une expérience complète, quoique un peu courte puisqu’il faut environ six heures pour en voir le bout. La direction artistique est cohérente avec l’univers des films, et même si les animations des personnages secondaires paraissent un peu rigides, cela n’empêche pas vraiment de se laisser porter par ce concept particulièrement atypique.

8/10
En décidant d'adapter la jeune franchise Sans un Bruit, les développeurs italiens de Stormind Games ont tout mis en œuvre pour proposer une expérience de jeu qui tire pleinement partie du potentiel de la saga. Et malgré une durée de vie assez courte, on peut tout de même dire que le pari est réussi, en nous proposant un titre d'une intensité rarement ressentie dans un jeu vidéo. Assez éloigné des traditionnels walking-simulator horrifique, A Quiet Place: The Road Ahead est un titre capable d'instaurer une vraie charge émotionnelle au joueur, pour une aventure condensée mais convaincante.

+

  • Tension palpable tout du long
  • Séquences de jeu variées
  • Excellent rythme
  • Plutôt joli à voir

-

    • Un peu trop court
    • Quelques ficelles un peu faciles
    • Animations des PNJ un peu rigide