Test : River City Girls sur Xbox One
Plutôt deux fois Kunio-kun
Personnage principal d’un nombre incalculable de jeux vidéo, Kunio-kun cède sa place après s’être fait kidnappé avec son pote Riki. C’est donc à Misako et à Kyoko, leurs copines respectives que revient la lourde tâche d’aller récupérer les deux teenagers rebelles. Pour cela, River City Girls reprend le principe de base de la franchise en envoyant le joueur au cœur d’un beat’em all nerveux à vivre en plein cœur d’une ville japonaise bourrée d’ennemis à fracasser à coups de poings, de pieds et de techniques propres à chacun des personnages. Une aventure qui nous emmène à travers plusieurs environnements souvent très détaillés comme le lycée, le centre commercial, le quartier résidentiel ou le quartier malfamé. Le tout dans un style rétro toujours très maîtrisé par le studio notamment du côté des animations superbes, mais aussi avec l’aide remarquée de Matt Bozon (Shantae) qui s’est surpassé sur le chara-design.
Globalement tout est fait pour nous dépayser un maximum entre culture japonaise assumée qui tentent d’éviter tous les mauvais clichés, et ce petit parfum occidental qui nous rappelle régulièrement que le jeu a été développé sur la côte ouest américaine. Un mélange assez savoureux qui offre un vrai cachet au titre, appuyé par une bande-son totalement novatrice pour le genre avec quelques morceaux chantés pour un ensemble relativement doux et agréable. Comme pour apporter là aussi un nouveau souffle aux beat’em all classiques dont les schémas se sont répétés durant un paquet d’années, WayForward balaie l’idée des stages et propose une sorte de monde ouvert où chaque lieu principal est découpé en plusieurs petites zones. Une idée qui oblige à quelques allers-retours – surtout pour les joueurs qui visent le 100% – malgré la présence de six arrêts de bus en guise de téléporteurs. Malgré tout, le principe possède l’avantage d’offrir un grand sentiment de liberté et un soupçon d’exploration. On regrette en revanche que le bouton pour valider un changement de zone soit le même que le bouton d’attaque, ce qui est à l’origine d’un bon nombre de combats interrompus malgré nous.
Mais arpenter les rues de River City est loin d’être une promenade de santé puisque les ennemis y sont nombreux, et repopent à chaque changement de zones. S’en débarrasser devient alors facultatif, sauf quand l’écran se cadenasse et oblige donc le joueur à faire place nette pour avancer. Le bestiaire quant à lui est assez bien diversifié avec douze catégories d’ennemis différentes comme le lycéen en uniforme, la cheerleader, les yakuzas, la cosplayeuse ou encore le catcheur à masque de tigre. Grosse nouveauté, de façon aléatoire il est possible de les recruter pour en faire des alliés et les inviter à se joindre au combat le temps d’une attaque, parfois salvatrice. Et comme dans tout beat’em all, l’un des intérêt principal de River City Girls se trouve du côté des boss. A la manière de Scott Pilgrim, ceux-ci sont très caricaturaux et possèdent des patterns caractéristiques qu’il va falloir apprendre sur le bout des doigts pour ne pas multiplier les morts, surtout en mode difficile. Certains d’autres eux font l’objet de quelques petites saynètes sympathiques sous forme de manga, s’intégrant parfaitement dans l’ambiance décalée du jeu et offrant régulièrement quelques sourires pour un scénario assez basique mais conclu de façon originale. C’est également avec plaisir que l’on retrouve quelques visages connus, notamment issus de la série Double Dragon pour un petit côté fan-service sympathique.
En terme de profondeur de jeu, les développeurs de WayForward se sont également appliqués à proposer un maximum de choses pour rendre un titre complet. Un poil dans l’excès d’ailleurs lorsqu’il s’agit des nombreuses boutiques disséminées à travers la ville. Elles possèdent toutes des produits différents, que ce soit des accessoires qui permettent d’augmenter les statistiques du personnage de façon très partielle, ou des denrées alimentaires qui remplissent la jauge de vie. Dans tous les cas, les effets de ces produits ne sont connus qu’après une première utilisation, sans que les plus chers ne soient forcément les plus utiles. Il faut donc y aller à l’aveugle, en croisant les doigts pour que les quelques dollars durement gagnés soient correctement investis. Même chose pour le dojo qui permet d’échanger des billets verts contre de nouvelles attaques, propres à chaque personnage, et qui permettent de faire grossir les enchaînements et leur puissance pour devenir la vraie terreur du quartier. Un système de montée en niveaux permet également d’augmenter certains domaines de compétences comme la force, la vitesse ou la défense, sans jamais améliorer le système de contre très (trop ?) exigeant. Déjà au top en solo, il va sans dire que la présence d’un mode coopération à deux joueurs, avec la possibilité d’activer le tir ami, est un élément indispensable qui donne une dimension supplémentaire au titre.
Là où Double Dragon Neon avait finalement enterré une franchise déjà bien abîmée par le temps, River City Girls vient démontrer que le beat’em all en 2D peut apporter une expérience vidéoludique plaisante et profondément moderne. On se risquerait même à dire qu’il s’agit là du projet le plus abouti de WayForward, tant dans la direction artistique engageante rappelant le déjà très bon Scott Pilgrim d’Ubisoft que dans ses mécaniques de gameplay variées. Pour qui aime les beat’em all et n’est pas gêné par une apparence faussement rétro, River City Girls s’envisage avec force et intérêt, pour des heures et des heures de jeu, surtout en coopération.
+
- Univers et ambiance au top
- De la coop locale, évidemment
- Animations très travaillées
- Boss atypiques et relous comme il faut
- Bande-son très réussie
- Durée de vie largement satisfaisante
-
- Un poil répétitif
- Contres difficiles à placer
- Quelques changements de zone malheureux