Test : Road to Guangdong sur Xbox One
Route pour Guangdong et panne de tralala
On a coutume de dire que l’on ne choisit pas sa famille. C’est vrai aussi pour Sunny, jeune femme étudiante en arts dans les années 90 qui se voit contrainte, pour honorer la mémoire de son défunt père, de reprendre le business familial à Guangzhou. Cette affaire, c’est un restaurant. Si Sunny a baigné dans la tradition culinaire locale et qu’elle connait le fumet des spécialités que préparait tantôt son « baba », difficile pour elle de s’improviser cuisinière. Mais heureusement, sa « Guu Maa » est là pour elle et en bonne tata aimante échafaude un plan simple pour donner à cette nouvelle ère managériale du restaurant le petit plus qui fera la différence. Accessoirement, cela permettra de réunir la famille autour d’un bon repas pour la Fête du Printemps (ou Nouvel An Chinois). Quel est ce projet vous demandez-vous alors ? Il s’agit tout simplement pour Sunny de prendre la route en compagnie de sa tante et d’aller rendre visite à chaque membre de la famille dans la province du Guangdong.
Retrouver chaque membre de sa famille permet à Sunny de potentiellement mettre la main sur de précieuses recette qui sont autant d’atouts pour son restaurant. Mais l’entreprise n’est pas simple, car c’est au volant de «Sandy» que les deux femmes prennent le chemin du Guangdong. Et cette pauvre Sandy est bien mal en point : le moteur tousse, la rouille s’est emparée d’une partie de la carrosserie mais heureusement, le poste radio a l’air de fonctionner. A ce stade, et alors que l’on n’a pas encore pris la route, il convient de préciser le déroulement de Road to Guangdong. Le jeu fait se succéder des dialogues à choix multiples entre Sunny et les personnes rencontrées, avec des phases de conduite sur les routes de Chine. La partie dialogue, non doublée mais qui a le bon goût d’être proposée dans un français plutôt correct, ne demande rien de spécial de la part du joueur. A part peut-être de la déduction et quelques recherche pour comprendre le sens de certaines expressions/appellations locales (c’est ça aussi, le road trip !). Il faut veiller quelques fois aux réponses données si l’on veut que la visite débouche de façon positive sur une invitation à la Fête du Printemps et la remise de la recette tant convoitée. Il est possible de manquer le coche en ne choisissant pas le comportement adapté à la situation mais globalement, ces phases de dialogues (dans des environnements fixes) sont assez faciles à négocier.
Dialoguer avec la famille et les personnes rencontrées met aussi et surtout en avant la principale qualité de Road to Guangdong : son histoire. L’alliance du sujet de l’aventure, du cadre chinois des années 90 et des dialogues bien écrits sur des thèmes qui touchent aux traditions chinoises et plus particulièrement cantonaises, donne un ensemble agréable à découvrir. Les personnages, dans leur authenticité et relative simplicité, sont bien écrits. On ressent d’ailleurs un certain attachement pour tout ce beau monde et particulièrement la tata qui nous accompagne, autant que l’on perçoit la volonté du développeur de rendre hommage à cette région. Cependant, ces moments qui font avancer l’histoire n’arrivent pas seuls et demandent donc d’accomplir entre chaque étape un trajet pas la route. Et là, c’est le drame.
Sandy est en mauvais état, on l’a dit. Il faut régulièrement s’arrêter sur le bas-côté ou dans une des nombreuses stations-services pour acheter des pièces et remplacer celles qui tirent la langue. Certaines opérations, comme un changement de moteur, demande naturellement un passage par le garage. La gestion de tout cela est assez simple : l’usure des pièces est plus ou moins rapide selon la qualité de base de celle-ci, éléments renseignés par deux barres dédiées dans l’inventaire. On doit donc surveiller le filtre à air, à huile, la courroie, les pneus et la grosse pièce nommée moteur. Une pièce HS risque de stopper le véhicule sur la route et mettre fin au périple, sachant que ce « Game Over » arrive dès lors que l’on n’a plus l’argent nécessaire aux réparations, à l’éventuel remorquage ou à l’achat de carburant. On dispose d’un pécule de base, complété par les membres de la famille que l’on a visités. On peut aussi gagner un peu d’argent (et se sauver le périple), en faisant un saut dans les nombreuses casses situées au bord de la route pour récupérer gratuitement des pièces usées et les revendre au garage.
Jusqu’ici, la gestion du véhicule demeure maitrisable. Ce n’est pas franchement passionnant, surtout lorsqu’il faut s’arrêter toutes les trois minutes pour fouiller une casse, mais c’est gérable. Le problème c’est que Sandy est un taco qui a le niveau de consommation de carburant d’une F1. Un plein ne dure pas cinq minutes. Qu’il faille trouver une pompe ou s’arrêter au bord de la route pour vider un énième jerrican, l’activité numéro 1 de ce road trip, c’est mettre de l’essence dans le réservoir. En conséquence, le rythme est horriblement haché par des arrêts espacés de seulement quelques minutes dans des garages identiques, pour des questions/réponses qui finissent par saouler. Mais ça ne s’arrête pas là. La route est parfois longue pour rejoindre certaines villes et la vielle voiture refuse de dépasser les 60-80km/h suivant l’état du moteur. En appuyant un peu trop sur l’accélérateur (en appuyant, quoi), le moteur chauffe, les pièces s’abîment plus vite et l’essence fond comme la neige au soleil. Bref, le temps gagné ici est perdu là-bas.
Le road trip a alors vite fait de se transformer en chemin de croix, avec des stations que l’on aurait placé aux quatre coins de Palestine. Vissé en vue de cockpit, on observe des paysages vides, avec une tante qui n’ouvre absolument pas la bouche en voiture et une radio qui passe trois musiques. L’une d’elle est sympathique d’ailleurs, renvoyant aux douces compositions qui bercent des films français des années 70 et 80. Il en ressort comme un petit air de Vladimir Cosma. Mais ça ne suffit pas à faire oublier l’atrocité des trajets. La conduite est rigide (heureusement 99% du chemin est en ligne droite), sans aucun intérêt, plombée par la problématique de carburant. Quant à l’aspect visuel, on l’a dit un peu plus haut, c’est vide. Il y a bien quelque chose d’agréable dans la direction artistique choisie, mais c’est son exécution qui pose un problème. Road to Guangdong ne parvient pas à retranscrire le plaisir contemplatif qui est indissociable du road trip. Parfois les décors changent un peu, nous faisant passer de la campagne à une ville moderne, puis à quelques environnements plus anciens. Mais c’est léger, pas toujours très propre (clipping, voitures du trafic qui ne touchent pas le sol), monotone… Ennuyeux, malheureusement, même si l’ensemble ne dure guère plus de 2h30.
Creasy Buscemi vous présente Road to Guangdong en vidéo
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- Histoire bien écrite
- Joli hommage au Guangdong et ses traditions
- Sous-titres en français
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- Phases de conduite complètement ratées
- Même une Ferrari électrique aurait une meilleure autonomie
- Progression hachée à un rythme effroyable
- Techniquement à la traine
- Trois pistes musicales bien répétitives
- Finit rapidement par être répétitif, monotone