Test : Saints Row sur Xbox One
Dérapage incontrôlé
L’histoire de notre personnage (qui se passera de nom tout au long du jeu) débute dans le quartier général des Saints. La fête bat son plein, chaque protagoniste étant occupé à ses affaires, lorsqu’un homme d’affaire débarque, demandant à voir le boss, autrement dit : nous. Il est introduit dans notre bureau et avant même de le rencontrer, notre personnage se regarde dans la glace. C’est le moment idéal de créer votre avatar avec l’outil de personnalisation fourni par le jeu. Un outil d’une richesse et d’une précision incroyable qui permet à la fois de créer un héros à notre image, ou de donner vie à une entité à la peau rouge et aux yeux démoniaques. Une fois que c’est fait et que vous êtes prêts (il est intéressant de noter qu’il sera possible de changer son personnage à tout moment du jeu), arrivent les ennuis, puis un flashback qui nous emmène quelques mois plus tôt et nous permet de suivre l’entièreté de l’histoire, notamment la création et la naissance des Saints.
Du côté du scénario, Saints Row se montre aussi simple qu’efficace. On réalise des missions totalement déjantées aux commandes de notre personnage adepte de meurtres, et accompagné par une bande de potes totalement délurée. Neenah est une férue de voitures, tandis que Kev est un as de la cuisine, doublé d’un DJ hors pair qui se balade systématiquement torse nu. Elli, quant à lui, est le cerveau de la bande et se montre plus mesuré, bien que totalement fan de karaoké. Vous l’aurez donc compris, l’équipe est hétéroclite et offre des échanges savoureux et agréables à suivre entre les différents protagonistes qui se montrent même, par moment, attachants. Je vous passe les détails concernant ceux qui rejoindront vos rangs par la suite, mais ils sont aussi sympathiques que ceux précédemment cités. Bref, il ne s’agit pas tant de suivre une histoire incroyablement surprenante et hautement intellectuelle que de suivre une bande d’amis qui, au fil de l’aventure, parvient à hisser leur clan vers les plus hauts sommets.
Pour parvenir à leur objectif et faire des Saints la référence de la ville, le jeu vous propose de gérer deux choses : votre planque et votre empire. Pour le premier des deux, c’est très simple. Vous disposez d’une église dans laquelle se trouvent vos recrues ainsi que vos amis. Il y est possible d’y récupérer votre voiture, de modifier votre style ou encore votre arsenal. Différents espaces sont réservés à des objets que vous débloquez au fil des missions et qui permettent de personnaliser les lieux : canon, toilettes publiques, couteau… Tous les éléments de décor sont d’ailleurs tirés de vos différentes escapades. Par contre, dites-vous bien que les espaces sont prévus et réservés et qu’il ne s’agit pas de jouer aux SIMS et de construire votre planque de A à Z. Concernant la gestion de l’empire, cela se passe également sur place. À l’étage se trouve une table sur laquelle se trouve une carte de la ville. Différents emplacements sont entourés que vous pouvez sélectionner. Vous devez ensuite choisir quel business vous comptez développer : gestion des déchets radioactifs, trafic de drogue… Chacun de ces espaces permet de récolter de l’argent en fonction de votre temps de jeu. Plus vous réaliserez des missions pour ces business, plus votre gain sera important.
Et si sur le papier cette gestion de l’empire se montre alléchante, dans les faits, c’est un peu plus compliqué. Le problème tient au fait que les missions qui vous sont données sont excessivement répétitives. Un exemple : pour la gestion du garage, il vous est demandé d’aller récupérer quatorze voitures disséminées sur la carte. Un autre exemple : il vous faut ramener des camions détenant des déchets radioactifs à la base. Vous le faites une fois, c’est drôle et amusant. Mais au bout de la sixième ou septième fois, c’est redondant. Du coup, hormis le fait que cela offre un contenu assez important au jeu, on a vite l’impression de tourner en rond. C’est d’ailleurs le cas pour les activités annexes qui sont également réparties sur toute la map et qui finissent par se ressembler à peu près toutes : soit il faut conduire un véhicule à tel endroit en un temps limité, soit on se contente de tuer tous les ennemis qui se trouvent sur notre chemin. Alors oui, il y a des escortes, des courses de voiture, des missions en vol… Et oui, certaines sont drôles et parfois originales (comme le jeu de rôle), mais quand même ! Au bout de quelques heures de jeu, la lassitude pointe le bout de son nez.
Cette lassitude, par contre, ne sera pas présente lors des missions principales qui s’enchainent assez rapidement, en utilisant votre téléphone. Ce dernier est d’ailleurs un élément important qui est au cœur du gameplay puisqu’il permet d’utiliser un grand nombre d’applications. Il y a, bien entendu, la map de la ville, mais également de quoi se changer à tout moment, ou encore une appli pour faire appel à vos contacts pour qu’ils vous aident. Vous pouvez également consulter vos missions ainsi que des défis qui vous seront donnés : foncer dans l’arrière de quinze voitures, voler et rebondir sur plusieurs personnes… Certains sont simples, d’autres par contre sont nettement plus corsés. Au registre de la personnalisation, il y a également une application « atouts » qui permet d’offrir quelques avantages à votre personnage, ces derniers se débloquant d’ailleurs en réalisant des missions et des défis, tandis que celle nommée « aptitudes » vous permet d’assigner à votre gâchette quatre compétences qui sont particulièrement utiles et dévastatrices en combat. Reste « l’appareil photo » qui permet d’immortaliser certains moments, de débloquer des points de déplacement rapide sur la map ou encore de réaliser quelques activités annexes, l’application « Wanted » qui vous demande d’aller éliminer une cible, ou la « liste d’écoute » qui vous permet de sélectionner les morceaux à écouter, notamment au volant. L’ergonomie de l’ensemble est bien pensée et réactive, c’est un bon point !
Venons-en maintenant au gameplay ! Oubliez l’idée même de jouer à un jeu réaliste, Saints Row ne joue clairement pas sur le même terrain que GTA et propose un gameplay qui se veut résolument plus arcade. Les gunfights sont nerveux à souhait (et corsés pour peu que vous jouiez dans une difficulté supérieure), sans être exigeantes. La visée est d’ailleurs assez instinctive et réactive. Du côté de la conduite, par contre, c’est encore autre chose. Les véhicules répondent assez bien à nos commandes et l’impression de vitesse est satisfaisante. Par contre, il faut clairement se faire à la maniabilité et au fonctionnement des dérapages qui sont brutaux et totalement irréalistes. Un simple appui sur une touche et votre voiture drifte sans arrêt. Petit ajout sympathique et relativement satisfaisant de cet opus : il est possible en appuyant sur la touche X et en indiquant une direction latérale (gauche ou droite) de rentrer dans une voiture qui vous poursuit, ce qui aura tendance à l’envoyer dans le décor ou à l’exploser. C’est franchement drôle et cela rappelle les sensations que l’on a pu avoir dans certains jeux comme Burnout, ce qui n’est vraiment pas pour nous déplaire.
Un petit mot sur la personnalisation des éléments du jeu. Saints Row est un titre qui plaira énormément aux joueurs qui adorent prendre le temps de paramétrer tout leur équipement. En effet, il est possible de modifier de nombreux éléments sur les armes (de leur apparence à leurs caractéristiques), mais aussi et surtout sur les voitures. Elles disposent d’une palette incroyable d’éléments de personnalisation (dont certains se débloquent avec les missions ou activités annexes) qui offrent la possibilité de créer des véhicules totalement fous. Il est également possible d’acheter des améliorations (kit tout terrain ou nitro, par exemple) qui améliorent considérablement la conduite. C’est vraiment l’un des points forts du jeu : l’expérience du titre sera forcément différente d’un joueur à l’autre.
Par contre, là où Saints Row était attendu (surtout après son report de plusieurs mois), c’est sur le plan technique. Et sur ce point, sans que ce ne soit la douche froide absolue, il est évident que le jeu est une belle déception. Le monde ouvert, la ville de Santo Ileso, n’est pas immense (ce qui n’est pas un reproche en soi), et pourtant le titre fourmille de dizaines de bugs en tout genre : éléments qui scintillent ou qui apparaissent et disparaissent sans cesse. Gestion des lumières (notamment quand le soleil se couche ou se lève) catastrophique. Gestion des collisions indécente (même si cela provoque des bugs qui sont drôles et qui vont venir garnir la toile d’ici quelques jours si une mise à jour day one n’est pas déployée). On n’est pas encore au niveau de Cyberpunk sur Xbox One, mais on s’en rapproche tout de même ! Il faut d’ailleurs savoir que ce test a été réalisé sur Series X. En termes de direction artistique, la ville se trouve en plein désert et elle est tristement vide. Les gens se promènent ça et là, sans aucun réalisme. Ils ne font que marcher, et font rarement (voire jamais) d’autres activités. L’ensemble manque de cohérence et de vie, et clou du spectacle, certaines missions ne peuvent pas se finir car les adversaires n’apparaissent pas au bon endroit. Impossible dès lors d’aller les chercher sans sortir de la zone de mission… En 2022, et après un report de nombreux mois, c’est évidemment inadmissible ! Et cela entache clairement l’expérience de jeu qui, sans être révolutionnaire, a le mérite d’être fun.
+
- Personnages attachants et drôles ;
- Missions principales originales et variées ;
- Fun ;
- Contenu important ;
- Fidélité aux jeux originaux.
-
- Répétitivité des missions annexes ;
- Bonnes idées, mais mal exploitées pour certaines ;
- Direction artistique fade ;
- Monde ouvert sans vie ;
- Bugs, bugs, bugs !