Jeux

SCHiM

Plateformes | Développé par Ewoud van der Werf

7/10
One : 18 July 2024 Series X/S : 18 July 2024
15.07.2024 à 14h43 par - Rédacteur en Chef

Test : SCHiM sur Xbox Series X|S

Under the SCHiM

SCHiM fait partie de ces petits jeux indépendants qui ont su attirer l'œil par leur singularité. Imaginé par les développeurs néerlandais Ewoud van der Werf et Nils Slijkerman, le titre a ainsi eu droit à plusieurs mise en lumière au travers d'événements comme le PlayStation Indies, le Day of the Devs et plus récemment un Indie World de Nintendo. Autant d'occasion de saisir le concept du jeu, avant de déterminer ce qu'il vaut réellement manette en mains.

SCHiM c’est tout d’abord l’histoire d’une ombre. Dans un monde où certaines d’entre elles sont vivantes, on incarne l’alter égo d’un jeune homme que l’on voit grandir au travers de quelques passages de sa vie d’enfant, d’adolescent puis d’adulte. A un stade où la malchance semble s’abattre sur ce personnage, celui-ci est brutalement séparé de son ombre. Un événement qui marque concrètement le point de départ de cette aventure qui s’apparente à une sorte de puzzle-game découpé en 65 niveaux. Si le concept du jeu induit nécessairement l’absence de dialogues, cela n’empêche pas le titre de nous raconter une véritable histoire par de petites mises en scène qui nous permettent de raccrocher ce semblant de scénario à notre propre quotidien. Une enfance heureuse, une scolarité aboutie, des déceptions amoureuses et des impondérables déprimants, SCHiM nous glisse subtilement dans une vie tout à fait normale que l’on suit néanmoins avec intérêt.

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Et pour cela, comme on le disait, le titre nous propose de traverser plusieurs tableaux tirés de la vie d’un individu, en mettant tout en œuvre pour venir retrouver sa place auprès de son alter égo. Le joueur incarne donc un schim, une sorte de petite grenouille toute noire qui ne survit qu’à travers les zones d’ombres. Elle peut ainsi se déplacer librement dans les endroits ombragés, et progresser d’une zone à l’autre en sautant. Un concept très accessible, complété tout de même par quelques petites subtilités qui permettent de donner un peu de profondeur à cette mécanique originale mais horriblement simpliste. Pour résumer grossièrement, SCHiM est en réalité un puzzle-game agrémenté de phases de plateformes, et dans lequel vous devez rejoindre un point précis sans être exposé trop longtemps au soleil.

Et c’est à la fois une bonne idée et le principal défaut du jeu. Assez rapidement, on se rend compte que les séquences de gameplay, en particulier les sauts, manquent de précision. La faute notamment à une vue isométrique qui ne permet pas toujours d’apprécier la distance qui sépare deux zones, ou sa position exacte. Heureusement, il est tout de même possible de choisir entre quatre angles de caméra, ce qui facilite un peu les choses sans parvenir toutefois à tout solutionner. Pour varier les situations, les développeurs ont inclus la possibilité d’interagir avec certains éléments du décor. A condition d’être situé dans sa zone d’ombre, il est ainsi possible d’abaisser une barrière, de lever la fourche d’un chariot élévateur ou de faire passer un feu tricolore au rouge ou au vert. Des interactions qui permettent d’allonger ou déplacer une zone d’ombre, ou d’influer sur le trafic et donc les véhicules. Un concept assez bien trouvé, mais là aussi beaucoup trop limité pour nous embarquer totalement, et surtout rapidement répétitif au point de forcer le joueur à y aller par petites sessions de jeu.

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Pour tenter de limiter le côté trop linéaire du jeu qui ne consisterait qu’à sauter ou à activer des mécanismes, les niveaux proposés par SCHiM s’appuient énormément sur le mouvement et il est parfois nécessaire d’analyser ou de tâtonner pour trouver un moyen de progresser. Le trajet d’un vélo, d’une voiture ou d’un camion, le vol d’un oiseau ou même le déplacement d’un piéton, tout est bon pour rejoindre un point d’intérêt. Pas de risque de se perdre d’ailleurs, il est toujours possible d’utiliser une gâchette pour centrer la caméra sur l’objectif à atteindre, une excellente idée pour éviter tout sentiment de frustration. On le répète mais malgré tout c’est le sentiment de redondance qui pointe assez vite son nez, avec des situations qui peinent à se renouveler, et cela malgré l’ajout de quelques éléments qui visent à diversifier l’expérience. On pense notamment aux passages de nuit, où la luminosité des lampadaires, des éclairs ou des phares de voitures demandent d’adopter une logique différente. Même chose avec les collectibles à ramasser, qui poussent le joueur à la curiosité et à l’exploration de chaque zone, même si on regrette que ceux-ci soient plus ou moins bien identifiés selon les niveaux.

Les développeurs derrière le jeu ont pourtant tenté d’apporter un peu de diversité aux environnements traversés avec des lieux communs comme le supermarché, le parc, la ferme, la plage ou encore le zoo. Le plaisir de la découverte s’accompagne d’une direction artistique plutôt réussie qui nous plonge dans un univers monochrome, aux teintes qui varient de niveau en niveau. Toutefois, certains lieux ont tendance à être répétés jusqu’à l’overdose, notamment l’environnement urbain, ses rues, ses feux tricolores et ses passages piétons, qui reviennent régulièrement entre deux tableaux plus originaux. Pas de bugs à signaler, et une bonne rejouabilité pour ceux qui auront l’envie de se corser la tâche avec la possibilité de supprimer le saut bonus, ou un mode punitif qui vous demandera de faire un sans-faute dans chaque niveau. La possibilité de revenir sur chaque tableau déjà terminé grâce au chapitrage est également une bonne occasion pour récupérer les collectibles ratés. On note, pour finir, l’absence d’équilibrage entre les niveaux, parfois assez longs et fastidieux en début de jeu, ou qui se termine très facilement en quelques secondes seulement sur la fin.

7/10
De par son univers atypique, SCHiM amène un petit vent frais sur la scène indépendante, tout en parvenant à raconter une petite histoire muette. Malheureusement, et même s'il fait preuve de bonnes idées, le gameplay montre rapidement ses limites et force à enchainer des niveaux qui peinent à se renouveler. Le titre imaginé par Ewoud van der Werf et Nils Slijkerman s'apprécie ainsi à petites doses pour qui souhaite éviter l'écœurement, et avec un peu de rejouabilité pour qui souhaite en dénicher toutes les subtilités.

+

  • Game-design original et audacieux
  • Direction artistique agréable
  • Sympa, à petites doses
  • Un peu de rejouabilité

-

    • Un peu redondant à la longue
    • Difficulté mal équilibrée
    • Manque de précisions pour les sauts
    • Quelques angles de caméra parfois pénibles

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