Test : Shenmue 2 sur Xbox
You must believe in yourself…
Comme vous pouvez vous en douter, Shenmue 2 n’est autre que la suite du premier Shenmue (oui je sais, on voit le gars qui fait des longues études). Bercé par les flots, le navire de Ryo débarque à Hong-Kong un certain 23 février de l’an de grâce 1987 et vous voilà livré à vous-même. Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire de ce chef d’œuvre (honte à vous, bande d’incultes !!), sachez que dans le premier Shenmue, Ryo Hazuki (le héros) voit son père se faire tuer sous ses yeux par un dénommé Lan Di. Jurant de venger la mort de son auguste père, Ryo suit Lan Di à Hong Kong, théâtre de Shenmue 2. Vous voilà arrivé avec pour simple indice, une lettre d’introduction à un certain Lishao Tao. Là, l’aventure commence pour de bon. A cette heure-ci de la journée, la zone portuaire de Hong-Kong est très bruyante, et Ryo se fait stopper par plusieurs passants. Partant de zéro, il vaut mieux la jouer profil bas pour l’instant et éviter de se faire remarquer. Guidé par les premiers indices que vous donnent certains passants, on évolue rapidement, et il devient très difficile de lâcher le paddle. On veut en savoir plus, toujours plus, sur ce qui va se passer, sur comment Ryo va se sortir d’une mauvaise passe. On se surprend même à crier « Ryo, mais non, bouge-toi, il va te bouffer, cours, courssssssssss !!! » (ndEd : je plains les voisins). La magie de Shenmue, c’est d’arriver à ce que Ryo et le joueur ne fasse plus qu’un. AUCUN autre jeu, dans ma propre expérience, ne m’a autant impliqué dans l’histoire et ne m’a permis une telle immersion dans le monde du héros. D’autant plus que l’action et le nombre de révélations sur l’histoire de la saga augmentent tout au long de l’aventure, le sentiment d’osmose parfaite avec Ryo se fait donc de plus en plus fort. Le moindre détail nous émerveille, la moindre activité annexe devient passionnante, et l’on se met à gambader dans les rues par pur plaisir. Un régal monumental. Le jeu possédant 3 villes à visiter, chacune 10 à 15 fois plus grande que Dobuita (la ville du 1), et environ 1000 personnages à interroger, vous aurez largement de quoi faire. Cela peut paraître énorme à gérer, mais le jeu est lui-même ENORME. Shenmue est un jeu à part, et ceux qui seront capables d’en saisir toute la portée, vivront des instants qui figureront certainement parmi les meilleurs moments de jeux vidéo de leur vie de « gamer ».
Life is wonderful, Ryo…
Je ne fais que vous parler que d’immersion totale, d’osmose, de chef d’œuvre, mais sachez que je n’exagère absolument pas sur les termes employés. Cette immersion, Shenmue le doit aussi à la manière dont il se joue et dans les environnements dans lesquels on évolue. Dans les dizaines de rues que vous allez arpenter, vous allez rencontrer des marchands, des maîtres d’arts martiaux, des vendeurs d’antiquaires…Vous devrez aussi gagner votre propre croûte en effectuant divers travaux assez pénibles (comme dans la vraie vie en fait). La gestion de votre budget est indispensable pour espérer progresser rapidement dans Shenmue. De même, les petits détails fourmillent sur les briques des maisons, sur les vêtements des PNJ….Mais très vite, l’emprise du scénario, diaboliquement bien conçu, reprend le dessus. Celui-ci est parfaitement ficelé du début jusqu’au générique de fin, et l’on a jamais l’impression que la durée de vie a été rallongée artificiellement, comme ce fut le cas avec le premier Shenmue. Chaque élément a sa place et son utilité, à un moment donné de l’aventure. Le jeu fournit quelques réponses aux questions que l’on se posait dans le 1, et pour tout fan de Shenmue qui se respecte, ces découvertes sont symboles de jouissance suprême. Bien sûr, cette aventure ne sera pas de tout repos : Ryo rencontrera beaucoup d’adversaires plus ou moins coriaces, qu’il pourra éliminer de 2 manières. Soit en combattant, soit par l’intermédiaire d’un QTE. Les combats se déroulent de la même manière que dans Virtua Fighter : un bouton pour les poings, un pour les pieds, un pour les projections et un pour l’esquive. Souvent en surnombre, certains de vos combats vous réservent de très désagréables surprises (je vous laisse le soin de découvrir lesquelles…). Les QTE sont quant à eux des événements très courts, où vous devez appuyer rapidement sur une touche qui s’inscrit à l’écran l’espace de quelques instants. Judicieusement placés tout au long de votre quête, ils donnent une pêche monstrueuse aux passages clés du jeu et diversifient le gameplay de fort belle manière. Ceux-ci sont nettement plus nombreux qu’avant et c’est tant mieux. Le gameplay pendant les phases d’aventure pure est bon, quoiqu’un peu rigide pour certains (hé ho Shann je parle de toi), et a subi quelques améliorations par rapport à l’épisode précédent (Ryo s’arrête de courir face à un mur…) qui se devaient d’être présentes. En tous cas, celui-ci est tout à fait adapté au jeu et au bout de quelques minutes, on ne soucie plus de ces quelques petits détails, on est complètement happé par l’immensité du chef d’œuvre que l’on découvre petit à petit, avec un émerveillement sans cesse renouvelé.
Listen to that song, traveller…
Plus qu’un jeu, Shenmue est une véritable représentation
miniature de la culture japonaise. Vous allez rencontrer divers maîtres d’arts
martiaux qui vous apprendront des coups provenant de différentes disciplines,
c’en est tellement beau que l’on peut comparer ces mouvements à de la
chorégraphie de ballet. Ensuite, libre à vous de vous entraîner à l’exécution de
ces coups pour pouvoir les maîtriser, et les rendre plus destructeurs, vous
sauvant d’une situation difficile pendant un combat mal engagé. Le meilleur
symbole de cette institution est l’école d’arts martiaux que vous découvrirez au
tiers du jeu. Des dizaines d’élèves exécutent une chorégraphie superbe dans une
parfaite synchronisation. Magnifique. Attendez, j’ai encore mieux : les
musiques. Je ne pense pas que la langue française possède de superlatifs assez
forts pour vous décrire les frissons qui me traversent tout le long du dos
lorsqu’un des thèmes commence. Pourtant, les musiques traditionnelles japonaises
et chinoises sont loin d’être ma tasse de thé. Piano, violons, tout se mêle dans
une parfaite harmonie qui rend chaque instant encore plus poignant, et qui vous
feront vous remémorer certains passages du jeu, même plusieurs mois après avoir
terminé cette vision de la (quasi) perfection vidéo-ludique. Pour tout vous
dire, je ne pense pas avoir entendu des thèmes plus beaux, plus chargés en
émotion, que ceux de Shenmue 2 (dans un jeu vidéo bien entendu). A l’époque,
j’avais trouvé ceux de Morrowind merveilleux, mais Yu Suzuki et le Kanagawa
Philarmonic Orchestra ont placé la barre encore un cran au-dessus.
Ryo, you’re a nice boy
Si il est bien une chose que je peux reprocher à Shenmue
2 Xbox, c’est son manque de réelles innovations par rapport à la version
Dreamcast, pourtant sortie fin 2001. On peut expliquer en partie ce retard par
le fait que toutes les voix de tous les personnages soient dorénavant dans la
langue de Shakespeare et non plus dans celle du pays du soleil levant. Au vu du
nombre de personnages présents dans le jeu, on peut comprendre le pourquoi du
retard mais les voix japonaises originelles étaient parfaites. Les voies du
marketing sont impénétrables….Tous les dialogues sont en anglais, comme le
carnet de bord de Ryo (où il note tous les indices qu’il trouve). J’en vois déjà
certains pester contre Sega mais sachez que le niveau d’anglais requis pour
apprécier Shenmue 2 n’est pas très élevé. Shenmue 2 est accessible à toute
personne étant allée en cours d’Anglais jusqu’en 4ème, vous ne devez pas (et
vous ne pouvez pas) vous priver d’une telle merveille pour ce simple détail «
matériel ». Techniquement, le jeu n’a pas beaucoup évolué. Certaines textures
ont été lissées (notamment l’eau), les ralentissements ont disparu (c’est la
moindre des choses), un « blur » a fait son apparition pendant les combats et un
effet de glow fait scintiller de fort belle manière les pancartes lumineuses qui
s’allument une fois la nuit tombée sur le monde féerique de Shenmue. Le jeu
reste superbe et bourré de détails, mais on sait que la Xbox aurait pu (et
aurait dû) faire mieux, surtout avec le laps de temps qui s’est écoulé entre les
2 versions (certains PNJ restent un peu carrés, comme sur DC par exemple). Au
niveau des suppléments de cette version, notons les possibilités amusantes de
pouvoir ajouter des filtres de couleurs sur l’image et de prendre des photos en
plein jeu, lorsque vous sentez qu’une action est mythique. Sympathique. Vous
trouverez aussi le dvd « collector » de Shenmue the Movie regroupant les
meilleurs moments des 2 premiers Shenmue. Une nouvelle fois, celui-ci reste
avant tout destiné aux fans. Au vu de ce manque de nouveautés, le jeu est loin
d’être indispensable pour les personnes qui ont déjà parcouru ce jeu de légende
en long, en large et en travers. Mais pour les autres, celui-ci devient
impérativement et sans excuse possible, votre prochain achat Xbox. M’en fous que
vous n’ayez pas de sous, le nombre de hold-ups diminue, alors vous savez ce
qu’il vous reste à faire…
+
-
- Très peu d'évolution depuis la version DC, le jeu demeure toutefois superbe encore aujourd'hui avec un souci du détail qui en étonnera plus d'un.
- On peut critiquer le fait que la maniabilité n'ait pas evolué depuis le tout premier Shenmue. Cependant, on s'y fait très vite, et on maîtrise très rapidement toutes les commandes.
- Comptez une trentaine d'heures pour en venir à bout, sans oublier que le jeu posséde une excellente "replay value"
- La perfection même. Difficile de trouver musiques plus émouvantes de mémoire de gamer (oui oui même celles de FF7...).
- Un réservoir d'émotions, une aventure fantastique dont vous ne ressortirez pas inchangé. Des jeux comme il en existe trop peu mes amis...
- Les saccades de la version DC ont (heureusement) disparu. Tout est parfaitement fluide, et le petit monde de Shenmue donne une réelle impression de vie, impressionnant.