Test : Shinobi: Art of Vengeance sur Xbox Series X|S
Et cette opération je l'ai baptisée... l'opération ninja !

Shinobi fait partie de ces licences que les joueurs des consoles SEGA associent à une certaine époque, une certaine philosophie de jeu. Pour le meilleur, le plus souvent. Nous sommes dès lors très heureux de voir que sa renaissance sur Xbox Series X|S – et les autres supports actuels – a été confiée aux soins des Français de Lizarcube. Le travail formidable qui avait été fait pour donner vie à Streets of Rage 4 nous incite forcément à attendre de Shinobi: Art of Vengeance un beau moment de jeu vidéo. On pensait Joe Musashi, héros de Shinobi, profitant d’une retraite paisible et bien méritée dans son village, auprès de sa femme et de son clan. Lui aussi d’ailleurs pensait cela, puisque c’est précisément dans ce contexte empli de douceur que s’ouvre cette nouvelle aventure.
Mais il ne faut guère attendre plus de quelques minutes pour voir s’abattre l’enfer sur le monde de Musashi : l’attaque menée par les soldats de l’ENE Corp ne laisse aucune chance au clan, anéantissant toute vie sur son passage. Pas de quoi faire plier notre ninja cependant, lequel entreprend sans attendre de partir aux quatre coins du pays pour éliminer la menace ENE Corp et son leader, le puissant Ruse. Contée au travers de brèves cinématiques et discussions sur fond fixe, l’histoire de Shinobi: Art of Vengeance est donc tout ce qu’il y a de plus traditionnel pour un jeu qui compte plutôt sur l’action pour embarquer le joueur avec lui. On suit néanmoins cela sans difficulté ni ennui, le scénario s’en tenant à ce qu’il faut pour éviter l’un ou l’autre de ces écueils.
Shinobi: Art of Vengeance se pose comme un jeu d’action/plateforme en 2D – plus ou moins comme on l’a connu par le passé – composé d’une douzaine de niveaux. On voit ainsi du pays, que ce soit en ville, dans le désert, dans un complexe militaire sous-marin ou bien le long d’un train : ce Shinobi ne manque pas d’inspiration pour nous faire voyager. Il s’appuie sur une direction artistique efficace, mêlant habilement folklore japonais, modernité, futurisme à la sauce cyberpunk, pour nous inviter à faire face à un vaste bestiaire dans des conditions sans cesse renouvelées. Aucun niveau ne ressemble vraiment à un autre. Mais c’est aussi grâce à sa prestation technique impeccable que Shinobi: Art of Vengeance fait mouche.
La 2D est superbe, très détaillée, vivante, avec des arrière-plans animés en quasi-permanence. Le tout est appuyé par une bande-son au moins aussi bien confectionnée : que ce soit pour les musiques ou les bruitages et les nombreux sons d’ambiance, le jeu de Lizardcube est doté d’une réalisation impeccable. En dehors d’un combat de boss en particulier où quelques ralentissements ont pu se faire sentir, Shinobi: Art of Vengeance est une réussite visuelle totale. Une beauté qui ne se fait aucunement au détriment de la lisibilité de l’action, élément crucial s’il en est.
Cette nouvelle aventure du ninja Joe Musashi peut être, selon que l’on joue en difficulté par défaut ou bien que l’on s’aide de nombreuses options de facilitation (dégâts reçus réduits, réapparition proche, dégâts infligés augmentés, etc), une expérience tout de même assez exigeante. Jamais insurmontable, mais pas pour autant offerte sur un plateau. Les principaux niveaux sont longs et font se succéder plateforme et combat à un bon rythme, en adoptant une structure semblable à celle d’un Metroidvania. Il y a donc les zones de passage obligatoire, puis celles qui nous offrent une récompense si l’on parvient à surmonter ses nombreux pièges ; il y a aussi bon nombre d’accès que l’on ne peut franchir que plus tard, une fois que l’on a débloqué une certaine compétence. A ce sujet, Shinobi: Art of Vengeance gère plutôt bien la progression en permettant à son héros de disposer progressivement d’un grapin, d’un coup briseur d’obstacles ou encore d’un parapente pour dompter les courants d’air et se hisser là où cela semblait impossible.
Si l’essentiel des phases de plateforme est assez basique, le jeu nous impose régulièrement de tester nos réflexes et notre précision en mettant à profit ces compétences nouvellement débloquées. On en apprécie dans l’ensemble le bon équilibrage, bien que certaines phases auraient probablement mérité un petit coup de rabot. Cette sensation que les choses sont parfois un poil trop longues se retrouve régulièrement à l’intérieur des niveaux principaux : le jeu flirte ostensiblement avec les limites de notre patience, surtout lorsqu’il impose des tâches répétitives, sans toutefois la briser.
Si Shinobi: Art of Vengeance passe furtivement entre les mailles du filet, c’est aussi parce que du côté de l’action, de la baston, il se montre terriblement efficace. Dès le départ, alors que l’on est encore loin d’avoir acquis la large panoplie de capacités et d’attaques magiques, le ninja dépote : coup rapide, coup puissant, jet de kunai (en nombre limité), attaques sautées et autres dash se mêlent avec facilité pour créer de jolis combos. Plus tard, on acquiert des capacités magiques comme le jet de flamme, la posture de contre, l’attaque électrisante ou encore le poing brise-armure pour augmenter les possibilités ; en utilisant les pièces récoltées à chaque ennemi vaincu, on peut aussi débloquer de nouvelles combinaisons d’attaques, renforcer la vie et la magie.
Enfin, quatre pouvoirs majeurs, utilisables ponctuellement une fois la jauge de rage chargée, permettent de se sortir éventuellement d’une situation délicate. Soit en attaquant tout ce qui se trouve à l’écran, en créant un bouclier de protection ou en redonnant toute sa vie au ninja. Il est bon de noter d’ailleurs que l’on n’embarque jamais de consommables dans Shinobi: Art of Vengeance. Récupérer des points de vie passe par l’ouverture de coffres disséminés ici et là (mais pas en quantité énorme), par le passage une première fois devant un point de contrôle ; mais la solution la plus commune et pratique consiste à en récupérer en exécutant ses ennemis avec une commande spécifique.
En quelques mots, chaque ennemi dispose d’une barre d’endurance en plus de sa barre de vie : en attaquant d’une certaine façon, on peut vider l’endurance de l’adversaire et le rendre alors vulnérable à une attaque spéciale. Celle-ci est non seulement mortelle mais elle offre aussi un meilleur gain de pièces et surtout des points de récupération de vie. Il est ainsi nécessaire de bien gérer ses combats, de connaitre peu à peu ses adversaires pour tirer profit des exécutions et maintenir ainsi son niveau de vie au plus haut. Il faut avoir en tête que si Shinobi: Art of Vengeance n’est pas foncièrement difficile, son héros ne dispose pas de beaucoup de points de vie. Il n’est pas rare de se voir renvoyé au précédent point de contrôle après seulement une poignée de coups encaissés, contre les boss notamment.
Certains d’entre eux sont particulièrement agressifs, mais tous demeurent cependant intéressants à combattre. Un motif qui guidera peut-être certains joueurs vers le mode « Boss Rush » déblocable après la fin du jeu, au même titre que le mode Arcade qui invite à rejouer chaque niveau pour tenter d’obtenir la meilleure note. Terminer une première fois Shinobi: Art of Vengeance requiert une bonne dizaine d’heures, auxquelles on peut en ajouter encore 5 ou 6 si l’on entend explorer à fond l’ensemble des niveaux. Quel que soit l’attachement ou non à viser les 100%, Shinobi: Art of Vengeance reste une expérience très plaisante de bout en bout, à la fois fidèle à l’esprit d’origine et suffisamment ouverte pour apporter un véritable renouveau à la saga.

+
- Esprit de la licence au rendez-vous
- Réalisation très soignée
- Un certain sens de l’esthétisme
- Combats brutaux et dynamiques
- Bande-sonore de grande qualité
- Dimension Metroidvania plaisante
-
- Niveaux parfois trop longs
- Quelques pics de difficulté
- Quelques ralentissements lors d’un combat de boss en particulier