Test : Silent Hill f sur Xbox Series X|S
Le retour en grâce de l'un des rois de l'horreur

Silent Hill est un nom qui ne résonne pas comme celui d’un jeu d’horreur classique. Depuis le premier épisode, cette licence japonaise nous immerge dans un univers singulier entre horreur et psychologie, jouant toujours sur un flou scénaristique où réalité et fiction s’entremêlent habilement. Si vous êtes coutumier de la série, ce que propose Silent Hill f ne vous déboussolera pas. Pour les autres, par contre, sachez que cet opus est un jeu violent, sanglant et retors à bien des égards.
Pourtant, tout débute en toute simplicité : Hinako quitte la maison familiale après une dispute avec son père. Elle traverse alors sa petite ville d’Ebisugaoka qui se trouve être totalement déserte à l’exception de quelques amis d’Hinako et d’un brouillard étrange qui surgit en apportant son lot de tourments et de créatures plus dangereuses les unes que les autres. S’ensuit un périple à travers le village avec différents lieux clés (collège, maison de l’un ou de l’autre, sanctuaires…) à découvrir, où notre héroïne tente tant bien que mal de s’en sortir. Un voyage entrecoupé par des séjours courts et intenses dans un monde parallèle, guidé par un homme renard qui se présente comme un allié bien mystérieux.
Ce périple au cœur du Japon est indéniablement le point fort du jeu. L’histoire – qui n’est pas forcément simple à cerner – est dense et se penche sur de nombreuses thématiques réalistes qui font froid dans le dos. On évitera ici de les mentionner pour laisser au joueur le plaisir de découvrir tout cela, et on vous conseille d’ailleurs de prendre le temps de lire tous les documents qui sont disséminés dans le jeu car ils apportent une réelle densité au propos. Le New Game+ fait également partie intégrante du scénario et si vous souhaitez découvrir le fin mot de l’histoire, il vous faut découvrir les multiples fins (cinq au total) qui sont mises à votre disposition et qui nécessitent de recommencer le jeu tout en respectant certaines conditions. Là aussi, Silent Hill f reprend un concept bien connu de la saga qui nécessite patience et détermination pour ceux et celles qui veulent aller au bout.
Mais une bonne histoire ne serait rien sans un cadre d’exception. C’est pour cela que nous allons nous attarder un tout petit peu sur le contexte de cet épisode qui nous plonge, pour la première fois, au cœur du Japon. Un Japon traditionnel sublimé par la direction artistique du titre qui se veut aussi et surtout particulièrement respectueuse de ce que les Japonais connaissent aujourd’hui. On retrouve donc des éléments typiques du pays du Soleil Levant comme ces distributeurs que l’on croise aux quatre coins du pays, des temples, de petits autels, des portails Torii ou encore des lieux où se purifier. L’intégration de tous ces éléments, couplée à une architecture japonaise traditionnelle, nous propulse, en quelques minutes à peine, au cœur du Japon. Cette immersion ne nous quittera pas un seul instant au cours de notre périple qui bénéficie, en plus, d’une ambiance qui a rarement été aussi soignée.
Cette ambiance est d’ailleurs le point d’orgue de Silent Hill f qui, propulsé par son histoire intrigante, son Japon traditionnel et sa direction artistique exaltante, peut également compter sur une bande son de folie. On la doit à Kensuke Inage, mais aussi à Akira Yamaoka qui effectue son retour après avoir travailler sur chaque épisode de la franchise. On retrouve donc des thèmes forts, marquants qui s’intègrent parfaitement aux scènes et cinématiques du jeu. Elles confèrent tantôt de la tension ou de l’appréhension à nos avancées dans les lieux feutrés, tantôt un côté mélancolique et triste pour les scènes plus fortes et plus prenantes. On se laisse vraiment porter par les compositions des deux hommes qui soulignent toujours le propos avec une extrême justesse. Du grand art, tout simplement. Vous l’avez donc compris, ce voyage à Ebisugaoka nous a totalement conquis, que ce soit au niveau du visuel ou de nos oreilles, c’est un régal absolu.
Venons-en maintenant au gameplay. Silent Hill f reprend peu ou prou le même principe que ses ainés, à savoir plusieurs phases de jeu alternant savamment exploration et affrontements. Petite nuance pourtant, dans ce nouvel opus, les développeurs ont clairement mis davantage l’accent sur le second aspect du jeu, ce qui se traduit par un plus grand nombre d’affrontements face aux créatures. Concernant la maniabilité de base, on dispose d’un système de commandes simples, efficaces et intuitives pour se déplacer et la possibilité d’employer toute une série d’objets grâce aux raccourcis placés sur la croix. Hinako peut également se défendre en employant des attaques légères (plus rapides) ou lourdes (plus lentes, mais plus violentes), tout en esquivant les attaques de ses adversaires, une première dans la série.
Ce mouvement d’esquive est d’ailleurs l’une des clés du fonctionnement du jeu qui, couplé au focus (un très léger ralenti) vous permet soit d’éviter une attaque, soit de contrer votre adversaire et de vous créer une ouverture pour frapper. Tout est ici une question de timing et d’observation et il faut avouer que, globalement, cela fonctionne plutôt pas mal. Cela étant, parfois vos ennemis ne vous offrent pas l’opportunité de les contrer, ce qui donne lieu à des mouvements difficilement évitables. Frustrant. C’est d’autant plus vrai qu’à certains moments, Silent Hill f nous embarque dans des lieux clos où la caméra montre ses limites. Ajoutez à cela ceux qui surgissent de nulle part (coucou les plafonds) ou encore ceux qui vous attendent au détour d’un couloir, bref toute une série de pièges parfois difficilement évitables qui font fondre votre vie comme neige au soleil…
Pour le reste, contrairement à Silent Hill 2 (le remake), Hinako ne peut employer pour se défendre que des armes blanches à la durabilité limitée. Toutes les attaques qu’elle lance viennent également grapiller sa jauge d’endurance, limitant ainsi ses mouvements. C’est complexe, d’autant plus que l’esquive aussi a un impact sur cette jauge qui, une fois vide, vous laisse à la merci de vos adversaires qui agissent sans aucune pitié. Vous devez donc agir avec prudence et ne pas hésiter, quand la situation se présente, à prendre vos jambes à votre cou. Cela vous permet ainsi d’éviter de perdre de la vie et d’utiliser des objets de soin ou encore d’abimer vos armes qui peuvent être réparées avec les outils que l’on récupère (rarement) au cours de la partie. Des outils qui prennent aussi de la place dans votre inventaire qui est lui-même limité. La partie gestion du titre est d’ailleurs très prononcée et vous devez faire régulièrement des choix sur ce que vous embarquez avec vous. Attention : contrairement à Resident Evil et son coffre magique, il n’est pas ici question de pouvoir stocker les objets en trop. Et ce n’est pas tout. Au-delà de la gestion de l’inventaire, de votre vie et de votre endurance, il y a également une jauge de santé mentale dont il faut tenir compte. C’est important et nécessaire, surtout dans les difficultés supérieures (trois au total) car vous risquez rapidement de vous retrouver en danger de mort si elle tombe à zéro. Silent Hill f est un jeu exigeant, vous êtes prévenus.
Cette gestion, on la retrouve également au cœur du système de progression et d’amélioration d’Hinako. En effet, arrivé aux autels de prière (qui permettent, entres autres, de sauvegarder), vous pouvez également faire des offrandes. En quoi consiste-t-elle ? Tout simplement à échanger certains de vos objets en foi, qui peut elle-même être employée pour améliorer votre barre de vie, de santé mentale ou votre endurance. À noter que pour y parvenir, il faut également récupérer des objets bien précis qui sont disséminés dans le village, au même titre que des sacs qui peuvent agrandir votre inventaire. C’est d’ailleurs ici que l’exploration prend tout son sens, car même si elle vous expose à des rencontres qui ne sont pas forcément les bienvenues, la fouille des lieux vous offre l’opportunité de récupérer des objets qui facilitent considérablement votre avancée. Un mal pour un bien, dira-t-on… De notre expérience, on peut en tout cas vous dire que les objets que l’on trouve sont disposés de manière équilibrée. On ne croule pas sous les soins, mais on en a assez pour affronter les périples qui se dressent sur notre chemin. C’est en tout cas largement suffisant pour créer une tension qui nous suit tout au long de notre aventure et qui est indéniablement positive dans ce type de jeu.
Et cette tension dont nous vous parlons, on la doit également au bestiaire du jeu qui rivalise de créativité pour nous proposer des créatures aussi étranges que répugnantes. Que ce soit les « simples » mannequins, les épouvantails ou encore les créatures sans visage, Hinako va avoir le plaisir de croiser une série de monstres variés tout au long de son périple. Un périple qui est également jalonné par quelques étapes importantes : les affrontements de boss. Si ces derniers ne sont pas nombreux, ils vous imposent tout de même une épreuve conséquente, non seulement car ils sont résistants, mais aussi car ils disposent d’un panel de mouvements assez variés. Et même si ces derniers ne sont pas toujours originaux, force est de constater qu’ils ont bénéficié d’un soin tout particulier au cours de leur création, ce qui les rend – pour certains tout du moins – absolument répugnants.
Dernier aspect du jeu – et non des moindres : les énigmes. Comme toujours dans les Silent Hill, outre l’exploration et les combats, le jeu de Konami nous délivre plusieurs énigmes à résoudre qui nous incitent à observer notre environnement ou encore à lire les documents / indices qui nous sont donnés. Dans la plupart des cas, tout nous a semblé parfaitement fonctionnel et il nous a fallu seulement cogiter quelques minutes pour parvenir à trouver la solution. Cela étant, on note tout de même que certaines d’entre elles ne nous ont pas forcément semblé suffisamment explicites, ce qui est assez dommage. On pense, par exemple, à ces horribles épouvantails qui se situent dans le champ. Un indice nous est donné et sur base de ce dernier, il faut dénicher le bon. Pas évident, pas simple, surtout quand la moindre erreur se solde par un combat à vous faire suer des litres de transpiration.
Un petit mot pour terminer sur l’aspect technique du jeu qui est tout simplement impeccable. Aucun bug n’est venu ternir notre expérience, notre test que nous avons mené sur Xbox Series X. Le titre dispose de deux modes : qualité et performance. Compte tenu de la proposition, nous avons décidé de sélectionner le premier des deux. Le titre affiche des environnements détaillés, des animations crédibles et une fluidité impeccable (limité en 30 ips en qualité contre 60 en performances). C’est du costaud et cela sert évidemment le jeu de Konami qui, pour le coup, nous livre vraiment un excellent titre.

+
- Direction artistique sublime ;
- Tension permanente ;
- Gestion de l'inventaire réussie ;
- Multiples fins ;
- Combats plus nerveux ;
- Histoire intéressante et surprenante.
-
- Caméra parfois confuse en milieu clos ;
- Fins multiples pour découvrir toute l'histoire.