Jeux

Silent Hill HD Collection

Survival Horror | Edité par Konami

6/10
360 : 29 mars 2012
08.05.2012 à 17h50 par |Source : http://www.xbox-mag.net

Test : Silent Hill HD Collection sur Xbox 360

À force de s'afficher comme étant la ville fantôme la plus délabrée du monde, Silent Hill a su s'attirer au fil des années une horde de touristes en quête de situations malsaines et autres autochtones dérangés. Il faut dire qu'avec ses quatre monuments de l'horreur inaugurés jadis dans les quartiers Playstation puis Xbox, la petite bourgade américaine a mérité son titre de lieu incontournable de l'angoisse, et de rites occultes. Un rien laissée à l'abandon, la ville de Silent Hill n'a pas résisté aux sirènes du ravalement de façade HD, très à la mode en cette époque. Pour le meilleur, ou pour la fear ?

Si vous nous rejoignez seulement…

Lorsque Konami confie en 1996 à Keiichiro Toyama l’adaptation en jeu vidéo d’une nouvelle de Stephen King, The Mist, l’éditeur nippon ne se doute surement pas un seul instant du séisme que s’apprête à dégager le jeune homme. Trois années plus tard et la perte de la licence officielle dans les dents, The Mist devient Silent Hill, la réponse cinglante de Konami à l’hégémonie de Capcom dans le domaine du survival-horror et de son enfant-roi Resident Evil. Cher lecteurs, nous allons dans ces quelques lignes parler d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Une époque où le jeu d’horreur était à la mode et nourrissait les ludothèques des adolescents du monde entier, où Leon Kennedy se dirigeait de manière empruntée à l’aide (ou plutôt malgré) des caméras vicieuses posées dans des endroits faisant la part belle aux angles morts. Une époque où finalement les sentiments prenaient le pas sur le gameplay, où la difficulté faisait partie intégrante du sentiment de survie instauré à grands renforts de shockers. Rassurez vous les jeunes, c’était le vieux temps !

À défaut d’une anthologie regroupant les quatre premiers épisodes de la saga, Konami nous livre dans sa bonté mesquine le deuxième et le troisième volet de la série. Deux pièces maîtresses, centrales même, au sens propre comme au figuré, du genre. Les plus anciens se rappellent peut-être encore de l’attente folle qu’a occasionné l’annonce de Silent Hill 2. Entre les trailers sidérants de l’époque et les opérations « commando » organisées par les marketeux géniaux de chez Sony/Konami (où la presse avait été « kidnappée » dans des véhicules militaires afin de tester le titre dans une vieille bâtisse), la mayonnaise est montée jusqu’à exploser le jour de la sortie du jeu, où votre serviteur s’était rendu dans son magasin fétiche afin d’être un des premiers à mettre la main sur la superbe édition de l’époque sur Playstation 2, avec le reportage de Fun TV à l’intérieur. Souvenirs ! Avant d’aborder plus en détails les points à remonter de cette réédition, rappelons juste que Silent Hill 2 est une œuvre terrifiante, magistrale et inspirée, là où Silent Hill 3, véritable suite du premier épisode malheureusement absent de cette compile, est une ode à l’horreur pure, intelligente et troublante. À moins qu’il ne s’agisse de l’inverse.

Restless Dreams

Dans la peau du tourmenté James Sunderland, triste badaud retournant à Silent Hill sous l’impulsion d’une lettre écrite par sa femme Mary, morte il y a désormais trois années, les codes de la série s’affirment. Laissant au joueur la possibilité de choisir son niveau de difficulté aussi bien pour les combats que pour les énigmes, ce deuxième épisode est tout simplement écrit avec une virtuose inégalée. En utilisant des thèmes aussi profonds et universels que sont l’amour et la mort, les développeurs de la Team Silent mettent en scène des personnages profondément marquants, noyés dans l’épais brouillard qui laisse place à des murs rouillés et ensanglantés quand la raison n’a plus sa place. Alors bien sûr, certains choix de gameplay, déjà déstabilisants à l’époque, peuvent faire figure d’épouvantail à l’heure actuelle pour les vieux piailleurs que nous sommes tous devenus. En mettant de côté les temps de chargement à chaque ouverture de porte, liés au hardware de l’époque et gardés tels quels dans cet edit, l’ossature même du gameplay s’articule autour d’une ville labyrinthique où le joueur doit trouver son chemin grâce à des cartes trouvées ici et là, tout en évitant de se faire manger par des monstres sauvages et en résolvant des énigmes plus ou moins alambiquées. Les caméras, qui suivent parfois un trajet pré-calculé pour plus de sensations fortes ou cadrent le personnage de manière bâtarde en laissant le joueur recentrer la vue de lui-même sur la pression d’une gâchette, indisposent.


Les commandes du personnage principal ensuite forcent à craindre les affrontements contre les créatures belliqueuses qui pullulent. Une touche pour la position de combat, une autre pour frapper/tirer, et c’est à-peu-près tout. Pas d’auto-lock à l’arme blanche pour certifier que la créature va bien se prendre le coup, entrainant la plupart du temps une riposte impossible à esquiver, pas de système pour parer une attaque, juste une gâchette à maintenir pour effectuer des pas de côté, totalement inutile in situ à cause de la vitesse qui ne l’est que de nom de James. De même, le système d’inventaire, très lourd, a encore moins bien vieilli. Lors d’une énigme à base de médaillons à placer dans le bon ordre par exemple, il faut lancer le gros plan sur l’objet en appuyant sur «A ». Lorsque aucun trésor n’est placé dans les encoches, James lit le texte lui indiquant de manière métaphorique dans quels trous placer les bons médaillons. Il faut ensuite ouvrir l’inventaire, choisir une médaille, la mettre dans une des encoches, puis recommencer l’opération avec les deux autres. En cas d’erreur, il faut alors relancer l’énigme, choisir le texte contextuel permettant d’enlever une ou plusieurs médailles, puis relancer encore l’inventaire afin de remettre les petits trésors, au tour par tour. Damned ! Silent Hill 3 garde à peu près les mêmes mécanismes pour un déroulement très proche. Plus axé sur l’action et le gore, avec des adversaires plus nombreux, plus véloces et résistants, ce troisième volet apporte des éléments troublants sur l’histoire de la ville maudite et de ses personnages centraux. Nous vous conseillons cependant de terminer le premier Silent Hill, disponible sur PSOne, avant de vous attaquer aux démons d’Heather, l’héroïne de cet épisode.

Are you blind or something ?

Lorsqu’une série tient une partie de son succès sur son brouillard « cache clipping » et ses textures crades souillées par un filtre granuleux appliqué à l’image, difficile au premier abord de comprendre le besoin de la retrouver dans une version HD, et donc intrinsèquement plus nette. Au-delà de toute interrogation philosophique sur le besoin de retrouver les titres horrifiques de Konami en version liftée, on ne peut que blâmer le travail chaotique de la team d’Hijinx pour cette réédition. La faute à des problèmes d’ordre technique tout d’abord. Silent Hill 2 voit par exemple son beau brouillard volumétrique de l’époque remplacé par une brume opaque enjolivée de quelques nuages fumants. Pire, certaines scènes sont carrément amputées du cet effet brumeux, ce qui a pour effet d’exposer au joueur les limites rectangulaires du niveau, lorsque ce dernier s’arrête sur un pont pour admirer le lac par exemple. Inadmissible, même si ces endroits vraiment ratés se comptent sur les doigts d’une main de trois doigts. Silent Hill 3 quant à lui souffre de quelques ralentissements, et d’un son qui se décale parfois dans les cinématiques. Des soucis d’ordre idéologique ensuite, avec un filtre granuleux trop discret, sans doute pour exposer le travail du studio sur les textures, mais qui du coup enlève un peu du charme nauséabond de la version d’origine. Ah, et ces cinématiques 4:3 upsaclées à la truelle ont de quoi faire frémir d’effroi.


Tout n’est pourtant pas forcément désastreux dans cette compilation, malgré les tares citées précédemment. Outre des détails que seuls les développeurs ou les acharnés peuvent remarquer (des enchevêtrements de polygones en moins, des corrections sur les ombres et les sources lumineuses), l’univers de Silent Hill en 16/9ème est clairement convaincant, même aujourd’hui. Sans doute grâce à une direction artistique et à un niveau technique déjà impressionnants sur les titres originaux, évidemment. Pas de cinématiques censurées comme on peut entendre à droite et à gauche, et le scénario de Maria pour SH2 est bien présent. Les voix remasterisées sont plutôt réussies (à part le souffle de James après un course), et les doublages originaux sont présents pour le deuxième volet (et uniquement pour ce dernier). Cette édition HD est donc clairement inutile à ceux qui possèdent déjà les jeux d’origine (et qui ont la version director’s cut de SH2). Par contre, les fans qui n’ont plus leurs reliques ou des consoles suffisamment vivantes pour les faire tourner, et qui pleurent tous les jours à l’idée de ne plus pouvoir jouer à leurs titres fétiches, n’ont peut-être pas à hésiter trop longtemps. Les petits nouveaux, eux, doivent de toutes façons découvrir les Silent Hill par tous les moyens, HD ou non, et malgré des mécanismes de jeu qui ont un peu pris aujourd’hui la poussière.

http://www.dailymotion.com/video/xnpzou

En replongeant dans le survival-horror d'antan grâce à cette édition HD de deux des meilleurs Silent Hill jamais sortis, il faut garder à l'esprit que dans ces titres autrefois adulés, les munitions sont rares et que la fuite est grandement encouragée. Pire, la maniabilité capricieuse rend impossible la totale maîtrise de son personnage, tandis que le moteur bricolé afin de repousser de façon intelligente les limites des hardwares de l'époque, à grand renfort d'obscurité, de brouillard, de filtre granuleux sur l'image, n'affiche que quelques centaines de polygones en simultané. Avec ses codes légèrement désuets, Silent Hill pourait troubler le néophyte. Le fan quant à lui retrouvera deux survival-horror légendaires, profonds, inspirés, géniaux. Deux aventures tellement fortes que même le portage HD d'Heijix en deçà des attentes ne peut atteindre. Mais comme le dit l'adage, « mieux vaut se souvenir d'un paradis en le quittant que de la transformer en enfer en y restant ».

+

  • Silent Hill 2
  • Silent Hill 3
  • Le tout fait pour nos TV HD

-

    • Des mécanismes forcément poussiéreux
    • Edition HD en demi-teinte, voire ratée à certains endroits
    • Pas de Silent Hill 1 ni 4
    • Aucun bonus