Jeux

Souldiers

Action | Edité par Dear Villagers | Développé par Retro Forge

8/10
One : 02 June 2022
31.05.2022 à 15h01 par - Rédacteur en Chef

Test : Souldiers sur Xbox One

Il y a de nombreuses morts après la mort

Est-ce que Dear Villagers est en train de devenir le petit éditeur français qui monte ? En tout cas c'est bien parti pour, avec des productions souvent bien choisie à l'image de The Forgotten City, Edge of Eternity ou encore Recompile, d'ailleurs tous disponibles sur le Xbox Game Pass. De quoi attirer l'attention sur les nouveaux projets de la société de Montpellier, et notamment sur Souldiers, un Metroidvania réalisé dans un style 16-bit par les développeurs espagnols de Retro Forge. Encore un coup gagnant pour Dear Villagers ?

C’est la guerre. Comme dans tout bon jeu d’heroic-fantasy qui se respecte, vous vous apprêtez à mener la guerre face à votre voisin belligérant. L’armée se dresse, s’apprête à mener le combat, franchit le canyon qui sépare les deux royaumes… puis pouf, plus rien, le trou noir. L’armée vient de se faire anéantir sur un coup de génie de votre adversaire décidément fin stratège. C’est le moment choisi par une valkyrie pour vous indiquer le chemin à suivre si vous voulez sauver votre âme, et éviter qu’elle n’erre pour l’éternité. Pas de promesse de vous conduire directement au Valhalla néanmoins, le Ragnarök se prépare et il va falloir partir à la rencontre d’un mystérieux Gardien pour espérer quitter Terragaya, cet endroit à mi-chemin entre le monde des mortels et le paradis des guerriers, dont vous faîtes partie.

Screenshot_Souldiers_05

Mais avant de vous lancer totalement dans cette quête, le titre de Retro Forge nous propose de choisir entre trois difficultés, de la promenade pas non plus hyper tranquille, à l’enfer sur Terre. Un choix peu courant dans le genre du Metroidvania. Autre décision cruciale à prendre : celle de sélectionner le type de héros que vous voulez accompagner dans ce monde qui va vite se révéler très hostile. Entre le guerrier, l’archer et le mage, chacun dispose de ses propres avantages et inconvénients avec notamment des aspects tels que la puissance, l’allonge et l’endurance qui diffèrent de l’un à l’autre. Un choix cornélien, d’autant qu’il ne pourra pas être changé en cours de jeu, contrairement à la difficulté qui peut être ajustée durant l’aventure.

Le jeu n’a pas encore commencé que, déjà, deux ou trois gouttes de sueurs commencent à perler sur votre front. Vous, complètement rodé au genre à tel point de connaitre les moindres recoins de certains Castlevania, vous demandez déjà où vous avez réellement mis les pieds. Et la première sentence arrive rapidement. Au terme d’un tutoriel où vous avez appris à sauter et à vous accrocher au rebord d’un mur, le bruit du gourdin vient s’écraser sur le coin de votre crâne. Le ton est donné d’entrée, et c’est enfin parti pour des séquences qui vont rapidement vous mener la vie dure. On regrette toutefois assez rapidement d’être légèrement gêné par une petite inertie bien présente dans les déplacements du personnage, sauts compris. Cela serait sans doute passé sans trop de problème dans un jeu à la difficulté moins relevée, mais cela entraîne nécessairement de la frustration, et sans doute un peu de mauvaise foi aussi, dans un jeu aussi exigeant.

E40vUh4WYAQOrrL

Car rien n’est simple dans Souldiers. Clairement, la partie Metroidvania est en réalité l’emballage du jeu. D’ailleurs, celui-ci est particulièrement joli avec des graphismes façon 16-bit très réussis, des animations qui le sont tout autant et une multitude de détails affichés à l’écran pour un résultat très convaincant. Le level-design apporte déjà quelques modifications par rapport aux standards du genre puisque le joueur se retrouve finalement à explorer plusieurs donjons plutôt qu’un seul. Leur densité, leurs embranchements, le nombre de coffres à récupérer et les nombreux passages secrets à découvrir soulignent l’énorme travail réalisé par les développeurs. Quelques compromis ont d’ailleurs été apportés pour faciliter la navigation avec l’affichage des portes fermées, ce qui permet de ne pas perdre trop de temps à la retrouver lorsque le joueur met la main sur la bonne clé. Mais cela n’empêche pas le fait de devoir réaliser de nombreux allers/retours pour trouver son chemin parmi le dédale de couloirs de la plupart des donjons. On apprécie d’ailleurs la variété des environnements et une certaine cohérence dans le level-design.

Au delà de ces quelques repères, il faut bien dire que Souldiers joue une carte originale en optant pour une difficulté que certains jugeront excessive. Malgré ses trois modes de difficulté, et un mode «promenade» annoncé en début de jeu, le titre de Retro Forge s’inspire clairement des productions de From Software pour proposer une expérience très délicate. Avec son bestiaire varié, il faut donc composer avec la nécessité d’apprendre les différents patterns des ennemis pour ne pas voir trop souvent l’écran du Game Over. Clairement, la première rencontre avec un ennemi est généralement synonyme de grand stress, même s’il s’agit d’un rat ou d’une chauve-souris, ce d’autant que l’utilisation du bouclier est soumise à une barre d’endurance et la roulade a besoin de quelques secondes pour être rechargée. Les points de sauvegarde paraissent alors très éloignés les uns des autres et c’est souvent avec grand soulagement que l’on en découvre un nouveau. D’ailleurs, quelques points de passage automatiques semblent avoir été inclus au dernier moment par les développeurs pour éviter une frustration importante liée à la perte d’une progression de plusieurs minutes. Côté durée de vie (celle du jeu, pas la votre qui est relativement courte), comptez une vingtaine d’heures, sans inclure les pertes de progression. A noter que des quêtes annexes sont également disponibles, avec notamment des chasses aux monstres.

souldiers-screen-5-1634626351540

Pour en revenir au gameplay, l’apprentissage est donc le maître mot, et l’enrobage proposé incite clairement le joueur à se dépasser. On le voit plus particulièrement sur les boss, souvent impressionnants et dont les patterns sont clairement définis. Chaque échec incite le joueur à vouloir prendre le dessus sur la prochaine tentative, et c’est une vraie satisfaction de voir que les divers essais deviennent de plus en plus efficaces, jusqu’à l’annihilation complète de l’ennemi. Au fur et à mesure de l’aventure, le gameplay gagne en profondeur avec des artefacts qui permettent d’ajouter de nouveaux mouvements comme le double-saut ou le dash. Des mécaniques qui offrent un peu de souplesse face à des ennemis toujours plus forts, mais aussi des accès vers de nouveaux chemins. Des orbes sont également à récupérer tout au long du scénario, et donnent la possibilité au joueur de changer d’éléments en optant pour le feu, le sable, l’électricité, le vent ou l’eau. Là aussi, cela ouvre de nouveaux passages, mais permet aussi d’augmenter son attaque et sa défense (ou l’inverse) en fonction de l’ennemi à éliminer. Un système sympathique qui s’utilise assez facilement avec le stick droit de la manette.

Entre l’enfer des donjons, le titre de Retro Forge propose des zones avec peu d’embranchements et quelques secrets à récupérer, toujours dans le but d’augmenter sa barre de vie (avec un système équivalent aux quarts de cœur de Zelda) ou de récupérer un pendentif qui augmente un peu les statistiques de notre héros. On regrette d’ailleurs que ces accessoires, mais aussi la montée en niveau grâce à la récupération de points d’expérience, aient finalement peu d’influence sur le gain de puissance. Même chose avec l’arbre de compétence, qui n’apporte pas le coup de pouce tant désiré pour alléger notre souffrance dans les combats. Une souffrance que l’on retrouve aussi dans certains passages de plateformes au passage. Autant dire que l’argent durement gagné finit plus facilement dans les poches du vendeur de potions de santé, obligeant à reporter l’amélioration de l’arme et du bouclier auprès du forgeron. Face à ce degré d’exigence, on en vient à pester contre les lags bien présents lors de chaque sauvegarde, des temps de chargements un peu longs même sur Xbox Series X, et surtout la sensibilité du stick gauche qui active sans arrêt la sauvegarde, le magasin ou même certaines portes par mégarde.

8/10
Souldiers s'adresse avant tout à un public exigeant. Passé ce constat qui rebutera de nombreux joueurs, même parmi les plus fervents défenseurs du genre, le titre de Retro Forge s'impose comme un titre accrocheur qui pousse toujours le joueur à se relever et à apprendre de ses erreurs. L'expérience s'avère aussi douloureuse que satisfaisante, et procure un véritable sentiment d'accomplissement après avoir vaincu un boss ou franchit un passage compliqué. Doté d'une direction artistique franchement réussie, Souldiers nous embarque dans une aventure haletante avec ce petit quelque chose qui donne toujours envie d'y revenir.

+

  • Design 16-bit vraiment sympa
  • Choix entre 3 persos et 3 difficultés
  • Courbe d'apprentissage intéressante
  • Bonne mise en avant des pouvoirs
  • Scénario intéressant et textes en français
  • Animations de bonne qualité
  • Grosse durée de vie

-

    • Un peu d'inertie dans les sauts
    • Très difficile même en mode "promenade"
    • Stick "haut" beaucoup trop sensible
    • Un peu de lag après chaque sauvegarde
    • Chargements très longs même sur Xbox Series