Jeux

Tout comme Stardew Valley, votre aventure débute avec la création et la personnalisation de votre personnage. Vous disposez donc de quelques options qui vous permettent de créer un avatar qui pourra, de loin, vous ressembler. Les possibilités sont limitées, dommage. On aurait clairement aimé disposer de davantage de choix. Une fois la phase de création terminée, votre personnage prend le bus (comme dans Stardew) et se rend dans la ville où il va désormais résider. Là, une charmante dame l’attend pour lui faire visiter les lieux et pour que l’on puisse découvrir notre nouvelle résidence : une charmante maison à l’inspiration japonaise. Rapidement, vous prenez vos marques, faites la rencontre de tous les habitants, puis un premier phénomène étrange se produit : une boulette de riz s’élève dans le vide et se fait dévorer par une entité invisible. Curieux ! Pour expliquer cela, un esprit à la forme de chat se révèle à vous et vous annonce votre mission de vie : retaper et gérer les bains publics.

Mais attention : ces bains ne sont pas destinés aux humains, mais bel et bien aux esprits qui occupent la ville et rendent la vie impossible à ses habitants. Autrefois gérés par l’ancienne propriétaire de votre maison, les bains ont depuis lors été abandonnés, forçant les esprits à réaliser de « mauvaises » actions. En remettant tout en place, vous libérerez les habitants de la ville de leurs problèmes, tout en proposant aux esprits un lieu de relaxation. Mieux, cela vous permettra également de mettre la main sur de l’argent, un élément indispensable à l’évolution et à l’avancement de votre mission.

Pour faire simple : vous avez donc deux choses principales à gérer : les bains publics et le fait de retrouver les esprits égarés. Commençons par ce second point. Pour y parvenir, vous devez donc explorer la ville et discuter avec les quelques dizaines d’habitants qui y séjournent. Ces derniers mettront rapidement en avant l’un ou l’autre problème qu’ils rencontrent : nourriture qui disparait, objet non utilisable, cadre qui tombe ou encore vandalisme d’un bateau. À vous ensuite de glaner les informations nécessaires pour mettre la main sur l’esprit. Dans certains cas, cela s’avère très simple et il suffit de se rendre sur le lieu précis du problème et d’utiliser sa vision « spirituelle ». Dans d’autres, par contre, il faudra être attentif aux détails donnés par les habitants. Cela peut prendre la forme d’un lieu bien particulier, d’une heure de la journée… Cette recherche est agréable et assez bien construite. Elle offre une petite réflexion et une observation qui sont les bienvenus dans le jeu, tout en nous obligeant à aller à la rencontre des autres personnages. C’est malin.

L’autre aspect du jeu concerne donc la gestion des bains publics. Pour faire simple, vous devez gérer différentes activités : s’assurer que le bois dans la chaudière brule toujours, nettoyer les serviettes employées par les esprits, inviter ces derniers à occuper un espace bien particulier dans le bain, nettoyer les lieux… les tâche sont multiples et elles nécessitent une bonne coordination de votre emploi du temps. C’est d’autant plus vrai que les lieux vont d’agrandir au fil de votre progression pour devenir franchement grand. Heureusement pour vous, il sera possible, à un moment donné de votre partie, de compter sur l’aide de certains habitants qui viendront vous suppléer. Si l’ensemble est évidemment répétitif (tout comme le fait de gérer une ferme, au final), il faut reconnaitre qu’on se prête assez rapidement au jeu. On court d’un point à l’autre en tentant d’être le plus efficace possible, le tout en essayant de faire plaisir à nos clients. Ces derniers d’ailleurs peuvent se montrer capricieux puisqu’il sera nécessaire de les placer comme il faut dans les bains. En effet, certains (en fonction des saisons qu’ils représentent) ne peuvent être mis les uns à côté des autres, au risque de rouspéter et donc de payer moins. Cet aspect « stratégique » est davantage travaillé grâce à la place qu’occupent les esprits. Certains prendront une place (un carré), tandis que d’autre en occuperont quatre, voire neuf. À vous de composer avec l’espace dont vous disposez, quitte à refuser certains clients trop « encombrants » pour pouvoir en placer d’autres. Encore une fois, c’est bien pensé et cela fonctionne plutôt bien. On devient vite addict à ce petit boulot qui occupe une bonne partie de notre temps de jeu.

Troisième aspect du jeu – et non des moindres, au final : le relationnel et les activités annexes. Comme dans Stardew Valley, Spirittea vous invite à rencontrer les nombreux habitants de la ville. Outre le fait d’en apprendre davantage sur les esprits ou sur l’univers du jeu, cela vous offre l’opportunité d’améliorer votre relation qui prendra la forme de cœurs (trois au maximum). Ainsi, pour parvenir à créer un véritable lien avec eux, il faudra interagir régulièrement. On entend par là le fait de leur parler, évidemment, mais pas que. Très vite, vous verrez que les habitants vous proposeront différentes activités à réaliser avec eux : chanter, manger, pêcher, fouiller… Si les deux derniers sont assez classiques, les deux autres par contre sont originaux. Ils prennent d’ailleurs la forme de deux mini-jeux distincts qui vous demandent un peu d’observation pour l’un d’entre eux (manger) et quelques réflexes pour l’autre (chanter). Par contre, autant le jeu fait preuve d’originalité et de diversité dans sa globalité, autant les mini-jeux se montrent très rapidement lassants. C’est dommage, d’autant plus qu’ils sont nécessaires à l’évolution de la relation avec les autres habitants. Petit bémol également dans le fait que toutes les activités en se valent pas. Pêcher, par exemple, ne rapporte pratiquement rien en termes d’expérience, tandis qu’un chant réussi vous fera avancer très rapidement.

De ces activités annexes, on retiendra également le mini-jeu de pêche qui offre un peu d’intérêt (même s’il s’avère limité et sans véritable challenge), tandis que la fouille est simplement laborieuse. Pour parvenir à dénicher un trésor, il vous faut trouver une carte (que l’on vous donne parfois), avant ensuite de la déchiffrer. C’est là que le bat blesse puisque cette dernière est très (trop ?) sommaire. C’est un véritable casse-tête pour trouver une solution. C’est d’ailleurs l’un des problèmes du jeu : il est brouillon. Les menus sont peu intuitifs et la navigation dans ces derniers est laborieuses. Ajoutez à cela l’absence de nombreuses explications et le fait que vous êtes lâchés dans le jeu sans le moindre guide, et vous vous rendrez compte que les choses ne sont pas toujours simples, ni efficaces. On aurait clairement apprécié un petit coup de main, de temps en temps, histoire de se faire la main. Et c’est un joueur de Stardew Valley qui vous le dit. Cela signifie donc qu’un néophyte du genre pourrait vraiment se sentir perdu…

Il n’en demeure pas moins que se balader dans Spirittea est un véritablement ravissement pour nos yeux et nos oreilles (pour peu que vous soyez sensibles au design en pixel, cela va de soi). L’univers est adorable et la ville accueillante. L’inspiration asiatique et Ghibli se fait ressentir de nombreuses fois, tant au niveau de l’architecture des bâtiments, que dans les différents éléments de décor. On apprécie également le parallèle (volontaire ou non) qui peut être fait avec Le Voyage de Chihiro, l’une des oeuvres majeures de Miyazaki, au travers notamment des bains publics et des esprits qui s’y trouvent. La magie opère clairement et ce ne sont pas les musiques qui nous en empêcheront. En effet, toutes les compositions s’avèrent pertinentes et enchanteresses. On se sent plongé dans ce petit monde pixellisé avec satisfaction, mais avec des imperfections techniques, malheureusement. Durant notre session de jeu, nous avons eu droit à des problèmes de traduction (nombreux !) et à des crash. Cela nuit tout de même à l’expérience de jeu, dommage.