Jeux

State of Decay 2

Survival Horror | Edité par Microsoft Studios | Développé par Undead Labs

6/10
One : 22 mai 2018
05.06.2018 à 00h51 par - Rédacteur

Test : State of Decay 2 sur Xbox One

Elle en est où cette décomposition ?

Les revoilà. Les zombies sont là, près de cinq ans après avoir contribué à créer la bonne surprise qu’était State of Decay sur Xbox 360. Le petit détour par la case Xbox One était une bonne chose mais on a désormais envie de rêver plus grand avec State of Decay 2, à plus forte raison lorsque l’on a su que le jeu d’Undead Labs ouvrait enfin les portes de la série au multijoueur. Il reste tout de même à savoir ce que vaut l’expérience dans son ensemble, si elle a survécu à l’héritage d’un premier épisode aussi surprenant qu’imparfait.

Cela fait un an et demi que la catastrophe zombie s’est abattue sur ces terres désormais dévastées. State of Decay 2 invite le joueur à choisir un duo à incarner et dont la petite histoire sert de prétexte à quelques minutes de didacticiel. Les vieux copains de lycée, le frère et la sœur ou encore le couple ressoudé par la force des choses : chacun a son histoire et des traits qui lui sont propres. Ce second point est par ailleurs une caractéristique que l’on retrouve par la suite, à mesure que l’on rencontre de nouveaux survivants, de potentiels alliés à trier s’il le faut selon les personnalités. A l’issue de l’introduction sous forme de fuite désespérée, on choisi de filler vers l’un des trois maps disponibles et ainsi commence notre histoire. Ou est-ce qu’elle se termine ? On se demande même si elle a vraiment existé. Il faut savoir que passé l’introduction scénarisée nous offrant même quelques dialogues, la suite du jeu range tout cela dans un coin et l’évoque seulement par intermittences. Autrement dit, le scénario est aux abonnés absents et même les dialogues avec les PNJ (binôme de base inclus !) se limitent 99% du temps au strict minimum. L’intérêt, comme la vérité, est visiblement ailleurs.

state of decay 2 test 1

Dans l’une des trois zones aux reliefs différents et de tailles honnêtes pour le genre, il est évidemment question de la survie du groupe, celui-ci étant amené à grandir au fil des rencontres. En marge des missions principales et des objectifs propres à chaque personnage (par ailleurs tous jouables à partir de leur entrée dans la communauté), il est souvent question de venir en aide à un malheureux. Celui-ci peut alors devenir un allié, un membre de la communauté ou alors, au minimum, faire don d’un sac de ressources. Ces sacs, sont répartis en plusieurs catégories (aliments, matériaux, munitions, médicaments et carburant) et constituent les éléments indispensables à la survie du groupe et centraux dans le concept de survie voulu par State of Decay 2. Dans la base dont l’emplacement et la taille sont amenés à changer au gré des découvertes et des besoins, chaque jour de survie dépend de la mise à disposition de ressources suffisantes pour la communauté. Sans quoi le moral des troupes est en berne et leurs compétences avec. Ces éléments sont par ailleurs utilisés pour construire et développer de quoi disposer d’une base à la mesure des besoins du groupe : un espace de stockage plus grand, des lits, un atelier de fabrication, un jardin ou encore une infirmerie sont autant d’emplacement à ne pas négliger. Les actions liées à chaque type d’installation sont nombreuses ; on monte, on démonte, on fabrique des objets (soin, armes à feu, armes de corps-à-corps) pour les besoins du groupe ou pour les revendre à d’autres communautés et gagner des points d’influence. C’est avec cela que l’on achète des objets, que l’on revendique des avant-postes ou que l’on s’octroie une petite aide à la découverte de points d’intérêt.

«Les coins tranquilles n’existent pas, il y a toujours un zombie pour vous sauter à la gorge, quand ce n’est pas un hurleur qui rameute tout le quartier«

Le système d’avant-postes est primordial dans la gestion de la survie car il préfigure de l’activité principale de State of Decay 2 : parcourir le monde à la recherche de ressources. Disposer d’avant-postes permet non seulement de bénéficier d’un apport quotidien en ressources selon le type de structure mais également de disposer d’un point où déposer ses trouvailles lorsque l’on est loin de la base. C’est que l’inventaire est restreint et il oblige à faire des choix, sans parler du poids total transporté qui influence le niveau d’endurance du personnage. Et l’endurance, ça compte puisque le combat est omniprésent dans State of Decay 2. Les coins tranquilles n’existent pas, il y a toujours un zombie pour vous sauter à la gorge, quand ce n’est pas un hurleur qui rameute tout le quartier et que l’on tombe nez-à-nez avec un gentil mastodonte, très résistant, même aux coups de bélier en voiture. Un véhicule est luxe qui consomme du carburant plus que de raison, les armes à feu sont nombreuses mais les balles viennent parfois à manquer ; reste à utiliser le plus souvent possible les armes de corps-à-corps. Tranchantes ou contondantes, elles s’abiment elles aussi mais en étant un minimum prévoyant (en gros en en portant toujours une deuxième), elles permettent de se débarrasser de la plupart des menaces, sans jamais oublier de leur exploser le crâne pour être définitivement tranquille. En revanche leur utilité est modérée face aux « cœurs de peste », ces émergences que l’on trouve un peu partout et qu’il faut détruire pour réduire la propagation du mal. L’ennui, c’est que non seulement les cœurs génèrent beaucoup d’activité zombie autour d’eux (lesquels peuvent infecter le joueur et ses alliés, jusqu’à les tuer faute de remède) mais deviennent aussi de plus en plus résistants à mesure que l’on en détruit. Cerise sur gâteau, la mort est permanente dans State of Decay 2. Alors soyez prudent avant de sortir ; trop de fatigue ou pas assez d’équipement et c’est la mort quasi-assurée.

Dans l’ensemble State of Decay 2 est facile à prendre en mains. Combattre, fouiller, conduire : tout se fait assez naturellement. On aurait tout de même bien aimé un peu plus d’explications sur la façon dont se gèrent les ressources, sur comment réparer une arme, démonter quelque chose ou utiliser la fonction permettant de vider le coffre d’une voiture directement dans l’inventaire de la base… Autant de petites choses utiles que l’on découvre sur le tas, en farfouinant dans des menus aussi complets que confus par moments. Mais on s’en sort et il est difficile de nier que l’on prend un certain plaisir à se lancer dans l’aventure, à vivre des premières heures parfois stressantes quand la nuit s’abat sur la ville. Musiques dans le ton et hurlements des zombies mettent bien dans une ambiance qui sonne comme un bel hommage au comic The Walking Dead. Mais alors, qu’est-ce qui cloche ? Le principal reproche est à la fois simple et terrible lorsqu’il s’agit de juger l’ensemble d’un titre : State of Decay 2 est terriblement répétitif. Oui, les premiers temps sont intéressants ; mais on se rend compte au bout d’une poignée d’heures déjà qu’à part aller à la rescousse des survivants dans des conditions souvent similaires, ou fouiller encore et encore des containers pour mieux faire office de mulet, eh bien il n’y a pas grand-chose à faire. On détruit un cœur de peste, on ramène un maximum de ressources, on déménage plus près de nouveaux objectifs et on répète l’opération. L’absence de scénario un temps soit peu présent ne fait qu’accentuer le sentiment d’une immense redondance. A force, on finit par voir toujours plus gros les détails qui fâchent. L’IA alliée ne vole pas très haut, prend peu d’initiatives (ne comptez pas sur elle pour fouiller avec vous) et il est tout bêtement impossible d’échanger directement des objets avec elle. Et çà, c’est lorsque l’on arrive à parler avec, parce que les PNJ ont la fâcheuse tendance à courir dans tous les sens.

state of decay 2 test 3

Les aller-retours sont nombreux, les situations sont redondantes comme le sont aussi les décors. Sans être une purge graphique (il offre même quelques jolis moments, notamment lors du passage progressif jour/nuit), State of Decay 2 se plait néanmoins à recycler bâtisses et divers éléments de décors. Vous pourrez me dire que cela n’a rien d’original et que même les plus grands des open worlds passent par là. Mais la différence notable ici vient de la nature du gameplay de State of Decay 2, où explorer des maisons et commerces représente plus de la moitié du temps passé à jouer. Du coup, au bout de la centième demeure déclinée en une poignée des configurations, le sentiment de répétitivité n’en est que plus fort. Et puis même si, encore une fois, l’aspect graphique du titre n’a rien de rebutant en dépit d’un certain manque de détails et de textures un peu baveuses, State of Decay 2 n’est pas le mieux fini de tous les titres croisés sur Xbox One. Ce test ayant débuté avant la mise à jour 1.2 et se terminant après, nous pouvons néanmoins vous annoncer avec un certain soulagement que le titre d’Undead Labs se porte déjà mieux aujourd’hui qu’hier. Finis disparition et clignotement intempestif de l’ATH, ou la vilaine ligne blanche qui venait scinder l’écran en deux lors des phases de conduite nocturne. On peut aussi se féliciter d’un framerate plutôt stable, résultat à pondérer en rappelant que State of Decay 2 n’est pas Dead Rising et n’a pas vocation à multiplier les zombies par centaines sur quelques mètres carré. Les temps de chargement sont très rares ; on passe d’un personnage à l’autre instantanément. Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’en regardant un peu plus loin on retrouve cette physique parfois grotesque dont résultent des collisions aléatoires, on constate qu’il arrive que le personnage passe à travers le sol en sortant d’un véhicule. Il faut aussi compter avec des missions qui vont et ne parfois ne reviennent pas (alors que les conditions sont toujours remplies), et tellement de petits bugs qu’il est difficile de lister. En vrac, on a le personnage qui décide soudainement de ne plus prendre une échelle, le cadavre d’un ex-allié impossible à fouiller, une porte ouverte mais fermée. Heureusement, la plupart des problèmes se règlent en rechargeant la dernière sauvegarde.

state of decay 2 test 2

Du coup, entre manque de finition d’un côté et de profondeur de l’autre, on est bien désolé pour State of Decay 2. Les bons points ne sont pas totalement éclipsés, il en résulte même un attachement assez surprenant envers ce titre imparfait, une sorte de sympathie qui fait que l’on y passe quand même un peu de temps, voire beaucoup si la répétitivité ne nous a pas achevé. Quitte à pester de temps en temps. Mais finalement, ce qui sauve vraiment State of Decay 2 du naufrage annoncé n’est autre que le grand manque dont souffrait son ainé : le multijoueur. C’est uniquement en ligne que ça se passe, jusqu’à 4 et c’est probablement le meilleur atout dont dispose le titre pour ne pas finir au bout de quelques heures dans la catégorie des « je verrai quand j’ai le temps ». Depuis la partie solo, il est possible d’appeler à l’aide d’autres joueurs et lancer le matchmaking, ou inversement, se porter volontaire pour prêter main forte à quelqu’un, quelque part (il reste bien sûr possible d’inviter des amis directement dans sa partie). Le jeu suit alors les missions et objectifs de l’hôte : on joue vraiment avec l’idée de donner un coup de main (ou le besoin d’en recevoir un) et d’aider la communauté de ce joueur à prospérer. Le jeu force les joueurs à rester ensemble (pour éviter peut-être de trimballer quelques boulets anonymes) et récompense chaque membre avec un loot réparti entre chaque participant. A la fin d’un nettoyage, chacun dispose de son propre « coffre » représenté par une couleur. Jouer en ligne donne un intérêt différent à l’expérience : les mécaniques de jeu ne deviennent pas plus profondes, les bugs ne disparaissent pas, mais comme souvent dans ce genre de multijoueur, jouer avec les bonnes personnes permet de donner un sens à tout cela, ce but qui manque tellement au solo.

6/10
Exercice difficile que celui de juger un titre comme State of Decay 2. Par la relative facilité d'accès qu'il octroie à ce concept de survie aux contours intéressants et à un univers qui l’est également en dépit de l’absence dommageable d’une véritable narration, le titre d’Undead Labs a assurément des atouts à faire valoir. En multijoueur, il devient presque recommandable. Mais State of Decay 2 c’est aussi un jeu répétitif à souhait, surtout en solo, un titre qui semble se retenir de délivrer une expérience complète, qui donne le sentiment de s’être arrêté au milieu du chemin qui devait le mener à la réussite. En ajoutant à cela une forme qui laisse grandement à désirer, State of Decay 2 est un paradoxe, un titre aux accents très différents qui nous fait naviguer entre plaisir et frustration, espoir et déception. Tout est affaire au final d’attrait pour le multijoueur ou d’une résistance particulière à la répétitivité en solo.

+

  • Jouable en coopération à 4
  • Concept intéressant dans les grandes lignes
  • Relativement accessible
  • Apporte son lot de tension
  • Une sorte de plaisir coupable…

-

    • … Malheureusement archi-répétitif
    • Surtout en solo
    • Gestion de ressources qui manque de profondeur
    • Techniquement en difficulté malgré un patch 1.2 partiellement salvateur
    • Du copier/coller à tout-va
    • Scénario rangé dans la cave après 15 minutes