Test : Stubbs the Zombie sur Xbox
Histoire d’os
Quand on est vendeur itinérant comme Edward Stubblefield, on s’attend peut-être à se faire claquer quelques portes au nez, voire à se faire mettre dehors à coups de pied aux fesses, mais sûrement pas à se faire descendre. Et quand on se réveille 16 ans plus tard à cause d’un produit de jardinage plutôt… Particulier, le corps à moitié pourri, entouré d’une ville futuriste et doté d’une envie irrésistible de dévorer des cerveaux humains, il y a vraiment de quoi perdre le Nord.
Ce prélude assez délirant est pourtant réellement celui de Rebel Without a Pulse, titre d’action tendant vers le déjanté, l’humour noir et le second degré, le tout dans une ambiance aux accents futuristes-rétro (comprenez un futurisme des années 60) assez savoureux. Le scénario, d’apparence léger, n’est pas aussi vide de sens qu’on pourrait le croire et a le mérite de faire rire au gré de situations et de cut-scenes plus loufoques les unes que les autres, caricaturant au passage les séquences classiques des films de zombies. De plus, une bande-son surprenante propose d’écouter de vieux titres datant du milieu du siècle dernier (Lollipop, Mr Sandman etc.) repris par des groupes modernes. Le résultat détonne, s’accorde parfaitement avec l’esprit du jeu et propose une des BO les plus originales existant sur Xbox.
Ce n’est pas tout : on flaire, en plus de cet habillage, un parfum familier. Et son origine, on la trouve dans la provenance d’une certaine partie de l’équipe de Wideload : Bungie. En effet, l’amateur éclairé de Halo notera que certains menus sont la copie quasi-conforme de ceux du FPS Xbox mythique par excellence (la sélection des profils par exemple). En sus, les niveaux, par moments, rappellent fortement ceux parcourus par Master Chief, en particulier dans les passages de transition entre deux zones. Le maniement aussi tire son inspiration du titre de Bungie. Bref, Halo n’est pas si loin que ça, en grande partie parce que Rebel Without a Pulse fonctionne avec le même moteur.
"Monsieur, vous avez un petit bout de cortex entre les incisives…"
Voici donc le joueur embarqué dans l’univers délirant de notre brave Stubbs, qui va voir, étonnamment, toute la ville de Punchbowl (cité futuriste comme on l’a dit, au système politique ambigu et lieu principal de l’intrigue) le fuir dans un premier temps, puis vouloir sa peau. Un peu normal vous me direz, puisque le zombie prend un malin plaisir à manger toutes les cervelles passant à sa portée, tuant accessoirement leurs possesseurs dans un festival de cris et d’effets gore assez magnifiques.
Le gameplay se base principalement sur ça : le repas de cerveau. Presque tous les personnages rencontrés sont comestibles, et manger leur matière grise a plusieurs conséquences. D’abord, regain de vie (on la récupère aussi en restant caché quelques instants), recharge des pouvoirs spéciaux de super-zombie (on y vient après, patience) et enfin transformation des humains normaux en collègues morts-vivants qui suivront et aideront Edward au combat.
Mais, mais, mais, trois fois "mais", vous direz-vous, qu’est-ce qu’un simple zombie peut avoir comme pouvoirs ? Eh bien tout simplement des capacités liées à sa "zombietude". Tout d’abord, Stubbs dispose d’un pet asphyxiant, qui met ses ennemis hors d’état de nuire durant quelques secondes. Ensuite, on a la grenade intestinale, bout d’entrailles qu’on peut lancer et faire exploser à distance. On compte également parmi cet arsenal attrayant la main détachable (une référence directe à la Chose de la Famille Adams), un des éléments les plus fun du gameplay, puisqu’il permet de prendre possession de l’esprit de n’importe quel PNJ. La main, un fois arrachée du bras de Stubbs, peut grimper aux murs, bondir sur les ennemis et permet d’accéder aux divers équipements des humains, allant du pistolet laser au bazooka, en passant par le jetpack. Enfin, pour terminer, on peut utiliser la tête du héros comme boule de bowling, à ceci près qu’elle est plutôt du genre à exploser. Une bombe puissante et guidée par le joueur. En complément, des actions contextuelles permettent d’arracher des bras et de s’en servir comme massues, ou bien d’appeler ses frères zombies à la rescousse. Et bon appétit bien sûr.
Tout ceci constitue un attrait fondamental face à un des principaux défauts du jeu : la répétitivité de l’action. Certes, les niveaux sont plutôt variés visuellement, mais on se retrouve à faire la même chose 90% du temps (certaines phases offrent pourtant des variations bienvenues, avec des véhicules à conduire, un réservoir dans lequel on doit généreusement se soulager ou encore un défi de danse endiablé). C’est là que RWaP arrive à tirer malgré tout son épingle du jeu, puisque du fait de ses pouvoirs, le héros permet au joueur d’aborder les situations de combat de la façon dont il l’entend.
Cependant, étant donné qu’il est répétitif à la longue, le jeu de Wideload n’offre pas une "replay-value" exceptionnelle. Dommage, car sa durée de vie n’est vraiment pas énorme. C’est pourquoi il peut être judicieux de lorgner dès le départ vers les deux niveaux de difficulté les plus élevés, afin de ne pas terminer le tout en moins de 10 heures. Le mode coopératif, sympa, permet de vivre la même aventure qu’en solo, mais à deux (quelle perspicacité aujourd’hui !). Sans proposer de situations propices à une coordination poussée entre les joueurs, cette option est tout de même amusante et permet de passer un bon moment.
"Bêêêêêêlle !!!"
Rien d’extraordinaire dans la technique de Stubbs. Le jeu est agréable à regarder, sans plus. On note quelques détails sympathiques, tels que l’effet "vieux film" appliqué à l’image, le design général et certaines animations excellentes. Les niveaux sont assez linéaires et les objectifs parfois assez durs à trouver, en raison d’un manque de clarté dans les indications données. Côté bruitages, le titre est très solide, avec une grande variété de cris, hurlements et licalements de zombies (eh oui, vous ne le saviez sans doute pas, mais le zombie licale, tout comme la fourmi croonde). Particularité, Aspyr et Wideload onteu la bonne idée de laisser les voix en VO (avec sous-titres), ce qui préserve l’humour cinglant originel.
+
- Un humour comme on l'aime
- Les pouvoirs de Stubbs
- L'ambiance déjantée du jeu
- Les musiques, bruitages et voix, excellents
-
- Une certaine répétitivité
- Un peu court
- Petit manque de finition en général