Test : Suikoden I&II HD Remaster: Gate Rune and Dunan Unification Wars sur Xbox Series X|S
L'armée recrute !

Outre les spin-off Tactics (PlayStation 2, 2006), Tierkreis (Nintendo DS, 2008) et Genso (PSP, 2012), la franchise Suikoden c’est avant tout cinq épisodes reliés par un même univers et de grosses similitudes dans le game-design. La licence a néanmoins connu un énorme changement en milieu de parcours lorsque Konami a décidé de troquer la 2D pour la 3D avec l’arrivée de la seconde génération de consoles PlayStation. C’est donc assez logiquement que l’éditeur japonais a décidé de compiler les deux premiers épisodes de la saga avant d’envisager le reste. Et cela tombe bien puisque Suikoden et Suikoden II sont considérés par beaucoup de fans comme les meilleurs, désormais réunis dans une collection à mi-chemin entre le remaster et le remake. Le menu d’accueil est plutôt propre, et invite à lancer simplement un des deux jeux.
Dans les deux cas, on constate que Konami a souhaité abandonner les cinématiques d’introduction des versions d’origine pour mettre un bon coup de polish à celles aperçues dans la compilation sortie sur PSP en 2006. Fini les amas de pixels comme on a pu encore en voir récemment avec les collections Tomb Raider, cette entrée en matière est à la hauteur et nous promet déjà de vivre ou revivre une belle aventure. Et le cahier des charges de l’éditeur japonais va bien plus loin, puisqu’à l’exception des modèles 2D des personnages, tout a été refait à neuf. Un travail titanesque qui amène beaucoup de contraste entre un aspect old-school des héros et des PNJ, et un rendu des décors et des environnements parfois un peu trop lisse. C’est assez perturbant au départ, mais on s’y fait vite, et on finit même par apprécier ce mélange des genres graphiques capable d’apporter un vrai cachet à l’ensemble.
En plus de cela, les développeurs ont pris le soin de reprendre chacune des vignettes illustrant les principaux personnages, pour les redessiner. Le travail réalisé sur ce point est très convaincant, puisqu’il parvient à conserver le design des visages de l’époque (très typés animes des années 80/90), tout en leur offrant une seconde jeunesse en 4K. Adieu le mode 4/3, les deux jeux sont jouables en 16/9 et donc sans bandes sur les côtés, comme c’était déjà le cas dans la compilation Suikoden 1&2 sortie en 2012 sur PlayStation Portable. Concernant le confort du joueur moderne, cette nouvelle version du premier Suikoden permet de courir dès le début du jeu (Suikoden 2 n’est pas concerné car il corrigeait déjà ce gros problème), et différentes options viennent améliorer le game-design forcément un peu archaïque de ces JRPG du siècle dernier. On a ainsi trois niveaux de difficulté dès le départ, dans les deux jeux, avec l’impression que le niveau difficile, qui est au passage très bien dosé, est en réalité le mode de difficulté original du jeu. On y ajoute la possibilité d’activer un mode auto, mais aussi d’accélérer la vitesse des combats (en x2 au départ, puis en x3 ensuite), et on obtient un titre qui se veut accessible, qui tend à faire en sorte que le joueur se concentre sur le scénario sans avoir l’impression de perdre son temps.
Difficile de dissocier les deux titres tant ceux-ci possèdent énormément de similitudes en termes de game-design. Suikoden I & II prennent la forme de jeux de rôle au tour par tour. On sélectionne ainsi l’action que doit entreprendre chaque personnage du groupe, avec la possibilité d’attaquer, se défendre, fuir ou utiliser de la magie grâce à des runes à équiper à nos héros. On doit également gérer leur équipement, et autant dire qu’avec énormément de personnages à recruter dans chacun des jeux, il est parfois assez compliqué de s’y retrouver, on y reviendra. Les combats se déroulent en vue de trois-quarts, avec des mouvements de caméra qui viennent appuyer nos coups critiques. Le tout se fait vraiment très simplement et avec le confort du mode auto et de la possibilité d’accélérer les débats comme expliqué plus haut. Cela permet de compenser un petit manque de profondeur stratégique, avec notamment l’absence d’une barre d’ATB (Active Time Battle), un système démocratisé par Grandia en 1997.
Entre les combats et les visites des villages, notre héros se déplace sur une map qui a également subit un gros lifting depuis la sortie initiale des jeux. La 2D laisse place à un plan incliné qui permet de voir plus d’éléments à l’écran, tout en affichant des nuages ou des oiseaux pour casser un peu la solitude de ces promenades. Les combats se déclenchent aléatoirement, et la plupart des zones se débloquent au fur et à mesure de votre progression dans l’histoire, avec un sort de téléportation qui facilite les déplacements par la suite. Un élément absolument indispensable quand il convient d’aller recruter l’intégralité des alliés potentiels, au nombre de 107… pour chacun des jeux). Un but honorable, qui offre une grande satisfaction à mesure que notre camp de base se remplit de nouveaux compagnons. Certains se destinent à faire tourner votre château comme une petite ville, généralement en s’occupant des commerces, tandis que les autres peuvent rejoindre votre groupe pour vous aider à libérer le pays. La personnalité de chaque héros est travaillée, à tel point que l’on n’a aucune envie de laisser quelqu’un sur la touche (à quelques exceptions près), et c’est sans doute là l’une des grandes forces de Suikoden, de donner de l’intérêt à la quasi intégralité des héros que vous recrutez.
L’autre point fort de la franchise, c’est de pouvoir proposer des histoires sur fond de guerre de royaumes, et cela sans jamais se perdre dans des tirades interminables ou stéréotypées. L’avantage cette fois-ci, et pour la première fois, c’est que les deux jeux sont enfin traduits en français dans le texte. C’est grandement appréciable, et cela permet de profiter de ces deux scenarii sans jamais avoir l’impression de passer à côté d’un élément important pour la compréhension de l’histoire. A noter tout de même que Suikoden 2 possède une narration plus sombre et plus dure que le premier épisode, mais c’est sans doute ce qui fait qu’il est encore considéré aujourd’hui comme le meilleur épisode de la franchise.
Au delà de cet aspect narratif, il existe quelques petites différences entre les deux jeux, notamment concernant la gestion de l’inventaire. Les développeurs de l’époque ont eu la bonne idée d’introduire un «sac» dans Suikoden 2, là où l’opus de 1995 obligeait le joueur à répartir les équipements et les objets sur chacun des personnages. On finissait par devoir faire du tri très régulièrement, là où c’est nettement plus confortable sur sa suite. L’autre différence principale se trouve au niveau des batailles, avec Suikoden 1 qui se contente de distiller quelques affrontements façon chifoumis. Là encore, c’est nettement plus maitrisé dans Suikoden 2 avec le principe du pierre/feuille/ciseau qui est repris dans des duels, avec la possibilité de deviner la prochaine action de l’adversaire en fonction de ses lignes de dialogue, et des batailles qui rappellent un peu Fire Emblem, tout en étant bien évidemment beaucoup plus simplistes. Des mécaniques de gameplay qui servent le propos, tout en apportant de la diversité à l’ensemble.

+
- Deux monuments du JRPG
- Histoires bien écrites
- Mode auto et vitesse rapide indispensables
- Principe du recrutement toujours aussi prenant
- Refonte très convaincante
- Trois niveaux de difficulté
- Textes traduits en français
-
- Gestion de l'inventaire compliquée sur Suikoden 1
- Décors parfois un peu trop lisses
- Sauvegardes pas toujours bien placées