Test : Syberia Remastered sur Xbox Series X|S
Automates hic ?
Si Syberia se déroule dans le même univers que l’Amerzone, les deux titres n’ont finalement pas grand chose en commun et il n’est absolument pas nécessaire d’avoir joué au premier jeu imaginé par Benoit Sokal pour se lancer dans ce remaster. Ici, on suit la jeune américaine Kate Walker, mandatée par son cabinet d’avocats pour aller signer le rachat d’une petite entreprise de jouets mécaniques située à Valadilène, une ville fictive située dans les Alpes. A des milliers de kilomètres de chez elle, l’avocate qui pensait faire l’aller/retour en moins de 48 heures découvre que la propriétaire de l’usine est décédée et qu’il faut désormais l’accord d’un héritier exilé à l’autre bout du continent pour que l’affaire, qui s’annonçait pourtant réglée d’avance, puisse se faire. Poussée par la cupidité de ses supérieurs et son envie de s’extirper temporairement de son quotidien, Kate Walker n’a aucune idée de ce qui l’attend, pour une aventure à la fois dépaysante et bien écrite.
Comme le jeu original, Syberia Remastered débute par l’arrivée de Kate Walker à l’hôtel de Valadilène. Le lieu idéal pour découvrir le système de jeu du titre, proche du point’n click. On peut ainsi interagir avec un nombre limité d’objets, et se déplacer assez librement avec le stick comme un jeu d’aventures plus classique. Une maniabilité que l’on retrouvait déjà dans la version console du jeu, avec toutefois la disparition totale des caméras fixes empruntées à Resident Evil. Dans ce remaster, la caméra n’est pas vraiment libre, mais elle suit Kate dans ses déplacements et permet tout de même de bénéficier de nouveaux angles de vue dans certains lieux. On regrette d’ailleurs qu’on ne puisse pas déplacer cette caméra manuellement, qui montre pourtant un minimum de flexibilité, mais dans les limites de ce que le jeu lui impose.
Concernant la structure du jeu en elle-même, Syberia nous fait traverser successivement quatre zones. Un game-design qui sert la narration, et qui permet aussi de se concentrer nos recherches dans des lieux plutôt restreints, ce qui n’empêche pas de devoir multiplier les allers/retours par moment. Concrètement, pour faire avancer le scénario, le jeu nous demande de répurer des objets, d’engager des discussions avec les quelques personnages croisés et de résoudre une poignée d’énigmes. Un concept assez courant pour l’époque, qui bénéficie aujourd’hui de quelques ajouts pour rendre le tout un peu plus confortable. Les interactions possibles sont indiquées par un cercle blanc qui grossit à mesure qu’on se rapproche du point d’intérêt en question, et les dialogues à questions multiples arborent désormais un point d’exclamation sur l’option à choisir pour faire avancer l’intrigue. Une idée intéressante sur le papier, même si on regrette que celle-ci ne puisse pas être désactivée dans les options.
D’autant que l’écriture tient une part importante dans Syberia, et que certains joueurs souhaiteront certainement prendre le temps de lire l’intégralité des documents à ramasser, et découvrir chaque ligne de dialogues sans avoir l’impression d’être tenu par la main. C’est d’ailleurs un peu contradictoire avec la volonté d’apporter un peu plus de profondeur à certaines énigmes, qui demandent un effort intellectuel supplémentaire pour certaines comparé au jeu original. Pas vraiment frustrantes dans l’ensemble, ce qui nous a particulièrement fait pester concernant ces énigmes, c’est un gros problème de hitbox, avec un bouton d’action qui s’affiche clairement à l’écran, mais reste impassible lorsque l’on veut exécuter l’action en question. Il faut alors s’y reprendre à plusieurs fois pour enclencher un bouton ou activer un mécanisme, ce qui est plutôt perturbant lorsqu’on fait face au problème pour la première fois. On s’y fait par la suite, mais on espère que les développeurs déploieront rapidement un patch pour que tout rentre dans l’ordre.
De petits défauts qui nous rappellent constamment que le jeu a plus de 20 ans et que les développeurs ont préféré repartir sur les bases du jeu d’origine plutôt que d’imaginer un remake complet. C’est d’autant plus flagrant lorsque les personnages sont en mouvement, avec des animations franchement bien datées par moment, et des déplacements de Kate qui sont particulièrement lourds. Un vrai regret, surtout quand on sait que Syberia: The World Before avait exactement le même problème. Concernant la modélisation des visages, on est même un cran en dessous, en dehors de Kate (et encore), avec des modèles beaucoup trop sommaires et qui auraient mérité mieux, surtout compte tenu du peu de personnages que l’on rencontre dans cet épisode par rapport à The World Before. Sans être parfaits, les décors apportent un sentiment de splendeur au monde qui nous entoure, notamment à Barrockstadt, l’université zoologique.
Même si les décors précalculés du jeu original servaient déjà des environnements au cachet indéniable, ce remaster parvient à restituer aussi bien la mélancolie des rues de Valadilène, que la désolation d’Arabald ou la luxuriance de Barrockstadt. Des effets de lumière réussis et des graphismes bien retravaillés, mais pas exempts de défauts néanmoins quand on y regarde de plus près. Et c’est sans compter sur plusieurs murs invisibles qui viennent casser un peu la volonté d’aller fouiller chaque recoin des diverses zones explorées. Un autre bémol côté musiques, souvent somptueuses, mais qui peuvent se révéler assez répétitives par moment. Les cinématiques sont d’origine de leur côté, avec un format adapté aux écrans 16/9 actuels, à l’exception de quelques cutscenes qui conservent leur format en 4/3, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. Autre point négatif à aborder, l’absence de compromis entre résolution et framerate et l’obligation de faire un choix entre un mode Qualité en 4K, et un mode Performance en 60fps. Preuve en est qu’il a du mal à se détacher de son époque, on retrouve le doublage en français d’origine, avec quelques voix mythiques comme celle de Françoise Cadol dans le rôle de Kate, mais aussi quelques prestations ratées du côté des PNJ, et qui auraient sans doute méritées d’être réenregistrées.
+
- Univers fascinant
- Scénario et dialogues bien écrits
- Direction artistique intéressante
- Adieu les plans fixes
- Doublage en français
-
- Maniabilité qui manque de souplesse
- Beaucoup d'allers/retours
- Problème de hitbox sur les interactions
- Animations peu naturelles
- Monde qui manque de vie