Test : Tales of Xillia Remastered sur Xbox Series X|S
Quand les grands esprits se rencontrent
Comme chaque nouvel épisode de la licence, et à l’instar de Final Fantasy ou Dragon Quest, Tales of Xillia est totalement indépendant du reste de la série. Cela signifie qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir fait un autre épisode pour se lancer sur celui-ci et en comprendre le scénario dans son entièreté. Ici, on suit Milla et Jude, deux personnages que tout oppose, mais qui vont s’unir pour que les esprits et les humains puissent à nouveau vivre en harmonie. Au fil de l’aventure, les enjeux évoluent, pour finalement aller bien au-delà de l’objectif de base, avec la promesse d’un scénario à rebondissements et un univers plein de vie et coloré qui contraste parfois avec le côté sombre de la narration. Il faut toutefois s’accrocher durant la première heure de jeu, qui se révèle difficile à appréhender pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude des JRPG. Comme dans la plupart des jeux du genre, notre duo va rapidement être amené à rencontrer des alliés précieux tout au long de son voyage, pour finir par constituer une équipe de six personnages, un chiffre qui s’inscrit dans les habitudes de la saga, et idéal pour obtenir un groupe à la fois homogène et suffisamment diversifié.
Petite particularité, le jeu vous demande de choisir entre Jude et Milla en début de partie, ce qui permet d’avoir droit à quelques scènes exclusives lorsque notre duo est amené à se séparer. C’est aussi l’occasion d’amener un peu de rejouabilité pour ceux qui voudront se lancer dans un New Game+. A ce sujet, comme pour les précédents remasters, il n’est pas nécessaire de finir une première fois le jeu pour accéder au magasin d’améliorations, qui est une nouvelle fois disponible dès le départ, avec la possibilité d’activer des options destinées à nous simplifier la vie, quand d’autres apportent un challenge supplémentaire. Dans le même ordre d’idée, trois modes de difficultés sont proposés au départ, ce qui devrait satisfaire à peu près tous les types de joueurs, et notamment les joueurs expérimentés qui devront apprendre à optimiser et à maitriser chaque élément de gameplay dans le mode de jeu le plus difficile.
Malgré les deux années qui séparent les sorties initiales de Tales of Graces et de ce Tales of Xillia, les deux jeux sont finalement différents à bien des niveaux, les développeurs ayant apporté plusieurs nouveautés d’importance, que ce soit au niveau des combats, ou de l’exploration. Là où Tales of Graces proposait une caméra prédéfinie assez éloignée et légèrement surélevée pour suivre nos héros, Tales of Xillia adopte une caméra qui suit le leader du groupe dans ses déplacements, pour un résultat plus immersif. Comme d’habitude avec la saga de Bandai Namco, les combats ne se lancent pas aléatoirement avec des ennemis sont visibles dans chaque zone, ce qui permet de les éviter si on le souhaite. Dans le cas contraire, on se retrouve à engager le combat façon Action-RPG, dans des arènes et avec un nombre de points d’action à bien gérer pour soigner ses combos. Le menu d’option permet aussi de fuir le combat si les débats tournent au vinaigre, ou de donner certaines instructions aux autres membres du groupe gérés par l’IA. Pour en revenir à l’exploration, les déplacements peuvent désormais être accélérés ce qui permet de traverser des zones bien plus rapidement qu’auparavant Une option très confortable dont on aurait du mal à se passer désormais. Assez vite, on obtient également la possibilité de voyager rapidement vers un lieu déjà visité précédemment, en ouvrant la carte du monde. Et quand on dit rapidement, ça l’est d’autant plus que les temps de chargement sont quasiment réduits à néant sur Xbox Series X, ce qui est particulièrement impressionnant.
Mais Tales of Xillia surprend surtout par son game-design, et notamment sur la montée en puissance de nos héros. Là où on avait l’habitude de trouver des armes et équipements plus puissants à mesure que l’on découvrait de nouvelles boutiques en progressant dans l’histoire, ici chaque boutique possède les mêmes produits. Pour faire l’acquisition de meilleurs objets à équiper, il est nécessaire de «développer» chaque type de magasins (armes, armures, objets, recettes, accessoires) en leur faisant gagner des niveaux en échangeant des items récupérés en fin de combat ou durant l’exploration. Un concept tout à fait singulier qui fonctionne très bien puisqu’il permet de récompenser l’exploration comme il se doit, en sachant que tous les éléments à récupérer dans la nature sont indiqués sur la carte de la zone que l’on est en train d’explorer. Cela pousse à farfouiller chaque recoin et à trouver des secrets parfois bien cachés. Un principe qu’il faut rapidement assimiler, notamment en mode difficile, puisqu’il arrive que l’on se retrouve parfois face à de gros pics de difficulté. En améliorant les magasins, on obtient ainsi de meilleures armes et armures, capables d’augmenter nettement les statistiques de nos personnages en échange d’un nombre plus ou moins élevé de Gald..
Cela signifie aussi que le gain d’expérience sert d’autres intérêts que la simple augmentation des statistiques de nos héros. Chaque niveau gagné octroie un certain nombre de Points d’Evolution, à utiliser ensuite dans l’Orbe de Lys, une sorte d’arbre de compétences qui ressemble au compendium de Final Fantasy X, et qui prend la forme d’une toile d’araignée. On peut alors choisir d’augmenter la force, l’intelligence et le nombre de points de vie de chaque personnage par exemple, mais c’est aussi ici que l’on débloque les Artes, ces attaques spéciales que l’on peut généralement enchainer en combat pour réaliser de jolies chorégraphies. L’utilisation des Artes (incluant également la magie) est limitée par la jauge de Points Techniques, à remplir en utilisant les attaques simples. Pour parfaire l’art du combat, il est également possible d’effectuer un pas en arrière pour éviter une attaque, ou de placer une garde pour encaisser sans perdre trop de points de vie. Un système qui se veut très complet et qui incite clairement à passer du temps dans le menu de l’Orbe de Lys pour être bien certain d’acquérir les bonnes améliorations en vue des affrontements futurs.
S’il est assez complexe à mettre en œuvre sur les premières heures de jeu, le système de combat propose une vraie montée en puissance au fil du jeu, pour finalement se révéler très grisant une fois maitrisé. L’ajout de combinaisons spéciales avec les autres personnages du groupe y contribue d’ailleurs beaucoup, avec des formules de plus en plus impressionnantes visuellement à mesure qu’on débloque de nouvelles capacités. Comme souvent, cet épisode de la série Tales of est jouable en coopération, en local, et jusqu’à quatre joueurs. Une coopération toutefois limitée à la baston, l’exploration n’impliquant qu’un seul joueur. Pour le reste, on trouve des quêtes annexes avec la nécessité de ramener un objet spécifique à un PNJ, ou de se défaire d’un groupe d’ennemis précis. Le tout entrecoupé des fameuses saynètes, où certains personnages du groupe s’échangent quelques amabilités sur un ton toujours très léger. On préfère d’ailleurs ces passages à certaines cut-scenes, qui ont parfois mal vieilli avec une mise en scène un peu trop en retrait.
Question ambiance, Tales of Xillia réussit une fois de plus à marier son univers très engageant avec des thèmes et un scénario parfois assez sombres. L’écriture ne manque pas de nous tenir en haleine, et à dérouler petit à petit de nouveaux objectifs pour justifier le voyage de notre troupe et sa volonté de rendre un monde meilleur. On profite de tout cela en 4K / 60fps, pour un rendu global très propre malgré quelques petites touches d’aliasing qui apparaissent par endroit et des textures qui manquent atrocement de finesse par moment. On reste bien évidemment bien loin des graphismes d’un Tales of Arise (2021), mais on se plait à évoluer dans ce monde remplit de couleur et aux inspirations clairement orientales, aussi bien dans l’architecture de ses villages ruraux que dans les thèmes musicaux.
De ce côté là, c’est d’ailleurs un nouveau sans-faute réalisé par les développeurs de Namco Tales Studio, avec des musiques parfois somptueuses et un thème de combat très réussi, du Motoi Sakuraba pur-jus. On terminera en évoquant les personnages, et leur chara-design réalisé conjointement par Kosuke Fujishima (Symphonia, Abyss, Vesperia) et Mutsumi Inomata (Destiny, Eternia, Graces), où là aussi on peut parler de franche réussite, avec un groupe particulièrement attachant, où chacun dispose de son style et de son caractère propre. Une direction artistique qui contribue évidemment à rendre ce voyage incroyablement intéressant à suivre, et qu’on a finalement beaucoup de mal à quitter.
+
- Système de combat absolument grisant
- Attaques spéciales visuellement réussies
- Montée en puissance grâce à l'Orbe de Lys
- Personnages principaux attachants
- Vrai intérêt donné à l'exploration
- Difficulté adaptable à tous types de joueurs
- Remasterisation légère mais suffisante
- Textes intégralement en français
-
- Premières heures compliquées
- Mise en scène vieillotte
- Textures qui manquent de détails

