Jeux

Tekken 8

Combat | Edité par Bandai Namco

9/10
One : 26 janvier 2024 Series X/S : 26 janvier 2024
09.02.2024 à 10h32 par - Rédacteur

Test : Tekken 8 sur Xbox Series X|S

Take my money !

Alors que le versus fighting 2D a déjà grandement enfoncé les portes de la nouvelle génération pour s’installer confortablement chez le joueur solo comme dans les arènes de l’Esport, on attendait de voir son pendant 3D en faire de même. A sa décharge, cette « autre » conception de la baston manque sérieusement de représentants. Mais on peut heureusement compter sur Tekken, véritable roc, inébranlable institution de la tatane, pour rebattre les cartes. Porté par le succès et la longévité du septième épisode, Tekken 8 était forcément attendu au tournant. Que dire, si ce n’est que non content de ne pas décevoir, Tekken 8 porte la franchise de Bandai-Namco au-delà des exigences les plus hautes.

Ils sont rares les jeux qui nous ont accompagné à chaque génération de console, sans jamais faillir. Car s’il est entendu que tous les épisodes de Tekken ne se valent pas, la franchise apparue sur la première Playstation est tout de même un formidable exemple de réussite. Ce changement dans la continuité, cette capacité à rassembler tous les profils de joueur, du soliste au compétiteur AOP, est remarquable. C’est d’autant plus vrai pour ce genre de jeu, la baston 3D, qui semble bien à la peine ces dernières années. Tandis que Street Fighter VI, The King of Fighters XV, Guilty Gear et autres Mortal Kombat témoignent à différentes échelles de la très bonne santé du versus 2D, il faut le plus souvent ouvrir les archives pour retrouver les grands noms de la baston 3D. Heureusement donc, il y a Tekken pour faire office d’exception qui confirme la règle. Et autant dire qu’avec une gueule pareille, Tekken 8 n’est pas près de se faire bouger par quelque opposant : on peut le dire sans hésitation, la bande à Jin et Kazuya est entrée dans la cour des grands. Ceux qui font honneur à la Xbox Series X sur laquelle nous avons eu le plaisir d’explorer le jeu.

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Tekken 8 est un jeu de baston magnifique, tout simplement. L’éclectisme mis en avant par la quinzaine d’environnements proposés est sublimé par un rendu graphique de haut vol. C’est impeccable, riche, vivant, bref ça se sert enfin de ce que nos consoles ont sous le capot. On retrouve les arènes sur plusieurs niveaux, dynamisées par des éclairages parfaitement maitrisés, parfois déconcertantes comme lorsque l’on se retrouve à envoyer des châtaignes au milieu d’un troupeau de lamas. Cette qualité visuelle se retrouve également sur le rendu des 32 personnages jouables. Tous bénéficient d’un niveau de détail, de précision, de qualité dans les animations, comme on n’en a jamais observé dans ce type de jeu. Expressions faciales, regards, cheveux : tout est soigné jusque dans les moindres détails. Que l’on apprécie beaucoup ou peu le chara-design ô combien spécifique de la saga, on ne peut ignorer le soin apporté par les développeurs à l’ensemble.

Parler de la qualité visuelle de Tekken 8 nous permet de sauter jusqu’au chapitre du mode histoire. La saga n’abandonne pas son scénario et de fait son contenu orienté joueur solo, que bon nombre apprécie de retrouver. Ici encore le travail sur la technique est formidable. Les cinématiques sont soignées et s’enchainent parfaitement avec les combats. On retrouve dans Tekken 8 un effort de mise en scène qui donne à ce mode histoire le dynamisme attendu. De quoi compenser le scénario en lui-même qui peine franchement à passionner. La chasse menée par Jin contre Kazuya, sur fond de tournoi puis de guerre dont l’issue pourrait changer la face du monde, est quelque peu bordélique, opaque. Pas foncièrement inintéressante, mais il est clair qu’il y avait quelque chose à revoir du côté de la narration. Néanmoins la présence de ce type de mode de jeu reste appréciable pour la poignée d’heures qu’il occupe. On apprécie par ailleurs les doublages qui sont adaptés dans la plupart des cas à la nationalité du personnage : Jin parle japonais à Lili, qui lui répond en français, avant que Leo vienne y coller une belle dose d’allemand.

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Le mode histoire est un moyen parmi tant d’autres de toucher rapidement à l’essentiel du roster et de découvrir donc les trois petits nouveaux. Il s’agit de l’énergique péruvienne Azucena, de l’agent secret français Victor Chevalier (doublé par Vincent Cassel) et de l’énigmatique Reina, dont la douceur apparente cache un immense potentiel de combat. Pour le reste le casting s’appuie sur Jin, Kazuya, Paul, Xiaoyu, Nina, Lars ou encore King et Yoshimitsu. A noter le retour aux affaires de Raven ou encore Jun Kazama. Trente-deux personnages pour le lancement de Tekken 8 donc, et on imagine beaucoup d’autres à venir au travers des passes saisonniers comme ce fut le cas pour le 7. Difficile quoi qu’il en soit de taxer Tekken 8 d’un quelconque manque de générosité : le jukebox est blindé de thèmes issus de tous les Tekken, tandis que de très nombreux éléments de personnalisation peuvent être obtenus en jouant tout simplement. De l’ensemble élégant à l’accessoire ridicule, on ne manque pas d’options.

On peut mettre d’ailleurs la main sur pas mal d’objets de personnalisation via le mode « Quête Arcade », autre morceau important de l’offre solo. On suit ici un avatar dans un monde d’avatars et dont l’objectif et d’écumer les salles d’arcade du pays pour se faire un nom, et accéder in fine au tournoi majeur de Tekken 8. Outre le fait qu’il permet donc de mettre la main sur des éléments de personnalisation, Quête Arcade sert également de tutoriel en incluant progressivement des informations et des défis relatifs aux principales fonctionnalités du jeu. Semblable sur le fond au World Tour de Street Fighter VI, ce mode nous est apparu comme beaucoup trop décalé de l’esprit général du jeu. En cause principalement le choix de l’habillage graphique. On contrôle un avatar de type Mii ou avatar Xbox 360, dans un monde d’avatars sans grande profondeur. C’est assez gentillet, pour ne pas dire niais, et ça s’essouffle tout de même rapidement. Le fond est relativement valable, la forme beaucoup moins.

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Que l’on passe du temps ou non dans cette Quête Arcade n’empêche aucunement de trouver son bonheur avec Tekken 8. Il reste bien évidemment le versus local, le mode arcade, une variante de celui-ci dédiée aux personnages (la série de combats dispose d’une brève mise en scène introductive et conclusive). On retrouve également l’entrainement traditionnel et pour aller plus loin un mode permettant de combattre un personnage dont le comportement est généré par une IA en fonction de notre propre style de jeu. Un bon moyen donc de s’observer de près ou bien de faire face au fantôme d’un autre joueur. A noter également le mode replay intéressant, car il propose toute une série de conseils au regard de la façon dont on a géré le match que l’on est en train de revisionner. Si l’on regrette un peu l’absence d’un mode survie, on apprécie très fortement en revanche le retour du Tekken Ball. Souvenez-vous : il s’agit d’un mode où deux joueurs se font face et frappent dans un ballon de plage, soit pour le faire tomber dans la zone adverse soit pour mettre KO l’opposant. Simple, le Tekken Ball est une petite madeleine dont on a grandement apprécié la saveur. A ce stade, on aurait bien aimé voir aussi le retour du mode « Force » de Tekken 3 et son iconique « chicken ! ». Peut-être une autre fois ?

En attendant, on profite pleinement d’une expérience de combat particulièrement grisante. Toujours axé sur le principe des quatre boutons pour quatre membres à enchainer pour créer des combos et envoyer l’adversaire valser pour mieux jongler avec, Tekken 8 ajoute une bonne dose d’offensivité à tout cela. La prise d’initiative est incitée et contribue à l’aspect spectaculaire des affrontements. Oui, Tekken 8 est clairement un jeu qui peut faire son chemin lors de compétitions en public, tant il est bon à jouer et beau à regarder. Il intègre par ailleurs une jauge « Heat », activable une fois par round et permettant de disposer durant quelques secondes d’une palette de coups portée elle aussi vers l’offensive. Au joueur donc de prendre possession de cet élément pour en faire usage au bon moment et asséner ainsi un enchainement brutal. On dispose également d’un « Rage Art », attaque puissante et chorégraphiée activable lorsque notre personnage s’approche de la défaite. En somme tout ce qu’il faut pour donner naissance à des combats spectaculaires et engagés. Ajoutez à cela trois nouveaux personnages tous très agréables à jouer (mention spéciale pour Reina en ce qui nous concerne), et la sauce de la réussite quasi-absolue s’épaissit.

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Tandis qu’il offre la diversité et la complexité nécessaire pour que les joueurs assidus trouvent de quoi parfaire leur art des heures durant, Tekken 8 fait aussi le choix de s’ouvrir aux néophytes avec le Special Style. Il est ainsi possible, d’une simple pression sur LR en combat, de basculer sur des commandes simplifiées. Matraquer X ou Y permet de créer automatiquement un combo. De quoi offrir aux débutant des premiers combats très accessibles, tandis que les joueurs curieux ont comme cela l’occasion de voir rapidement de quoi un personnage, lorsqu’ils ne le connaissent pas du tout, est capable. On doute cependant que ce type de simplification ait un véritable intérêt pour les joueurs sur la durée, pas plus qu’il ne devrait déséquilibrer les éventuelles rencontres en ligne. C’est effectivement bourrin mais ça l’est probablement suffisamment pour que le principe atteigne rapidement ses limites face à un joueur traditionnel un tant soit peu affuté.

Il va sans dire que c’est bel et bien en ligne que Tekken 8 va s’affirmer. On va être parfaitement transparent avec vous : on ne saurait se prononcer sur la qualité du netcode dès lors que l’affrontement s’adresse à des joueurs qui recherchent la véritable performance. De notre côté, on est plutôt à ranger au rang des amateurs qui trouvent que ça fonctionne globalement bien à titre récréatif. Tekken en ligne propose des matchs classés ou non et des lobbys pour passer du bon temps en attendant son tour. Il fait clairement partie des jeux où l’on ne se plaint pas trop de devoir attendre lorsque l’on a la possibilité d’être spectateur d’une belle bataille. A noter par ailleurs que le jeu n’est pas punitif avec les nouveaux entrants : il ne sanctionne pas le classement en cas de défaite jusqu’à un certain niveau et grâce à l’important vivier de joueurs que créé le crossplatform, on combat aisément contre des joueurs d’un niveau semblable au nôtre.

9/10
Tekken 8 est un jeu de baston tout bonnement formidable. Et c’est un joueur élevé loin de l’univers PSone qui vous le dit en toute objectivité. Techniquement impeccable, le jeu de Bandai-Namco fait honneur à nos consoles, sans rien lâcher du côté de la prise en main pour offrir des bagarres aussi plaisantes à jouer que spectaculaires à regarder. Le roster est solide, les modes de jeux sont nombreux, tout est au carré pour accueillir les joueurs de tous niveaux et de tous horizons. Honnêtement, il n’y a guère que le choix esthétique du mode Quête Arcade -un peu à côté de la plaque- que l’on peut pointer du doigt. Pour le reste, on reconnait bien là la marque du poing d’acier de Tekken.

+

  • Techniquement parfait
  • Bien fourni en modes de jeu
  • Roster très satisfaisant
  • Nouveaux personnages bien choisis
  • Beaucoup de contenu esthétique à débloquer
  • Proposition musicale archi-complète
  • Tout pour s’entrainer et progresser
  • Mode histoire soigné dans la mise en scène…

-

    • … Mais pas franchement passionnant
    • Mode Quête Arcade à la forme douteuse