Test : TMNT sur Xbox 360
Quand je serai grand, qu’on se le dise, je serai vendeur de jeux vidéo
Les seize niveaux du jeu, lesquels se bouclent en 15-20 minutes maximum, n’ont été conçus que pour asservir les talents en agilité, rapidité et combat de nos héros. En effet, nul scénario n’ayant été introduit, ne comptez pas suivre une trame quelconque même si chaque mission est précédée d’une courte séquence narrative sous forme de bande dessinée. Les tortues y relateront surtout leurs impressions, de même qu’elles commenteront par moments la progression de l’une d’elles au cours d’un niveau. Ces derniers se déroulent essentiellement sur les toits de New York, ville où officient traditionnellement nos batraciens, mais également dans un décor de type ancien temple inca dont les aspérités, pièges et éléments divers permettront à Leonardo d’user de sa souplesse naturelle. En fin de compte, la recette de base est reprise dans le sens où nos héros, rompus aux techniques des arts martiaux, auront constamment pour objectif de restaurer l’ordre face à des gangs ou des mercenaires aussi agressifs que le chihuahua de Paris Hilton ! Curieusement, ce n’est pas le genre « jeu de combats » qui a été retenu ici puisque TMNT sera, les trois quarts du temps, constitué de phases de plateformes et, dans cette optique, nous sommes en droit de nous demander pourquoi le jeu est conseillé aux douze ans et plus, à savoir classé en « mild violence ».
Le choix risque de désorienter l’audience et de perdre en route un public mal défini. En effet, les combats ne sont que trop rares pour satisfaire de jeunes adolescents déjà embarqués sur des FPS bien plus réalistes. Certes, quelques attaques ponctuent notre avancée mais seules trois ou quatre scènes en arène ont été implémentées face à des boss pas vraiment retors. Vos assaillants sont, de toutes façons, aussi flasques que de la « jelly » britannique et hésiteront à attaquer à plusieurs, préférant parer même si vous êtes situé à trois mètres. Hormis les boss, il faut en principe deux coups pour achever les adversaires tandis que, leur corps disparaissant de l’écran, nous restons avec un vague goût de ménage un peu trop vite fait. Pourtant un réel effort a été fourni afin de différencier nos tortues : chacune possède son arme de prédilection (bâton, nunchaku ou katana) lui permettant d’adapter sa technique au combat et de bénéficier d’un coup spécial. A titre d’exemple, certains pourront lancer deux lames vers les ennemis avant de les récupérer, tournoyer à vive allure au sol pour renverser les opposants ou utiliser le bâton pour se projeter dans les airs puis le planter au sol à grande vitesse. L’autre aspect qui fait preuve d’une certaine originalité est la capacité de ces dites armes à proposer une fonction supplémentaire, ainsi le nunchaku(tourné rapidement au dessus de la tête) permet de voler quelques secondes, les lames de s’accrocher comme des griffes à la verticale et le bâton fait office de perche pour passer un ravin.
En attendant je me déguise en costume de Tortues Ninjas
Une déception nous attend pourtant à l’arrivée puisque les personnages ne peuvent être dirigés en coopération. En fait, passés les premiers niveaux, ils ne pourront être qu’alternés dans le but de choisir celui dont les capacités sont les plus appropriées sur le moment ou pour octroyer un peu de repos à celui qui est blessé. Le joueur ne peut donc pas combiner en simultané leurs techniques, ce qui sous-entend en parallèle qu’il n’existe pas de possibilité de jouer en coopération. Outre l’option « Jouer », seuls les bonus permettront de débloquer des défis solo souvent basés sur la vitesse. Il aurait fallu néanmoins augmenter considérablement le niveau de difficulté et allouer bien plus de combos au jeu pour apprécier un tant soit peu une progression à plusieurs. En contre partie, les amateurs de voltiges apprécieront une palette de mouvements conséquente pour passer d’un point à un autre et reconnaîtront sans mal la touche des créateurs de la série Prince of Persia. Nos batraciens pourront courir le long d’un mur pour éviter les obstacles, sauter de colonnes en colonnes, utiliser deux façades opposées pour grimper, s’accrocher à un parapet par exemple…la liste est longue et ces ajouts auraient pu conférer un charme certain au titre, sous peine de penser que les combats ne sont que subalternes. Malheureusement, la gestion de la caméra s’avère être une catastrophe. Nous ne savons pour quelle raison, les créateurs ont gommé la vue à 360°, pourtant ô combien primordiale pour observer les particularités du décor. Ici, la vue vous est imposée et vient se cadrer de façon à vous montrer le cheminement à suivre, seulement elle est régulièrement mal calculée, ne permettant pas de percevoir aisément les profondeurs et les « limites » du décor. Il en résulte que votre tortue chute souvent d’un toit, obligeant à reprendre au dernier point de sauvegarde. En sus, si les héros sont plutôt bien modélisés et plus esthétiques que dans le dessin animé d’origine, leur démarche pose quelques problèmes car on a l’impression qu’ils partent sur le côté et se tournent trop vite, sensibilité du stick oblige nous présumerons.
Le souci du détail sur les tortues ne se retrouvera pas dans les environnements, pauvres en éléments,presque sans textures et aux tons passés. En revanche, le doublage est bien effectué et chaque personnage possède sa propre voix, certes les dialogues n’ont pas grand intérêt mais l’on soulignera l’effort quant à produire une version française. Le constat final fait penser à ces vieux t-shirt que l’on adorait porter plus jeunes mais qui, à force de lavages, ont perdu leurs couleurs et ressortent bien mornes. Il y a des franchises qui vieillissent certainement mal et, peut être qu’à l’heure où les plus jeunes affichent un penchant pour les robots tueurs qui se transforment, notre amie la tortue (bien que réhabilitée en chanson par Christophe Willem) s’offre peu de chances de conquérir la planète !
+
- Double emploi des armes bien pensé
- De nombreuses séquences de voltige
- En totale version française
-
- Gestion de la caméra horrible
- Une progression très linéaire et répétitive
- Décors urbains d’une tristesse aberrante
- Les combats ne sont pas au centre du gameplay