Test : Tomb Raider I-II-III Remastered sur Xbox Series X|S
Lara et la fontaine de jouvence ?
La tendance des portages, remasters et autre remakes ne faiblit pas, et c’est désormais la franchise culte Tomb Raider qui s’offre un retour destiné avant tout aux joueurs qui ont connu les débuts de Lara Croft. Comme son nom l’indique, Tomb Raider I-II-III Remastered regroupe les trois premiers épisodes de la franchise, sortis à un an d’intervalles entre 1996 et 1998, sur la première console PlayStation notamment. Faisant partie des premiers jeux en 3D, ces trois titres disposent logiquement de graphismes très typiques de l’époque avec des modèles 3D taillés à la serpe et des textures particulièrement pixellisées. Il apparaissait donc absolument nécessaire de proposer une expérience de jeu plus confortable en retravaillant ces deux points, tout en apportant une grande révision concernant la maniabilité, jugée déjà assez difficile à maitriser à l’époque. On apprécie au passage la présence des contenus bonus sortis peu après les titres d’origine, ce qui permet de faire gonfler un peu plus encore la durée de vie déjà bien généreuse de l’ensemble.
Premier point qui saute aux yeux avec ces nouvelles versions, les graphismes sont tout à fait corrects sans être particulièrement époustouflants, et permettent ainsi de se rapprocher des épisodes Legends, Anniversary et Underworld sortis sur Xbox 360, tout en profitant d’une meilleure résolution, en 4K sur Xbox Series X, et d’une fluidité sans faille qui tranche assez largement avec les versions d’origine. D’une simple pression du bouton menu, on peut d’ailleurs passer de cette version remasterisée à celle d’origine, à la fois pour se prêter au jeu des comparaisons, mais aussi pour faciliter l’exploration. Il n’est en effet par rare de chercher pendant un moment des mécanismes à activer, qui ont la fâcheuse tendance à se confondre un peu trop bien dans le décor. Un passage rapide en version d’origine permet alors d’y voir nettement plus clair.
Même reproche avec les effets de lumière, bien plus réalistes désormais, mais qui ont tendance à plonger certains couloirs dans le noir complet. Les développeurs d’Aspyr ont alors eu l’idée d’inclure des points de lumière supplémentaires, même si leur nombre ne suffit pas à compenser le manque de luminosité de certains lieux. Même chose avec l’ajout de végétation, une bonne intention qui obstrue parfois la lisibilité générale, et oblige là aussi à switcher vers la version d’origine le temps d’y voir plus clair. De la même manière, l’ajout d’un mode photo est une bénédiction lorsqu’il s’agit d’explorer un lieu en détails pour analyser le trajet à emprunter sans se risquer à une chute mortelle.
Pour ceux qui ont connu les débuts de la saga, la grande question se trouve surtout au niveau du gameplay et sur la capacité des développeurs à avoir simplifier la vie des joueurs. Réputés pour adopter une jouabilité «tank» (traduite littéralement en «contrôles de char» dans cette version française) pour s’adapter à la croix directionnelle de la première manette PlayStation, les trois jeux sont désormais jouables avec une maniabilité moderne, avec des déplacements classiques au stick. Et là encore, il a été question de switcher à plusieurs reprises entre ces deux propositions, avec l’obligation de passer par le menu pour cela alors que l’utilisation d’une combinaison de bouton aurait certainement été une meilleure solution. Car si les contrôles modernes sont appréciables dans les phases de plateformes, notamment pour mieux appréhender les sauts au millimètre, on se rend compte que certaines pirouettes sont plus difficiles à sortir. Même chose pour effectuer des sauts latéraux en combat, pour réaliser un saut en arrière ou effectuer une marche arrière pendant que Lara rampe, des mouvements plus simples à réaliser avec les contrôles de tank, malgré leur lourdeur.
Et si vous avez le souvenir de jeux difficiles, sachez que c’est toujours le cas, malgré ces quelques améliorations au niveau de la jouabilité générale. Les développeurs de Core Design n’hésitaient pas à l’époque à planquer des ennemis à la manière d’un Dark Souls, pour mieux vous surprendre et tenter surtout de réduire votre barre de vie jusqu’à ce que mort s’ensuive. De même, les chutes d’une plateforme située en hauteur ont le même effet, et le moindre faux pas peut être fatal. Peu commun, même à l’époque, il faut alors utiliser un bouton pour «marcher» pour se positionner au bord d’un précipice avant d’enchainer avec un bond en avant ou en hauteur, et utiliser ensuite un autre bouton pour s’agripper si besoin. C’est archaïque, mais on finit par s’y faire. Ce qui a particulièrement bien vieilli en revanche, ce sont les animations de Lara. Chaque mouvement est très détaillé et fluide, ce qui rend les phases de plateformes un peu plus agréables. On regrette tout de même quelques imprécisions, souvent liées à d’affreux problèmes de caméra qui viennent gâcher l’expérience d’une exploration dépaysante de temples et de lieux à l’architecture souvent linéaires, parfois construits en mini-zone ouverte avec la nécessité de trouver des clés pour progresser.
Et si vous vous posez la question de savoir pourquoi nous n’avons pas détaillé chacun des trois épisodes présents dans cette compilation, c’est pour la simple et bonne raison que ceux-ci se suivent et se rassemblent quasi trait pour trait. En sortant un épisode par an, on imagine que les équipes de Core Design se sont surtout attachées à développer le bestiaire et le level-design, plutôt que d’approfondir le gameplay. Pour preuve, cette volonté de nous plonger directement dans la difficulté avec les épisodes 2 et 3, alors que le premier Tomb Raider nous laissait deux petits niveaux pour nous mettre en jambes avant de passer aux moments de grandes souffrances. Mis à part ce détail, on retrouve tout de même quelques petites nouveautés d’un épisode à l’autre avec l’apparition de véhicules et la nécessité de ramasser des objets sur des cadavres à partir de Tomb Raider 2, et la possibilité de ramper et même de choisir l’ordre de certains niveaux dans Tomb Raider 3.
Chaque épisode est en tout cas l’occasion de voir du pays, avec des niveaux qui nous emmènent au Pérou, à Venise, en Antarctique, dans le désert du Nevada et même à Londres, pas très loin du manoir des Croft. La demeure de Lara est d’ailleurs le lieu où il est possible de s’habituer à la maniabilité du jeu, avec là aussi la nécessité de passer d’un type de contrôle à l’autre pour éviter de s’arracher les chemins sur les parcours d’entrainement. Précision importante, le système de sauvegarde permet de conserver sa progression à n’importe quel moment, sans aucune limite d’utilisation. De quoi limiter la frustration, tout en évitant de devoir recommencer de nombreuses fois les mêmes passages compliqués (et ils sont nombreux).
On termine avec l’aspect technique du jeu, totalement dans son jus en ce qui concerne la version d’origine, avec ses énormes pixels (encore plus flagrant durant les cinématiques) et son framerate qui doit tourner à 20 images par seconde. L’ensemble est tout de même affiché en 16/9ème, mis à part les menus qui ont conservé leur format en 4/3. La mise en scène et le sound-design ont particulièrement mal vieillis, et auraient sans doute mérité une petite révision pour la nouvelle version. Concernant cette dernière, on salue le travail réalisé sur l’eau, en comparaison d’effets absolument abominables sur la version d’origine, et un rendu bien plus agréable après le passage d’Aspyr. Sur cette nouvelle version, le design de Lara est le même d’un épisode à l’autre, ce qui est relativement dommage dans le sens où l’exploratrice anglaise bénéficiait de coiffures différentes selon les jeux présents dans la trilogie. Sans faute en revanche concernant la fluidité de l’ensemble, qui permet une fois encore de souligner la qualité des animations.
+
- Trois jeux cultes, et leurs niveaux bonus
- Deux types de maniabilité, moderne et tank
- Animations qui ont très bien vieilli
- Possibilité de sauvegarder n'importe quand
- Lifting qui ne dénature pas l'œuvre
- Graphismes d'origine inclus
-
- Gameplay toujours difficile à prendre en main
- Mise en scène et doublages catastrophiques
- Cinématiques qui auraient mérité d'être retravaillées
- Caméra tout droit sortie des Enfers
- Sound-design pas terrible