Jeux

Top Spin 2

Sport | Edité par 2K Games | Développé par PAM Development

8/10
360 : 07 avril 2006
20.04.2006 à 16h41 par |Source : http://www.xbox-mag.net/

Test : Top Spin 2 sur Xbox 360

Je suis seul. Perdu dans mes pensées. Je gamberge, assis sur l'un des bancs de ce luxueux, propret et pourtant si impersonnel vestiaire. Ah ! Il est loin, le jeune premier des débuts, celui qui lançait des propos fracassants face aux micros, tentait des coups invraisemblables sur le court et ne pensait qu'à s'amuser, charmer les supportrices et claquer ses prize-money en cabriolets, villas, bijoux et autres futilités. Aujourd'hui je suis plus mur. Plus vieux aussi. Alors que l'image du champion est plus que jamais mise en avant, mon apparence n'a pas suivi la mode. Je suis sans éclat, je me fonds dans la masse, je ne déchaîne plus la foule. Mon âge ne me permet plus les folies d'antan, alors je m'adapte : je joue plus technique. Les jeunes sont surpris au début. Goguenards parfois. Qu'importe : désormais, je ne pense plus qu'à la victoire.

La balle était dans leur camp

Avec Top Spin, PAM avait joué un coup de maître, à savoir se hisser, en terme de notoriété (et de qualité) au niveau des deux grosses licences modernes du jeu de tennis : Smash Court et Virtua Tennis. De ces deux mastodontes, le titre de Hitmaker était celui dont TS se rapprochait le plus, avec un gameplay penchant généreusement vers l’arcade. Néanmoins, le soft français comportait plus de possibilités et introduisait une future marque de fabrique, celle des coups risqués. Résultat : un jeu marquant et terriblement accrocheur.

Avec Top Spin 2, on pouvait s’attendre à une jouabilité prudemment peu remaniée, accompagnée de graphismes Next-Gen dignes de ce nom. Eh bien c’était une vraie double-faute. L’inquiétude née des premières images n’était finalement pas totalement erronée. Il était écrit que Top Spin 2 ne serait pas une référence visuelle pour la 360 comme son aîné l’avait été en son temps pour la Xbox. Graphiquement agréable, mais sans plus, le jeu paraît hésiter entrecette dernièreet Xbox 360. Le faire passer en haute définition rend déjà l’expérience plus convaincante et permet de profiter des quelques détails prouvant qu’une génération est – discrètement certes – passée par là. L’animation des joueurs est particulièrement réussie, avec des coups très bien modélisés et plus esthétiques que dans le premier volet. La plutôt bonne organisation de la vie du court (juges, ramasseurs de balles) est contrebalancée par une modélisation et animation moyennes, voire des oublis étranges (les ramasseurs passent à côté des balles !). Ceci dit, rien de tout cela n’empêche de se plonger dans un match. On déplorera davantage les réactions du public, qui s’exprime à des moments peu appropriés et se montre assez mou en général. TS1 n’était pas une référence au niveau sonore, mais TS2 ne fait pas mieux.

Au delà des aspects visuel et auditif, il était aussi écrit que comme pour son père spirituel, Virtua Tennis, le passage du volume un au volume deux de Top Spin verrait évoluer le gameplay de la série. De façon radicale.

Attends, laisse-moi réfléchir… Quel coup je vais bien pouvoir fai… Merde, la balle est déjà passée !

Bien que le niveau professionnel tende à proposer un style de jeu de plus en plus stéréotypé, le tennis reste un des sports où l’éventail des choses qu’on peut faire, dans les limites des règles bien entendu, est le plus large. C’est peut-être cela qu’ont voulu montrer les développeurs de PAM qui ont mis au point un gameplay complexe, se basant sur l’architecture de celui du premier Top Spin mais allant finalement bien plus loin que ce dernier.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 6 types de coups différents (dont 2 coups risqués) dans TS, 12 (dont 4 coups risqués) dans TS2. 8 compétences de joueur dans TS dont 4 non modulables, 11 dans TS2. Un choix audacieux de la part de développeurs qui ont visiblement eu envie de s’orienter vers un mets vidéoludique autrement plus épicé.

C’est de là, justement, que le nouvel esprit de Top Spin tire toute sa quintessence. Au service, on peut choisir d’assurer une balle moyenne, de tout mettre dans une première balle canon ou de proposer un engagement nuancé, en slice, en lift ou à la cuiller, ce qui permet d’atteindre des zones différentes à chaque fois. Rien de très différent par rapport au premier épisode, mais en pratique les aces et engagements dangereux sont plus nombreux qu’avant. Elément décisif du tennis d’aujourd’hui, le service le devient un peu plus dans la série Top Spin. Mais ce n’est pas tout. Dès que l’échange est lancé, une multitude d’options s’ouvre. On a le choix entre les coups assurés (qui ne sortent jamais, comme dans le premier épisode), les coups liftés (balles auxquelles on peut imprimer un angle important, mais propices aux fautes, bien plus que dans TS1), slicés (coup de défense rasant, difficile à maîtriser également) et lobés (balle de défense en cloche), assignés respectivement aux touches A, B, X et Y. A cela s’ajoute la possibilité de jouer des coups risqués en combinant ces boutons et la gâchette droite. Chaque coup sus-cité possède son équivalent risqué, lequel rend la balle plus rapide, plus précise et accentue les effets recherchés. En outre, et c’est là une totale nouveauté, des coups avancés ont fait leur apparition. Joués en combinaison avec l’une des quatre touches principales et la gâchette gauche cette fois, ils permettent d’imprimer à la balle un effet spécial et d’ainsi briser la routine d’un échange sans risque, car, à la différence des coups risqués, ils n’y a aucune chance de faire faute quand on les exécute.

C’est un beau paquet de commandes ! Peut-être pas de quoi rendre envieux Sa Majesté Roger Federer ou le magicien Fabrice Santoro, mais presque. Et bien entendu, ça décuple les possibilités au cours d’un match. Avec quelques nuances néanmoins. Notamment le timing requis pour réussir un coup ou service risqué. Top Spin 2 est beaucoup moins tolérant que son grand frère sur ce point précis, au point de rendre lesdits coups TRES risqués à tenter. Même ceux qui ne jouaient plus qu’en risk shots dans le premier opus risquent d’être désorientés et de devoir compter sur autre chose pour faire la différence. De plus, on se doit de citer à nouveau le fait qu’à part la frappe de base assignée à la touche A, tout coup mal dosé a de grandes chances de sortir, qu’il soit risqué ou pas. Il faut être concentré et précis. Autre spécificité : la jauge de confiance. Déjà présente dans le premier TS, elle est fidèle au poste et se remplit suite aux divers gains de points, jeux ou sets. Mais son influence ne se réduit plus aux seuls coups risqués plus faciles à sortir. Désormais, les sus-cités coups avancés dépendent entièrement de la confiance emmagasinée par un joueur. La barre est divisée en quatre segments auxquels des coups sont assignés. Plus elle se remplit, plus la palette s’étend et comporte des coups censés être décisifs. La bonne gestion de son mental a donc à présent une influence directement visible sur un match.

RPG tennistique

Par essence, un jeu de tennis est principalement multijoueur. Affronter un adversaire humain, si possible sur base de gameplay riche, est souvent l’occasion de moments inoubliables. Néanmoins, pour être exhaustif, un bon titre se doit aussi de proposer au joueur isolé un plaisir solitaire digne de ce nom. Dans Top Spin 2, c’est le mode carrière. Particulièrement complet, il propose de créer son propre champion en commençant par une scéance de morphing ultra précise. Une occasion de se créer soi-même ou de faire tout autre chose, du mannequin au monstre extra-terrestre. Des outils peu précis permettent aussi de déterminer le poids et la taille de son avatar, avant de choisir son style de revers, sa latéralité (rappelez-vous : les gauchers sont meilleurs au tennis) et ses ahanements (qu’on sera rapidement tenté de faire soi-même par conviction profonde).

C’est ensuite que la carrière proprement dite débute. Elle se présente sous la forme d’un planning qui, tous les 15 jours, propose de participer soit à un entraînement, soit à un tournoi, soit à un événement spécial (match de gala, défi homme-femme, Coupe Davis qui ne s’appele pas Coupe Davis, etc.). Les séances de training – qui ressemblent énormément à celles que Virtua Tennis 2 proposait en son temps – permettent de booster ses compétences en gagnant des étoiles (60 à distribuer entre 11 compétences) et ainsi de déterminer les forces de son champion. En tournoi, les matchs gagnés sont synonymes de montée au classement ATP mais aussi de gains en argent. Cet argent permet de participer aux entraînements mais aussi d’acheter des tenues à son joueur (en plus de celles offertes par son sponsor) pour accéder au leadership mondial avec le staïle.

Niveau organisation, rien à redire. Le mode carrière de Top Spin 2 est bourré de qualités, d’options bien trouvées et d’informations utiles (statistiques complètes, classements, messages audio, défis originaux, l’idée du rival, etc.). De plus, on y retrouve nombre de licences officielles. Des dernières tenues Nike à la mode aux vrais noms et logos des tournois (à l’exception notable des deux évènements majeurs parisiens, Bercy et Roland Garros) en passant par les nombreux champions réels (Federer, Roddick, Hewitt, Mauresmo, Davenport, Sharapova, modélisés parfois un peu maladroitement. Par contre, pas de Nadal, de Safin, de Gasquet, de Henin, de Clijsters. A quand un casting complet, particulièrement difficile à mettre en place ?), on retrouve tout l’univers du tennis pro fidèlement reconstitué.

Seulement voilà, la fondation de tout, c’est le jeu, les matchs, la compétition. Et c’est là où le bât blesse, notamment en raison d’une IA mal réglée. Au fur et à mesure que le niveau de son joueur augmente, les matchs deviennent d’une facilité déconcertante. De plus, avec un peu de pratique, on réalise que l’adversaire joué par la machine, quel qu’il soit, se laisse toujours avoir par les mêmes suites de coups (exemple : service slicé sur la droite puis coup dans la diagonale opposée), comme dans Top Spin 1. On peut comprendre que programmer une intelligence artificielle dans un titre d’une telle complexité soit malaisé, mais il est dommage que tout le mode solo en soit affecté. Le temps peut paraître long durant les quelques saisons qu’on est amené à effectuer. Il existe, certes, une option permettant de simuler les résultats (au choix, tout un événement, un match, un set ou un jeu), mais primo, c’est moins marrant que de jouer, et secondo, contre des adversaires sur le papier plus forts que soi (mais qu’on exploserait allègrement si on ne simulait pas), le système est parfois traîtreux, voire injuste, ce qui oblige à rectifier le tir en prenant la manette soi-même, ou bien à constater la défaite si on choisit de simuler sans lancer le match. Un conseil : toujours se servir de cette aide avec sa jauge de confiance remplie. Fin du constat mitigé avec les temps de chargement. Cela concerne l’ensemble du jeu bien sûr, mais c’est durant le mode solo qu’on y est le plus confronté. Et ils sont longs, mais longs… Une fois, d’accord, mais toutes les 10 minutes, comme les pauses pipi de Sharapova, non, ça ne le fait vraiment pas.

On se fait quelques balles ?

C’est de façon plutôt logique que Top Spin 2 prend toute son envergure, losqu’un autre joueur humain est en face. On peut jouer un simple match, organiser un tournoi et s’adonner à des mini-games plutôt amusants mais à l’intérêt limité. L’idéal étant bien entendu d’avoir des amis amateurs de tennis dans son entourage, ou bien le Xbox Live. Le mode online de TS2 propose deux types de rencontres : avec ou sans classement. On peut déterminer pas mal de paramètres, on trouve facilement et rapidement un partenaire, avec néanmoins l’obligation de jouer à deux sur une même console pour faire un double.

Le lag, très présent dans le premier opus, a presque disparu. On en retrouve sur une minorité de parties (c’est parfois gênant pour bien jouer) mais visiblement, un bon travail a été fait afin que les conditions de jeu en ligne soient les plus proches possible de celles offline. A la bonne heure. C’est agréable, particulièrement dans le mode classement qui propose de monter dans une hiérarchie établie à partir de tous les matchs de ce type joués sur le Live. D’une architecture rigide de 3 sets comprenant 3 jeux, ils sont très rapides et la facteur chance entre donc beaucoup en ligne de compte. Il est fréquent de se faire surprendre, d’autant plus que, faisant fi du beau jeu, pas mal d’adversaires privilégient des techniques peu académiques ou répétitives mais efficaces (du genre qui ne marcheraient jamais en vrai) pour remporter les rencontres, ce qui peut sensiblement agacer. Certaines failles existent déjà et sont exploitées, comme la possibilité de renvoyer une balle ultra lente grâce à un coup avancé joué avec la jauge de confiance vidée, balle à laquelle on ne peut pas réimprimer l’élan qu’on voudrait, même avec une préparation très longue. Heureusement, l’ambiance de compétition est assez passionnante et donne du piment à ces affrontements. Dommage qu’on ne puisse jouer que des simples, du moins pour l’instant.

Baisser plus que de raison la note de Top Spin 2 seulement parce qu'il ne propose pas des graphismes magnifiques serait dommage, puisque ce que l'on perd en beauté, on le gagne en intérêt avec un gameplay évolué, passionnant, possédant une marge de progression énorme et une profondeur rarement vue jusque là. Néanmoins, l'aspect visuel n'est pas le seul défaut du titre de PAM, qui propose un mode carrière très complet mais lassant sur la longueur, des bruitages pas toujours appropriés et quelques lacunes sur le Live. On se retrouve néanmoins devant un très bon jeu de tennis, un tout petit peu moins accessible qu'avant mais dans le fond plus intéressant à jouer, ce qui est l'essentiel. L'amateur de baballe jaune virtuelle doit absolument l'avoir dans sa ludothèque.

+

  • Gameplay super bien fichu
  • La création de son joueur
  • Mode Xbox Live bien organisé et presque sans lag
  • Mode carrière très complet
  • Animation des joueurs

-

    • Graphismes "seulement" corrects
    • IA présentant quelques faiblesses (nuit à l'intérêt du solo)
    • Chargements longuets
    • Manque de dynamisme autour des joueurs sur les courts