Test : TramSim: Console Edition sur Xbox Series X|S
Et là, c’est le tram
Agriculteur, chauffeur de bus, grutier comme Martino, routier de l’extrême, paysagiste, agent de la DDE, grand soldat du feu ou simple flic : notre CV du joueur de simulator sur consoles commence à sérieusement s’étoffer. C’est donc avec entrain et confiance que l’on a traversé la rue vers un nouveau job, celui de conducteur de tram. Voilà autre chose ! Une expérience de plus qui nous est proposée par le développeur Viewapp et son éditeur, Dovetail Games. Ce dernier s’y connait d’ailleurs très bien question rail puisqu’il est à l’origine du remarqué TrainSim World 3 sorti l’automne dernier. Mais qui dit tramway dit nécessairement que l’on met de côté le voyage vers le lointain pour s’efforcer d’être un héros du quotidien de centaines de citadins.
TramSim arrive sur consoles quelques années après avoir officié sur PC. C’est toutefois un mal pour un bien, car on travaille non seulement à Vienne (ville proposée dans la version d’origine sur PC) mais également à Munich. De quoi apporter une certaine diversité aux défis urbains bien que Vienne se place, à tous les niveaux, significativement au-dessus de sa cousine bavaroise. Peu de simulators peuvent se targuer d’un rendu graphique d’une telle qualité et c’est clairement à Vienne que l’on en fait l’expérience. Le long d’une quarantaine d’arrêts, de Stefan-Fadinger-Platz au Prater, les développeurs ont rendu honneur à la capitale autrichienne. On y reconnait plusieurs monuments, à l’image de l’opéra, de l’église Saint Charles ou encore du Parlement. On n’est pas dans le photoréalisme bien évidemment mais ça fait chaud au cœur de pouvoir dire d’un simulator qu’il est un beau jeu. C’est rare. On apprécie par ailleurs la possibilité d’en profiter en choisissant sa saison, l’heure et les conditions météorologiques (éventuellement de façon dynamique). En ajoutant à cela un environnement sonore calme mais assez réaliste, les premières balades valent le coup d’œil.
Côté munichois, c’est également joli à regarder mais on ressent un certain décalage. La ville semble plus terne, moins vivante et variée. Mais tout de même plaisante à découvrir. Cela étant dit, que ce soit à Vienne ou à Munich, TramSim manque le coche de la prestation technique de haut vol, la faute aux bugs visuels et/ou de collisions. Il arrive qu’un véhicule du trafic disparaisse subitement ou, moins grave, manque de fluidité dans ses déplacements. On aperçoit aussi – et plus fréquemment – des piétons passer à travers le sol. Non, ce n’est pas une personne de petite taille que vous voyez passer devant vous, seulement un énième piéton dont seul le buste dépasse du trottoir. L’ennui d’ailleurs avec cette pauvre populace, c’est qu’elle semble sortie de l’attaque des clones. Il y a véritablement trop peu de modèles de personnages dans TramSim, aussi n’est-il pas rare de voir monter à bord les jumelles Monique et Unique, ou une armée de businessmen bien trop attachés à leur téléphone. Notons toutefois que côté IA tout ce beau monde se montre civilisé, que ce soit à pied ou en voiture, respectant scrupuleusement le code de la route.
Nonobstant ces couacs de forme, TramSim est plaisant à découvrir au fil de kilomètres de lignes qui s’égrènent. On s’y lance aux commandes de trois types de trams, par ailleurs joliment modélisés. A Vienne, on peut se tourner vers le modèle E2 pour une touche de classicisme et d’élégance ; ou bien choisir la modernité et le confort qui va bien en optant pour le Flexity. Enfin, la carte bavaroise nous offre un joli cadeau avec l’iconique R2.2.b. Quel que soit votre choix, TramSim propose de jouer en mode libre ou bien avec des horaires à respecter, sans aucun enrobage scénaristique ou simplement une progression à suivre. Le jeu ne s’encombre aucunement de tout cela. Tout juste propose-t-il un système de points d’expérience que l’on remporte en respectant les règles de circulation, en arrivant à l’heure ou encore en stoppant le tram proprement à chaque arrêt. La progression est d’ailleurs très lente et sauf erreur, gagner ces points ne change rien à ce que propose le jeu par la suite. C’est une toute petite carotte.
Au-delà de ce choix de la sobriété maximale, TramSim fera ou non votre bonheur selon ce que vous en attendez. Il propose divers degrés de simulation. En se contentant du strict minimum à opérer soi-même les choses se déroulent simplement côté conduite. A côté de cela il convient essentiellement de respecter la multitude de règles de circulation, exprimées notamment via les signaux spécifiques aux trams. Si vous êtes totalement étranger à cet univers (c’est notre cas), un petit tutoriel et surtout un glossaire sont disponibles pour progressivement apprivoiser tout cela. Les tracés à explorer n’étant pas légion, on apprend au bout de quelques heures où, quand et pourquoi faire certaines choses. Les portes se commandent simplement depuis le pad, l’accélération freinage avec le stick ; le cas échéant il y a un menu déroulant relativement lisible à ouvrir depuis la croix directionnelle pour accéder à l’essentiel des commandes de base. Jusqu’ici, tout va bien. Mais avouons que passé une poignée d’heures dans ces conditions TramSim perd rapidement son attrait.
Reste alors naturellement à tenter l’expérience en mode simulation. Et là, mes amis, accrochez-vous bien. Le didacticiel est trop léger pour saisir la multitude d’actions à accomplir, alors on épluche le glossaire… Qui n’est que partiellement traduit. Des phrases en anglais se mêlent au français dans un ensemble déjà relativement bien opaque pour qui découvre l’univers du tram. Mais soit, à cœur vaillant rien d’impossible et en bidouillant les options du menu déroulant, on parvient à saisir l’essentiel. Il est d’ailleurs indispensable de recourir à ce menu rapide car bien qu’il regroupe des commandes accessibles autrement directement sur le tableau de bord, les utiliser est un énorme défi. Non seulement le pointeur ne dit pas à quoi sert le bouton que l’on vise mais en plus TramSim ne propose pas de zoom qui nous permettrait d’accéder à tout cela proprement.
En l’état tout commander depuis le tableau de bord relève du masochisme. Et ce n’est pas terminé ! Il reste en mode simulation à gérer le module IBIS. C’est sur cet écran (vers lequel on peut zoomer, ouf) que l’on doit gérer son trajet, les annonces ou tout bonnement s’identifier avant de partir au vent… Et où tout est inscrit en allemand. Ja, Sir. Il y a bien quelques explications écrites disponibles dans le menu d’aide, mais se dépatouiller avec un système relativement complexe dans une langue qui nous est éventuellement totalement étrangère n’est pas à la portée de toutes les patiences. TramSim s’en trouve ainsi égratigné dans sa grande beauté : rapidement ennuyeux si assisté, potentiellement frustrant sans cela.
+
- Très belle réalisation en dépit de bugs
- Univers plutôt rafraichissant
- Vienne et Munich dans le même jeu
- Accessible avec les bonnes assistances…
-
- … Mais vite ennuyeux si trop assisté
- Frustrant en mode simulation totale
- Des bugs et des traductions qui passent à la trappe
- Tableau de bord contre-intuitif