Test : Truck Driver: The Dutch Connection sur Xbox Series X|S
Encore un plan foireux signé Dutch ?
Truck Driver: The Dutch Connection reprend avec une précision quasi-chirurgicale ce qu’était The American Dream : un jeu de conduite de camion qui veut nous raconter une histoire. On retrouve ici l’exacte même interface, mais on bénéficie toutefois dès le lancement d’une fonctionnalité qui était arrivée plus tard dans The American Dream, à savoir le mode libre permettant de parcourir la carte et d’effectuer des livraisons. Mais le cœur du jeu demeure toutefois porté une nouvelle fois par le mode Histoire. Il est découpé en une vingtaine de chapitres qui suivent ici la vie sur les routes de deux personnages. Il y a Felix, vieux briscard made in Texas et venu en Europe pour vivre une nouvelle expérience de chauffeur routier.
On comprend rapidement que cette nouvelle aventure s’est décidée au détriment de son ancienne vie américaine, avec ce que cela comporte d’opportunités comme de regrets. Et puis il y a Lucas, jeune Néerlandais qui a choisi d’être sur la route toute la sainte journée contre l’avis de ses parents, lesquels auraient aimé qu’il devienne avocat et reprenne un jour la boîte de papa. L’histoire nous est racontée de la même façon que dans The American Dream, avec quelques petites cut-scenes agrémentées d’images fixes et surtout de longues discussions par téléphone avec divers personnages (membres de la famille, collègues de travail, etc.). Elles nous accompagnent tout au long des missions qui, comme dans tout bon jeu de camion, consistent simplement à apporter un chargement d’un point A vers un point B.
Une fois encore, on se demande si cette formule tient quelque chose de mal exploité ou si tout simplement ce n’est pas fait pour fonctionner. Les doublages en anglais sont plutôt bons, notamment celui de Felix qui a un petit air d’Arthur Morgan de Red Dead Redemption 2 (dans un jeu où il est question de « Dutch », cela fait sourire) et sous son ambiance téléfilm de l’après-midi sur TF1, Truck Driver: The Dutch Connection n’est pas totalement inintéressant. On imagine que si vous avez accroché à The American Dream sur cet aspect, il en est de même ici. Mais cela n’occulte en rien l’ennui quasi-permanent dont on est victime en jouant à ce qui s’apparente à certains égards à un « walking simulator en camion », si l’on peut le dire ainsi.
L’histoire sert à cumuler des dialogues, mais ne change rien à l’atroce lenteur de la progression. Cette Hollande de 2027, où l’on veut nous faire réfléchir au progrès en introduisant des agents répartiteurs de mission qui sont des IA, est d’un ennui monumental. Et relève d’une certaine ironie, aussi, car s’il y a bien quelque chose qui ne fonctionne pas dans Truck Driver: The Dutch Connection, c’est l’IA du trafic. Peu nombreuses, les voitures qui arpentent les routes sont lentes, tellement lentes ; il leur faut parfois trente secondes pour s’engager dans une intersection vide, mais pas plus d’une demi pour nous griller la priorité.
On a du mal à se passionner pour Truck Driver: The Dutch Connection, en raison aussi d’une carte relativement restreinte qui semble paradoxalement interminable à parcourir. La faute à un réseau routier extrêmement peu diversifié et composé pour l’essentiel de grands axes monotones. On n’a donc jamais, ou presque jamais, le choix de l’itinéraire pour accomplir des missions qui sont souvent mal fichues : comme dans The American Dream, il n’est pas rare de devoir partir d’un point A pour aller charger en B, livrer en C, puis revenir en B puis en A, parce que c’est ici que l’histoire a prévu que le personnage allait éventuellement rencontrer une personne avec qui discuter pour faire progresser l’intrigue.
On a vite l’impression de tourner en rond, pas vraiment aidé par les décors qui n’invitent guère à la contemplation. En dehors de quelques (très) petites zones urbaines et de salvateurs moulins à vent, ces Pays-Bas pourraient tout aussi bien être les États-Unis, la campagne sibérienne ou la Champagne. C’est très monotone, d’autant que le jeu a la fâcheuse tendance à nous infliger la pluie et le brouillard la plupart du temps (très exactement 4 heures et 12 minutes sur les 5 premières heures de jeu en ce qui nous concerne, et ce n’est pas une blague). Truck Driver: The Dutch Connection reste cependant plus propre que son prédécesseur The American Dream ; il est fluide et dispose de nombreuses options pour ajuster le rendu visuel. Mais il y a quand même un hic : le jeu plante régulièrement et nous renvoie au menu de la console. Heureusement que les sauvegardes automatiques sont régulières. À noter qu’à l’heure où sont écrites ces lignes un patch est en préparation et doit être rapidement déployé pour corriger ce vilain défaut.
Est-ce suffisant quoi qu’il en soit pour redresser la barre ? Pas vraiment, parce qu’au-delà de sa structure de missions peu engageante, Truck Driver: The Dutch Connection est un simulateur de conduite trop peu développé. Certes compatibles avec la plupart des volants disponibles sur Xbox Series X|S, il propose une conduite simpliste, sans émotions. On gère le strict minimum : clignotants, essuie-glaces, niveau de carburant et fatigue du chauffeur. On peut éventuellement passer au garage pour quelques réparations et modifications cosmétiques ; du côté de la gestion des chargements, cela se fait en mode assisté et lorsque l’on conduit, on peine à sentir une différence avec ou sans semi.
Et lorsque l’on vous a dit un peu plus haut que The Dutch Connection a repris au poil près The American Dream, ce sans exagération. Le menu est le même, la radio continue de passer des musiques d’ascenseur mais surtout, les fautes d’ergonomie sont strictement les mêmes ! Eh non, personne n’a pensé à dissocier le frein à main de quelque autre fonction (ici les essuie-glaces lors d’un appui long sur la flèche haute du BMD, le frein à main pour un appui court). L’affichage de la vitesse est resté lui aussi prioritaire en Miles par heure, et converti dans un second temps en Km/h : le régulateur de vitesse se cale ainsi par défaut, au maximum, à 50 Mp/h, soit 81 Km/h, ce qui vaut régulièrement de prendre une contravention pour excès de vitesse. Autre détail et pas des moindres : on aperçoit régulièrement des patrouilles de police sur le bord de la route et leurs véhicules suggèrent qu’elles sont américaines. Recycler c’est bien, mais peut-être faut-il tout de même penser à adapter.
+
- Formule qui reste originale
- Bons doublages anglais
- Conviendra à ceux qui ont aimé le précédent
-
- Plantages réguliers
- Terriblement lent
- Réseau routier trop restreint…
- … Tout comme l’aspect simulation
- IA à la ramasse
- Cycle météorologique foireux
- Musiques d’ascenseur


