Jeux

Tunic

Aventure | Edité par Finji Games | Développé par Andrew Shouldice

7/10
One : 16 mars 2022 Series X/S : 16 mars 2022
22.03.2022 à 11h42 par

Test : Tunic sur Xbox One

Rusé, le petit renard

Annoncé il y a déjà quelques années, le jeu Tunic, exclusif aux consoles Xbox, aura pris son temps avant de débouler sur nos machines. Et si, à priori, on pensait le titre s’inspirer fortement d’un certain The Legend of Zelda, force est de constater, au terme de l’aventure, que ce n’est pas du tout le cas.

Tout démarre paisiblement sur une petite île aux allures paradisiaques. Votre personnage, un joli renard à la frimousse adorable, se réveille sur le bord d’une plage. De là, votre aventure débute, sans détour, mais aussi et surtout sans la moindre explication. Car c’est là, la première grande surprise (et peut-être promesse) de Tunic : il va falloir vous débrouiller. Les textes et descriptions des différents éléments sont dans une langue totalement inconnue. Vous ne possédez pas de carte ou de mini-map dans le coin de votre écran. Vous êtes seuls, et il vous faudra vous y faire.

Tunic 1

Passé cette introduction sans fioriture, il ne vous faut pas plus d’une vingtaine de minutes pour comprendre où vous avez mis les pieds. Des créatures, toutes plus agressives les unes que les autres au fil du jeu, se montrent immédiatement hostiles. Armé de votre bâton, vous tentez tant bien que mal d’en venir à bout jusqu’à ce que, très rapidement, vous compreniez, deuxième surprise !, que Tunic n’est pas un jeu facile, malgré sa proposition d’une apparente simplicité. En effet, si le jeu se veut très semblable, en termes de maniabilité, à ce que certains jeux The Legend of Zelda ont proposé par le passé (une épée dans une main, un bouclier dans l’autre, et de nombreux accessoires tels que le grappin, par exemple), la difficulté de Tunic est à mille lieux de la saga de Nintendo. C’est bien simple, mourir est une évidence, pour ne pas dire une nécessité. On se retrouve donc à devoir apprendre par cœur les patterns de nos ennemis, mais aussi et surtout des boss, car la moindre erreur ou approximation peut se payer cher, très cher !

Car si, encore une fois, le gameplay du jeu se résume à quelques boutons, il vous faut gérer l’ensemble avec précision. Le bouclier peut vous permettre de repousser certaines attaques ennemies en échange d’un peu d’endurance. Oubliez donc l’idée de bloquer indéfiniment vos adversaires, vous finiriez par devenir vulnérable. L’esquive qui prend la forme d’une roulade vous permet, au début du saut, d’être invulnérable. Un avantage primordial dont le timing se doit d’être exact au risque de prendre l’attaque ennemie de plein fouet. Il vous faut donc jongler entre la défense et l’esquive pour, enfin, passer à l’attaque et tenter de blesser votre adversaire. Si par malheur cependant vous perdez de la vie, un système de potion est mis à votre disposition. Il est donc possible, de manière limitée, de se soigner…  Ce fonctionnement est bien connu des adeptes de Dark Souls, mais plutôt inattendu dans Tunic. Pourtant, il est nécessaire de s’y faire, car les quelques boss et combats importants qui jalonnent l’aventure sont particulièrement corsés. Si l’idée même du Die & Retry vous fait peur, alors passez votre chemin ! À noter tout de même que dans le menu accessibilité, il est possible d’activer un mode qui rend votre personnage invulnérable. Cela permet de faire le jeu sans se prendre la tête, durant les combats tout du moins.

Tunic 2

Car l’autre difficulté du titre réside dans ses énigmes et sa collecte de pages de manuels. Ces dernières, absolument indispensables, sont disséminées aux quatre coins du monde. Récupérées, elles forment un manuel absolument magnifique, dans lequel se trouvent une myriade d’informations utiles : cartes, résolution d’énigmes, explication de l’utilité de certains objets… Négliger le livret ainsi recrée, c’est passer à côté de trop nombreuses informations qu’il est nécessaire d’obtenir si on veut comprendre le fonctionnement du titre ou, tout simplement, découvrir la vraie fin. En effet, Tunic possède deux fins possibles, la bonne étant débloquée pour les joueurs ayant récupéré toutes les pages.

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Mais revenons aux énigmes. Disposées à travers le monde entier, ces dernières s’avèrent particulièrement retords, pour ne pas dire excessivement complexes. Il s’agit, pour certaines, de lire une page bien précise du manuel, puis d’observer un objet en question (le moulin, par exemple) avant de se placer devant et de réaliser une manipulation bien précise. Un casse-tête (inutilement ?) difficile qui rebutera assurément une très grande partie des joueurs qui passeront leur chemin ou qui se dirigeront vers une solution. C’est d’autant plus vrai qu’il ne s’agit aucunement d’un cas isolé, bien du contraire.

Et sur le plan scénaristique alors ? Ici aussi, Tunic se la joue pauvre en informations. Si The Legend of Zelda ne brille pas forcément (tout du moins dans certains épisodes) par son background extrêmement développé, dites-vous que dans ce cas-ci c’est encore plus faible. Il n’y a pas de narration à proprement parlé, et peu de personnages viendront interférer dans l’histoire. Vous enchainerez les actions, en suivant le manuel dans lequel se trouvent diverses informations utiles qui étofferont l’ensemble. C’est indéniablement original, c’est vrai. Mais cela crée une distance fondamentale entre le joueur et l’histoire vécue qui nous empêche de s’immerger et de vivre pleinement les évènements auxquels nous sommes amenés à participer.

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Reste qu’en dépit de ces éléments assez décevants, il reste un point sur lequel Tunic est une franche réussite : sa direction artistique. Les environnements sont variés, colorés et intelligemment construits. La 3D employée est d’ailleurs bien exploitée car il arrive de nombreuses fois que l’on découvre, grâce à un raccourci, un chemin que l’on n’avait pas encore vu auparavant. De nombreux embranchements s’offrent à nous, et plus les heures de jeu passent, plus on débloque des compétences qui nous permettent d’en découvrir davantage. Le monde de Tunic est d’une incroyable richesse et réserve de très nombreuses surprises aux joueurs qui se donneront la peine de de le fouiller. Enfin, comment ne pas aborder l’aspect sonore du titre qui, tout au long de l’aventure, est une réussite. Les différents thèmes se marient parfaitement à l’ambiance qui règne sur l’univers du jeu, laissant planer une impression de mystère non résolu qui sied parfaitement à cet OVNI indépendant que l’on n’avait pas vu venir.

Tunic 3

7/10
Tunic est un jeu terriblement difficile à juger, tant il dépendra de ce que l’on est prêt, en tant que joueur, à lui offrir en temps et en investissement. Les combats sont difficiles, les énigmes excessivement complexes et l’univers, bien qu’il profite d’une direction artistique et sonore de qualité, dégage une froideur qui ne plaira pas à tout le monde. Malgré tout cela, il n’empêche que ce jeu offre quelque chose d’inédit qui, manette en mains, nous invite au voyage et à l’aventure…

+

  • Direction artistique exceptionnelle ;
  • Partie sonore réussie ;
  • Univers enchanteur ;
  • Héros adorable ;
  • Manuel vraiment joli et intelligent ;
  • Gameplay exigeant.

-

    • Enigmes parfois excessivement difficiles ;
    • Difficulté de certains combats ;
    • Histoire convenue, trop en retrait ;
    • Sentiment d'abandon (pour certains joueurs).