Test : Turok sur Xbox 360
Turok ou tu swingues ?
En appelant son jeu Turok, sans aucun autre artifice, Propaganda a voulu montrer que la série connaissait un nouveau départ. Désignant auparavant les combattants indiens élus pour aller trucider du dinosaure, le nom du jeu ne fait ici référence qu’à celui du héros, une espèce de bourrin à la coupe iroquoise (bien qu’il soit Kiowa) et au lourd passé, engagé dans une opération commando visant à ramener Roland Kane, criminel notoire et accessoirementmentor de notre ami. Ce qui est amusant avec ce scénario dans le fond très banal, c’est qu’il n’est pas si mal mené au cours du jeu. On retrouve un peu le trip des marines shootés aux hormones de Gears of War, un parfum de série B pas fondamentalement désagréable. Dommage que l’histoire ne décolle jamais vraiment.
Nos troopers se retrouvent, au début du jeu, crashés dans une jungle hostile et remplie de sauriens belliqueux. Avec les innombrables effectifs de l’armée privée de Kane, ils constitueront la principale menace pour Turok et ses compagnons. Il existe plusieurs types de dinos, une brochette allant du purement inventé Lurker, court sur pattes et ultra-rapide, à l’indispensable T-Rex. Face à ces forces de la nature, Turok paraît plutôt bien armé. Surentraîné, l’indien se voit rapidement proposer un arsenal très classique mais puissant, incluant ses fétiches : le couteau et l’arc. Les développeurs ont d’ailleurs choisi d’allier un gameplay spécial au premier des deux, qui utilise unsystème de QTE et permet de tuer silencieusement dans de rares phases d’ « infiltration », si on peut se permettre d’employer le terme. Tout au long du jeu, on n’a pas trop à se plaindre du feeling général des commandes, dans l’ensemble plutôt ergonomiques et équilibrées.
Malheureusement, Turok a eu beau suer sang et eau en salle de muscu, il a également négligé l’entraînement au sprint. Le personnage est en effet très lent et ne dispose d’aucun moyen de fuite rapide mis à part un saut latéral peu pratique. La conséquence est simple : dans les déplacements, le facteur vitesse est largement en faveur de dinos. On connaît donc les pires difficultés pour se ménager un peu d’air dans les affrontements. Souvent, les sauriens harcèlent Turok et le font trébucher. Ce mouvement de chute était sans doute une bonne idée sur le papier, censée augmenter l’immersion, mais dans les faits, il est plus pénible qu’autre chose.
En plus de hacher le jeu (on ne peut plus tirer, ni même bouger la caméra), il a pour effet de désorienter complètement le joueur, puisque Turok tombe systématiquement face à l’ennemi qui l’a frappé, même s’il ne le regardait pas au départ. De cette manière, la caméra devient souvent folle, et, confronté à de brusques changements de direction, on ne sait plus trop où on en est.
Le problème existe aussi avec les explosions provoquées par les adversaires humains. Se surcroît, étant donné qu’on a égalementdroit à ces angles de vue capricieux lors des attaques au couteau, certains combats deviennent rapidement énervants. Pour peu qu’on ait choisi d’avoir un peu de challengeenécartant le mode facile en début de partie, Turok n’encaisse pas les coups très longtemps et meurt dans la majorité des cas pour des raisons totalement débiles. Les checkpoints étant souvent très éloignés les uns des autres, on se retrouve en demeure de faire et refaire les même phases de jeu, et il arrive fréquemment qu’on se fasse descendre exactement pour les mêmes raisons trois ou quatre fois de suite. On ne blâmera jamais un jeu un peu difficile, mais cette difficulté ne doit pas résulter d’erreurs de conception. C’est justement le cas ici.
La dynamo du dino
Turok accuse donc quelquesfaux-pas de jeunesse, et c’est bien normal quand on sait que Propaganda en est à son premier jeu. L’action est encore trop peu variée pour inquiéter les cadors de la catégorie, l’IA n’est pas catastrophique, mais pas non plus étincelante, et on peut aussi regretter l’absence d’un mode coopératif suivant l’aventure, alors que la structure du solo, durant lequel on est souvent associé à quelques alliés, s’y serait bien prêtée. Néanmoins, Turok dispose d’un certain capital sympathie, un côté FPS bourrin qui s’assume et qui, allié au bon feeling des phases de tir, lui permet de ne pas s’enfoncer trop profondément.
Il faut ajouter que techniquement, le jeu est joli. Les environnements ne sont pas très variés (jungle et bases humaines surtout), mais souvent bien réalisés. Les personnages sont, qui plus est, expressifs et correctement doublés. Les dinosaures sont, eux, particulièrement convaincants et effrayants. L’atmosphère sauvage dans laquelle est plongée Turok est donc captivante, ce qui permet de s’immerger dans le soft en dépit de ses nombreuses imperfections.
A plusieurs, on retrouve les modes habituels du genre, mais la présence du couteau, qui s’utilise comme dans le solo, et de quelques dinosaures par-ci par-là permettent d’égayer un peu les parties. Turok n’a sans doute pas le potentiel pour aller défier Halo 3 ou Call of Duty 4, mais il permet sans problème de s’amuser quelques heures en ligne, sans trop de lag.
Pour pallier à l’absence de mode coopératif calqué sur le solo, Propaganda propose également des missions à objectifs qu’on peut jouer jusqu’à quatre. Une bonne idée, mais qui n’est pas accessible sur une seule console, il faut le préciser.
+
- Maniabilité et fusillades sympathiques
- Visuellement agréable
- Les dinosaures
- Côté bourrin assumé
-
- Caméras instables lors de certaines phases de jeu
- Checkpoints mal adaptés au challenge
- Arsenal conventionnel (à part le couteau)
- Manque de variété dans l’action
- Personnage très lent