Test : Viewfinder sur Xbox Series X|S
Tu veux ma photo ?

Thunderful Games et les développeurs anglais de Sad Own Studios auront donc mis deux ans pour sortir Viewfinder sur Xbox. Certainement coincé derrière un contrat d’exclusivité temporaire, ce titre s’adresse désormais à une nouvelle audience, sans prendre la peine d’ajouter ne serait-ce qu’un peu de contenu pour compenser le temps d’attente et ajouter un peu de plus-value à l’ensemble. Cette version fraichement débarquée sur le Xbox Store est donc la même que celle que l’on trouve sur PlayStation 5 sortie à l’été 2025, et nous permet d’incarner un individu plongé dans un monde onirique perdu au milieu des cieux. Guidé par une certaine Jessie, puis par une intelligence artificielle nommée Cait, le joueur se retrouve plongé dans un univers inconnu qui va s’ouvrir petit à petit devant lui, notamment au détour d’un twist scénaristique qui intervient au bout de quelques minutes de jeu. On regrette d’ailleurs que les développeurs n’aient pas plus creusé la narration de leur titre qui, après un unique rebondissement, se révèle malheureusement extrêmement plate durant tout le reste de l’aventure.
Viewfinder commence comme un walking-simulator classique. D’ailleurs, les premières minutes rappellent rapidement des titres du même genre, à commencer par The Witness de Jonathan Blow, un titre sorti en 2016 et qui a révolutionné le genre du puzzle-game 3D. Première grosse différence toutefois, Viewfinder n’est pas un monde ouvert et est découpé en plusieurs zones minuscules où se trouvent des téléporteurs qui contiennent, pour certains, jusqu’à cinq niveaux à enchainer. La liberté laissée au joueur est réduite à son strict minimum donc, avec toutefois la possibilité de refaire très simplement un niveau déjà terminé pour tenter de découvrir de nouveaux secrets, ou de résoudre une énigme d’une manière différente. C’est plutôt simple, tout en permettant de souffler un peu entre une série d’énigmes.
Mais c’est bien entendu du côté de son concept que Viewfinder est attendu. Là où la plupart des jeux du genre parviennent à se démarquer de leur modèle, le titre de Sad Owl Studios adopte la même stratégie, avec des mécaniques de jeu jamais vues auparavant. Le principe parait pourtant simple sur le papier, puisqu’il suffit de tenir une photographie en face de soi pour que celle-ci s’intègre dans l’environnement. Une fois fait, le titre joue sur les perspectives à la manière d’un Superliminal, et vous offre ainsi l’opportunité d’ajouter un pont au décor pour franchir un fossé par exemple, ou de faire de même pour franchir un porche. Un principe simple, qui gagne en profondeur à chaque tableau, pour finir par offrir des situations parfois complexes, qui obligent le joueur à faire preuve de réflexion et à se creuser un minimum la tête. Mais jamais au point d’en devenir frustrant, ce qui est la marque d’un jeu particulièrement intelligent. Viewfinder est un jeu bien équilibré, et dont la courbe de difficulté est particulièrement douce. On a même parfois l’impression qu’une énigme peut se résoudre de différentes manières, ce qui constitue un sentiment de liberté intellectuelle très appréciable. Et si vous n’avez pas bien positionné votre cliché, pas de panique puisque le système de rembobinage est simple à utiliser et permet de reprendre la partie à un moment charnière en deux clics.
En incorporant de nouvelles idées régulièrement, les développeurs permettent au joueur de ne jamais s’ennuyer, ni d’avoir l’impression de faire toujours plus ou moins la même chose. Si les photos sont à récupérer en fouillant l’environnement sur la première heure, par la suite on a accès à des appareils photo fixes, avant de disposer de notre propre polaroid. En plus de devoir trouver comment atteindre un téléporteur de fin de niveau, il faut parfois trouver une ou plusieurs batterie(s) pour l’alimenter. Et le concept prend ici une nouvelle dimension puisque selon vos prises de vues, il devient possible de multiplier les batteries ou d’autres objets comme des petits pains. C’est d’autant plus plaisant que le titre ne souffre d’aucune carence technique, et tout se fait de manière très fluide et instantanée. Il faut parfois avoir la présence d’esprit de prendre en photo le bon élément du décor, ou de retourner notre cliché dans un sens particulier avant de l’intégrer à l’environnement, tandis que la dernière partie du jeu introduit des éléments «bleus» qui n’apparaissent pas sur vos photos. De bonnes idées qui s’intègrent toujours très bien au concept de base, et qui ont le mérite de proposer au joueur des énigmes finalement très variées.
On ajoute à cela quelques défis facultatifs, et un dernier niveau à terminer en moins de cinq minutes pour une expérience globale satisfaisante mais malheureusement bien trop courte. En effet, il ne nous a fallu que quatre heures pour venir à bout de Viewfinder, sans que cette faible durée de vie ne soit compensée au niveau du scénario. Le titre de Sad Owl Games dispose d’un réel intérêt, mais il lui manque un petit quelque chose pour qu’il soit pleinement satisfaisant. Même chose du côté de la direction artistique, sympathique mais sans plus, là où le principe du jeu aurait sans doute permis beaucoup plus de folies. Il y a bien quelques photos façon esquisse, cartoon ou même carte de vœux, mais ce n’est pas suffisant pour nous faire oublier les décors pastels souvent un peu trop ternes des différents environnements. Rien à redire en revanche sur la partie technique puisque le tout est très fluide et cela en toutes circonstances, tandis qu’aucun bug n’est venu gâché notre expérience de jeu. On regrette en revanche que le Quick Resume ne fonctionne pas, même si un patch pourrait rapidement venir corriger ce petit défaut.
+
- Concept intelligent et original
- Enigmes qui se renouvellent bien
- Système de rembobinage pratique
- Un peu de rejouabilité
- Aucun bug à signaler
-
- Beaucoup trop court (4h)
- Scénario qui ne prend pas
- Direction artistique pas assez inspirée
- Pas de Quick Resume