Test : Warriors : Legends of Troy sur Xbox 360
Chante, ô déesse, la colère du péléide Achille
Warriors : Legends of Troy s’est montré très discret tout au long de son développement et jusqu’au jour même de sa sortie. Pourtant, les faits desquels s’inspirent le dernier néde la grande famille des Warriors ont tout pour susciter l’intérêt. S’écartant de la Chine des Trois Royaumes et du Japon médiéval, Koei-Tecmo touche ici à un mythe bien plus fédérateur et prompt à s’imposer chez nous : la guerre de Troie. Ainsi nous vivrons les grandes lignes de l’Iliade d’Homère (et de l’Odyssée pour l’épisode du Cheval de Troie). Un récit qui s’adapte parfaitement à l’idée d’un beat’em all avec ses héros mythiques, ses batailles grand format et ses duels de légendes. Du débarquement d’Achille et des Myrmidons sur les plages troyennes au stratagème d’Ulysse pour pénétrer la cité, tout ou presque est évoqué dans Legends of Troy. Ce choix intéressant est conforté par deux points positifs. Tout d’abord, le récit respecte l’œuvre originale ; s’il se permet quelques petites entorses nécessaires aux besoins d’un jeu vidéo, nous sommes loin des trop grandes libertés qu’a pu prendre par exemple l’adaptation cinématographique de Wolfgang Petersen. Ainsi Hector ne tue pas Ménélas pour protéger Pâris, Patrocle ne trompe pas Achille en lui volant son armure. A l’instar de Fist of the North Star (du même éditeur), le respect du matériau de base assure aux amateurs de suivre l’histoire avec plaisir. Une épopée qui fait également mouche en étant portée par une narration bien maitrisée. Les évènements à venir sont contés en début de chapitre par un narrateur inspiré et que l’on a envie d’écouter ; les dialogues entre les héros et cut-scenes, courtes mais bien amenées, ponctuent chaque étape de belle manière.
Chaque chapitre met à l’honneur un des héros de la guerre de Troie. Achille, Ulysse, Hector etc… il sont une dizaine à pouvoir être incarnés. C’est bien moins que dans n’importe quel Dynasty Warriors mais cela correspond à l’orientation différente prise par la franchise ces derniers temps. Le scénario est unique, comprenez par là différent d’un Dynasty Warriors où chaque personnage suit sa propre histoire et où l’ordre de découverte des destinées n’est pas imposé. Egalement, un même chapitre ne sera pas décuplé en autant de combattants qui l’auront vécu, Legends of Troy s’éloignant ainsi un peu plus de la structure traditionnelle des Warriors. Une façon d’aborder le genre qui n’est certainement pas étrangère au choix fait par Koei-Tecmo de développer le jeu en interne, plus précisément par la branche canadienne de la firme. Une occidentalisation qui a pour effet une première dans la série : le jeu est graphiquement agréable. Un changement visible, entre-aperçu dans Fist of the North Star, qui tranche avec l’esthétique traditionnellement vieillotte des Dynasty Warriors. Les héros sont bien modélisés, les décors font plaisir à être découverts, l’eau ressemble à de l’eau. Ce constat est cependant à pondérer par des textures encore trop peu travaillées et un rendu manquant de netteté, pour un ensemble terriblement redondant. S’il est agréable de fouler les plages et traverser les petits villages dans un environnement typiquement méditerranéen, on finit tout de même par se lasser de ne faire que çà. La ville de Troie n’y change rien, échouant à nous faire ressentir sa grandeur. Un ensemble agréable mais perfectible donc, qui assure tout de même ce qu’il faut pour ne pas nuire à l’immersion.
Gagne des kleos en cassant des chicos
Ecarter une fois de plus Omega Force, le développeur habituel des Dynasty Warriors, a porté ses fruits avec plus ou moins de réussite sur le plan technique. Mais qu’en est-il du gameplay que ce studio maitrise si bien ? Il change mais n’en demeure pas moins efficace. La mollesse du pauvre Ken est derrière nous, Legends of Troy propose des joutes barbares pour un défouloir qui gagne en technicité. Chaque personnage possède des caractéristiques bien distinctes (rapidité, portée des coups, puissance) et oblige à une approche du combat différente. Le matraquage de boutons est toujours d’actualité mais demandera de la concentration pour décupler ses effets en assénant des attaques parfaites, en se défendant avec style. Un timing bien maitrisé offrira un bonus de dégâts et de portée en attaque tandis qu’en défense, il permettra de déséquilibrer l’adversaire pour mieux le finir. Et avec classe et brutalité tant qu’à faire, chaque personnage disposant de trois exécutions qui auront pour effet de déstabiliser les troupes. Médusés face à leur capitaine embroché sur votre épée, les soldats cesseront le combat un très court instant ou laisseront tomber leur bouclier. Nous sommes dans un beat’em all que l’on qualifie de "masse", ne vous attendez donc pas à beaucoup de résistance de la part des ennemis de base qui, fidèles à leurs habitudes, viendront en groupe pour mourir au champ d’honneur. L’occasion de noter d’ailleurs que la caméra a quelques difficultés à suivre lorsque le héros enchaineles attaques sans souffler. Chaque coup grossira le nombre de kleos engrangés ; les attaques parfaites, une bonne défense et des mises à mort rapides permettent de gagner plus de points. Cette monnaie d’échange servira entre chaque niveau à acquérir des objets destinés à améliorer les compétences du personnage ou des alliés : santé, furie, puissance d’attaque, résistances à certains types d’armes etc… Puisque nous évoquons les furies, elles sont la déception parmi tous les types d’attaques. Aucun effet visuel marquant n’est proposé et surtout, tous les personnages disposent de la même, leur permettant simplement de porter des attaques puissantes, capables de traverser des boucliers. Dommage qu’elle n’insuffle pas quelque chose de plus épique aux batailles.
Pourtant on ressent ce souffle héroïque lors des affrontements en un contre un, contre des ennemis spéciaux coriaces dans un premier temps, mais surtout face aux héros de l’Iliade. Achille contre Hector, Ulysse en proie à la folie d’Ajax… Ces combats, parfois difficiles, offrent un moment de tension extrême particulièrement prenant. Mais alors, presque tout semble aller pour le mieux dans Legends of Troy ? Presque en effet. Aussi vrai qu’il est encore perfectible et surtout redondant sur la forme, il l’est également sur le fond. L’aventure est relativement courte. Pas plus de douze heures pour boucler entièrement l’histoire et quelques autres pour tenter de se frotter à des défis qui placent la barre assez haut. C’est plutôt moyen pour un jeu du genre, n’offrant pas de coopération ou de missions annexes, même imaginaires, pouvant rallonger la durée de vie (comme dans un Dynasty Warriors Gundam par exemple). Et au-delà de cela, le déroulement se veut très répétitif. Il est naturellement propre au genre d’enchainer les séances de matraquage de boutons ; mais il l’est moins de proposer des missions qui suivent toutes une structure quasi identique pour des évènements somme toute différents. Même les objectifs secondaires reviennent parfois sur plusieurs missions. On se retrouve souvent avec un héros différent mais sur une même carte qu’un précédent, en suivant une progression similaire, en accomplissant les mêmes quêtes annexes. Une redondance regrettable que sauve heureusement cette fresque intemporelle qu’est la guerre de Troie et ce plaisir immuable que l’on ressent à ratisser les champs de bataille, seul contre tous. Pour le plaisir de ramasser une lance ennemie et transpercer un déserteur au loin, Legends of Troy mérite au moins d’être essayé.
+
- La guerre de Troie et ce que cela implique
- Narration efficace
- Les face-à-face
-
- Peu de personnages
- Durée de vie tout juste acceptable pour le genre
- Encore perfectible techniquement
- Progression répétitive