Jeux

Werewolf: The Apocalypse – Earthblood

RPG | Edité par Big Ben Interactive | Développé par Cyanide

6/10
One : 04 février 2021 Series X/S : 04 février 2021
04.02.2021 à 10h00 par - Rédacteur en Chef

Test : Werewolf: The Apocalypse – Earthblood sur Xbox One

Le Loup-Garou de l'ombre

Année après année les éditeurs français tentent de peser un peu plus dans l’industrie vidéoludique. Parmi ces ambitieux on trouve Nacon, qui ne ménage pas ses efforts pour nous servir de nombreux jeux, et qui peut compter sur l’expertise de Cyanide Studios dont les productions sont souvent très intéressantes, même si jamais dénuées de défauts. Premier titre des développeurs à sortir sur Xbox Series X/S (mais également sur Xbox One), Werewolf: The Apocalypse – Earthblood tente de poursuivre la bonne dynamique. Avec un jeu au poil ?

Werewolf: The Apocalypse – Earthblood c’est avant tout l’histoire d’un jeu de rôle papier bien connu des amateurs de roleplay. Si le titre reprend une bonne partie des éléments introduits par le support original, il n’est heureusement pas du tout nécessaire de connaitre l’univers sur le bout des doigts pour se lancer dans l’aventure, même si les spécialistes retrouveront quelques repères avec plaisir. Dans ce nouveau titre des français de Cyanide Studios, le joueur incarne Cahal, qui appartient à une meute de loups-garous et dont le profil un peu caricatural aurait trouvé sa place parmi les Expendables de Stallone. Son but et celui de son « Caern » va être de protéger Gaïa – l’esprit de la planète – du Wyrm, une sorte d’esprit maléfique qui a trouvé sa place dans un monde où les humains sont passés maître dans l’art de polluer. Un scénario un peu manichéen donc, même si en partie inspiré de la réalité, dans lequel la société Endron va tout faire pour saper les bonnes volontés de nos loups-garous en donnant un bon coup de main aux sombres desseins du Wyrm. Une histoire pas véritablement passionnante malgré l’enjeu et qui aurait trouvé toute sa place pour un film de série B.

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D’ailleurs la galerie de personnages n’est pas franchement aboutie et propose des PNJ là aussi trop caricaturaux pour permettre au joueur de s’immerger dans cet univers pourtant intéressant sur le papier. Les modèles sont franchement laids pour la plupart, tandis que leurs animations consistent l’essentiel du temps à se déplacer de manière très robotique. Graphiquement, Werewolf: The Apocalypse – Earthblood souffle le chaud et le froid avec l’Unreal Engine 4 qui apporte une certaine qualité sur les environnements en extérieur, mais rend au passage tous les intérieurs très basiques et sans véritable cachet. On se croirait parfois dans les décors d’un vieux James Bond, façon complexe soviétique secret.

Et des couloirs on en voit un paquet puisque la majorité des missions de Cahal lui demande de s’infiltrer dans divers bâtiments d’Endron. C’est malgré tout le cœur du gameplay puisque plusieurs approches sont généralement demandées pour progresser. Pour ce faire, notre héros peut adopter plusieurs formes, à savoir sa forme d’humain nommée « Homid », sa forme de loup nommée « Lupus » et enfin sa forme « Crinos » qui le voit se transformer en loup-garou. Alors que les modes facile et normal laissent le choix de la méthode, le mode de difficulté le plus haut offre une bonne dose de challenge et oblige à opter pour de l’infiltration quand c’est possible. Et il faut bien dire que ces phases de gameplay sont réussies, bien facilitées par une intelligence artificielle très prévisible et aux réactions un peu étranges parfois. En revanche les éléments de décors sont suffisamment nombreux pour que Cahal puisse se dissimuler, tout en repérant les positions et les rondes des gardes. Armé d’une arbalète, le héros peut mettre hors de combat un soldat à distance, avec néanmoins une visée automatique ratée qui ne nous permet pas de sélectionner facilement l’ennemi à abattre. Un petit icone en forme d’œil annonce la menace d’un garde sur le point de nous repérer, et les déplacements de Cahal sont suffisamment souples pour bien exploiter ces phases de jeu. En revanche on fait rapidement face à quelques actions rébarbatives comme emprunter des tuyaux de ventilation en forme Lupus ou devoir désactiver des caméras dans une salle d’ordinateur.

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Durant ces phases il est généralement utile de saboter des portes d’où proviennent des renforts. Car si vous vous faîtes repérer il n’y a pas de retour en arrière possible et il faut alors passer en mode beat’em all. Cahal prend alors sa forme Crinos et doit faire face à de nombreux ennemis parmi un bestiaire assez restreint. Du soldat basique à l’exosquelette, il est nécessaire d’apprendre à faire face à chaque type d’ennemi pour mieux envisager la bataille. Les plus faibles peuvent ainsi se faire exécuter très rapidement, remplissant au passage la jauge de coups spéciaux de Cahal, qui elle est nécessaire pour venir à bout des ennemis les plus puissants ou pour recharger sa barre de vie. Des phases qui introduisent un petit côté stratégique, surtout en difficile, et encore plus face aux ennemis qui utilisent des balles d’argent pour bloquer la régénération de la barre de santé. Globalement on prend plaisir à batailler face à des hordes d’ennemis et le fait de réussir un passage compliqué offre une grande satisfaction. Le rythme est généralement intense et nécessite de réfléchir parfois très rapidement à ce qu’il faut faire pour ne pas succomber. La présence de deux postures (Lourd et Rapide) ajoute un peu de stratégie à l’ensemble même si on se retrouve la plupart du temps de passer en mode Lourd, bien plus efficace pour mettre à mal les vagues d’ennemis. On regrette en revanche l’abus de l’utilisation de l’hémoglobine avec des pièces parfois totalement repeintes en rouge après un combat âpre.

Chaque fin de mission propose son boss, aux patterns bien définies qu’il vaut mieux apprendre sur le bout des doigts pour s’en sortir indemne. C’est sans doute le seul moment où le passage en mode rapide est réellement utile pour se sortir de patterns parfois destructrices. Des combats plutôt bien dosés qui obligent à utiliser là encore les divers coups spéciaux, débloqués et améliorés par un arbre de compétences pas hyper intéressant. Pas de système de niveaux pour obtenir des points de compétences, même si certains événements scénaristiques peuvent y contribuer. Plus généralement il faut s’adresser à des esprits disséminés dans les niveaux pour débloquer des points. Une recherche façon collectibles qui oblige plus ou moins à explorer chaque recoin et augmente une durée de vie d’environ 8h en ligne droite (et en normal), et plutôt aux alentours de 12h en prenant soin d’augmenter toutes ses compétences. Une poignée de quêtes facultatives contribue également à pousser un peu l’aventure, sans pour autant donner véritablement envie de s’y coller.

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Voir le test vidéo de Creasy Buscemi

6/10
Werewolf: The Apocalypse – Earthblood montre rapidement les limites d’un projet aux moyens limités. Alors qu’on peut largement se satisfaire de son gameplay mêlant infiltration et beat’em all, son scénario de série B et le manque de travail réalisé sur les PNJ viennent constamment nous rappeler qu’il y avait surement moyen de faire bien mieux sur la forme. Le titre de Cyanide Studios permet toutefois de passer quelques bons moments grâce à de l’action bien nerveuse avec des combats et des phases d’infiltration souvent bien dosés.

+

  • Phases d'infiltration satisfaisantes
  • Bonnes sensations sur la partie beat'em all
  • Des boss bien travaillés
  • Système de progression original

-

    • Environnements trop génériques
    • Bestiaire peu diversifié
    • Arbre de compétences bof
    • Animations parfois catastrophiques
    • Modélisation des PNJ ratée, en dehors de Cahal
    • Scénario en mode Série B