Test : Without Escape sur Xbox One
With or without you, I can live
Without Escape nous propulse d’emblée sur l’image fixe d’une maison, accompagnée d’une première salve de texte révélatrice de deux choses. La première, c’est une bonne nouvelle puisque le jeu est entièrement traduit en français. Un français propre d’un point de vue orthographique et grammatical. Le second constat est en revanche moins reluisant puisqu’en faisant défiler le texte, on se rend compte qu’il n’y a pas le moindre doublage de présent. Mais admettons, c’est un petit jeu indépendant après tout. Plus gênant est cependant la façon dont sont racontés les premiers événements de cette aventure qui donne le sentiment de lire la rédaction d’un collégien. Ne voyez pas dans ce constat la prétention qu’il m’est possible ou facile de faire mieux ; reste que la lecture de cette mise en place scénaristique laisse dubitatif quant à la suite des événements. Quoi qu’il en soit, on comprend que notre héros du jour est seul chez lui, dans une maison semblable à des millions d’autres maisons, qu’il va manger des lasagnes puis se coucher, quand soudain… Un bruit étrange le fait se lever de son lit au beau milieu de la nuit. Le voilà qui entreprend alors l’investigation de ce mystère.
On découvre ainsi la forme de Without Escape, un point’n’click qui se veut être un hommage aux titres du genre qui ont fait le bonheur des pcistes dans les années 90. A la manière d’un Myst, Without Escape est constitué d’une succession d’images fixes, avec lesquelles on interagit à l’aide d’un curseur. On passe d’une à l’autre à la manière d’une présentation Powerpoint. Dans la zone de texte, le protagoniste principal se laisse aller à divers commentaires sur l’action qui vient d’être conduite. Parfois c’est une simple réflexion personnelle, d’autre fois il s’agit évidemment d’une remarque qui met le joueur sur la piste à suivre. Comme toujours dans ce genre d’enquête prenant la forme ici de la recherche d’une échappatoire dans une demeure qui semble être sous l’emprise d’un phénomène paranormal, trouver l’objet A permet de manipuler l’élément du décor B pour ensuite ouvrir la porte C. Et ainsi de suite.
Dans ce puzzle géant, les sentiments font des hauts et des bas. Without Escape va parfois vous surprendre, dans le bon sens du terme, en mettant à l’épreuve votre mémoire et votre capacité de déduction. Une certaine énigme est particulièrement bien pensée, vous forçant à sortir du jeu pour aller vous renseigner sur quelque chose qui attrait à la physique. Une autre fois, un peu de calcul s’imposera. Rien n’est insurmontable mais on apprécie dans ces moments-là l’effort de recherche. Le problème c’est qu’à côté de ça, l’essentiel de la progression se fait en trouvant des objets, de façon parfois totalement abracadabrantesque, sans aucune explication ni réelle logique. Vous connaissez beaucoup de gens qui utilisent un niveau pour remettre un tableau droit ? Pas un Picasso, mais plutôt la nature morte peinte par Tata Odette. Tout cela en pleine nuit alors qu’un soupçon d’intrusion plane dans l’air ? A mesure que l’on progresse, on se demande ce qui est le plus étrange dans cette maison, entre la présence visiblement maléfique et la propension des propriétaires à tout fermer à double tour, même l’armoire de la chambre. En prenant soins bien sûr d’aller mettre la clé là où elle n’a rien à faire.
L’absurdité de nombreuses situations est certainement ce qui empêche de vraiment apprécier Without Escape. On exécute des actions sans être vraiment sûr de comprendre pourquoi, jusqu’à provoquer un changement majeur dans la maison et s’approcher alors un peu plus du dénouement. Un final qui survient bien rapidement, après 1h30 à 2 heures de jeu au grand maximum, selon votre rapidité à résoudre certaines énigmes. C’est donc vite plié et l’une des principales difficultés viendra probablement du curseur qui permet d’interagir avec certains objets si tant est que vous le placiez au poil de derrière près, là où il faut. Les plus engagés tenteront peut-être un ou plusieurs runs suivants pour découvrir d’autres fins possibles. Mais une fois votre choix final opéré et un coup d’œil jeté aux bonus qui viennent de se débloquer (on découvre alors l’histoire de la création de Without Escape, un petit plus appréciable), il y a fort à parier que le jeu terminera rangé dans un coin du disque dur et vite oublié. Les décors, en écrans fixes donc, sont certes peu nombreux (la maison n’est pas bien grande) mais assez réussis et la bande-son fait très bien le travail. C’est probablement l’élément qui soutient le mieux l’ambiance oppressante de Without Escape. Malheureusement, cela ne suffit à gommer le sentiment de jouer à un jeu inconstant dans tout ce qu’il entreprend.
+
- Genre rare sur consoles
- Bande-son maîtrisée
- Textes en français
- Quelques énigmes bien pensées…
-
- … Noyées dans un amas d’actions absurdes
- Trop de libertés prises avec le bon sens
- Plusieurs fins, aucune explication valable
- Ecriture en manque d’inspiration
- Plié en un peu plus d’une heure
- Zones d’interaction parfois minuscules