Test : Wonder Boy: Asha in Monster World sur Xbox Series X|S
Il faut appeler Asha Asha

Quatrième entrée dans la série des Monster World, l’épisode Asha a fait sa première apparition sur Mega Drive en 1994. En ce temps-là, SEGA met toute son énergie dans sa nouvelle console, la Saturn, et réserve ainsi la sortie de certains titres Mega Drive au seul territoire japonais. Monster World IV fait partie de ces jeux. Il fallut attendre 2012 pour le voir arriver en Occident sur Xbox 360 parmi les sorties hebdomadaires du Xbox Live Arcade, puis c’est en 2021 que Wonder Boy: Asha in Monster World bénéficia d’une remake alors disponible sur PC, Switch et Playstation. C’est enfin en juillet 2025 que nous autres (pauvres) joueurs Xbox nous voyons octroyer la possibilité de découvrir cet épisode sous sa nouvelle forme.
L’historique du jeu étant complété, passons à ce que l’on peut en attendre. Wonder Boy: Asha in Monster World nous est donc présenté non pas comme le remaster mais plutôt comme le remake de ce jeu d’aventures en 2D mêlant action, plateformes et un peu de réflexion. Et il vrai que lorsque l’on découvre les premières images du jeu et que l’on commence à déplacer la jeune héroïne, le changement avec la version d’origine saute aux yeux. Si la version Mega Drive était plutôt réussie en son temps, avec Wonder Boy: Asha in Monster World on a droit à une refonte graphique significative. Le parti-pris combinant graphismes en 3D et cell shadding accentue la touche mignonne, et colorée qui caractérise Asha et son univers oriental. Les thèmes originaux sensiblement retravaillés collent bien à l’ambiance et les quelques doublages, disponibles en japonais, achèvent de nous faire ressentir, durant les premiers instants, de bonnes vibrations « 16 bits ».
On se lance donc avec un certain entrain dans cette aventure globalement accessible au plus grand nombre, moyennant un peu de patience face à une poignée de passages étonnamment plus difficiles. Un peu de plateforme par ici, des ennemis à combattre à l’épée par-là, un bouclier pour absorber certains projectiles : la mécanique est simple à comprendre, elle ne comprend aucun élément RPG. Ce remake ajoute une jauge d’attaque magique, utile pour faire de jolis dégâts. Il est possible d’améliorer l’équipement (épée, bouclier, bracelet définissant le nombre de points de vie) à chaque passage dans le village de Rapadagna. Les choses sont encore une fois assez simples et mécaniques, les nouveaux équipements étant disponibles au fil de la complétion des donjons, tout en étant parfois des prérequis à l’exploration d’une nouvelle zone. Aucune chance de passer à côté donc. Enfin, on peut augmenter progressivement les points de vie -en plus de l’usage des bracelets- en collectant des items dédiés le long des niveaux et sans grande difficulté pour l’essentiel.
L’accessibilité n’est certes pas une mauvaise chose dans l’absolu. Mais dans le cas de Wonder Boy: Asha in Monster World, la simplicité fleurte tout de même dangereusement avec le simplisme. Et à mesure que l’on progresse dans le jeu, puis une fois que l’on en est venu à bout, on se demande si l’appellation de « remake » n’est finalement pas un peu grossière ? Il faut préciser que l’on parle d’un jeu qui se boucle en 5 heures tout au plus et qui ne présente guère d’intérêt à être relancé, au-delà du « complétionnisme » compulsif. L’histoire est assez basique, les combats le sont tout autant, jusqu’à aller dans le cas d’une doublette de boss à l’affrontement raté. Les phases de plateformes et d’exploration s’en sortent mieux dans l’ensemble mais sont toutefois révélatrices de l’absence de réelle réflexion sur le fond pour faire d’Asha in Monster World un remake solide. La lourdeur de certaines actions comme le double saut, les collisions avec les ennemis qui rendent certains passages imbuvables, les petits manques de précision dans les sauts ou encore tout simplement la structure archi-répétitive de certains passages rendent l’expérience parfois usante.
En réalité, Asha in Monster World a conservé, de la volonté même de ses développeurs dont une partie est issue de l’équipe d’origine, le fond de Monster World IV. Ses qualités donc, mais aussi et surtout ses défauts. On est donc toujours contraint de jongler avec la relative imprécision des actions du Pepelagoo (animal volant qui accompagne Asha et sert à résoudre des petits puzzles ou à effectuer des doubles sauts), on doit se coltiner des allers-retours dans le village qui auraient pu être repensés. Et même lorsqu’il s’agit de nouvelles fonctionnalités, on n’échappe pas au manque de souplesse qui caractérise le jeu.
S’il offre la possibilité d’enregistrer sa partie n’importe où, moyennant un passage un peu trop long par les menus, Wonder Boy: Asha in Monster World ne dispose pas de sauvegarde automatique. Pas mal de petites choses sont ainsi bancales. Revoir la forme, c’est bien. Encore que tout n’est pas forcément égal, ainsi qu’en témoignent certains donjons vers la fin du jeu. Mais ignorer les problèmes de fond à l’heure de concevoir un remake est une faute qui confère à Wonder Boy: Asha in Monster World le statut d’objet historique intéressant pour les nostalgiques, mais sans lequel il ne se coucheront pas forcément moins intelligents.
+
- Refonte graphique satisfaisante
- Univers plaisant
- Globalement accessible…
-
- … Malgré une poignée de moments pénibles
- Conserve absolument tous les défauts du jeu d’origine
- Se plie en 5 heures maximum