Test : EA Sports WRC 23 sur Xbox Series X|S
La nouvelle ère du rallye sur consoles
En passant entre les mains de Codemasters, le WRC entreprend un changement important : EA Sports WRC est uniquement disponible sur PC et sur les consoles de dernière génération. La Xbox One (comme la PS4 bien évidemment) ne participe donc pas au retour d’une institution du rallye aux commandes de l’adaptation sous licence totale de la discipline. Pour les amoureux du gauche à fond et l’épingle droite, Codemasters rime avec souvenirs merveilleux. Le développeur britannique n’a certes jamais cessé d’honorer le rallye de son savoir-faire, au travers notamment des jeux Dirt Rally ; le voir disposer des licences officielles du WRC pour son nouveau jeu ajoute toutefois une dimension symbolique forte à ce nouvel exercice.
Nous accueillons ainsi EA Sports WRC, pour y retrouver tous les pilotes, écuries, catégories et véhicules qui font et qui ont fait l’histoire de ce sport mécanique. Le jeu se lance avec 80 véhicules répartis dans les catégories actuelles (WRC, WRC2 et Junior WRC) et celles qui ont marqué le passé. On a le plaisir de piloter des monstres du groupe B comme la Peugeot 205 T16, l’Audi Quattro ou la Lancia 037 ; on retrouve un peu plus loin la Stratos, la R5 Turbo, la 309 GTI ou encore la Talbot Sunbeam. Avec plusieurs modèles de la Subaru Impreza, des véhicules des catégories S1600, F2 Kit-Cars ou encore Rally4, il y a de quoi faire. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on ajoute à cette liste la possibilité de créer son propre véhicule grâce à un éditeur simple à prendre en mains. De la mécanique à l’esthétique, EA Sports WRC offre une palette intéressante d’options pour créer un véhicule utilisable dans tous les modes de jeu.
EA Sports WRC est un jeu généreux. Sa large sélection de tracés répartis dans 17 localités en est l’élément principal. Aux pays hôtes des épreuves du WRC s’ajoutent des lieux inspirés par les rallyes du passé : la Nouvelle-Zélande, L’Indonésie, la Catalogne ou encore la Norvège s’invitent de façon non-officielle dans la liste des pays parcourus. Comble du bonheur pour votre fidèle serviteur (et vous-même à n’en pas douter), l’incomparable Tour de Corse fait son apparition sous l’appellation « Mediterraneo » et propose une douzaine de spéciale. De quoi redonner un peu le sourire aux amateurs de rallye sur asphalte, dont la présence au programme du championnat du monde se fait chaque année un peu plus faible. Dans son ensemble, le terrain de jeu d’EA Sports WRC s’étend sur 600 km répartis sur 200 spéciales environ. A l’instar de WRC Generations, EA Sports WRC affiche des épreuves très longues, atteignant parfois ici la trentaine de kilomètres.
Du beau contenu donc, qu’EA Sports WRC nous invite à expérimenter dans une sélection classique et robuste de modes de jeu. On vous conseille de débuter par l’école de conduite. Elle propose douze séances de pilotage qui couvrent l’essentiel des bases et qu’il est possible d’exécuter au choix sur asphalte, terre ou neige. C’est clair, dynamique, parfait pour s’échauffer. Côté multijoueur, on a le choix entre le mode rapide permettant de se mesurer en temps réel à d’autre joueurs, dans des salons pouvant accueillir 32 participants. Il y a autrement le mode Club pour se tester face au monde sur des épreuves uniques ou des championnats, à rejoindre ou à créer. Libre à nous d’y participer quand bon nous semble puisqu’il s’agit ici d’épreuves asynchrones. Il est par ailleurs possible de choisir pour l’ensemble des modes multijoueur l’activation ou non du jeu multiplateforme. Notons enfin que EA Sports WRC ne propose pas de multijoueur local, ce qui n’a – cela dit – rien de malheureux dans un genre ou prendre la manette chacun son tour et comparer les temps réalisés demeure une valeur sûre.
Pour les joueurs solo, EA Sports WRC s’appuie sur la batterie classique de modes de jeu : épreuve simple, contre-la-montre, championnat, carrière. Pour la note d’originalité, nous avons le rallye de régularité et un mode nommé « Moments ». Ce dernier invite à démontrer ses capacités de pilote pour recréer certains grands moments de l’histoire du WRC, en reproduisant les conditions d’alors. Les épreuves sont mises à jour régulièrement mais attention, certaines ne sont accessibles qu’aux membres EA Play. Pas la majorité heureusement, on peut tout à fait profiter de ce mode de jeu sans souscrire à quoi que ce soit. De son côté le rallye de régularité propose une approche originale : il ne s’agit pas de réaliser le meilleur temps mais de réaliser une course en conservant une vitesse moyenne imposée. Pas de quoi s’extasier, mais cela apporte indéniablement de la variété. Le gros morceau du solo repose comme toujours sur le mode Carrière, semblable plus ou moins à ce que nous proposaient les précédents jeux WRC. Un contrat, un budget, une équipe et des objectifs à atteindre ou à ne pas dépasser pour que le mécène garde le sourire : au joueur de mener ses petites phases de gestion entre deux courses, de choisir parmi plusieurs types d’épreuves ou d’actions spécifiques (recrutement, repos des salariés) pour porter son équipe vers le sommet. On peut par ailleurs choisir de débuter directement en WRC, WRC 2 ou Junior, dans un véhicule déjà prêt ou bien créé par nos soins grâce à l’éditeur évoqué précédemment. Sachez enfin que si cette partie de gestion, bien que légère, n’est pas votre tasse de thé, il y a toujours le mode championnat pour aller à l’essentiel : piloter et basta.
Le pilotage s’avère à ce propos globalement satisfaisant dans EA Sports WRC. On se situe dans une expérience orientée simulation qui fleurte assez intelligemment avec l’arcade. Sans être un modèle d’exigence extrême, EA Sports WRC en a sous le capot pour titiller les performeurs, tandis qu’il sait se montrer tout à fait accessible aux nouveaux venus. Le paramétrage des aides à la conduite permet d’affiner les points essentiels (freinage, anti-patinage, stabilité et tout le tralala), tandis que l’application ou non des dégâts réalistes peut rendre la moindre sortie de route fatale. A vous de voir quel niveau de pression vous souhaitez voir appliqué sur vos épaules. Vous pouvez dans tous les cas compter sur un copilote clair, appliqué et précis. Les sensations manette en main sont bonnes (c’est ainsi que nous l’avons testé), capables de retranscrire correctement les sensations liées au type de véhicule sélectionné. Piloter un monstre à propulsion avec un minimum d’aides requiert un doigté d’orfèvre, prendre les commandes de l’un des trois modèles WRC d’aujourd’hui offre une précision et une sensation de vitesse à la hauteur. On peut d’ailleurs paramétrer l’intensité de la poussée créée par le système hybride, pour l’adapter à notre façon plus ou moins agressive d’attaquer les spéciales.
En bon héritier de Dirt Rally, EA Sports WRC s’appuie ainsi sur la maitrise du sujet par ses développeurs, pour proposer une expérience rallye solide. Le poids des véhicules et les transferts de masse sont bien gérés, la précision est au rendez-vous ; le jeu se montre appliqué lorsqu’il s’agit de nous faire évoluer sur terre/gravier ou sur les pistes enneigées. On apprécie au passage la construction des spéciales, souvent étroites, fourbes, bref idéales pour la jouer comme en vrai. Les variations de terrain sont globalement bien prises en compte, on en fait par exemple la douloureuse expérience sur le rallye de Monte Carlo lorsque l’on évolue du tarmac sec vers les hauteurs verglassées. Sueurs garanties. Le pilotage sur tarmac reste toutefois – et comme souvent dans les jeux de rallye – le petit point de contestation. La sensation de grip est présente mais ne saurait tout à fait retranscrire toute la subtilité qui ressort du pilotage sur asphalte. On imagine qu’il est bien difficile de trouver ce point de chute précis entre accroche des véhicules au sol et niveau de souplesse des glissades. EA Sports WRC s’en approche mais il lui reste encore quelques échelons à gravir.
Cette idée du « bien mais peut mieux faire » s’applique aussi et surtout sur la partie technique du titre. En mettant de côté la génération de consoles précédente, EA Sports WRC était forcément attendu comme un nouvel étendard new-gen. On n’y est pas encore. Nonobstant l’alléchante mention du 4K/60 images par seconde qui accompagne les performances du jeu, EA Sports WRC n’impressionne pas vraiment. Ce n’est pas foncièrement déplaisant à regarder, on retrouve les éléments caractéristiques de l’identité de chaque destination. Mais on a du mal à penser qu’un tel jeu ne pourrait tourner sur une bonne vieille Xbox One X. Au-delà de l’esthétique pure et dure qui fait le job sans briller, on note un certain nombre de bugs visuels plutôt embêtants. Un peu de clipping ici, un capot de la voiture pas vraiment à sa place par là ; et surtout, malheur, de légères baisses de framerate. Pas assez importantes pour gâcher le plaisir mais suffisamment présentes pour faire tiquer et parfois, risquer une mauvaise sortie de virage. On espère donc quelques optimisations dans les semaines à venir, pour pouvoir véritablement profiter pleinement de l’expérience EA Sports WRC. Un jeu qui sait par ailleurs se montrer efficace sur sa partie sonore, avec des sons de moteurs bien retranscrits, de l’ambiance lors des passages avec du public et une playlist sympathique pour meubler les passages dans les menus.
+
- Contenu généreux
- Gameplay globalement solide
- Adapté au plus grand nombre…
- … Et qui offre une belle courbe de progression
- Spéciales bien construites et engageantes
- Copilote bien géré
- Partie sonore maitrisée
-
- Chutes de framerate et bugs visuels
- On espérait un peu mieux graphiquement
- Conduite sur tarmac pas déplaisante mais améliorable