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XOut: Resurfaced

Shoot'em up | Edité par ININ Games | Développé par Rainbow Arts

7/10
One : 18 February 2025 Series X/S : 18 February 2025
19.02.2025 à 16h37 par - Rédacteur

Test : XOut: Resurfaced sur Xbox Series X|S

R-Type croise Ecco le Dauphin

La course à la réédition sur les consoles actuelles de jeux du siècle passé a plus que jamais le vent en poupe. Si cette pratique s’est longtemps limitée à s’appuyer sur des titres connus de tous, elle explore depuis quelques temps des horizons aussi lointains que mystérieux. Cela nous donne alors l’occasion de mettre la main sur quelque chose que l’on ne connaissait pas, ou que le temps avait rendu difficilement accessible. C’est précisément le cas aujourd’hui avec X-Out: Resurfaced.

X-Out est un shoot’em up à défilement horizontal sorti sur Commodore 64 en l’an de grâce 1989, puis l’année suivante sur Amiga, Atari ST, Amastrad CPC et ZX Spectrum. Voilà qui ne rajeunit guère. Il s’agit de l’un des tous derniers jeux édités par Rainbow Arts, dont on se souvient notamment pour Turrican. Avec Resurfaced, X-Out fait ainsi un bond dans le temps de 35 ans et l’on doit cela à Ziggurat Interactive qui a acquis il y a quelques années les droits d’exploitation de plusieurs centaines de jeux des années 80-90, parfois méconnus, pour les rendre accessibles sur les systèmes d’aujourd’hui. Edité par Inin Games, le remaster de X-Out a été développé par les Allemands de KRITZELKRATZ 3000, dont on a pu apprécier le travail l’an dernier pour le portage de Rainbow Cotton.

X-Out (prononcer « Cross Out ») a reçu à l’époque de sa sortie un accueil positif de la part de la presse et des joueurs. Cela vaut en particulier pour sa nature originale. S’il y a quelque chose en lui qui s’inspire grandement de R-Type, mètre-étalon visuel et idéologique de l’époque, X-Out troque le combat spatial contre des joutes sous-marines. Les ennemis sont certes (et comme souvent) des entités venues d’un lointain espace pour mettre à sac la planète, mais c’est bel et bien dans les fonds marins qu’ils tentent d’imposer leur suprématie. Nous voilà ainsi placés aux commandes d’un engin sous-marin pour aller corriger les centaines de machines et autres organismes extra-terrestres à grands renforts de projectiles en tous genres.

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Le jeu se compose de huit niveaux, ce qui est plutôt à placer dans la moyenne haute du genre, que X-Out: Resurfaced s’est chargé de remettre visuellement au goût du jour. Tout en conservant l’esthétique « 8-bits » d’origine, cette version 2025 apporte son lot de détails, de richesse visuelle qui en fait une adaptation plutôt bien callée entre respect de l’œuvre originale et nécessité de se conformer au minimum syndical de confort. Les décors sont très chargés, au point parfois de contrarier la lisibilité. Non pas que X-Out: Resurfaced soit un shoot’em up porté sur la profusion de boulettes ennemies (il est même ce que l’on peut qualifier de contre-exemple au bullet hell), mais il nous oblige à éviter les obstacles, sous peine d’explosion instantanée. Voilà qui est ballot dans un jeu où la remasterisation a contribué à multiplier les éléments de décors. Le mieux est l’ennemi du bien, n’est-ce pas ? Cela étant, on apprend à anticiper les problèmes au gré des multiples essais que X-Out: Resurfaced a vite fait de nous infliger.

X-Out: Resurfaced porte en lui une certaine philosophie du jeu vidéo. Punitive, et pas qu’un peu. Car bien que l’on dispose d’une barre d’énergie qui nous autorise à encaisser quelques projectiles avant éventuellement d’exploser (et que l’on perd donc, comme évoqué plus haut, au moindre petit contact avec un obstacle), l’arrivée du premier Game Over est d’une brutalité sans nom. Il n’y a pas de « continue » dans X-Out: Resurfaced, c’est retour direct au menu principal. Il n’y a pas de vie supplémentaire à proprement parler non plus. Les choses sont beaucoup plus subtiles que cela, participant incontestablement à la singularité d’un jeu qui, vraisemblablement, a tout pour être adoré ou détesté.

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Pas de continue, pas de vie, mais il y a tout de même un moyen de ne pas devoir se coltiner les huit niveaux sans échec possible : on débute le jeu avec une certaine quantité d’argent que l’on est libre de dépenser pour équiper en armement l’un des quatre types de sous-marins disponibles. On peut suivre les préréglages proposés ou bien composer soi-même l’arsenal, avec un large choix de tir principal, d’arme secondaire et éventuellement de satellites plus ou moins autonomes. Les possibilités sont vastes puisqu’au nombre important de modules s’ajoute la possibilité de les placer plus ou moins où on le souhaite, ou encore de choisir l’orientation des tirs (concentrés, élargis, verticaux, etc). Evidemment, plus l’armement sélectionné est puissant, plus il coûte d’argent. On a alors un choix important à faire dès le départ : partir avec un vaisseau solidement équipé ou bien en acheter deux, certes moins puissants, mais qui laissent l’opportunité d’un second essai en cas d’échec ? C’est un véritable dilemme, tant il est difficile de survivre au premier niveau. Mais si l’on passe ce premier cap, les points de score glanés sont convertis en argent, autorisant alors à acheter de l’équipement et/ou des vaisseaux supplémentaires pour le niveau à suivre. On peut embarquer une flotte allant jusqu’à neuf vaisseaux.

Ce système de choix et d’évolution est tout de même bigrement intéressant. Il n’existe jamais véritablement de bonne ou de mauvaise combinaison, car c’est finalement l’affinité du joueur avec le type de vaisseau, l’armement et plus largement sa connaissance du jeu qui constituent la meilleure base pour créer la recette gagnante. En ce sens, X-Out: Resurfaced est une surprenante réussite, du haut de ses 35 ans. Le revers de la médaille, c’est que ce système créé une importante difficulté dès le début du jeu, beaucoup de frustration et n’incite peut-être pas tous les joueurs à se faire violence des heures durant avant de pouvoir éventuellement connaitre suffisamment le jeu. Ce type de recette qui marchait très bien dans les années 80-90 n’a pas forcément bien vieilli.

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X-Out: Resurfaced est assurément un jeu pensé pour une frange de joueurs dont la force nostalgique est capable de surmonter tous les obstacles. Même l’absence ici des fonctionnalités désormais assez courantes dans les adaptations d’oldies, comme la sauvegarde instantanée ou le retour en arrière. Il n’y a rien de tout ça. De la même manière qu’il a mis au défi les jeunes joueurs Commodore 64, X-Out: Resurfaced tance ces adultes d’aujourd’hui. Il a assurément toutes les qualités pour cela. Car même lorsqu’il propose d’aider le joueur qui multiplie les échecs en débloquant progressivement des cheat codes (invulnérabilité aux contacts, argent de départ augmenté par exemple), X-Out: Resurfaced prend tout de même la peine de bloquer le déblocage des succès.

Un bon shoot’em up en somme, mais pas pour tout le monde, que l’on a par ailleurs l’opportunité désormais d’expérimenter à deux joueurs sur une même console. L’occasion de permettre à deux personnes de profiter de l’excellente bande-son du titre, laquelle nous laisse le choix entre les compositions originales et remixées, issues dans un cas comme dans l’autre du travail de Chris Hülsbeck (Turrican, Star Wars Rogue Squadron).

7/10
X-Out: Resurfaced est le témoin d’un formidable travail d’adaptation de la part de ses développeurs. Le rendu graphique est à la fois moderne et fidèle, l’excellente bande-son a été remixée par celui-là même qui était aux commandes de la composition originale. On sent clairement une volonté de rendre hommage à un jeu qui vaut par ailleurs pour son approche originale dans l’univers du shoot’em up. Cela étant, X-Out: Resurfaced n’est clairement pas un titre à mettre entre toutes les mains. Très difficile à appréhender, implacable voire frustrant, il fait en plus le choix d’ignorer les quelques ajouts de confort (sauvegarde, rewind) qui auraient éventuellement facilité sa découverte pour les nouveaux venus. Le jeu s’adresse clairement à ceux qui ont connu l’original et aux véritables acharnés du shoot’em up.

+

  • Adaptation visuelle à la fois fidèle et moderne
  • Bande-son de qualité
  • Système de score/amélioration très intéressant
  • Jouable à deux en local

-

    • Prise en main très difficile
    • Lisibilité pas toujours au rendez-vous
    • Quelques options de confort auraient été appréciées (sauvegarde ou rewind)

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