Fable Heroes
The ecstasy of gold
Qu’il est bon de se retrouver de temps en temps sur le Xbox Live Arcade autour de ces évènements particuliers que sont le Summer of Arcade ou en ce printemps 2012, l’Arcade Next. Une fois n’est pas coutume, c’est à du très lourd que nous avons à faire et c’est avec le sourire que l’on range au placard des mastodontes du retail pour se payer une tranche de Trials Evolution et plus récemment Minecraft. Du coup, faire partie de ce casting prestigieux peut se révéler être un exercice périlleux. Mais bon, quand on s’appelle Fable, on a à priori dans le sang de quoi passer l’épreuve avec les honneurs. Pour la deuxième fois, après Fable II Pub Games en 2008, l’une des séries phares de la console de Microsoft se voit adaptée sous un autre format. Fable Heroes se pose comme un spin-off, délaissant aventure, singeries et destinée héroïque au profit d’un genre plus prompt à endosser le statut de jeu arcade : le beat’em all. Transformés en marionnettes pour l’occasion, notre bon roi, Lucien ou encore Hammer vont traverser l’Albion d’un bout à l’autre pour abattre les hordes de vilains qui l’ont investi en masse. A Bowerstone, Milefields, dans le froid de Mistpeek ou dans des grottes humides peuplées de ces malandrins d’Hobbes, nos héros usent de leurs pouvoirs pour faire le ménage. La bonne nouvelle, c’est qu’en dépit du changement de genre, on reste bel et bien dans l’univers de Fable.
Fixes comme le sont les caméras, les décors qui composent les sept aires de jeu conservent l’esprit de la série. Villes, campagnes, montagnes et autres rappellent vraiment à l’habitué de Fable les lieux qu’il a autrefois exploré. Sans être extraordinairement beau, Fable Heroes fait retourner la série vers quelque chose de coloré, pour le coup bien en accord avec la thématique théâtre de marionnettes, après un Fable 3 que l’on sait plus sombre. Ce ton assez léger se retrouve également dans la bande-son qui colle parfaitement bien à l’univers de Fable. Tout ça est très bien, et potentiellement très amusant puisque, que ce soit en compagnie d’autres joueurs ou de l’intelligence artificielle, Fable Heroes se parcoure à quatre. Chaque niveau se boucle en un petit quart d’heure et offre à chaque fois deux embranchements : vers le boss ou pour départager le meilleur des quatre joueurs par un mini-jeu. Autant être clair, ces épreuves de courses sous forme de quick time event ou de survie face à des poulets explosifs durent moins de vingt secondes, parvenant tout de même malgré ce très court laps de temps à ennuyer. Et ces mini-jeux sont assez révélateurs du grand mal dont souffre Fable Heroes. Il y a les jeux d’inspiration old-school et les jeux aux mécanismes archaïques : notre soft du jour se situe malheureusement dans la seconde catégorie.
David Bowie avait tort
Non, on ne peut pas toujours être un héros, ne serait-ce que pour un jour. Fable Heroes a beau essayer de se montrer consistant avec plusieurs artifices, à commencer par la relecture de chaque niveau dans un environnement plus sombre et plus difficile, on en a vite fait le tour. C’est qu’il n’est guère pertinent d’augmenter la difficulté dans un jeu que l’on peut traverser d’un bout à l’autre avec une équipe de fantômes. Et oui, même si l’escouade au complet passe l’arme à gauche, rien n’empêche personne de continuer à frapper et aller jusqu’à la fin du niveau. A quoi bon se battre, me direz-vous ? Le leitmotiv de Fable Heroes, c’est la course aux pièces d’or pour améliorer son personnage ; et en étant mort, impossible de faire le plein de deniers. Mais de toute façon, de l’or, les niveaux en sont parsemés et on a très vite fait d’en avoir bien plus qu’il n’en faut pour survivre et acheter les améliorations proposées. Il faudra cependant faire preuve d’une très grande patience face à un système inutilement lourd : présenté sous la forme d’un jeu de plateau, le système d’évolution nous invite à tirer les dés (plus ou moins de fois selon l’or ramassé dans les niveaux terminés) pour accéder aux différentes améliorations. Le souci c’est que logiquement, plus on avance et on déverrouille de compétences, moins on a de chance de tomber sur celles manquantes. Il est donc souvent nécessaire de refaire un niveau pour gagner des jets de dés et croiser les doigts pour tomber enfin sur la bonne case. Mais va-t-on vraiment jusque là ?
Il y a bien peu de chances. S’il se présente comme un titre taillé pour la coopération et donc à priori propice à être joué et rejoué, Fable Heroes n’assure pas le minimum nécessaire pour pouvoir prétendre à cela. Un bouton pour frapper normalement, une frappe puissante et une attaque de zone : voilà les trois éléments qui composent la jouabilité. Et il n’est pas question de les enchainer pour diversifier les affrontements, créer des combos… Non. Du coup, même si l’on est amateur du genre voire expert en matraquage de boutons, l’impression de faire un bon en arrière d’une vingtaine d’années est difficile à avaler. Fable Heroes a donc vite fait d’être ennuyeux et même s’il n’est pas bien long, rien ne motive vraiment à boucler l’ensemble des chapitres. Faire deux fois chaque niveau, en passant le plus clair de son temps à ramasser des pièces, sans aucun challenge, le tout mélangé donnant une action extrêmement confuse : autant de choses qui font de Fable Heroes un beat’em all de piètre qualité. On trouvera bien quelques bonus en cours de route, parfois inspirés du choix entre bien et mal si cher à la série, parfois drôles, mais pas assez consistants pour combler le vide. Reste que l’on pourra toujours garder un œil sur ce Fable Heroes, juste par curiosité, pour voir quel bonus sera débloqué prochainement dans The Journey. Mais à part ça, pas grand chose ne brille sous le soleil d’Albion.