Jeux

Gears of War 2

Action | Edité par Microsoft Studios | Développé par Epic Games

10/10
360 : 07 novembre 2008
05.11.2008 à 18h48 par |Source : http://xbox-mag.net/

Test : Gears of War 2 sur Xbox 360

Non, ce n’est pas qu’un jeu. Ainsi débutait notre critique de Gears of War 1, il y a un peu moins de deux ans. Quelque temps plus tard, la formule est toujours vraie, et va comme un gant à ce qui reste la plus grosse nouvelle licence de cette génération de consoles. A l’heure de la sortie d’un second épisode déjà piraté/testé/disséqué de toutes parts, le problème n’est plus de dire si, oui ou non, Gears of War 2 est LE jeu de la Xbox 360. Il l’est, sans conteste. Mais heureusement, ce statut, il s’en empare avec panache. Et c’est sans doute la meilleure chose qu’il pouvait lui arriver.

The Locusts are back

Inefficace, le script du premier Gears of War l’aura été jusqu’au bout. Marcus, Dom, Cole et Baird ont eu beau refroidir des centaines d’ennemis, vendre des millions de jeux et mobiliser des milliers de joueurs online depuis 2006, leur mission aura été un échec complet. Les Locustes sont toujours là, et plus vivaces que jamais.

Gears of War 2, c’est un branle-bas de combat intégral. La dernière chance d’en finir, l’occasion finale de sauver les dernières parcelles d’humanité sur la surface de Sera. Et tout a été mis en œuvre pour que cet ultime objectif soit rempli, que ce soit dans les rangs des Gears du CGU ou derrière les ordinateurs des studios d’Epic Games, en Caroline du Nord.

Avec Gears of War 2, c’est net, le développeur américain passe à la vitesse supérieure en termes de mise en scène et d’enrobage. Le premier épisode était brut, marque d’un moteur graphique encore insoumis. Même s’il reste à ce jour l’une des plus convaincantes exploitations de l’Unreal Engine 3, Gears of War 1 le faisait de façon brutale, presque barbare. Son successeur apporte une couche de vernis qui lui manquait diablement. Les cut-scenes, mieux filmées, les acteurs déchaînés (plus en VO), les niveaux, plus vivants, plus palpables, sont autant de preuves directes du bond en avant de la réalisation d’un jeu qui n’a de cesse de solliciter le joueur, de le mettre hors d’haleine, de relancer incessamment un rythme infernal.

Epic Game

On aurait difficilement pu espérer plus épique que le mode solo de Gears of War 2. Alors oui, le scénario, qu’on nous promettait plus profond, ne remportera pas de palme ou d’oscar. Et certaines phases de jeu sont franchement plus accessoires qu’autre chose (l’inévitable niveau en tank). Mais dans la gestion de la progression de l’aventure, dans l’attachement contracté à l’égard de la Delta Squad, dans ses niveaux parfois incroyables, Gears of War 2 est un ton au-dessus de n’importe quel shooter sur n’importe quelle console. Le jeu en fait des tonnes, et on adhère, tant cette furie générale est communicative.

La montée en régime progressive de l’aventure, qu’on croirait presque calme au début, n’est pas la seule raison de l’enthousiasme formidable engendré par GoW 2. Le soft, construit autour d’un gameplay-cœur enrichi (boucliers humains, duels de tronçonneuse, multiples façons d’achever ses victimes), mais presque inchangé dans le fond, fait véritablement feu des quatre fers, multiplie les séquences originales, les variations, toujours dans le but de surprendre, de sortir le joueur de ses petites habitudes, de lui donner de bons coups de boule virtuels. Cela peut prendre la forme d’une grêle mortelle, de couvertures mouvantes, de boss gigantesques (et c’est un euphémisme) ou simplement de séquences de dialogues sévèrement burnées intervenant au milieu d’une fusillade. Un des moments les plus marquants de Gears of War 1 reste le terrible franchissement du plancher vermoulu de la mine d’Emulsion. Gears of War 2 propose ce genre d’envolées passagères puissance dix, et, de ce point de vue, passe un sérieux cap d’un pur point de vue de game design. Le titre semble plus animé, plus varié, plus vivant en quelque sorte, une impression palpable depuis la séquence d’introduction jusqu’au générique final.

Cela se ressent encore davantage en mode coopératif. Toujours centré sur cette extension du mode solo, GoW 2 propose, à défaut d’un fantasmé jeu en équipe à quatre joueurs, toujours plus de situations plaisantes à affronter avec son coéquipier. La progression est parsemée de ces moments qu’on pourrait presque qualifier de mini-jeux, instants où le communication et l’entente deviennent essentiels. De son propre aveu, jamais on ne prendra Cliff Bleszinski à faire du Army of Two : la coopération de Gears of War 2, a contrario, n’est pas forcée, elle ne passe pas par de courts scripts style courte-échelle ou tir dos à dos. Force est de constater que ce n’est pas une condition sine qua non de réussite, car, à part Resident Evil 5 qui propose une jouabilité un peu différente, on ne voit pas quel jeu pourra chatouiller de sitôt GoW 2 sur son terrain de prédilection.

C’est reparti comme à l’Emergence Day

Au milieu de cette efficacité ambiante, c’est vrai, Gears of War 2 conserve jalousement son principal atout : une jouabilité d’enfer, partagée entre caméra épaule, tir à couvert et ennemis sacrément durs à éliminer. Il est encore trop tôt pour demander à la série de prendre des risques créatifs majeurs. Elle vient tout juste de s’imposer, elle influence encore très lourdement l’ensemble de la production des jeux d’action d’aujourd’hui. Epic est dans une période de peaufinage, un processus toujours susceptible d’être à double-tranchant. Mais les bénéfices sont, en l’occurrence, visibles. L’IA alliée et ennemie est moins problématique qu’avant, et les nouveaux pouvoirs de certains adversaires suffisent à faire monter l’adrénaline d’un cran, quand on se serait contenté d’engranger les tirs faciles il y a deux ans. D’une façon générale, même si on voit bien que Gears of War se joue toujours de la même façon, on constate qu’Epic ne s’est pas tourné les pouces, n’a pas créé deux, trois niveaux, balancé des pantins dedans et attendu que les dollars tombent. La performance de Gears of War 2, c’est d’immédiatement faire passer Gears of War 1 pour un jeu dépassé sur presque tous les plans, malgré son excellence.

Ce qui faisait le sel du premier GoW est cependant toujours fortement présent. Le poids des soldats lourdement cuirassés, les bruitages intenses, les musiques reprises de main de maître par Steve Jablonski, le gore, la force de visuels frappants d’une qualité rarement atteinte sont à l’honneur et assurent de vivre une expérience viscérale, violente, poignante. Gears, c’est un cocktail de terre, de sang et de métal concentrés, une formule très spéciale, pas forcément engageante au premier abord mais incroyablement intense. Gears, c’est quasiment sensoriel, c’est une ode au pouvoir d’implication du jeu vidéo.

La guerre totale

Ce qui contribuera à la future légende de Gears of War 2, c’est aussi ses modes communautaires. L’histoire veut qu’Epic ait désiré avant tout faire un jeu d’action solo avec le premier épisode, pour changer des habituels Unreal, toujours portés sur les tueries à plusieurs. Le multijoueur n’y avait été implémenté qu’en guise de bonus. Le terme serait insultant aujourd’hui. Le multi de GoW 2 possède tout pour s’imposer durablement dans les mémoires. Les améliorations sensibles (comme les tirs qui freinent les courses ou le fusil à pompe à l’efficacité réduite) comme les nouveautés générales de gameplay (on peut ramper, poser des pièges avec les grenades) se marient à merveille avec le jeu humain vs. humain, qui trustera très longtemps les classements de popularité en ligne.

Le mode Horde est aussi un sacré morceau dans son genre. Coopératif jusqu’à cinq, il amène le concept du « jeu-Fort Alamo » à son paroxysme, en attendant les assauts plus tardifs d’un certain Left4Dead. Reposant uniquement sur la qualité intrinsèque du gameplay du jeu d’Epic Games, ce petit bijou offre des moments de bravoure à chaque minute et se présente comme le fantasme absolu des défenseurs désespérés. Les vagues d’ennemis de plus en plus puissantes et fournies sont autant d’appels au Game Over. Comme dans les Ninja Gaiden d’Itagaki, Gears 2 est un jeu qui en veut sérieusement à la peau de celui qui aura eu l’audace de le défier. Et c’est un bonheur de la lui vendre chèrement.

En passant rapidement sur les options intéressantes ajoutées à GoW 2 (les screenshots, le très bon mode ghost), l’essentiel à retenir est que les maps sont pour la plupart très réussies, une bonne partie d’entre elles incluant des événements scriptés ajoutant encore plus de dynamisme et de tactique aux assauts. Gears of War 2 est la nouvelle référence dans sa catégorie. Et même si les Locustes reviendront à n’en pas douter, la mission, cette fois-ci, risque fort d’être un succès.

Depuis l’époque de ses premiers jeux, Cliff Bleszinski prétend avoir beaucoup mûri. On ne s’aventurera pas à faire l’analyse psychologique du game designer américain, mais chez son Gears of War 2, l’évolution est criante. Proposant un bilan tout aussi solide qu’il y a deux ans, mais bien plus soigné, le jeu d’Epic Games est la nouvelle référence du tir à la troisième personne, et sans doute la killer-app parfaite pour la Xbox 360, aux côtés de Halo. Ce n’est sans doute pas la plus raffinée, la plus profonde, la plus classe des œuvres qui ont vu et verront le jour sur les consoles actuelles, mais en termes d’intensité et de puissance, Gears est au summum.

+

  • Le nouveau porte-étendard de la Xbox 360
  • Gameplay toujours plus prenant
  • Atmosphère et mise en scène qui repoussent les limites
  • La 360 crache ses tripes, enfin !
  • Solo, Horde, multi, presque trois jeux en un
  • Options, modes, bonus : GoW 2 est un titre hyper complet

-

    • Phases en véhicules toujours perfectibles
    • Ne bouleverse pas ses habitudes
    • Amis de la finesse, bonsoir