Jeux

Splinter Cell : Pandora Tomorrow

Infiltration | Edité par Ubisoft

8/10
360 : 25 March 2004
01.04.2004 à 11h53 par - Rédacteur

Test : Splinter Cell : Pandora Tomorrow sur Xbox

Il n’y a plus une seconde à perdre : un terroriste aussi charismatique que dangereux fait peser sur le monde une menace biologique des plus létales. Hannibal, Futé et les autres étant en séminaire, c’est de nouveau à Sam Fisher qu’échoit le rôle de sauveteur XXL dans cette suite ô combien attendue. Nanti d’une partie multijoueurs via Xbox Live dont on nous a rebattu maintes et maintes fois les oreilles ces derniers temps, le Splinter Cell millésime 2004 est visiblement un candidat sérieux à sa propre succession, mais attention, la suffisance guette…

Entre l’add-on et la suite

Amené à devenir le prochain Che si personne ne l’en empêche, Suhadi Sadono nous apparaît pourtant comme beaucoup moins sympathique que le mythe Guevara puisqu’il prend en otage l’ambassade américaine du Timor (et bien plus encore, avec sa nouvelle formule) et se dit prêt à lâcher une arme biologique super mortelle sur les Etats-Unis si on ne lui cède pas son petit caprice. L’ennui, c’est que personne ne sait quel infâme personnage il est en vérité, son bagou et sa belle gueule le faisant passer pour le nouveau héros en vogue à l’Ouest (on lui prêterait une idylle avec Britney).

Fisher et Echelon 3 devront donc, tout au long des 8 missions que comporte le jeu, démasquer puis retrouver Sadono afin de retrouver les valises de Nd133 (un dérivé de nitrate de farcis charentais, une vraie saloperie) et de les désamorcer.

L’aventure ne manquant pas de piquant et de situations tendues, on accroche comme un mollusque du début à la fin, et c’est précisément là que se situe le problème du jeu : la fin arrive bien trop vite, et c’est d’un œil plein de larmes que le joueur verra le générique défiler sur l’écran. Deux ou trois après-midi sont suffisantes pour faire le tour d’un jeu qui en plus d’être court, n’offre pas une grosse opposition pour les habitués de Splinter Cell premier du nom (les autres en profiteront, le jeu est aussi moins frustrant que son prédécesseur). Les réflexes acquis lors de l’expédition géorgienne permettent de se tirer sans trop de mal de tous les pièges tendus par les programmeurs (sauf de leurs bugs d’IA ou de script, heureusement moins nombreux que dans le premier).



Il y a quelques mois de cela, on nous présentait Pandora Tomorrow comme un jeu tirant au mieux parti du multi-path, un nouveau terme super fashion qui implique plusieurs manières d’arriver à la fin d’une mission, et donc une plus grande liberté d’action et de déplacement. Après coup il s’avère que le multi-path est totalement absent de la partie solo de SC, et l’on se retrouve par conséquent dans des couloirs qui ne laissent aucune place à l’improvisation, le jeu fonctionnant toujours autant par scripts qu’avant. En clair, faites exactement ce qu’ont prévu les développeurs (au millimètre près parfois) sous peine de ne jamais voir la fin de la scène, de la mission, du jeu. Bien entendu, proposer 50 chemins différents n’est pas une fin en soit, et mieux vaut 1 chemin bien balisé qu’une multitude mal balancés, mais à ce moment là il est inutile de nous bassiner avec ça des mois durant…

La gestuelle de Fisher est sensiblement la même que dans le premier, à 2/3 différences près. Le split-jump permettant d’effectuer en saut pendant une séance de grand écart mural, outre sa relative invraisemblance physique (j’aimerais voir un quadra bien tassé et bien lourdaud faire un tel truc moi), relève plus de la poudre aux yeux qu’autre chose. Artifice visuel s’il en est, ce saut n’est faisable qu’aux endroits prévus et dans ces cas-là une caisse ou une échelle auraient tout aussi bien fait l’affaire. Encore moins intéressant, le 360° se paie le luxe de n’être utile à aucun moment dans le jeu (si ce n’est dans le tutorial, et encore). La possibilité de siffler pour attirer l’ennemi est en revanche très (voire trop) utile au cours du jeu, même si cela souligne un peu les limites d’une IA certes plus performante qu’auparavant, mais qui ne se demande pas pourquoi elle entend siffler la marseillaise dans un endroit théoriquement clos et bien gardé. Dommage aussi que cet ajout relègue une action utile (le placage au mur) sur le stick gauche, assez peu pratique d’accès.

Toujours aussi léché graphiquement, Pandora Tomorrow se permet même quelques éclairages dynamiques du plus bel effet (mais précalculés) ainsi qu’un rendu globalement plus fin, même si l’évolution n’est pas transcendante. Certains niveaux impressionneront plus que d’autres (le train, la jungle) mais l’ensemble reste de grande facture. Le framerate assez moyen (mais régulier) et l’absence de synchronisation verticale montrent peut-être que les développeurs sont arrivés aux limites de la console, tout du moins dans ce genre de jeux…

La bande sonore, point faible du premier opus, fait ici un bond spectaculaire pour se retrouver à un niveau excellent : les bruitages et doublages sont excellents (le peu charismatique Sam Fisher peut dire merci au doubleur de Schwarzy, Daniel Beretta) et les musiques dynamiques apportent une tension aussi nouvelle que bienvenue à l’action.



Live or let die

Véritable succès avant l’heure grâce au bouche à oreille et aux diverses previews faites ça et (surtout ), le mode multijoueurs de Pandora Tomorrow représente probablement ce qui se fait de plus évolué à ce jour en terme de jeu à plusieurs. Loin du banal affrontement bourrin entre gentils et méchants ou de la sempiternelle course opposant des caisses aussi belles que chères, SCPT nous propose une séance de cache-cache (mâtiné de chat perché) des plus subtiles. Les espions (en vue à la troisième personne) doivent récupérer ou désamorcer divers objectifs alors que les soldats (en vue subjective, comme dans un FPS) sont payés pour les en empêcher coûte que coûte. Des périodes intensives de bêta-test ont visiblement permis un équilibre parfait entre les deux manières de jouer, même s’il semble dans un premier temps plus facile de jouer un soldat qu’un espion, ce dernier étant moins évident à maîtriser et plus vulnérable.

Les maps sont d’une complexité effarante et le multi-path y prend vraiment tout son sens, chacune d’entre elles étant truffée de passages plus ou moins détournés dans lesquels les espions peuvent évoluer à leur guise, les soldats étant plus limités dans leurs déplacements. Les niveaux sont en général abondamment piégés et se faire repérer signifiera se voir refuser l’accès à l’objectif durant un certain laps de temps et (plus grave) voir fondre sur soi des ennemis surarmés. Il faut donc une savante coordination entre équipiers pour d’une part se déplacer sans être repéré et leurrer les soldats assez longtemps pour faire son boulot, et d’autre part pour se couvrir mutuellement et défendre correctement (en place une myriade de mines et autres capteurs) sa position.

Inutile de vous dire que les parties Live sont extrêmement disputées et qu’une grande tension est palpable par moments, chaque camp ayant l’impression d’être en désavantage permanent par rapport à l’autre (ce qui est bien sûr faux, merci les bêta testeurs). Cependant, le mode multi de Pandora Tomorrow a le défaut de ses qualités, et sa grande complexité en fait un jeu difficile à prendre en main, et encore plus difficile à maîtriser. J’ajouterais aussi qu’il faut être 4 joueurs du même niveau (à peu près) pour s’amuser, un joueur expérimenté ayant vite fait de déséquilibrer un match (y’a du vécu là, hein Cousin ?)…



[MAJ] Vous pouvez trouver un guide multijoueur très complet fait par nos soins à cette adresse.


Ce Splinter Cell : Pandora Tomorrow se caractérise par une partie solo rondement menée, passionnante mais trop courte et un peu facile (du moins pour les habitués que nous sommes maintenant) ainsi que par un mode Xbox Live (ou Lan) vraiment excellent et novateur mais exigeant en terme de temps, ce qui ne gênera pas la plupart des gamers mais qui freinera probablement le joueur occasionnel. Le choc technologique n’est plus vraiment là mais le jeu reste maîtrisé de bout en bout. Un achat obligatoire pour les amateurs de furtivité un tant soit peut réaliste.

+

    -

      • Pandora surprend moins que son prédécesseur mais reste impressionnant visuellement grâce à ses effets spéciaux (lumières, visions alternatives...). Les superbes cinématiques apportent beaucoup au scénario.
      • Quelques améliorations (inventaire, cadavres...) depuis le premier, on retrouve ses marques très rapidement. Des tutoriels complets aident le joueur novice, que ce soit en solo (première mission) ou en multi.
      • Presque infinie en Live (du moment qu'on accroche), la durée de vie est assez limitée en solo, c'est bien dommage. Espérons que quelques missions téléchargeables viennent allonger l'expérience.
      • Un grand pas en avant depuis le premier jeu. Finis les accents ridicules, les doublages sont tous très bons et les musiques rendent le jeu plus prenant.
      • Assez manichéen, l'histoire est tout de même plus digeste que le premier jeu et les cinématiques ou scripts divers rendent la progression moins monotone.
      • Un peu court en solo, exceptionnel en Live et en tout cas fort bien maîtrisé dans son ensemble, Splinter Cell : Pandora Tomorrow est un jeu qui se doit de figurer dans votre collection.
      • Les animations de Fisher n'ont pas changé d'un iota depuis le 1, et les deux nouveaux gestes font un peu dans l'esbrouffe tant ils sont peu utiles. Le framerate est globalement moyen en solo, plus agréable en multi.
      • Le monde online de Pandora est ce qui se fait de plus abouti sur Xbox, et ceux qui prendront la peine d'en explorer toutes les subtilités en tireront un max de plaisir. Plusieurs maps sont en préparation comme contenu téléchargeable.